Emmanuel Macron réunit aujourd’hui à Versailles la fine fleur des investisseurs mondiaux pour leur demander de déplacer leurs capitaux et, selon son expression maintes fois déclinée, de « choisir la France ». Nous regrettons, en préalable aux critiques de fond que nous allons évoquer plus loin, que le Président utilise une autre langue que celle de la République pour communiquer.
Le Président de la République n’est pas le VRP de l’entreprise France. Nous n’attendons pas de lui qu’il fasse la danse du ventre devant les grands financiers, nous attendons qu’il remplisse son rôle exécutif de chef de l’Etat stratège. Pendant qu’il tente de séduire les investisseurs, notre industrie se démantèle, nos brevets sont pillés par des entreprises chinoises ou américaines, et les inégalités de patrimoine explosent. Le Président a fait un choix, plutôt que de défendre nos PME, de développer l’emploi dans les zones rurales où le tissu industriel des petites entreprises s’effondre, il choisit l’alliance faustienne de la finance méphistophélique et de l’industrie, qui paira le prix fort de la quête inassouvie de rentabilité. Derrière le vernis « pro-business » d’Emmanuel Macron se cache un soutien sans faille au monde de la finance, et un abandon des petites entreprises française. Les PME en sous-investissement ne seront pas sauvées par JP Morgan, elles seront au mieux ignorées, au pire démantelées.
La France n’a plus de politique industrielle, elle a une politique d’entreprises industrielles. En tentant de séduire le marché pour qu’il installe ou reprenne des usines, le Président ne garantit en rien l’emploi, parce que celui-ci reposera sur des taux de marge incompatibles avec une rémunération juste du travail. Cette politique d’attractivité n’est pas à la hauteur de la réindustrialisation nécessaire de la France. C’est une politique d’Etat dont nous avons besoin, qui permette à l’industrie de se redévelopper à l’abris de la finance et de la spéculation, par des investissements publics et un développement de la banque publique d’investissement.
Le Président de la République a fait un choix, celui de la capitulation face à la mondialisation financière. Ce choix est délétère car il s’accompagne d’un pillage technologique généralisé. Les intérêts stratégiques de la France sont menacés, Emmanuel Macron est directement responsable de l’abandon d’Alstom et de la session émaillée de scandale de l’aéroport de Toulouse. La mécanique redoutable est à l’œuvre, les actionnaires étrangers rachètent une entreprise, acquièrent les capitaux immatériels, liquident les capitaux matériels, licencient les travailleurs, et quittent la France.
Nous demandons donc que le Président choisisse l’industrie, les PME, la langue et les travailleurs français plutôt que les financiers étrangers.