Alors que nous souhaiterions saluer le développement du Musée-Mémorial du terrorisme (MMT), sa première action soulève notre désarroi. La Gauche Républicaine & Socialiste désapprouve la censure que le MMT a choisi d’appliquer à certaines créations du projet « Faire face au terrorisme : l’exposition des collégiens et des lycéens » présenté depuis le 15 octobre sur son site internet.
Alors qu’aucune limite n’avait été initialement posée, les créations incluant des caricatures (« une » de Charlie Hebdo 1178 du 14 janvier 2015, dessin « Peut-on rire de tout ? » de Cabu en 2012) ont été écartées par le MMT. Dans ces conditions, enseignants et élèves d’une des classes censurées ont préféré se retirer totalement de la publication. Nous leur déclarons notre soutien et saluons la réflexion dont ils ont fait preuve en considérant l’œuvre des dessinateurs devenus victimes du terrorisme d’inspiration islamiste.
Le Musée-Mémorial du terrorisme (MMT), voulu par Emmanuel Macron et dont la mission de préfiguration est présidée par l’historien Henry Rousso, spécialiste reconnu de la Seconde Guerre mondiale et des enjeux de mémoire, « a pour vocation de rendre hommage aux victimes du terrorisme à l’échelle de la France et du monde. C’est aussi un musée d’histoire et de société, tourné vers la connaissance et la pédagogie », indique son site internet. Il ouvrira ses locaux en 2027 sur le Mont-Valérien (Suresnes) auprès du Mémorial de la France combattante.
Attachée tant à l’esprit de résistance associé au lieu prévu pour accueillir le Musée-Mémorial du terrorisme qu’au travail de mémoire et de savoir qui anime sa mission de préfiguration, la Gauche Républicaine & Socialiste demande de ne pas réitérer une telle censure. Même au motif de prémunir les participants à ses projets contre toute menace, le Musée-Mémorial du terrorisme n’a pas à bâillonner l’évocation d’une catégorie de victimes. En l’occurrence, sans prêter à cette censure l’intention de satisfaire les exigences des terroristes, le constat s’impose qu’elle s’applique à la liberté d’expression. Et cela survient la veille des commémorations de l’assassinat de Samuel Paty désigné par la rumeur à la main de son terroriste assassin pour avoir éveillé ses élèves à la réflexion sur de semblables dessins de presse. La Gauche Républicaine et Socialiste demande au Musée-Mémorial du terrorisme d’assumer sans faiblesse sa mission de mémoire des victimes et de pédagogie sur toutes les formes de terrorisme.