Halte à la souffrance au travail !

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Notre pays est engagé dans un mouvement social massif contre la remise en cause de notre système de retraites, qui va d’abord pénaliser les travailleurs les plus modestes, ceux qui ont commencé à travailler tôt et fait peu d’études. Le projet d’Emmanuel Macron fait par ailleurs comme à chaque fois l’impasse sur la pénibilité et la souffrance au travail. La GRS continuera quant à elle d’insister sur la nécessité de mettre le travail au cœur des propositions prioritaires de la gauche.

Une récente étude de l’IFOP indique désormais qu’une majorité nette des Français considère le travail avant tout comme une contrainte et non comme un moyen de s’épanouir. Atteignant presque 60% des sondés, ce chiffre est en hausse de près de 10 points depuis 2006.

La dialectique du travail n’est pas nouvelle. Dans les sociétés capitalistes libérales, le travail est à la fois un outil d’émancipation individuelle et collective grâce aux richesses qu’il crée, mais également une cause d’aliénation du fait des contraintes physiques et morales qu’il engendre et à la relation de dépendance à l’employeur qui se noue pour les salariés.

Tout le combat socialiste se retrouve dans cette opposition. Depuis le XIXème siècle, notre mouvement politique se bat pour que le travail soit le plus émancipateur possible, via la redistribution des richesses par le salaire et la sécurité sociale. Nous nous battons également pour qu’il soit le moins aliénant possible, via la retraite, le code du travail, la prévention des risques, la médecine du travail.

Cet horizon du travail heureux semble malheureusement, de l’avis même des Français, s’éloigner chaque jour un peu plus. Les causes sont connues. Le travail rapporte de moins en moins, avec des salaires qui stagnent, des emplois détruits par la mondialisation, des CDI de plus en plus rares, une précarisation des jeunes en hausse avec la plateformisation qui les guette. Le travail est également de plus en plus pénible. La pénibilité, sabordée par le gouvernement Macron dès 2017, n’est plus prise en compte. De la loi El-Khomri aux ordonnances Pénicaud, le code du travail est détricoté, au prétexte qu’il ne serait plus adapté au monde du travail d’aujourd’hui. Pour autant, les souffrances au travail liées aux technologies modernes ne sont pas ou mal prises en compte. Les temps de trajet domicile-travail s’allongent et privent toujours plus de temps de vivre. Les perspectives d’amélioration des conditions, surtout, sont absentes. Aucune hausse de salaire n’est envisagée, la réduction du temps de travail n’est plus de mise. Les libéraux n’ont en tête qu’un seul objectif, faire travailler plus, plus longtemps, plus durement.

Il n’est donc pas étonnant que le rapport au travail soit de plus en plus critique et désespéré. Les organisations patronales se plaignent que les Français n’aient plus le goût du travail et ne trouvent plus de travailleurs « motivés ». Les causes sont connues, des solutions existent. Ce n’est pas en allongeant l’âge de départ à la retraite, en faisant stagner les salaires et en précarisant les conditions de travail que les Français y reprendront goût. La souffrance au travail a explosé, il convient d’y mettre un terme.

Nous sommes la gauche du travail. Nous sommes la gauche qui n’a pas renoncé à l’horizon socialiste d’un travail qui émancipe sans aliéner, qui crée des richesses et rend possible le bien-être pour tous, sans pour autant détruire les corps et les esprits.

Augustin Belloc

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