Les tentatives de suicide ou suicides d’étudiants se multiplient ces derniers temps. En plus d’être effroyables, elles sont d’une certaine manière marquées du sceau du tragique en ce sens que rien n’est fait pour qu’elles ne se produisent pas. Le Gouvernement est, non seulement coupable par son inaction, mais également pour sa « dés-action » car l’impression que tout est fait à l’encontre des étudiants est prégnante. Le fait que la Ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ait été obligée par des sénateurs d’évoquer la tentative de suicide qui s’est produite à Lyon 3, il y a trois semaines, lors des Questions au Gouvernement d’il y a quinze jours est symptomatique du cynisme de la Macronie à l’encontre des étudiants.
Ce jeudi 14 janvier, afin de pallier cette situation, l’on apprend que le nombre de psychologues dans les universités va être doublé. Plus à côté de la plaque, tu meurs. Cette expression pourrait faire sourire si des vies n’étaient pas en jeu, mais c’est pourtant le cas. Le Gouvernement semble ne pas l’avoir compris ou alors, s’il l’a compris, saluons sa volonté indéfectible d’entraîner les étudiants vers la mort sociale.
Voilà presque une année maintenant que les cours se tiennent quasiment dans leur intégralité en visioconférence. En plus de problèmes techniques – car tous les étudiants ne disposent pas forcément d’ordinateurs ou de connexion internet fonctionnels – et pédagogiques – car suivre un cours depuis un ordinateur demande des efforts de concentration considérables -, les étudiants sont privés de toute socialisation. L’université n’est pas qu’un espace de travail et d’apprentissage. C’est également un lieu où l’on se rencontre, où l’on se forme personnellement, où l’on débat pour se former intellectuellement, où l’on participe à des activités associatives… L’université, ce n’est donc pas qu’une histoire d’études mais aussi une histoire de vie. L’espèce humaine est une espèce éminemment sociale, les étudiants ne font pas exception à la règle, ils en sont même le paroxysme.
En dehors de cela, certains étudiants vivent seuls, enfermés, depuis presque une année maintenant. Parfois éloignés de leurs familles, arrivant en première année, ils sont livrés à eux-mêmes dans un petit studio à peine fonctionnel et n’ont aucun contact social. Pour soulager ces maux, l’on a rien trouvé de mieux que d’augmenter à plusieurs reprises leurs aides personnalisées au logement (APL). Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt.
Que dire également des étudiants internationaux, loin de chez eux, plus isolés que jamais, sans aucun soutien financier ? Et que dire des étudiants qui payaient leur loyer grâce à un petit boulot et qui se retrouvent aujourd’hui, soit impayés, soit en chômage partiel et donc privés d’une partie de leur salaire ? Il est évident qu’un étudiant qui doit travailler pour subsister, c’est déjà un étudiant de trop, tant les deux devraient être incompatibles. Surtout, quelles perspectives existeront pour des étudiants qui entreront sur un marché du travail exsangue et dans le marasme économique le plus total ?
La situation des étudiants est dramatique, mais s’y ajoute celle des étudiants et lycéens dans une formation professionnelle.
En effet, cette crise sanitaire s’accompagne d’une crise sociale et économique, où nombre d’entreprises ont mis la clef sous la porte ou sont en faillite et fermeront in fine.
Dès lors, que faire lorsque nous sommes apprentis, en CAP et ou bac professionnel, que nous allons au lycée une semaine puis l’autre à l’atelier ou au garage ?
Parfois, le plus souvent même, ces élèves sont issus des milieux populaires et le revenu de la formation professionnelle est particulièrement important pour le foyer.
L’incertitude gagne les petites et moyennes entreprises. La difficulté à se projeter dans le futur et la vie professionnelle, la crainte pour les entreprises, voire la frilosité à embaucher des jeunes en apprentissage ou en alternance grandit malgré les promesses de primes pour celles qui embaucheront un apprenti, cette prime sera-t-elle seulement suffisante ?
Que fait la Macronie contre tous ces maux ? Rien, strictement rien. Pire encore, au lieu d’essayer de les soulager, elle les aggrave. L’on a demandé aux étudiants et plus généralement aux jeunes de faire des efforts au nom de la société. Ces efforts ont été effectués avec beaucoup de courage et une volonté de fer. Mais que lui rend cette société en retour ? Absolument rien. La dernière idée du Gouvernement Castex : un couvre-feu national à 18h. Pour les étudiants, cette option est pire qu’un confinement. Le confinement autorisait en effet une sortie quotidienne d’une heure. Sortie que les étudiants faisaient généralement en début de soirée, à la fin de leur journée de cours. Avec le couvre-feu à 18h cela est impensable. Se réveiller à 8h pour ses cours, être collé à un écran toute la journée et à la fin de ses enseignements, rester chez soi pour cause de couvre-feu, c’est ne pas avoir respiré l’air de l’extérieur de la journée.
Si l’on fait le bilan de ce qui a été fait, défait ou pas fait vis-à-vis des étudiants depuis le début du mandat du Président Macron, un constat apparaît nettement : les étudiant sont, entre autres – les Gilets jaunes, retraités, classes moyennes et non ultra-riches de manière générale, nous ne vous oublions pas -, les sacrifiés du quinquennat.
Une pensée émue aux proches des étudiants et aux étudiants qui tentent de mettre fin à leurs jours et aux proches de ceux qui sont tragiquement mort, comme ce fut le cas d’une étudiante de la Sorbonne le vendredi 15 janvier…
La Gauche républicaine et Socialiste propose plusieurs réponses et soumet plusieurs propositions pour répondre à la précarité étudiante :
-Le RSA jeune est une solution, mais elle est insuffisante.
Il faut également reconnaître les besoins spécifiques de la jeunesse, bourses, emplois, accompagnement spécialisé pour les étudiants en ayant besoin.
– Un dispositif « garantie jeunes » renforcé, une aide à la formation et à l’emploi.
-Un suivi psychologique renforcé.
-Il faut également abroger la réforme assurance chômage repoussé à avril.
-Améliorer l’accès au CROUS
-Adapter les examens, quand le semestre se passe intégralement en distanciel et quand certains étudiants ne peuvent pas suivre l’intégralité des cours.
-Enfin, des mesures sanitaires respectées quand les cours ont lieux en présentiels.
Dans la phase transitoire, seuls les droits automatiques fonctionnent. Créer des emplois jeunes est long, la garantie jeune est complexe. Il faut désormais les deux.
Le RSA pour assurer des revenus et des emplois jeunes, et une stratégie de l’État garant de l’emploi en dernier ressort.
Les dispositif « emplois jeunes » et « garantie jeunes » n’ont pas conjuré l’exclusion et la pauvreté des jeunes.
La « garantie jeunes » ne marche que pour les jeunes qui ne sont pas éloignés de l’emploi, et la généraliser à tous ceux qui en ont besoin est infaisable.
C’est pourquoi il faut en plus leur verser le RSA et créer de nouveaux emplois.
Il faut de plus distinguer les jeunes en formation auxquels il faut verser une véritable allocation d’étude garantissant leur autonomie.