Le rapport 2021 du GIEC publié le 9 août 2021 confirme qu’une large partie du changement climatique est désormais irréversible, que ses signes en sont déjà visibles. Les partisans du capitalisme néolibéral et Emmanuel Macron vont tenter à nouveau d’insister sur la responsabilité des comportements individuels ; pourtant c’est bien notre modèle économique qui doit radicalement changer, alors même qu’aucune théorie économique contemporaine n’intègre l’énergie (et donc la production de CO2 dans ses modèles), ce qui nous laisse relativement démunis. Quelques semaines après le fiasco de la loi « climat résilience » et le coup monté sur le référendum constitutionnel, Emmanuel Macron continue de ne pas comprendre qu’il faut des actes et non un plan de communication pour la présidentielle. Nous allons devoir inventer et bouger vite.
Dans son dernier rapport le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirme l’importance et l’origine humaine du réchauffement climatique planétaire. Par rapport à la deuxième moitié du XIXème siècle, la température moyenne de la décennie 2010-2020 a augmenté de près d’1,1°c. Ce réchauffement inédit est directement induit par l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère des gaz à effets de serre (CO2 mais aussi méthane) émis par l’activité humaine. Indépendamment des futures mesures mises en œuvre, ce réchauffement va se poursuivre sur une durée longue. Après une partie constat, le rapport du GIEC montre dans une partie prospective l’impact de différents scénarios d’émissions carbone (de la neutralité jusqu’à l’accélération en passant par la maîtrise) sur l’évolution du climat, l’ampleur du réchauffement dans les prochaines décennies. Même dans les hypothèses les plus optimistes, les changements seront majeurs.
Le réchauffement moyen de la planète s’accompagne d’une montée du niveau des eaux océaniques qui va impacter l’ensemble des zones côtières. Il induit aussi une augmentation de la fréquence des événements extrêmes : canicules, sécheresses, crues, inondations et pluies diluviennes, cyclones, etc. Les scénarios les plus pessimistes n’excluent plus la survenue de phénomènes majeurs, tels que des changements de courants océaniques susceptibles de modifier de façon violente le climat de l’Europe de l’ouest.
L’humanité se trouve ainsi confrontée à un défi majeur ; ses conditions d’existence seront mises à rude épreuve dans les décennies à venir. Il importe tant de travailler à réduire les émissions de gaz à effets de serre pour limiter l’ampleur du réchauffement que d’organiser et de préparer nos sociétés à vivre au mieux dans ce nouvel environnement. Pourtant, depuis la création du GIEC en 1988, la remise de son premier rapport sonnant l’alarme climatique en 1990 et le premier sommet de la planète à Rio en 1992, rien n’a vraiment bougé : année après année les émissions mondiales de CO2 ont continué de croître et les températures moyennes de monter. Même la remise commune d’un prix Nobel de la paix au GIEC et à Al Gore qui s’était beaucoup démené pour communiquer sur l’urgence climatique n’y a rien fait.
Le problème est certes global et nécessite des politiques concertées à l’échelle mondiale. L’exemple du trou de la couche d’ozone au dessus des pôles, causé par les gaz chloro-fluro-carbonés (CFC) montre pourtant qu’une telle action internationale est possible. L’interdiction mondiale des gaz CFC a permis de régler cette question et de restaurer la couche d’ozone en une quinzaine d’années.
Si la question climatique est incomparablement plus difficile à résoudre, c’est qu’elle frappe au cœur de l’organisation de nos sociétés. Les émissions de CO2 sont en effet presque parfaitement corrélées avec le PIB. Elles reflètent très directement l’énergie que nous consommons pour nous déplacer, nous chauffer, fabriquer, bâtir, transformer notre environnement. Réduire drastiquement les émissions de CO2 remet directement en cause notre modèle économique.
Au niveau international, la responsabilité historique des pays les plus développés, auteurs de la majorité des émissions cumulées depuis le début de l’ère industrielle se couple à la responsabilité croissante des pays émergents (Inde et Chine en premier lieu) qui prennent une part toujours plus importante, bientôt majoritaire aux émissions annuelles. La question climatique va naturellement induire des tensions géopolitiques entre les pays les plus riches et les pays encore en développement.
Mais réduire drastiquement les émissions de CO2 nous impose surtout de changer de modèle de société, de changer radicalement de modèle économique. Songeons qu’aucune des théories économiques contemporaines n’intègre l’énergie dans ses modèles alors même que c’est bien la maîtrise de nos dépenses énergétiques qui va engager notre avenir dans les décennies à venir.
Le capitalisme néo-libéral, basé sur l’exploitation et la mise en concurrence illimitées des ressources humaines et environnementales, est profondément démuni face à l’enjeu du changement climatique. La dictature court-termiste de l’optimisation des coûts et de la maximisation des rendements est largement responsable des déséquilibres sociaux et environnementaux, elle ne saurait en être la solution. Bien sûr, au niveau national, comme pour la pandémie au COVID 19, il faut s’attendre à ce que, face à un problème aussi global, Emmanuel Macron et son gouvernement cherchent à évacuer les causes structurelles pour insister sur les responsabilités individuelles. Il faut s’attendre à la mise en place de politiques d’incitation. Et comme celles-ci seront inefficaces, il faut s’attendre à toujours plus d’autoritarisme et de coercition.
Comme la pandémie mais à plus grande échelle et sur une durée plus longue, le réchauffement climatique s’annonce porteur de désordres et d’inégalités qui vont affecter profondément nos conditions d’existence. Comme pour la pandémie, les populations les plus affectées seront les plus fragiles du point de vue social et économique.
Répondre aux questions posée par le réchauffement du climat impose de cesser de s’en remettre aux trop classiques mécanismes individuels d’incitation qui sont fondés sur la logique des marchés. Cesser de s’en remettre aux marchés, c’est à dire mettre en place des politiques publiques de long terme, en un mot : planifier. Ces politiques ne pourront être mises en œuvre efficacement que si elles sont solidaires et ne laissent personne sur le côté. Il importe pour cela de retrouver le goût du débat public et de l’action collective. C’est par l’approfondissement de la démocratie bien plus que par la dictature de l’urgence que nous pourrons élaborer des solutions collective. La question climatique sera à n’en pas douter le défi des décennies à venir. Être à la hauteur de ce défi suppose en particulier de commencer par sortir de l’affrontement stérile entre xénophobes et démophobes qui monopolise les médias et de mettre la question climatique et ses conséquences au centre des débats politiques. La Gauche Républicaine et Socialiste prendra toute sa part dans ce combat politique.