Restitution de la consultation citoyenne : le Grand Débat n’aura donc pas eu lieu !

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 La crise politique n’est pas terminée et pourtant Emmanuel Macron croit être sorti de ses difficultés.  À preuve, il a retrouvé toute son arrogance verbale comme sa saillie choquante au sujet de la manifestante gravement blessée à Nice l’a illustrée. À preuve encore, le remaniement ministériel centré exclusivement sur ses proches, y compris proches collaborateurs sans aucun souci d’ouverture sur les réalités de notre société. À preuve enfin, les mesures en préparation sur la fonction publique, l’école et bientôt les retraites qui s’inspirent de la même philosophie néolibérale, injuste et inégalitaire, que celle qui l’a conduit à supprimer l’ISF et a du même coup déclenché le mouvement social des Gilets Jaunes !  Commettre, à répétition, pareille erreur d’appréciation ne peut que susciter l’inquiétude des français qui sont sans illusion quant à la réelle utilité du Grand Débat et parce que les raisons sociales de la colère sont toujours là et menacent à tout moment de provoquer un nouvel embrasement. Contrairement à ce que croit le pouvoir, le rapport de forces n’est plus en sa faveur et il ne dispose plus de suffisamment de confiance parmi nos concitoyens pour prétendre encore « réformer ».

Notre pays a en effet rarement été aussi divisé. A côté du clivage droite/gauche s’est renforcé, du fait de la politique suivie, un véritable clivage de classe opposant les plus modestes aux plus aisés, les moins diplômés aux mieux insérés, les territoires délaissés au centre urbain des grandes métropoles. Les choix opérés par le pouvoir, en particulier en matière fiscale et son incapacité à prendre en charge la question de l’emploi, ont fragilisé notre cohésion sociale. L’abandon de nombreux territoires périphériques et du réseau de nos petites villes, victimes de la désindustrialisation et de la suppression des Services Publics fragilisé notre cohésion territoriale.

Le repliement sur une caste a enfin fragilisé notre cohésion politique.  Le pouvoir d’Emmanuel Macron, construit un nouveau césarisme fondé sur l’exclusion et l’antagonisme des deux forces qui lui font concurrence, rappelle inévitablement la 4ème République et les gouvernements dits de « troisième force ». Cette situation est insupportable pour le pays parce qu’elle ne dégage pas de majorité autrement que par les artifices du scrutin : apparentements alors, prime liée au scrutin majoritaire à 2 tours aujourd’hui. Elle ne crée aucune adhésion du pays profond, bien au contraire. Il en résulte une situation extrêmement dangereuse, susceptible à tout moment de basculer comme on l’a vu lors des manifestations de décembre 2018.

Aussi est-ce à l’opposition politique de donner un cadre !  Et à exiger de l’État de vrais changements. À quoi conclut à l’évidence le grand mouvement qu’a soutenu une majorité de Français sinon au retour d’un esprit républicain qui consiste à mettre les intérêts particuliers au service de l’intérêt général. C’eut été le rôle du Président de la République, qui a failli, de définir ce qu’est notre projet commun et de mobiliser le pays autour de celui-ci. Nous proposons par conséquent une alternative globale : une grande réforme fiscale avec le rétablissement de l’ISF et une conférence salariale immédiate, un grand plan d’investissement en faveur de la transition écologique favorable à l’emploi, une profonde réforme démocratique rendant aux citoyens le pouvoir et à leurs représentants la capacité d’agir conformément à leurs vœux.

Pourtant, comme une histoire cousue de fil blanc, la « Restitution du grand débat national » va accoucher de propositions congruentes avec les grandes orientations décidées depuis bientôt 2 ans par Emmanuel Macron : une baisse des dépenses publiques et du nombre de fonctionnaires, une réformette électorale antiparlementaire et une augmentation de l’âge de la retraite sont déjà en préparation.

Ces conclusions tirées par le Gouvernement font directement écho à l’étude menée par le CEVIPOF sur 240 débats sélectionnés de façon hebdomadaire durant le Grand Débat[1]. Majoritairement organisés dans des lieux de faible mobilisation des Gilets Jaunes, le public était en moyenne composé à 50% de retraités, à 64% de diplômés de l’enseignement supérieur et à 75% de propriétaires. A gros trait le portrait sociologique d’un électorat de droite ou de la République en Marche. A l’autocensure des classes populaires est légitimement venue s’ajouter une suspicion et une défiance vis-à-vis de ce « Grand Débat » dont les modalités d’organisation et les thèmes étaient taillés sur mesure pour l’électorat potentiel d’Emmanuel Macron.

Comme la guerre de Troie, le (véritable) Grand Débat n’aura donc pas lieu, faute de représentativité des publics mobilisés, faute de sincérité dans la démarche entreprise par l’exécutif. Si rien n’est fait pour répondre aux attentes exprimées dans la rue par nos concitoyens ; au risque de la tartufferie, ce Grand Débat n’aura servi qu’à avaliser une politique rejetée par nos concitoyens !

Les Français ont les moyens de s’opposer à la politique conduite par Emmanuel Macron, aux fausses promesses, au mépris exprimé par ce Gouvernement et cette majorité envers le peuple : dès le 26 mai nous devons faire du scrutin européen un référendum contre la politique d’Emmanuel Macron.

 [1] Étude relayée notamment par Libération

  

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