déclaration du pôle féminisme de la Gauche Républicaine et Socialiste
1- Un peu d’histoire, le combat des féministes et de la gauche
Le 5 Avril 1971, Le nouvel observateur publie l’appel des 343, signé par des personnalités, femmes qui déclarent : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.
Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.
De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre. »
Les militantes du MLF ajoutent libre et gratuit !
C’est aussi le moment où se développe l’action du Planning familial en matière de d’information, de conseil, d’accès à la contraception et d’accompagnement en particulier des jeunes filles. Et c’est bien sûr essentiel.
En tout cas, C’est le début d’un grand mouvement de mobilisation dans le pays.
On connait la suite :
- 1972 : le procès de Bobigny avec Gisèle Halimi ;
- 1975 : la loi Veil qui n’est votée par l’Assemblée qu’avec le vote de la gauche ;
- 1982 : la loi Roudy pour le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale ;
- 2015 : la gratuité de l’IVG.
Toutes ces avancées ont été votées et permises par la gauche au pouvoir. Et bien sûr par le combat culturel et politique, engagé par les féministes.
2- le combat continue car dans les faits de réels problèmes demeurent pour garantir effectivement ce droit à toutes et partout.
Il faut exiger un maillage sérieux des structures où se pratique l’IVG dans tous nos territoires. Ils sont trop nombreux où il n’est pas aisé – voire possible – de trouver des centres ou hôpitaux pour faire réaliser une IVG. Entre le libre choix des médecins, les arbitrages budgétaires des hôpitaux et cliniques et l’arrêt d’une politique volontariste de financement des centres d’orthogénie, beaucoup de femmes ont les plus grandes difficultés et mettent beaucoup de temps à trouver une structure pour avorter. Certaines sont d’ailleurs prises dans le piège des délais. Les plus riches partent à l’étranger, les autres subissent une grossesse non souhaitée !
En parallèle, il faut rallonger le délai de grossesse pour avoir le droit de pratiquer une IVG : il est de 12 semaines en France. Mais il est de 24 semaines au Royaume-Uni, de 22 aux Pays-Bas, de 18 en Suède, de 14 en Espagne et en Autriche. Nous avons à plusieurs reprises tenté par voie d’amendements parlementaires d’allonger les délais de 12 à 14 semaines. En vain ! ni le gouvernement, ni les majorités à l’Assemblée ou au Sénat n’ont accepté !
La situation demeure dramatique pour de trop nombreuses femmes.
Ces combats sont ceux qu’il faut gagner aujourd’hui.
3- Solidarité avec les femmes du monde entier où ce droit n’est pas acquis ou même il est remis en cause par les courants néoconservateurs.
Dans certains pays la situation évolue positivement comme en Irlande avec le référendum de 2018 qui autorise l’IVG jusqu’à 12 semaines de grossesse, ou en Argentine où l’avortement vient d’être légalisé (14 semaines de grossesse). La mobilisation a été déterminante. Mais dans d’autres pays, au sein même de l’UE, la situation se dégrade… comme en Pologne où le Tribunal constitutionnel a rendu, par un arrêt du 22 octobre 2020, l’avortement quasi illégal en Pologne. Sans parler de l’influence de Trump qui a conforte les lobbies anti-avortement et nommé des juges qui y sont défavorables à la Cour suprême. Ne négligeons pas les offensives des religieux ultra dans le monde.
Ce combat de libération des femmes est une grande cause universelle où nous devons prendre toute notre part.
Il y aura de nombreuses initiatives militantes et féministes pour poursuivre le combat des signataires du manifeste des 343. La GRS, ses militantes et ses militants y prendront toute leur part.
Si dans votre département, votre ville, vous avez connaissance de difficultés d’accès à l’IVG. Adressez nous un message pour expliquer la situation et exiger des solutions. Notre engagement est aussi pour trouver des réponses concrètes aux difficultés des femmes et de nos concitoyens-concitoyennes.