La journée du 25 novembre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Instaurée le 25 novembre 1999 par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette date a été choisie en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du chef d’État, Rafael Trujillo.
La violence à l’égard des femmes s’entend comme englobant sans y être limitée, les formes de violences physiques, sexuelles et psychologiques, telles que :
- la violence d’un partenaire intime (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide) ;
- la violence sexuelle et le harcèlement (viol, actes sexuels forcés, avances sexuelles non désirées, abus sexuels sur enfants, mariage forcé, harcèlement dans la rue, harcèlement criminel, cyber-harcèlement) ;
- le trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle) ;
- la mutilation génitale féminine ;
- le mariage précoce, le mariage forcé.
Notre pays accuse un retard criant dans la lutte contre les violences faites aux femmes… En 2017, le président de la République disait faire de cette lutte une priorité du quinquennat. Or, depuis 5 ans, les chiffres n’ont cessé d’empirer. Durant les confinements, les appels pour violences conjugales ont triplé et les chiffres continuent de progresser. Le 18 novembre 2021, 101 féminicides étaient dénombrés, déjà 11 de plus qu’en 2020. Au total, ce sont 543 féminicides qui ont eu lieu depuis 2017.
Loin de nous l’idée d’affirmer que rien n’aura été fait : le déploiement de 3000 téléphones grave danger, le renforcement du recours au bracelet électronique anti-rapprochement, le renforcement du contrôle des armes ou encore la création d’un fichiers des auteurs de violences conjugales sont évidemment des mesures utiles… mais elles sont loin du compte.
La lutte contre les violences faites aux femmes ne peut pas être déconnectée de l’environnement dans lequel elles prennent place
Rappelons d’abord que la lutte contre les violences faites aux femmes ne peut pas être déconnectée de l’environnement dans lequel elles prennent place : pour recueillir la parole des femmes victimes, pour les accompagner dans la détresse, pour mener au bout les procédures, punir et réparer, il faut des services publics forts et préparés à cette tâche, dans la police, dans la gendarmerie, dans l’action sociale, dans la santé publique, dans la justice… Ils sont tous à l’os, et sans même parler de la nécessaire formation et sensibilisation des personnels (qui progresse) comment pourraient-ils mener à bien leurs missions sans ajouter de la maltraitance involontaire aux violences subies s’ils sont débordés et manquent des moyens essentiels à leurs missions ?
Il n’y a rien de trivial à dire qu’au-delà même de résoudre de toute urgence la paupérisation du service public, il manque plus d’un milliard d’euros aux dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes. Ajoutons à cela qu’un effort spécifique est nécessaire en matière d’éducation dès le plus jeune âge à l’égalité entre les femmes et les hommes…
En priorité, nous réclamons :
- le vote d’une loi cadre sur le modèle de celle adoptée en Espagne en 2004 ;
- le triplement du nombre de bracelets anti-rapprochement (1000 ont été budgétés en France, l’Espagne en compte 2300 pour 47 millions d’habitants quand la France compte 20 millions d’habitants de plus !) ;
- la mise en place de brigades spécialisées de policiers et de gendarmes ;
- le triplement des places d’hébergement pour les victimes, avec une action directe de l’Etat (on ne peut laisser l’initiative aux seules communes volontaires), pour garantir un éloignement effectif pour une protection réelle. Plus de 22 000 femmes auraient besoin d’un hébergement pour sortir des violences, puis d’un logement social. En 2021, 7 820 places sont disponibles, soit 1 500 places de plus qu’en 2018 ;
- la systématisation des prises en charge et des mécanismes d’exfiltration, en lien avec les procureurs, dès les premiers signaux faibles pour lutter contre les phénomènes d’emprise ;
- la création de juridictions spécifiques, au civil et au pénal, avec des peines plus fortes pour ces actes ;
- une formation obligatoire pour tous les agents publics qui peuvent être confrontés à de tels faits ;
- la mise en place systématique d’une protection policière pour les victime et la généralisation des ordonnances de protection (27 000 rendues en Espagne en 2018, contre 1600 en France).