Sans école publique, pas de citoyens, et sans citoyens, pas de République. Avec plus de 75 Mds€ de budget, plus d’un million de fonctionnaires et 12 millions d’élèves, l’Éducation nationale est au centre des priorités politiques, des conflits partisans et des débats publics. À l’heure où la France voit se développer en son sein des fractures sociales et un délitement du sens de l’intérêt général, l’école doit être un fer de lance d’une politique volontariste républicaine et sociale.
L’école française se trouve être en-deçà de ce qu’on pourrait en attendre en termes de niveau scolaire. Si l’on se réfère aux enquêtes récentes, les Français ont un niveau inférieur à la moyenne de l’OCDE et de l’Union Européenne en lecture et en mathématiques. Pour la cinquième puissance mondiale, ce score est catastrophique.
Les résultats sont encore plus alarmants lorsqu’on s’intéresse aux inégalités scolaires. La France est un des pays où les inégalités scolaires sont les plus élevées. Plus d’un jeune sur dix a des difficultés de lecture et parmi eux, la moitié se trouve en situation d’illettrisme. Les résultats des élèves favorisés sont supérieurs de 50 points à ceux des défavorisés – deux années d’école !
Chacun a pu voir à quel point l’école de la République manque aujourd’hui cruellement d’enseignants… alors que quelques efforts avaient été faits dans le quinquennat précédent, la situation s’est à nouveau fortement dégradée avec la mise en œuvre des politiques d’Emmanuel Macron et de Jean-Michel Blanquer. Et là encore, la crise sanitaire qui dure sert de révélateur terrible à la dégradation subite des conditions d’enseignement : le nombre d’heures de cours non remplacées – faute d’enseignants remplaçants – avaient bondi depuis 2017 ; il a explosé de mai 2020 à aujourd’hui !
Au-delà d’un nombre d’enseignants insuffisants, les réformes du lycée (avec comme point d’orgue les calamiteux allers-retours sur l’enseignement des mathématiques), du baccalauréat et de « parcoursup » ont plongé les jeunes Français dans le stress et l’angoisse parfois dès la 3ème, alors que dans le même temps rien n’était fait pour résoudre les véritables problèmes de retards accumulés par tant d’élèves en matières d’apprentissages fondamentaux.
Si l’on manque à ce point d’enseignants, c’est aussi que la situation professionnelle des professeurs en France est également un sujet prioritaire. Elle est inacceptable pour un pays qui compte parmi les plus riches du monde. Les salaires des professeurs français sont parmi les plus faibles d’Europe de l’ouest. Une grande partie des problèmes qui touchent l’école française a partie liée avec cette précarisation grandissante des professionnels de l’Éducation nationale, à qui l’on délègue pourtant de plus en plus de missions – intégration, cohésion nationale, sentiment d’appartenance nationale – autrefois dévolues à d’autres institutions. L’école est aujourd’hui en passe de devenir une succursale du marché du travail et de la société de l’individualisme.
Enfin face à la résurgence de l’obscurantisme, du rejet de la science et des tentations anti-républicaines, nous devons armer l’école et ses acteurs pour qu’elle redevienne un pilier puissant de l’émancipation républicaine : La formation des professeurs à la laïcité est à ce titre essentielle et la diffusion des valeurs de la République chez les jeunes également. Cette dernière ne doit pas être un catéchisme républicain surplombant, mais elle doit se vivre quotidiennement au sein même de l’école. Cet effort constant doit être soutenu par le retour de l’éducation populaire laïque dans nos quartiers, dans nos bourgs et villages, grâce à un engagement massif de la puissance publique.
C’est donc tout naturellement que la Gauche Républicaine et Socialiste se retrouve dans le programme « Les Jours Heureux » porté par Fabien Roussel pour l’élection présidentielle. Nos propositions sont nombreuses en la matière ; nous en rappellerons ici quelques unes :
- 90 000 recrutements d’enseignants seront planifiés et un plan de construction et d’amélioration des établissements publics et de leur équipement sera lancé ;
- Les salaires mensuels doivent être augmentés de 30% sur 5 ans et il sera mis fin au gel du point d’indice de la fonction publique ;
- Les réformes du lycée et du baccalauréat seront abrogées et « Parcoursup » sera supprimé. Un enseignement supérieur public digne de ce nom sera reconstruit en France ;
- Plus que des mesures, nous porterons un plan volontariste pour la mixité, en nous attaquant à la carte scolaire pour qu’elle soit contraignante et sans dérogation possible – là où la « proposition Balsan » échoue pour de mauvaises raisons dans « Baron Noir », donnons les moyens de la réussite dans la réalité ;
- Nous initierons le tissage d’un « réseau républicain » de partenariats avec d’autres services publics et des organisations d’éducation populaire pour insérer tous les enfants dans la vie culturelle, sociale et civique du pays ;
- Nous proposons d’améliorer le recrutement et la formation des enseignants : remplacer les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation par des Écoles normales du primaire et du secondaire rétablissant deux années pleines de formation (plus professionnalisante), avec un volet laïcité/civisme renforcé, et une réelle formation professionnelle continue tout au long de leur carrière ;
- Nous soutiendrons les personnels de l’Éducation nationale en réduisant la précarité statutaire et salariale des AESH, en renforçant leur formation et leurs effectifs ;
- Sur la base d’un engagement à servir l’État pendant 10 ans, nous proposons que les étudiants soient faits fonctionnaires et donc rémunérés dès le début de leurs études.
- Nous voulons créer des postes d’enseignants spécialisés en surnuméraire et mobiles dans toutes les écoles avec comme objectif un engagement pour 100% d’élèves sachant lire, écrire et compter de leur entrée en 6ème ;
- Nous baisserons les effectifs : généraliser les dédoublements de tous les CP, ensuite pas plus de 20 en classe, pas plus de 15 en REP et dans les Grandes Sections de Maternelle sans affecter les effectifs des autres classes ;
- Nous interdirons les écoles privées « hors contrat » et nous réserverons exclusivement les financements publics à l’école publique à l’issue d’un plan organisant le retour au principe « école publique : financement public ; école privée : financement privé » ;
- Enfin, nous reviendrons, dans les lycées professionnels, aux dotations d’heures de français, d’histoire-géographie et de mathématiques qui prévalaient avant les réformes Blanquer, car c’est une nécessité pour la construction d’une culture populaire commune.