Corée du sud : une gestion réussie de la crise sanitaire mais après ?

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La semaine dernière se tenaient des élections législatives en Corée du Sud. Le pays n’est pas sorti de l’opposition entre libéraux et conservateurs, lesquels totalisent chacun un tiers des voix au vote proportionnel mais obtiennent respectivement 163 et 84 sièges (sur 300) grâce à la prépondérance du scrutin majoritaire, qui attribue encore 85% des sièges. Ces deux partis sont parvenus à court-circuiter la nouvelle dose de proportionnelle qui prévoyait d’allouer des sièges aux partis qui n’avaient pas obtenu de députés grâce au scrutin majoritaire : ils n’ont pas présenté de liste au scrutin proportionnel et ont télécommandé des partis frères avec la même plateforme idéologique mais qui n’ont pas été handicapés par leur résultat au scrutin majoritaire pour l’attribution des sièges.

La victoire nette des libéraux du parti démocratique de Corée, qui obtiennent une majorité absolue des sièges, n’est pas l’évènement le plus notoire de cette élection. La participation de 66% est la plus élevée depuis 30 ans. Le gouvernement libéral a bénéficié d’un regain de popularité à la suite de sa gestion efficace de la crise du coronavirus.

Force est de constater qu’Emmanuel Macron, qui se réclame de la même idéologie libérale progressiste que le parti démocrate coréen, n’est pas parvenu au même succès que ceux-ci. La Corée du Sud a adopté des mesures étatiques immédiates, contrairement au louvoiement que nous avons connu en France. Plus encore, le système sanitaire coréen n’a pas connu dix ans d’austérité et la prévention a pleinement joué son rôle. C’est ainsi que la confiance dans les institutions a pu se maintenir et eu un effet électoral positif pour le gouvernement lors des élections.

Dans un pays où la moindre mesure de redistribution est cataloguée comme de la propagande nord-coréenne, et le résultat ne pouvait qu’être marginal pour les deux partis de gauche, qui ne cumulent respectivement que 10 et 1% des voix au scrutin proportionnel. Seul le premier, le parti de la justice, obtient des élus, 6 sièges. Le second, le parti populaire, perd son unique député. Ce parti avait été interdit en 2014 malgré les protestations d’Amnesty International après un scandale lié à des accusations d’espionnage pour la Corée du Nord.

Malgré la bonne gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement, de grands défis l’attendent. Les inégalités sociales sont immenses et ont été exposées au monde et au peuple par le film Parasite. Si le gouvernement ne prend pas la mesure des effets destructeurs de ces inégalités, la situation risque de devenir explosive. En l’absence de mouvement politique structuré d’opposition aux injustices du marché qui donnerait l’espoir d’une alternance politique, la révolte pourrait être violente et dirigée tous azimuts, tout comme le serait la répression. Toute opposition pacifique à l’ordre et aux désordres du marché étant disqualifiée parce qu’assimilée à l’ennemi du nord, elle pourrait prendre des formes plus chaotiques.

Si la Corée du Sud connaissait un mouvement de gilets jaunes, il ne fait aucun doute que les libéraux au pouvoir, comme en France, réprimeraient violemment ce mouvement sans offrir de débouché social. Combien de temps durerait alors l’état de grâce d’une gestion efficace de l’Etat lors de la crise sanitaire ?

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