Joe Biden fragilise la stratégie française dans la région indopacifique. Ce fiasco mettra-t-il fin à la naïveté atlantiste des élites françaises ?
La décision de l’Australie de résilier le « contrat du siècle » portant sur l’achat de sous-marins au groupe français Naval Group, au profit de matériels américains et britanniques, est regrettable.
Il ne faut pas être crédule, l’argument avancé par les autorités australiennes, de la découverte de « nouveaux besoins », ne tient pas la route. Les sous-marins français, même si traditionnellement la France n’exporte pas de propulsion nucléaire, furent convertis en propulsion conventionnelle à la demande explicite de l’Australie. Il s’agit uniquement d’une décision politique poussée par les États-Unis.
Mais plus largement, ce choix marque un coup d’arrêt à la stratégie française dans la région indopacifique. En effet, largement mis en avant lors de la visite d’Emmanuel Macron en Australie en mai 2018, l’axe Paris-Delhi-Canberra « vrai nouvel ordre géostratégique » selon le Président vient de subir un premier affaiblissement important qui devrait logiquement se poursuivre. D’abord avec l’annonce d’un partenariat sécuritaire « AUKUS » qui exclut la France. Ensuite, la prochaine visite du Premier ministre indien, en compagnie des membres du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, composé également de l’Australie et du Japon) à Washington le 24 septembre prochain devrait également comporter son lot d’annonces.
D’aucuns auraient pu assez logiquement le prévoir, le désengagement américain au Moyen-Orient au profit du « pivot asiatique » n’est pas récent. La stratégie française, louable, a quant-à-elle souffert d’un manque de soutien politique, trop effrayé pour s’émanciper totalement d’une tutelle américaine qui dessert nos intérêts.
Il s’agit d’un nouvel exemple, parmi tant d’autres, du besoin concret d’autonomie stratégique tant pour la France que pour les Européens en matière de défense et d’industrie.
Toutefois, ce besoin de solidarité européenne restera lettre morte tant que l’Allemagne, qui a intrigué contre les intérêts français en soutenant les armateurs américains, se livrera également à une guerre économique contre la France.