Cette semaine les délégations calédoniennes, composées de responsables politiques, ont rencontré le Premier Ministre et le Ministre des Outre-mer dans le cadre des travaux sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ces rencontres, malgré l’absence d’une partie des indépendantistes et un manque de clarté de la part du Gouvernement, ont pour objectif affiché de préparer la 3ème consultation sur l’indépendance du territoire, prévue par l’accord de Nouméa. En effet, la tenue de ce référendum a été formellement demandée au gouvernement français en avril 2021 par les deux groupes du FLNKS, formation indépendantiste, au Congrès (l’UNI et l’UC) du territoire.
Depuis le départ de Matignon de l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe, quoi qu’on en pense de l’homme politique, l’État donne l’impression de traiter de dossier avec légèreté. En effet, l’actuel locataire de Matignon est plus préoccupé par d’autres sujets plus immédiats et hexagonaux, notamment la gestion de la crise sanitaire, et donne le sentiment d’être moins au courant du processus en cours contrairement à son prédécesseur. L’Élysée ne semble pas plus impliqué dans le dossier. Quant au Ministre des Outre-mer, il est comme ses prédécesseurs à ce poste : non-décisionnaire malgré ses propositions. Tout cela dans un contexte où le « Oui à l’indépendance » a pris 4 points atteignant en octobre 2020 47 % (contre 43 % en novembre 2018). Il paraît évident que le camp indépendantiste est actuellement tendu vers le seul objectif de remporter le 3ème référendum, plutôt que de s’interroger sur la configuration concrète qui en sortirait. Le flou gouvernemental n’incite pas ces derniers à autre chose et les seuls indépendantistes qui ont fait le déplacement ont expliqué qu’ils seraient présents à titre d’observateurs et sans mandat particulier.
En cas d’indépendance, les conséquences pour l’archipel seraient de plusieurs ordres :
- institutionnel, avec un droit interne qui serait révisé et des traités internationaux conclus par la France qui ne s’appliqueraient plus aux « nouveaux ressortissants ». Ils perdraient aussi les avantages de la citoyenneté européenne. Aujourd’hui rien n’est dit de l’éventuel processus de transition et du sort de celles et ceux qui ne voudraient pas vivre dans un « État Calédonien » souverain ;
- économique et financiers, sachant que le gouvernement français transfère environ 1,5 milliard d’euros chaque année dans ce territoire de 271 407 habitants pour financer la fonction publique ou encore des activités minières.
Pour la France, les conséquences du « oui » seraient évidemment dommageables, avec notamment la perte de près d’1,4 millions de km² (14%) de sa surface maritime et d’un ancrage géopolitique et géostratégique très important dans le Pacifique, alors que d’autres puissances régionales ou globales tentent d’y étendre leur influence. N’oublions pas que la Nouvelle Calédonie représente également 20% des réserves mondiales de nickel qui font l’objet de nombreuses convoitises.
L’indépendance de la Nouvelle Calédonie pourrait-elle alimenter des volontés de sortir de la République dans d’autres territoires ultra-marins ? C’est une question sur laquelle nous devons impérativement nous pencher.
Le dernier référendum – terme des accords de Nouméa – devrait avoir lieu probablement en septembre 2022. Il fait peu de doute que cette perspective pèse d’une manière ou d’une autre dans la campagne de l’élection présidentielle. La légèreté avec laquelle l’exécutif actuel traite ce dossier représentera une difficulté supplémentaire pour le prochain locataire de l’Élysée.
Le « non » à l’indépendance aurait lui pour résultat une nécessaire amplification des transferts de compétences de l’État au pouvoir local.
La Gauche Républicaine et Socialiste invite l’État à tout mettre en œuvre enfin d’empêcher une dégradation de la situation dans moins d’un an et demi et d’explorer tous les scénarios qui permettrait à la Nouvelle Calédonie de rester au sein de la République.