En moins de deux mois, le Ministère des Outre-mer, jusqu’ici une administration de plein exercice, a été reléguée au rang de « salle d’attente » pour l’ancienne Ministre des Outre-mer – depuis devenue Présidente de l’Assemblée nationale – pour finir ensuite sous la tutelle du Ministre de l’Intérieur. Quoiqu’il en soit, cette décision est un bon en arrière institutionnel pour nos compatriotes ultramarins.
En effet, un tel ajustement protocolaire avait déjà été expérimenté il y a près de quinze ans durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Cette mandature avait connu deux secrétaires d’état et une ministre déléguée aux Outre-mer (respectivement Christian Estrosi, Yves Jégo, Marie-Luce Penchard) qui furent tous les trois placés sous l’autorité du Ministère de l’intérieur. Aujourd’hui, c’est un énarque et ancien préfet – qui certes possède une connaissance fine de ces territoires – qui sera chargé de prendre des ordres auprès de l’innénarable Gérald Darmanin. Tout cela sur fond de crise non seulement sécuritaire mais aussi économique, sanitaire et sociale amplifiée par la défiance envers le vaccin anti-Covid et envers l’exécutif et la politique d’Emmanuel Macron.
Rappelons qu’au deuxième tour de l’élection présidentielle, une partie des populations ultramarines avaient majoritairement préférées placer Marine Le Pen en tête – à défaut de pouvoir voter pour Jean-Luc Mélenchon – et aux législatives élire de nombreux députés de gauche et/ou autonomistes à l’Assemblée nationale. Le Président de la République n’aurait-il rien retenu de ses propres résultats et de ce qu’ils traduisent dans ces territoires ?
Cette relégation sera vraisemblablement vécue comme une punition par les populations concernées. Elle laisse présager qu’au vu de la politique que l’exécutif compte mener, les Outre-mer seront encore en ébullition dans les prochaines années, alors qu’il serait plus judicieux pour l’Etat de prévenir toute tentative de contestation dans ces territoires. Une première réponse pourrait venir des débats qui auront lieu lors du Projet de loi de Finances en septembre prochain. Si les collectivités d’outre-mer constataient une réduction de leurs dotations, notamment sur des problématiques importantes comme la pollution des Antilles au chlordécone , alors le signal sera clair quant à une recentralisation vers la France Hexagonale.
Les deux millions de Français vivant hors de la France Hexagonale méritent bien mieux qu’une tutelle et un amalgame avec les problématiques essentiellement sécuritaires, même s’il est entendu que les DROM, COM et les PTOM connaissent des difficultés avec l’intensification des trafics de drogue et d’armes ainsi que les contrôles des frontières. Cependant, la sécurité ne peut à elle seule répondre à l’ensemble des problématiques que connaissent ces territoires qui sont liées à leur éloignement avec l’Hexagone, l’insularité et les questions climatiques pour ne citer que celles-là.
La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite vivement que nos concitoyens ultramarins puissent bénéficier d’un Ministère de plein exercice lors d’un prochain remaniement ministériel ou de la formation d’un prochain Gouvernement.