« Qui peut croire que soudainement des professeurs se précipiteraient dans les quartiers et écoles, où ils ne sont jamais candidats ? » – Marie-Noëlle Lienemann

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Macron ressort une vieille lune des libéraux et de Blanquer, à savoir l’autonomie des chefs d’établissements pour recruter les enseignants et intervenants dans les écoles, et de la souplesse pour les équipes, faisant croire qu’ainsi on combattrait mieux l’échec scolaire…

Qui peut imaginer que soudainement des enseignants plus compétents, plus motivés vont se précipiter pour venir dans des quartiers et écoles dans lesquelles ils ne sont jamais candidats ?

Au contraire, ce choix risque plutôt de tirer vers le bas ces structures scolaires.
Or ces établissements ont besoin d’une forte implication des autorités académiques en direction des équipes éducatives. Trop souvent, ce soutien leur manque face aux difficultés rencontrées ! Mettre les chefs d’établissement comme les grands responsables du projet et de sa mise en œuvre revient, d’une part ,à leur confier une responsabilité excessive et risquée ( est-on sûr qu’ils sont en situation réelle de définir un projet optimal ?), et, d’autre part, à dédouaner les responsables académiques et rectoraux et à accroître les inégalités.

C’est une vision éclatée et inégalitaire de notre service public de l’Education Nationale .

C’est d’ailleurs aussi la thèse défendue par Valérie Pécresse, le week-end dernier lors de son meeting en Corrèze . Elle, elle franchit un pas supplémentaire allant jusqu’à proposer que les écoles soient privées et qu’on donne aux élèves des chèques pour garantir la gratuité…!?
Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien cette logique concurrentielle, désarticulée de notre système d’éducation qui a été soutenue à Marseille par Emmanuel Macron…
Tout cela au nom de la prétendue souplesse … prétendue, car en fait ce n’est pas de la souplesse mais de la disparité quant aux contenus et aux savoirs transmis.

De la souplesse , il en faut pour favoriser des initiatives, des méthodes diverses mais pas sur les contenus programmatiques et les objectifs à atteindre qui doivent demeurer communs, identiques .

Emmanuel Macron ne fera aucune annonce sur les créations de postes pour dédoubler plus fortement les classes dans tous ces établissements, veiller à ce que les remplaçants soient en nombre suffisant. Cette histoire d’autonomie des chefs d’établissements est non seulement dangereuse pour l’égalité républicaine, mais elle sert aussi de rideau de fumée à l’absence d’enseignants, de surveillants supplémentaires.

On notera au passage qu’il n’a donné aucun chiffre sur les sommes dégagées pour remettre en état les écoles de Marseille… espérons qu’il sera plus net en novembre.

La clef pour la réussite des élèves issus des quartiers et milieux populaires – des autres aussi sans doute – est certainement à chercher dans un lien plus étroit entre l’éducation nationale, le temps extra-scolaire, la culture , le sport, l’éducation populaire … avec des projets de qualité, mis en œuvre dans chaque établissement avec des personnels compétents œuvrant aussi les forces vives de la ville et du quartier.

Au passage, Emmanuel Macron semble louer les cités éducatives mises en place dans certaines communes en « politique de la ville », alors qu’il a fallu batailler ferme pour que ces projets puissent se poursuivre et se développer dans le cadre du plan de relance quand le gouvernement freinait des quatre fers…

Mettre en place une telle réforme suppose que l’Etat finance ces postes , veille à la qualification et compétences des animateurs, et ce partout (et pas seulement dans les territoires attractifs). Mais, si l’intention est parfois énoncée par le chef de l’Etat , aucun moyen n’est dégagé, aucuns postes créés, et en réalité Emmanuel Macron ne porte pas sérieusement cette évolution de notre système éducatif, qui est en fait à l’opposé du démantèlement qu’il envisage vraiment.

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