Le saut fédéral ne doit pas être imposé dans le dos des peuples

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Pour sortir des impasses de l’Europe néolibérale, la Commission et les principaux gouvernements tentent de rouvrir le débat sur la réforme des traités. À leurs yeux, point de salut hors le « saut fédéral », c’est-à-dire, comme le proposent Mario Draghi et d’autres personnalités, la création d’un véritable État européen supranational.

Aussitôt rejoints par les habituels européistes de gauche, au premier rang desquels les socialistes emmenés par Raphaël Glucksmann, ils entonnent le chant idéaliste éthéré des « Etats-Unis d’Europe ». Mais leur enthousiasme, s’il n’est pas dénué d’une touchante sincérité, cache en réalité une méfiance viscérale à l’égard des peuples.

Des transformations institutionnelles aussi radicales – il s’agit tout de même de barrer d’un trait de plume l’article 3 de la Déclaration de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation » – nous concernent au premier chef, mais pour les fédéralistes, pas besoin de s’enquérir de notre avis : après avoir soustrait de la délibération démocratique la politique économique et commerciale, on décidera entre gens de bonne compagnie de créer une entité au sein de laquelle les pouvoirs des États auront définitivement disparu.

Il faut certes réécrire les traités, mais pour nous, cela ne veut pas dire conserver l’austérité, la « concurrence libre et non faussée » et les parachever par la dépossession des États. La réécriture des traités ne devrait avoir qu’un but : la démocratie, c’est-à-dire le renforcement de son cadre d’expression légitime qui est l’État-Nation ; et la liberté de choisir entre des politiques (économique, d’organisation des services publics, diplomatique, etc.) différentes.

La construction européenne ne tiendra pas éternellement dans le carcan d’institutions supranationales qui s’arrogent sans cesse plus de pouvoirs en tenant les peuples à distance. Elle ne retrouvera du crédit auprès d’eux qu’à condition de respecter leurs intérêts majoritaires et leur souveraineté.

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