Alors que la situation sanitaire du Pays, de l’Europe et du Monde se détériore de jours en jours et que les messages provenant de Chine ou d’Italie nous enjoignent à adopter et respecter un confinement strict, seul moyen valide, pour l’instant, de freiner la progression de la pandémie, le gouvernement continue de pratiquer le « En même temps ».
Que ce soit dans les annonces du président ou du premier ministre, qui deviennent de plus en plus moralisateurs, ou dans les points presse quotidiens du professeur Salomon, qui annonce un durcissement de la crise pour les jours suivants, il faut bien se rendre à l’évidence que le « quoi qu’il en coûte » du discours présidentiel reste une belle formule, mais que nos dirigeants disruptifs ne changent pas de ligne dans cette période.
En effet, alors que les salariés du BTP ainsi que les organisations représentatives se posent légitimement la question de la continuité des activités, la ministre du travail, Murielle Penicaut les accuse de défaitisme et de désertion.
Les activités de construction se font toujours en co-activité et en collaboration entre corps d’état. Or si on sait gérer la co-activité pour se prémunir des accidents du travail, on ne peut pas organiser efficacement les mesures barrières sur un chantier. Outre le manque régulier de points d’eau pour se laver les mains, la pénurie de gel hydroalcoolique, ou la pénurie de masques qui doivent être réservés avant tout aux personnels soignants, les règles de distanciation ne peuvent être respectées, pour des raisons simples de sécurité.
En outre, les marchés de travaux de construction sont attribués selon des critères trop souvent économiques, ce qui élimine les petites entreprises artisanales locales. Les trajets effectués par les entreprises de plus grosses taille (souvent les groupes nationaux, Vinci, Eiffage, …) représentent ainsi autant de nouveaux vecteurs de propagation du virus, et la co-activité inhérente à la construction rend de ce fait la contamination inévitable.
De même, l’approvisionnement des fournitures de chantier, principalement organisé par des plateformes nationales crée autant de nouveaux points de fixation du virus.
En proposant une « prime » aux salariés du BTP, le gouvernement crée ainsi les conditions d’un choix économique au détriment d’un choix sanitaire. Ce choix, certaines catégories de salariés du BTP ne l’ont pas : salariés payés au SMIC, intérimaires, auto-entrepreneurs sous contrat quasi exclusif avec de plus grosses entreprises.
Or, s’il y a des activités absolument nécessaires de maintenance et de réparation, il faut préserver l’appareil productif pour la gestion de l’après crise.
Nous aurons besoin de tous pour répondre au plan de relance nécessaire qui devra faire émerger un autre modèle que celui purement financier et spéculatif défendu jusqu’à présent par Emmanuel Macron.
Il appartient donc au gouvernement de protéger tous les Français en prenant les mesures de maintien des niveaux de salaire pendant la crise, sans revenir sur le droit du travail et sans les mettre en danger en utilisant ce double langage.