La crise sociale française en 2025

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Chaque été, l’INSEE publie son rapport sur la privation matérielle en France. Le rapport souligne qu’en 2024, la privation matérielle a un peu reculé, mais reste au-dessus des moyennes de 2017-2020. La crise économique mondiale est bien payée par les classes salariées.

L’étude de l’INSEE rappelle une réalité cruelle : un habitant sur cinq de ce pays ne part pas en vacances.

Privation matérielle et sociale en 2024 : Une personne sur huit est en situation de privation matérielle et sociale – François Gleizes, Julie Solard (Insee) – Insee Focus n°353, mai 2025

Mais les chiffres révèlent d’autres dimensions des colères sociales de ce pays.

Les trois classes qui dominent les médias, les éditoriaux, les mandats électoraux ne connaissent pas de privations en proportion comparable aux autres classes. Il s’agit des cadres, des indépendants et des retraités.

Les classes qui connaissent des privations sont les employés (14%), les ouvriers (16%), et parmi eux les chômeurs (34%), les mères seules et les familles de plus de trois enfants.

Cette étude confirme les autres études sur la question de la perception de la pauvreté et ses réalités matérielles.

Le taux de pauvreté en relation au revenu moyen stagne à un niveau très élevé, plus élevé qu’en 2012. Certains prétendent que ce taux n’est pas pertinent, car le montant du revenu moyen augmentant, le seuil de pauvreté correspond à un niveau de pouvoir d’achat supérieur à 2012. L’étude ci-dessus confirme que le niveau de privation matérielle est supérieur à 2012.

Pour surmonter les écueils d’une analyse monétaire uniquement des seuils de pauvreté, le bureau des statistiques européennes à créé il y a plus de 15 ans un indice synthétisant plusieurs critères. C’est la mesure « Arope »1.

Et bien le dernier rapport a également constaté une dégradation générale de la situation en France depuis 2015. L’Allemagne stagne à 20% de sa population ayant des difficultés à vivre depuis plus de 15 ans, malgré une économie florissante et excédentaire entre 2007 et 2019. La France disposait d’un modèle qui empêchait les chocs violents, tant en crise qu’en surchauffe. Et bien le taux de pauvreté au sens européen, 20% inférieur à l’Allemagne, a rattrapé celle-ci en 2024.

Je me souviens de débats au sein du PS dans les années 2013-2015 où nous étions nombreux à mettre en garde contre des politiques budgétaires, économiques, sociales, et juridiques nous conduisant à plus d’inégalités sans aucun avantage compétitif, ni croissance renforcée, ni stabilisation budgétaire, ni amélioration de la vie des Françaises et des Français.

Nous étions surpris de ne voir aucune argumentation de fond face à nos arguments. On nous traitait de trois façons :

  1. On nous renvoyait à un futur radieux. « Les effets du CICE sont à long terme ». Le terme de 12 ans est suffisamment long pour se rendre compte que la politique choisie a été un gaspillage budgétaire et une erreur stratégique.
  2. On nous opposait les traités européens. Le rapport Draghi de 2024 comme les études économiques de l’UE comme des instituts europhiles soulignent tous le manque d’investissement entre 2013 et 2024, la faible utilisation de l’épargne européenne qui du coup finance les investissements aux États-Unis, en Chine, hors d’Europe, et la nécessité de revenir sur les « freins à la dette » des traités. Cette faiblesse économique européenne s’accompagne d’une faiblesse géopolitique et d’un risque de colonisation par les forces géopolitiques supérieures militairement.
  3. On nous accusait de « postures », multipliant les accusations sur nos personnes. Les tenants de l’orthodoxie ordo libérale profitaient de leur loyauté aux doctrines dominantes pour construire des carrières de conseillers ministériaux, de ministres, de directeurs administration ou d’autorités administratives, avant de les rentabiliser en passant dans le privé. Ces opportunistes, dont la plupart ont rejoint Macron, ne pouvaient imaginer que nous argumentions sur le fond en raison même du fond, et non pour leur piquer leur place ou leur concurrencer une prébende.

Le bilan de court, moyen et long terme est catastrophique, œuvre de ces classes dominantes, venues du sarkozisme, du hollandisme ou du macronisme, pour former le « bloc central » et, avec le ralliement de LR, « gouvernemental ».

Mais leurs clientèles électorales – indépendants, cadres et retraités – profitent de ces politiques.

Mathieu Pouydesseau

  1. https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Glossary:At_risk_of_poverty_or_social_exclusion_(AROPE) ↩︎

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