Le 28 mars dernier, Arnaud Viala, et 22 autres députés Les Républicains ont déposé une Proposition de loi visant à suspendre le RSA (Revenu de Solidarité Active) aux bénéficiaires s’étant rendus coupables d' »exactions » commises en marge de manifestations. Si la référence au mouvement des Gilets Jaunes n’est pas explicite, la frange droitière des LR profite des évènements récents pour enfiler le costume qu’elle affectionne tant de la droite sécuritaire, soucieuse de ne pas laisser Emmanuel Macron incarner à lui seul le « parti de l’ordre ».
Prise au piège d’un soutien de mauvais aloi aux Gilets Jaunes qui fait fuir les libéraux chez Emmanuel Macron, la droite de Laurent Wauquiez est contrainte à l’esbroufe, comme en témoigne cette proposition fantaisiste, pour tenir les deux bouts de son électorat qui se délite.
Cette proposition de loi entend donc faire le tri entre les bons et les mauvais pauvres, les bénéficiaires méritants et les bénéficiaires fainéants, violents de surcroît. La droite tombe ici le masque de son soutien contre-nature au mouvement des Gilets Jaunes, révélant qu’à ses yeux celui-ci est avant tout un mouvement d’ « assistés » pour reprendre une terminologie bien connue et laisse volontairement planer le doute d’un amalgame entre manifestants et casseurs. Et d’adopter une position paternaliste dans l’exposé des motifs de la proposition de loi, chargée d’un évident mépris de classe :
« La suppression du RSA pour les personnes reconnues coupables de tels faits permet de leur infliger une sanction lourde, aussi bien matérielle que morale, pouvant les empêcher de recommencer. Cela pourra avoir un effet dissuasif sur certaines personnes, plus tempérées dans leur attitude, leur évitant ainsi de prendre part aux débordements. »
Cette proposition de loi n’est pas sans rappeler l’initiative du département du Haut Rhin, alors présidé par le LR Eric Straumann, qui proposait l’instauration d’un « bénévolat obligatoire » aux bénéficiaires des minimas sociaux. Bien que personne ne nie que le bénévolat puisse être un levier d’insertion, sa généralisation dans un tel contexte permettait surtout d’utiliser des salariés déguisés sans s’attaquer ni enrayer les causes de la précarité des plus démunis.
La gauche républicaine et socialiste ne peut que s’opposer à cette proposition de loi caricaturale et indigne qui prêterait à sourire si elle n’était pas le triste reflet de ce qu’est la droite « Républicaine » Française.
Nous aspirons à plus de respect envers les citoyens démunis et demandons l’attribution de moyens supplémentaires aux collectivités et associations qui constituent le maillage territorial essentiel pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle. L’Egalité n’est pas un mot creux inscrit au fronton de la République mais le coeur de la promesse républicaine faite aux citoyens, ce que réclament à cor et à cri les gilets jaunes depuis plusieurs mois.