Depuis 35 ans, la France est entrée dans une spirale de délocalisations et de reculs économiques. La plupart des pays développés ont connu un phénomène de désindustrialisation, liée au libre-échange et à sa nouvelle division internationale du travail, mais cette désindustrialisation a été beaucoup plus massive en France.
Selon les rapports officiels, la fiscalité et le coût du travail auraient conduit les grandes entreprises à délocaliser au lieu d’investir sur le territoire national. Mais en réalité, ce sont avant tout l’abandon de la politique industrielle et des arbitrages européens défavorables qui ont aggravé le phénomène. Le quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas rompu avec cet abandon… il est indécent de voir aujourd’hui le président candidat parlait de réindustrialisation alors que toute sa politique depuis bientôt 5 ans, et les faits encore aujourd’hui le démontre, n’a rien fait pour empêcher la désindustrialisation, bien au contraire.
Mais nous pouvons redresser le pays avec le plan que nous proposons pour relocaliser les activités stratégiques, défendre le « made in France », restaurer le respect dû aux travailleurs et des salaires décents qui permettent de vivre vraiment de son travail. Notre réindustrialisation exige de franchir des paliers technologiques et environnementaux. Mais « produire en France » suppose aussi la production d’innovations sociales, pour tourner davantage l’économie vers ce qui est utile et porte un progrès écologique et humain. À ce titre, l’économie sociale et solidaire (10% du PIB, 14% des emplois privés) doit jouer un rôle de premier plan.
Au-delà de la reprise des 34 plans stratégiques abandonnés par Macron en 2014, des plans de filières, secteurs par secteurs, doivent être préparés avec les acteurs concernés, tant pour favoriser les mutations indispensables qu’envisager les relocalisations, en réorientant toute une série d’interventions publiques (allègement de cotisations, CICE, crédit impôt recherche, amortissements pour modernisation, etc.), des financements dans la recherche, la formation, des commandes publiques, aides aux exportations…
Pour cela, il faudra un ministère de l’industrie et une administration de mission puissante et motivée, indépendants de Bercy, avec des budgets et outils spécifiques, mais aussi des relais territoriaux dans chaque département. Il fera émerger les nombreuses initiatives locales qui peinent actuellement, à pouvoir se concrétiser en particulier celles de PME et accompagnera la transition écologiques, les conversions, le développement et l’accroissement des capacités à exporter. Partons du principe qu’aucun site industriel n’est périmé et ne doit fermer : il faut le sauver, le transformer !
La Gauche Républicaine et Socialiste a fait de la réindustrialisation et du « produire en France » une priorité politique dès sa création. Notre soutien au programme Les Jours Heureux pour l’élection présidentielle vient également du fait que le candidat Fabien Roussel ait décidé d’en faire un axe fort de sa campagne.
RÉINDUSTRIALISER ET PRODUIRE EN FRANCE !
Ils voulaient une France sans usine !? Le résultat est là : notre dépendance pour des produits essentiels s’est accrue, nous perdons des compétences stratégiques, nos entreprises se font piller et le bilan écologique est catastrophique. Nous pouvons sortir de cette spirale et créer des centaines de milliers d’emplois grâce à une détermination sans faille. Voici quelques unes des mesures que nous voulons mettre en œuvre :
- Sortir des accords de libre-échange, qui mettent en danger la production française, et taxer les importations ne respectant pas nos normes sociales et environnementales ;
- Développer le volet français du “Buy European Act” que nous proposerons à l’Union Européenne ;
- Créer un programme national d’intelligence économique pour prévenir la prédation des multinationales et gagner des marchés ;
- Lancer des plans d’investissements publics avec les entreprises privées et organiser des plans de filières pour préparer les mutations, notamment en lien avec la transition écologique, et les relocalisations (en réorientant les aides publiques) ;
- Appliquer strictement et de manière offensive le décret “Montebourg” sur les investissements étrangers :
- en l’activant de façon pérenne et définitive comme en Allemagne, lorsque les 10% de droits de vote sont atteints ;
- en exprimant des refus explicites et préalables d’autorisation d’investissement ;
- en dotant l’État d’un pouvoir de préemption sur l’immatériel en cas d’infraction ;
- en débloquant des crédits budgétaires spécifiques et des équipes renforcées pour contrôler les engagements des entreprises étrangères ;
- Relancer dès 2022 les 34 plans stratégiques abandonnés à l’automne 2014 par Emmanuel Macron ;
- Accompagner financièrement les reprises ou créations d’entreprises par les salariés, en particulier sous forme de coopératives.
UN ÉTAT QUI AGIT RÉELLEMENT !
Sarkozy, Hollande et Macron : trois quinquennats qui ont désarmé l’État quand il aurait dû peser pour transformer notre économie face aux défis numériques et écologiques. Nous devons rattraper notre retard en refondant une coopération entre initiative privée et puissance publique. C’est pourquoi nous proposons notamment de :
- Voter une loi bancaire pour diriger les crédits vers la production et non la spéculation et réformer l’impôt sur les sociétés pour privilégier l’emploi et la production ;
- Stopper les privatisations (ADP, Françaises des Jeux…) et renationaliser les sociétés d’autoroute ;
- Renationaliser EDF, Engie et Areva pour créer un pôle public de l’énergie et investir dans le nucléaire et le renouvelable ;
- Procéder à des nationalisations temporaires des entreprises stratégiques menacées (trouver des repreneurs, réorganiser l’activité, stopper les prédations, empêcher la vente…) ;
- Transformer des aides ou prêts aux entreprises de la période COVID en prise de capital pour sécuriser les PME et réorienter la stratégie des grandes entreprises ;
- Permettre à la BPI de prendre des parts en capital, en particulier pour aider au démarrage de nouvelles activités ou développement et tripler en 5 ans la participation du capital public à l’économie française (État et Régions notamment).
DONNER DU POUVOIR AUX TRAVAILLEURS ET À LEURS REPRÉSENTANTS !
Le quinquennat d’Emmanuel Macron a été celui du mépris des salariés et de leurs représentants. Au contraire, nous sommes convaincus que ceux-ci ont des idées très claires sur la stratégie des entreprises dans lesquelles ils travaillent et que le développement de l’économie française sera d’autant plus fort qu’ils gagneront du pouvoir au sein de celles-ci. Au-delà de l’abrogation des lois travail votée sous Hollande et Macron, il faut notamment :
- Rendre obligatoire la présence de 50% de représentants des salariés avec voix délibérative dans les conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises ;
- Accorder la priorité aux projets de reprise par les salariés dans les cas de faillite ou de cessation d’activité ;
- Renforcer la place de l’Économie Sociale & Solidaire (ESS) dans l’économie nationale pour tendre vers 15% du PIB ;
- Renforcer l’accès de l’ESS aux marchés publics.