Devant la représentation nationale Edouard Philippe a livré un discours poussif et technocratique qui, au-delà de l’esbroufe, ne vise qu’à mener à son terme le détricotage des fondamentaux de notre République pour lui préférer le social-libéralisme bon teint à l’anglo-saxonne.
« Justice sociale » ; « écologie » ; « services publics » ; « démocratie »… Les mots utilisés sont malmenés, dévoyés pour servir de paravent à une orientation politique bien ancrée à droite.
Si l’écologie y a tenu une bonne place ce n’est pas tant pour mener une transformation profonde de nos modes de production et de consommation que pour mieux divertir l’immense attente de nos concitoyens et l’urgence écologique par quelques annonces à la marge du système productiviste. Ne rêvons pas, la croyance béate dans l’efficacité du marché, de la libre concurrence et du progrès technique fait partie de l’ADN de ce Gouvernement : la crise écologique n’est pour eux qu’une externalité négative que le marché se chargera de corriger.
Concernant la demande de justice sociale de nos concitoyens : rien n’a été véritablement annoncé et les grands mots ne constituent que de piètres remèdes en ce domaine. Pas sûr que la méthode Coué ne constitue une thérapie efficace, à même de répondre aux attentes des Français.
Après un mouvement social de grande ampleur inédit dans notre histoire récente contre l’injustice fiscale et salariale, l’assurance chômage est fragilisée et les retraites par répartition mises en cause par ce gouvernement. Où est la justice dans l’allongement de la durée de travail ? Le Premier Ministre est resté sourd également aux demandes des personnels hospitaliers alors que ceux-ci tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme dans tout le pays face à la pénurie de moyens.
En lieu et place de la justice fiscale il n’est question que de supprimer les impôts des Français sans penser un seul instant à favoriser un plus grand équilibre selon les facultés contributives en restaurant pour commencer l’impôt de solidarité sur la fortune et en réformant l’impôt sur le revenu.
Par ailleurs les services publics de proximité sont appelés à se renforcer mais avec toujours moins d’agents et de moyens… Tout cela n’est pas sérieux.
Enfin la réforme constitutionnelle annoncée consacre d’emblée la réduction toujours plus importante du rôle du Parlement et de sa capacité à s’opposer à l’exécutif, comme nous le redoutions. Le déséquilibre entre législateur et exécutif risque de s’accroître davantage, mettant en péril la vie démocratique de notre pays. Et le nouvel acte de décentralisation proposé, aux contours encore flous, mais qui semble s’orienter vers l’exercice d’un droit à la différenciation entre territoires n’est pas pour rassurer les républicains attachés à l’égalité territoriale.
En fin de compte les illusions du « en même temps » se sont dissipés dans l’esprit des Français et le Gouvernement assume désormais ses positions droitières. Et si c’était cela le véritable sens de l’acte 2 du quinquennat ?
Au Parlement, dans nos collectivités et dans la rue nous répondrons avec détermination face aux attaques et à la politique injuste du Président Macron et de son Gouvernement.