Accord UE/Mercosur : encore un mauvais coup porté aux intérêts de la France !

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Depuis des années, la Gauche Républicaine et Socialiste s’oppose radicalement, notamment par la voix d’Emmanuel Maurel au Parlement européen puis à l’Assemblée Nationale, à l’accord commercial entre l’Union Européenne (UE) et le Mercosur. Sa validation « définitive » par la Commission Européenne aujourd’hui est inacceptable ; l’exécutif français se cache derrière de pseudo avancées, obtenues suite à ses alertes quand il avait été placé sous pression des parlementaires et de l’opinion publique française, pour baisser la garde. En fait, rien n’a changé ! L’accord n’est pas plus acceptable qu’avant !

L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) est présenté par la Commission européenne comme une avancée géopolitique et économique majeure. En réalité, il s’agit d’un projet néfaste pour l’environnement, pour l’agriculture européenne et pour la souveraineté de la France. Sa validation constituerait une faute stratégique.

C’est une aberration écologique. Il prévoit l’importation annuelle en Europe de 99 000 t de bœuf, 180 000 t de volaille et 650 000 t d’éthanol. Cette hausse inédite des exportations provoquerait entre +5% et +25% de déforestation supplémentaire en Amazonie, aggravant le réchauffement climatique et détruisant la biodiversité. Loin de renforcer le « Green Deal » européen, cet accord l’anéantit : il encourage les émissions de gaz à effet de serre liées au transport maritime et institutionnalise une agriculture intensive à l’autre bout du monde, alors que les agriculteurs européens sont soumis à des exigences environnementales fortes. Il autoriserait l’importation de produits agricoles cultivés avec des pesticides interdits en Europe, au mépris de la santé publique et de la cohérence réglementaire.

L’accord est économiquement défavorable à la France. Nos agriculteurs, qui doivent respecter les normes les plus strictes au monde, seraient exposés à une concurrence déloyale de produits sud-américains vendus à bas prix. L’agriculture sert trop souvent de variable d’ajustement dans les accords commerciaux négociés par Von der Leyen. Or la France, jadis deuxième exportateur agricole mondial, est tombée au 5e rang en 20 ans, tandis que ses importations alimentaires ont doublé, atteignant 63 Md € en 2022. Accroître encore cette dépendance, c’est fragiliser notre souveraineté alimentaire et condamner des milliers d’exploitations à disparaître.

La Commission européenne se justifie par une volonté d’ouverture géopolitique. Mais derrière ce discours, ce sont surtout les grandes multinationales, avides d’accéder aux marchés publics et aux ressources naturelles du Mercosur, qui sortiraient gagnantes. Ni les populations européennes, ni les travailleurs sud-américains n’y trouveraient leur compte. Les syndicats du Mercosur eux-mêmes dénoncent un accord qui enferme leurs pays dans le rôle de fournisseurs de matières premières et menace leur industrialisation. C’est un traité perdant-perdant : destructeur pour l’environnement, funeste pour l’agriculture européenne et stérile pour le développement du Sud.

Depuis le traité de Lisbonne, la politique commerciale relève exclusivement de l’UE, et les parlements nationaux n’ont plus de véritable pouvoir de blocage. Mais valider un tel texte reviendrait à imposer aux peuples des choix stratégiques contraires à leurs intérêts et à leurs engagements climatiques. L’exécutif français devrait donc se montrer intraitable.

La France a tout à perdre dans l’accord UE-Mercosur. Elle doit s’y opposer fermement, non par protectionnisme autarcique, mais d’abord pour défendre un modèle agricole durable, préserver son autonomie stratégique et rester cohérente avec ses ambitions environnementales. L’Europe et la France ne doivent pas céder aux dogmes du libre-échange à tout prix : il est temps de tourner la page des traités commerciaux destructeurs et d’inventer une coopération internationale fondée sur la réciprocité, la justice sociale et la transition écologique.

Après son deal capitulard avec Donald Trump, Ursula von der Leyen démontre à nouveau aujourd’hui son enfermement idéologique. Emmanuel Macron ne lui oppose rien de sérieux. Le prochain gouvernement français qui succédera à celui de François Bayrou, qui sera démis le 8 septembre prochain, doit avoir pour mandat une ligne de fermeté absolue sur ces dossiers.

Frédéric Faravel

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