La pétition officielle demandant que les aéroports de Paris restent un monopole public a atteint plus d’un million deux cent mille signatures alors que le délai légal touche à sa fin. Même si nous sommes loin des quatre millions sept cent mille signatures nécessaires pour déclencher un référendum, objectif irréaliste, nous avons dépassé la barre symbolique du million de signataires. En 2018, pour répondre aux exigences démocratiques des gilets jaunes, Emmanuel Macron avait promis d’abaisser ce seuil de déclenchement à un million de signatures. Force est de constater qu’il n’a pas tenu promesse. Et pourtant, le gouvernement renonce temporairement à privatiser ADP.
Ne nous voilons cependant pas la face sur les raisons de cet abandon temporaire de la privatisation. La crise financière mondiale et l’effondrement des titres boursiers consécutifs à la panique des marchés concernant le coronavirus motive plus le gouvernement que la mobilisation historique de tous les partis de gauche et d’une union transpartisane mobilisant toutes les forces républicaines, des syndicats, du monde associatif, et de nombreux citoyens attachés au service public. En pleine pandémie mondiale, le gouvernement aurait pu prendre conscience de l’enjeu sécuritaire et sanitaire de la gestion de la plus grande frontière de la France. Las, c’est la perspective d’une mauvaise affaire financière qui a entraîné ce recul.
Toujours est-il que cette décision est une défaite amère pour le gouvernement et sa vision du monde. Confier au privé et aux marchés financiers la gestion d’un intérêt stratégique national est irresponsable, et cette crise financière liée au coronavirus l’illustre bien. La volatilité et la recherche constante de profit n’est pas le mode de gestion souhaitable d’une entreprise d’intérêt public comme ADP. Il est cependant à craindre qu’une fois la crise passée, le gouvernement choisira la privatisation. La loi PACTE l’aura permise, et elle pourra avoir lieu très rapidement. Il s’agira alors de nous mobiliser, et de montrer au gouvernement que la large mobilisation du référendum d’initiative partagée n’avait pas pour but d’entraîné un abandon temporaire de la privatisation, mais son abandon définitif