Un Centre départemental de santé pour faire face aux déserts médicaux

Comme de très nombreux départements, la Seine-et-Marne souffre de la désertification médiale. Depuis de nombreuses années, la gauche réclame que le département se dote d’un Centre Départemental de Santé pour répondre à cette situation dramatique.

Lors de la séance du conseil départemental du 6 avril 2023, Anthony Gratacos, conseiller départemental de Seine-et-Marne et porte parole de la GRS (membre du groupe de la Gauche républicaine, communiste et écologiste), a défendu en séance un amendement au budget départemental permettant la création d’un tel dispositif et l’embauche de médecins. Cet amendement a été, sans surprise, rejeté, mais il a fait avancer le débat et les consciences. En témoigne le fait qu’à l’occasion des échanges sur cet amendement, le Président du département a décidé d’organiser une visite en Saône-et-Loire sur la thématique des centres départementaux de santé, ce département bourguignon étant un précurseur en la matière.

Bien évidemment, avec nos partenaires, nous continuerons de faire le nécessaire pour que la Seine-et-Marne se dote de cet outil désormais indispensable pour enrayer la désertification médicale. Plus largement, la GRS souhaite que les collectivités, et notamment les départements, développent des politiques plus volontaristes pour lutter contre la désertification médicale, qui ravage nos territoires et pénalise nos concitoyens. Les Centres Départementaux de Santé font partie des outils que nous promouvons.

Cependant, la mise en œuvre de politiques innovantes par les départements ne saurait servir de caution à une politique de désengagement de l’État. La GRS considère que la garantie d’égalité d’accès au droit et aux soins pour l’ensemble de nos concitoyens ne peut être apportée que par l’État… il ne remplit plus aujourd’hui les missions qu’on attend de lui et se défausse trop souvent sur les collectivités. Nous appelons donc à une profonde réforme de notre système de soin pour remettre à flot l’hôpital public et garantir l’accès à la “médecine de ville” partout sur notre territoire : cela ne peut s’entendre qu’à la condition que l’État réinvestisse massivement dans ces politiques publiques.

École : avec Macron l’illusion permanente !

Les annonces d’Emmanuel Macron, lors de son déplacement aujourd’hui dans l’Hérault, nous rappellent à quel point nous sommes loin de l’indispensable revalorisation du métier d’enseignant et du sursaut nécessaire pour redresser notre système éducatif.

En premier lieu, la hausse annoncée des rémunérations – entre 100 et 230 euros nets par mois – pour tous est faible : ce sont des primes qui seront pour une large part absorbée par l’inflation. Deuxièmement, elle ne s’inscrit pas dans un plan de rattrapage sérieux, progressif et garanti du niveau des salaires des enseignants français par rapport à leurs homologues européens. Enfin, le pacte proposé par le président est un pacte de dupes ! Car c’est une forme de chantage auquel on soumet le monde enseignant: « vous devez travailler plus pour gagner plus » ; cette injonction est une insulte à celles et ceux qui travaillent aujourd’hui dans des conditions dégradées et subissent un stress parfois intense.

La négociation sur les conditions de travail et les rémunérations est indispensable. Elle seule peut redonner souffle et efficacité à l’Education Nationale en restaurant l’attractivité, trop longtemps mise à mal, du métier d’enseignant. L’exécutif n’en fait pourtant pas un point majeur!

On ne peut relever tous ces défis sans un travail commun avec les enseignants eux-mêmes et leurs représentants ; on ne peut les reveler sans inscrire dans la durée des efforts massifs qui traduiront un retour au statut de priorité de la Nation ; on ne peut les relever sans restaurer une confiance collective en l’école et donc au premier chef en ceux qui la font vivre au quotidien.

Voilà tout ce qui manque et qui a toujours manqué dans l’action d’Emmanuel Macron.

La Gauche Républicaine et Socialiste réclame donc la réunion d’Etats Généraux de l’Education, dont l’une des tâches devra être l’élaboration d’un plan national pour la mixité et l’égalité scolaires et pour le retour de l’exigence pédagogique…

Dans ce cadre, il faut que l’Etat s’engage à revaloriser d’au moins 30% en 5 ans les salaires (oui les salaires) des enseignants, à refonder et à renforcer leur recrutement et leur formation (avec un objectif d’en finir en un an avec les absences non remplacées) et un effort budgétaire sans précédent- avec comme ligne de conduite absolue : priorité à l’école publique.

Macron, Waterloo, et après ?

De l’intervention du président, les Français n’attendaient qu’une seule chose : qu’il retire une réforme injuste et cruelle, quasi unanimement condamnée. Mais Emmanuel Macron, s’il a reconnu, dans un rare éclair de lucidité, que le passage à 64 ans « n’était pas accepté », n’en a pas pour autant tiré la seule conclusion logique qui aurait pu ramener de « l’apaisement ». Au contraire, le chef de l’État a fait le choix de foncer droit dans le mur en klaxonnant.

Dès lors, cette courte allocution n’apporte rien d’autre que du carburant supplémentaire à la colère, dont le Président fait semblant de ne pas comprendre qu’elle est dirigée contre lui. Les Français en ont assez de sa pratique autoritaire et arrogante du pouvoir, de sa brutalité, de son mépris des corps intermédiaires et de son indifférence aux souffrances de la classe ouvrière et de la classe moyenne.

Pour le reste, son programme des « cent jours » s’apparente à un catalogue de mesures disparates, pour la plupart recyclées d’interventions précédentes, et sans véritable plan d’action. Comme à son habitude, Emmanuel Macron essaie de noyer le poisson et refuse d’apporter les réponses qui s’imposent aux inquiétudes de nos concitoyens.

Déconnecté du réel, obtus, Macron est incapable de comprendre l’ampleur des crises auxquelles le pays est confronté. Il persiste dans une lecture néolibérale des enjeux économiques et sociaux. Bruno Le Maire a ainsi confirmé ce matin que son « seul but est d’accélérer le désendettement de la France », ce qui annonce un nouveau train de mesures austéritaires – en totale contradiction avec la soi-disant « volonté de justice sociale » exprimée hier par son chef.

Répondre à l’urgence sociale

Comment l’Exécutif compte-t-il résoudre la crise sociale qui nait de l’inflation galopante des produits de première nécessité, à commencer par l’alimentation et l’énergie ? Ses « chèques » et ses « boucliers » n’ont servi à presque rien, mais ont couté cher aux finances publiques.

Ce dont les gens ont besoin, c’est d’un rattrapage de leurs revenus pour pouvoir faire face. Mais Macron, Borne et Le Maire, n’en veulent pas. Ils poursuivent sciemment leur politique de « déflation compétitive » en refusant d’indexer les salaires sur les prix (hormis l’indexation du SMIC, qui leur est imposée par la loi). Ils estiment qu’en faisant baisser les salaires réels, car c’est bien de ça dont il s’agit, la France attirera les capitaux et se réindustrialisera.

Ce faisant, ils commettent une énorme erreur d’analyse, car l’inflation n’est pas nourrie par les salaires : elle est nourrie par les profits ! Tous les économistes voient ce qui est en train de se passer : il y a aujourd’hui en France une boucle « profits – prix » qui tourne à plein régime et qui frappe des millions de familles ne touchant pas davantage que le revenu médian (environ 1800€ net par personne).

Les classes populaires sont les premières victimes, mais les classes moyennes elles-mêmes, confrontées à une augmentation rapide des prix alimentaires, révisent radicalement leur manière de consommer. Pour la majorité des Français, les fins de mois sont difficiles.

Il y a pourtant des marges de manœuvre. La montée des prix engendre des recettes supplémentaires de TVA et la montée des profits accroît le rendement de l’impôt sur les sociétés (60 milliards en 2022). Il est donc possible de sauver le pouvoir d’achat des Français en indexant leur salaire sur les prix « et en même temps » de sauver les services publics, particulièrement l’hôpital, de l’effondrement. Mais le Gouvernement fait exactement le contraire, en misant tout sur « l’attractivité du capital » et en osant même s’auto-délivrer d’indécents satisfécits sur l’ouverture de quelques usines et sur la baisse – artificielle – du chômage.

Répondre à la crise démocratique

Face à un échec économique et social aussi patent et une colère populaire aussi massive, l’Exécutif s’enferme dans une spirale dont même les commentateurs les plus modérés voient qu’elle ne peut dégénérer qu’en crise de régime. À un stade si avancé de bâillonnement parlementaire, de mépris des syndicats et de brutalisation de l’État vis-à-vis de l’ultra-majorité de l’opinion, comment pourrait-il en être autrement ?

Les « 100 jours de l’apaisement » risquent bien, en effet, de finir en Waterloo politique non seulement pour Macron, mais aussi, hélas, pour la souveraineté populaire. Toute critique est au mieux esquivée au pire balayée d’un revers de main. Toute opposition est empêchée, par l’usage systématique du coup de force.

Coup de force institutionnel avec l’usage des articles 47-1 (on peut changer en quelques jours la retraite des Français avec une simple loi de finance rectificative de la Sécu), 44 (vote bloqué sur les seuls amendements acceptés par le Gouvernement) et 49-3 (adoption sans vote du projet de loi), que même le Conseil constitutionnel, dans son incompréhensible (« surprenante », disent les juristes) décision du 14 avril dernier, a qualifié « d’inhabituel ».

Coup de force répressif, avec le retour – en force – des tabassages en règle de manifestants, voire de simples passants, dont les images et le son ont fait le tour du monde, stupéfiant les opinions publiques des démocraties et suscitant des réactions indignées de la part des défenseurs des droits, jusqu’au Conseil de l’Europe. Les gens sont arrêtés « préventivement », les manifestations sont interdites par simple affichage public, sans autre forme de notification, parfois même… le lendemain de leur déroulement !

Coup de force social enfin : le refus de faire vivre un dialogue de qualité avec les représentants du monde du travail, dans un pays à ce point éprouvé, est une faute politique grave. Depuis des mois, l’unité syndicale est un bien précieux. Elle conforte la légitimité des dirigeants des grandes centrales. Le pouvoir qui les méprise ne peut qu’accroître la crise.

La 5ème République n’est pas un régime qui sied à n’importe qui. François Mitterrand avait prophétisé : « les institutions étaient dangereuses avant moi. Elles le seront après moi ». Nous y sommes. Et nous ne pouvons plus nous permettre de parier sur l’élection d’un De Gaulle, d’un Mitterrand ou même d’un Chirac, qui eux, surent apaiser les crises. Il est à l’inverse possible, sinon probable, que le pire advienne en 2027.

Il faut donc changer de République et constituer un nouveau régime politique, essentiellement parlementaire, où tous les pouvoirs ne sont pas concentrés dans une seule paire de mains.

Pour ce faire, il faut redonner la parole au peuple. D’abord en obtenant un référendum sur les retraites ; et ensuite en tournant la page du macronisme et en même temps de cette 5ème République à bout de souffle.

64 ans, c’est toujours non. La 6ème République, plus que jamais, c’est oui.

Frédéric Faravel et Laurent Miermont

Macron 20 heures : 64 ans c’est toujours NON !

Ce lundi 17 avril, le Président de la République a publiquement admis que sa réforme des retraites « n’est pas acceptée ». Il a même déclaré vouloir en « tirer les enseignements », mais… sans faire la moindre concession sur le fond du texte ! Les 64 ans sont « validés » et « rentreront en vigueur ».

Au lieu de conclure logiquement que seul un retrait, à tout le moins une suspension, de la réforme s’impose pour résoudre la crise politique qu’il a provoquée, Emmanuel Macron s’est livré à un exercice de dissertation aussi vain que lunaire sur divers sujets.

Comme d’habitude, Emmanuel Macron a voulu détourner l’attention des Français en faisant mine de prendre de la hauteur, mais cet exercice, à nouveau complètement raté, ne trompera personne.

La mobilisation doit se poursuivre, et particulièrement le 1er mai prochain.

La fête des travailleurs sera un moment décisif de la bataille contre la retraite à 64 ans. La Gauche Républicaine et Socialiste appelle tous les Français à s’y joindre pour exprimer leur opposition à la régression sociale et démocratique que leur inflige ce Président totalement coupé de la réalité.

Retraites : le combat continue !

En validant la loi sur les retraites, le Conseil constitutionnel a rendu une décision politique sous couvert d’arguments juridiques.

Il a privilégié une lecture présidentialiste de la Constitution, qui affaiblit encore le Parlement et la souveraineté populaire.

Cette décision est la pire qui pouvait être prise. Elle abîme très gravement notre modèle social et la confiance de nos compatriotes dans les institutions.

L’annonce d’une promulgation de la loi dans les 48h par le Président de la République est une nouvelle provocation, mais de la part d’Emmanuel Macron, cela ne nous surprend pas.

Mais la bataille n’est pas finie : les Français ne doivent pas se laisser démoraliser par la brutalité du Gouvernement confortée par la décision du Conseil constitutionnel : une deuxième demande de Référendum d’Initiative Partagée est déposée et nous comptons vivement sur sa validation.

Nous maintenons notre confiance en l’intersyndicale, appelons nos concitoyens à soutenir ses appels à la mobilisation ; et à constituer des comités locaux pour le référendum populaire afin de faire échec à cette loi injuste et cruelle.

pour la Gauche Républicaine et Socialiste

Emmanuel MAUREL, Député européen, Animateur national de la GRS 

Marie-Noëlle LIENEMANN, Sénatrice de Paris, Coordinatrice nationale de la GRS

Anthony GRATACOS, Conseiller Départemental de Seine-et-Marne, Porte parole de la GRS

« Donne-moi ta montre européenne, je te donnerai l’heure américaine »

tribune d’Emmanuel Maurel publiée dans Les Echos le lundi 10 avril 2023

Les États-Unis et l’Union européenne ont créé en 2021 le « Trade and Technology Council », le Conseil du Commerce et des Technologies, un « forum » qui s’apparente en fait à un organe institutionnel, souligne Emmanuel Maurel (député européen et animateur national de la GRS), où discussions et négociations se font souvent à sens unique.

Les États-Unis et l’Union européenne ont créé en 2021 le « Trade and Technology Council », le Conseil du Commerce et des Technologies, un « forum » qui s’apparente en fait à un organe institutionnel, souligne Emmanuel Maurel, où se discutent et se négocient beaucoup de choses, souvent à sens unique.

C’est un secret de polichinelle : les proclamations sur « l’autonomie stratégique européenne » ne pèsent guère face à l’injonction, dominante au sein des institutions européennes, de privilégier l’alliance entre Washington et Bruxelles. L’OTAN en est la courroie de transmission par excellence mais la « coopération » transatlantique s’élargit à tous les sujets.

À cette fin, les États-Unis et l’UE ont créé le« Trade and Technology Council » (Conseil du Commerce et des Technologies – TTC) en juin 2021 à Bruxelles, en présence de Charles Michel et d’Ursula von der Leyen. Présenté comme un simple « forum », le TTC traite pourtant de questions décisives. Son ambition : « coordonner les approches européenne et américaine sur les enjeux clé du commerce, de l’économie et de la technologie ».

Le TTC n’est donc pas un « forum ». C’est un organe institutionnel où se discutent et se négocient beaucoup de choses, via dix « groupes de travail » : standards technologiques, « clean techs », chaînes d’approvisionnement, TIC, gouvernance des données, usages technologiques impactant les droits et la sécurité, contrôle des exportations, filtrage des investissements étrangers, accès des PME aux technologies et « défis du commerce mondial ».

Un « forum » à sens unique ?

À la lecture de ces intitulés, une première question se pose : celle de l’autonomie législative européenne. Par un pur hasard du calendrier, le TTC a été créé au moment même où étaient examinés les règlements sur le marché (DMA) et les services numériques (DSA), fortement contestés par les GAFAM. Si les groupes de travail « gouvernance des données » et/ou « TIC » aboutissent à une « approche commune », que deviendront ces textes ? Celle-ci remplacera ceux-là !

Mais nos chers alliés ne veulent pas seulement nous imposer leurs vues sur la régulation des géants du numérique. Ils ont aussi décidé de capturer le maximum de « clean techs » (batteries, véhicules électriques…) en budgétant 370 milliards de dollars de subventions exclusivement réservées aux productions « made in USA ».

Curieusement, le TTC ne s’était saisi du sujet qu’après le vote du Congrès US – tout en élaborant, comme si de rien n’était, une coopération réglementaire sur les normes de rechargement des batteries (sur lesquelles l’UE a aussi légiféré, fin 2022). On a du mal à se départir de l’impression que ce « forum » fonctionne à sens unique. Sa devise implicite ? « Donne-moi ta montre européenne et je te donnerai l’heure américaine ».

Résurrection du TAFTA

Même à supposer que les échanges au sein du TTC soient plus équilibrés qu’ils n’en ont l’air, toute position commune qui sortirait des groupes de travail deviendrait un… accord commercial ! Devant les parlementaires, le Commissaire au Commerce international, M. Dombrovskis, n’a pas dit autre chose : « le TTC est un cadre de coopération qui permet d’agir sur des mesures juridiques ».

La Commission a beau le nier, elle ressuscite le projet d’accord de libre-échange UE-USA – le fameux « TAFTA » que le Conseil de l’UE avait officiellement enterré le 9 avril 2019. On pourrait répondre que la Commission négocie des accords de libre-échange avec le Mercosur, le Mexique, l’Inde, l’Australie etc., alors pourquoi pas les États-Unis ? Parce qu’elle n’en a pas le mandat ! Aucun acte communautaire ne l’y autorise.

Aucun fondement juridique

L’article 207 du Traité est clair : après avoir énuméré les matières relevant des accords commerciaux (auxquelles tous les groupes de travail du TTC appartiennent), il oblige la Commission à formuler une recommandation, puis les Etats Membres à émettre un mandat de négociation. Or rien de tout cela n’a été fait. La Commission a violé des Traités dont elle est censée être la gardienne !

À mes yeux, le « Trade and Technology Council » n’a aucun fondement juridique. Il est donc nul et non avenu. Si les dirigeants européens souhaitent ressusciter le TAFTA, qu’ils l’assument devant les peuples et leurs représentants !

Emmanuel Maurel

Mémoires militantes #1 – de quoi est fait l’engagement militant ?

La Gauche Républicaine et Socialiste ouvre aujourd’hui une série d’articles sur les mémoires militantes. Nous nous sommes entretenus avec Pierre Chambeux et Jean-Paul Cadeddu, militants de gauche et syndicalistes de Seine-et-Marne. Dans cet entretien, ces deux militants au parti communiste et syndicalistes à la CGT reviennent sur leur parcours.

propos par Gurvan Judas

Quand et comment est né votre engagement politique et syndicaliste ?

Jean-Paul : J’ai adhéré aux Jeunesses communistes italiennes en 1953, l’engagement était prêt, mon père était résistant et mon oncle viré de l’éducation nationale italienne car communiste. Il m’a formé politiquement. On était abonnés à l’Unita Italia, on écoutait Radio Moscou tous les soirs.

Donc j’ai évolué dans ce milieu communiste.

En 1953 j’ai mon certificat d’étude et je suis demandeur d’emploi. En Italie comme les dockers, nous étions des journaliers. Quand l’employeur voulait quelqu’un pour arroser les betteraves etc… on était désigné pour travailler pour telle personne. Le Secrétaire général était communiste et j’ai donc adhéré à ce moment. Je suis arrivé en France en 1960 dans le Nord, en tant que conducteur de machine agricole et en 1962 j’ai quitté le Nord. Ou plutôt j’ai été autorisé à quitter le Nord car à l’époque on ne pouvait pas quitter sa fédération de travail. En 1963 je suis allé en Lorraine où j’ai eu une carte de séjour chez un agriculteur.

Ensuite on demandait du monde comme mineur. Je suis donc devenu mineur dans le bureau des mines, puis il y a eu les grèves de 1963 et j’ai été gréviste. J’ai rejoint la CGT mais Pompidou nous a réquisitionné. J’ai rejoint le mouvement ouvrier en 1963 avec les grèves des mineurs. Puis j’ai quitté les mines car ma femme attendais un fils, je suis retourné dans le Nord dans le milieu agricole, puis en 1965 à Dunkerque où on a mis en place un syndicat CGT face à la CFDT, puis la section du Parti Communiste de Dunkerque. J’étais secrétaire général de cette section communiste.

Du côté flamand, il y avait peu de communistes, donc on a créé notre section avec 270 adhérents. Ensuite, j’ai été Secrétaire de la CGT dans les usines du Nord à Dunkerque, puis permanent aux métaux Paris en 1974 à 32 ans.

Pierre : À 14 ans j’étais au boulot, pâtissier, avec des horaires à n’en pas finir, un repos par semaine, je suis tombé sur un maître d’apprentissage et j’ai appris. Je suis né « révolutionnaire », en colère et à 16 ans, vues les horaires et le boulot qui était demandé pour 5 000 anciens francs, j’ai demandé une augmentation de 50 nouveaux francs. Et à cette époque, je sortais des pétrins de brioche. Mon patron avait viré le boulanger et je faisait tout. Il m’a dit « non » à l’augmentation et je lui ai mis sur la tête la brioche puis je suis parti… La colère a commencé là. Après, de patron en patron, j’ai appris plein de métiers, glacier, chocolatier, etc. Je ne voulais pas faire l’armée, je suis arrivé à Vincennes avec les crosses en l’air avec tous les journaux « révolutionnaires » : l’Humanité, Libération [NDLR : à l’époque Libération était un journal post-maoïste], Charlie Hebdo, etc. pour qu’ils me virent mais je suis parti en taule, j’ai été crapahuter et j’ai eu 6 mois de rab.

Je reviens de l’armée à 18 ans, je reprends le travail, j’ai envie de rien faire et, en même temps, je rentre à la MJC à Denfert-Rochereau.

Je fais connaissance de la CGT, du responsable, Guyeux, délégué dans le XIIème pour les éboueurs de Paris.

Je ne voulais pas reprendre le travail et il me prend en éboueur. Dans ma trajectoire de vie, j’ai toujours voulu connaître d’autres gens et métiers. À la retraite, au moment de faire le dossier, j’avais fait 53 métiers : on n’y croyait pas. C’était le plein emploi, j’ai fait des métiers par mes relations et grâce au bouche à oreille.

Je rentre aux éboueurs de Paris avec les grèves. Je me syndique à 19 ans à la CGT. Je n’était pas au PCF, mais j’allais à la MJC.

À 4 heures, je fais les poubelles. Je me suis impliqué, je deviens permanent mutualiste travailleur immigré à la Bourse du travail. J’y reste 4 ans puis j’ai continué et enchaîné les métiers. Je me suis encarté PCF puis je n’ai rien fait ensuite. Puis j’ai ouvert un restaurant. Je n’était plus syndiqué alors. J’ai déchiré ma carte du PCF devant le Maire d’Elbeuf par colère pour un désaccord. J’ai toujours été syndiqué mais il y a eu des trous. J’ai fais 53 métiers sans rien connaître.

Quand j’ai ouvert mon restaurant, des camarades de la CGT y venaient manger puis me disent ce que je vais faire et m’accompagnent. Ils m’emmènent chez Renault Créon et 3-4 mois après un mouvement de contestation, usines bloquées, boulons sur les CRS, j’ai été mis à la chaîne. Mais ça n’a pas duré longtemps, les chefs d’équipes me gavaient donc je suis resté 6 mois après le mouvement. Je ne suis pas resté et je suis parti. J’ai fait de nouvelles connaissances. Je n’ai vécu que par relations.

On m’emmène à Lyon, dans la zone industrielle pour y créer un comité d’ entreprise. On vendait des tablettes et des livres pour Noël et je fais ça. Je suis parti là-bas, je me suis refait une santé financière, 50 francs pour 3 livres, des livres de cuisine, de jardinage et des livres pour enfants en nouveau francs. J’avais Grenoble, Marseille et Lyon en secteur. J’ai fais ça 1 an, le temps d’avoir de l’argent. Puis j’ai fait de nouvelles connaissances et ainsi de suite.

Puis j’en avais marre, je vais à Paris au Sainte-Louise, je fais des soirées, je reste un an et demi, je fais connaissance d’un futur ami.

Je suis resté 9 ans et demi comme commercial aussi, je travaillais avec les marchés de la Seine-Saint-Denis. Un frère revend ses parts.

Puis je vais à Saint-Helle, je suis responsable de service technique et achat pendant 6 ans.

Je suis revenu ensuite. J’ai été syndiqué CGT ici à Coulommiers à l’Union Locale et l’Union Départementale et je travaille pendant 9 ans à la presse à Montreuil. Il ne me reste que quelques années avant la retraite.

J’ai travaillé dans la presse donc, par relation, je prends la permanence au Syndicat du livre à Auguste-Blanqui (XIIIème arrondissement de Paris) pendant 4 ans et demi, puis je suis parti en pré-retraite à 58 ans.

Votre engagement au Parti communiste allait-il nécessairement avec l’engagement syndical à la CGT, est-ce naturel ? Et quelles différences entre les deux engagements ?

Jean-Paul : Le mouvement est inverse, tu es ouvrier, exploité tu te syndicalise car l’injustice n’est pas normale, c’est contre-nature l’injustice. On veut vivre normalement. Dans l’entreprise, la réponse est le syndicalisme qui est la première marche et permet de te faire une culture et de te faire voir les choses possibles. Et chemin faisant, tu deviens militant politique quand tu comprends que l’exploitation n’est pas obligatoire, tu te révoltes contre ça. Tu protestes et te dis que le syndicalisme a une barrière. Le syndicat ne sera jamais dirigeant du pays et cela limite la démarche pour le bien être des salariés. Et tu comprends que pour faire aboutir ses revendications, il y a besoin du vote pour les représentants du pays. Donc on devient politiquement un sympathisant et on choisi un parti car dans le mouvement ouvrier, il y a plein de partis et de traditions, des socialistes, des communistes, etc.

J’ai choisi le parti qui veut changer le monde pour ne pas juste accompagner la conquête sociale comme syndicaliste. Le PC porte ta revendication et la fait aboutir par des lois. Le parti fait aboutir et conquiert des droits nouveaux et là tu décides. Le syndicalisme ne choisit pas, le politique oui.

Pierre : Quand tu étais à la CGT, ça tombait sous le sens d’être au PC car le CNR (Conseil National de la Résistance) a tout créé, il y avait des cégétistes, le PCF, ils ont tout créé : la sécurité sociale, la retraite, les colonies de vacances, etc. Il y avait des gaullistes aussi [NDLR : et des socialistes, dont notamment Daniel Mayer, responsable du parti socialiste recréé dans la clandestinité, qui ont été les principaux inspirateurs du programme du CNR quoi qu’on en dise]. La CGT a des revendications toujours reprises par le Parti communiste. Les socialistes n’ont rien créé [NDLR : les mémoires militantes sont souvent partiales, ce propos en est une démonstration]. Ça me paraît donc naturel quand on est à la CGT d’être au PC, ça tombe sous le sens par rapport à l’histoire et ce qui a été créé et détruit ensuite depuis Valérie Giscard d’Estaing.

Vous vivez dans un territoire rural avec des pertes emplois, une forte désindustrialisation dans la Vallée du Grand Morin. Des fermetures d’usines comme Villeroy-&-Boch à la Ferté-Gaucher et ArjoWiggins à Jouy-sur-Morin. Comment faire vivre votre engagement sur ce territoire rural et agricole ? Quel engagement particulier ici, quelles différences avec un militantisme à Paris par exemple ? Comment s’articule votre engagement sur le territoire ?

Jean-Paul : Quand je suis devenu permanent, j’ai quitté l’usine, je suis arrivé en région parisienne, j’ai construit une maison car mon rêve c’était une maison, pas un appartement à Champigny. Donc j’ai vendu la maison à Dunkerque et j’ai acheté un terrain à Guérard avec la même société. J’avais des rapports avec le directeur, député gaulliste, et j’ai pris contact avec lui. Je suis arrivé a Guérard et j’allais travailler tous les jours à la Fédération de Paris des Métaux à Montreuil. J’ai milité ici, j’ai adhéré à la CGT Pommeuse/Faremoutier, la cellule Ambroise-Croizat, en plus un ancien ouvrier des métaux et ministre communiste, créateur de la sécurité sociale ! Donc j’ai connu ici des communistes, j’ai cherché à m’inscrire dans la bataille du coin. J’ai connu un communiste ici. Un professeur d’histoire au lycée Jules Ferry à Coulommiers. Il y avait la Jeunesse Communiste qui faisait des fêtes aux Templiers et je me suis inscrit dans l’environnement politique du coin.

Ma responsabilité était l’industrie lourde. Je me suis inscrit de cette manière et j’ai côtoyé des personnes du coin qui militaient. J’étais CGT et PC ici, on devait rester syndiqué à notre usine d’origine mais l’usine origine était à Dunkerque… compliqué pour aller en réunion…

Donc après, avec le système ou tu pouvais adhérer où tu voulais, j’ai pu adhérer à Guérard à Cité Usine.

L’histoire est venue avec l’accession de Mitterrand au pouvoir avec les années des ministres communistes que je connaissais personnellement. J’ai été déçu par eux… Avec les histoires de l’URSS. Car il y avait dans le parti le débat sur le socialisme à la française. Le siège était à Prague pour les métaux et certains exigeaient que le siège soit à Moscou, je suis allée à Moscou pour les réunions, et ce n’était pas vraiment l’idéal communiste de faire le bonheur des gens.

Le système soviétique ça ne m’allait pas. Je l’ai déclaré publiquement et on est rentré en désaccord avec des personnes importantes. J’ai milité à la commission de la main-d’œuvre immigrée dans les années 1972-73. J’étais responsable avec d’autres copains dans le Nord et le Dunkerquois.

En 1989, on a eu un débat violent dans la Fédération des Métaux. J’ai fait l’école centrale du Parti Communiste. Parmi les gens qui, dans la Fédération des Métaux fréquentaient cette école, il y avait un débat entre être ferme et loin des masses ou ne pas être ferme et proche des masses, et je me disais comme Duclos « il faut être devant les masses mais pas trop loin devant, car les masses font l’histoire » donc j’ai démissionné de la Fédération des Métaux. J’avais 50 ans. J’avais refusé le plan social de la métallurgie, donc je pouvais partir en pré-retraite avec un salaire et je me suis dit que je n’étais pas un profiteur donc que je ne voulais pas du plan.

Avec les amis avec qui ont a eu cette réflexion, il y en a un qui est devenu eurodéputé.

On construisait des dossiers cadres industrialisation de l’Europe de l’Est. Ils ont vécu comme ça ???

Je ne pouvais pas écrire 150 pages de documents politiques. J’étais juste militant. Eux sont sortis des grandes écoles et étaient militants politiques. Moi j’étais un militant venu du milieu ouvrier.

C’était l’époque ou les pizzeria marchaient bien, donc j’en ai ouvert une. Donc je rentre dans un restaurant et le patron est sarde comme moi, de la même province. Je cherchais du boulot. Il m’a fait travailler, j’ai appris le métier puis j’ai ouvert mon restaurant que j’ai fermé en 2003. Les réunions du parti se faisaient là. Voilà comment je me suis inscrit dans le territoire.

Tu as fait beaucoup de choses !

Pierre : À l’époque, on pouvait faire plein de choses, ce n’est plus possible aujourd’hui. Ca fait 25 ans qu’on habite ici (Saint-Siméon). J’étais à Champigny, à l’amicale des locataires. J’ai crée le syndicat CGT, j’ai rencontré mes camarades, j’ai fait plein d’actions, mon implication a été a 100% ! Ce n’était plus cyclique comme avant. Ici j’ai connu Jean-Paul à l’Union Locale de Coulommiers et je me suis impliqué ici.

On a fait énormément d’actions sur le territoire !

Quelles actions avez-vous menées sur le territoire, des échecs, des réussites ?

Pierre : Des réussites mais aussi des échecs, les luttes entamées avec des camarades comme Villeroy-&-Boch, un échec. Syndicalement on a fait beaucoup.

À Bruxelles, on a soutenu l’aéronautique, dans le Nord on a eu des réussites. Mais plus d’échecs… Il y a eu des luttes grandes et importantes, des revendicatives, salariales, etc. Toutes les luttes sont enrichissantes même quand on perd, on sait qui nous a trahi comme pour Villeroy-&-Boch ou ArjoWiggins. Les élus qui ne voulaient pas que cela ferme et finalement on laissé les sites fermés. Il n’y a pas eu d’échec de notre part, ils ont voulu que tout ferme, nous on a monté des dossiers, et ils nous ont planté un coup de couteau dans le dos.

Jean-Paul : C’est la division le problème. Territorialement parlant, il y a eu 3 évidences : Les usines comme Brodart, la lutte anarchique parfois, certains voulaient faire sauter l’usine avec du gaz…

Mais s’il y a un acquis, c’est d’avoir permis aux salariés d’occuper leur poste le plus longtemps possible alors que les patrons voulaient fermer le site. Les salariés démissionnaient et on est resté pauvres dans la lutte, assez peu nombreux ; notre parti est intervenu à ArjoWiggins avec Alain Janvier, nous avons monté un dossier. À Brodart on a présenté un dossier aussi mais ils voulaient transférer l’usine à Malesherbes, donc on a retardé la fermeture de 2 ans. Mais l’objectif de l’employeur a abouti, même avec parfois 7 semaines de grèves.

Au fur et à mesure, avec les primes de départ des patrons, les employés les prenaient et on a dû mener une bataille sans soldats comme sur les piquets de grève à Villeroy-&-Boch. Il y a eu une trahison des Ministères des Finances et de l’Industrie. Villeroy-&-Boch n’aurai jamais dans la fédération des métaux !????

Dans notre démarche, en tant que syndicat de changement, on n’était pas dans l’accompagnement. Nous voulions aider les gens à avoir le maximum. On a réussi avec la création d’un centre de recherche sur l’aluminium. Ils voulaient fermer l’usine mais on a réussi à y faire travailler 50 ingénieurs. C’était une réussite mais le site est depuis parti au États-unis et a fermé…

Donc pas de victoire, mais sur la situation territorialement parlant nous sommes les seuls, le PC et la CGT, qui réclamons la réindustrialisation de la Vallée du Grand Morin : 7-8 années à mener cette bataille seuls.

Pierre : On est venu avec des projet montés !

Jean-Paul : Il voulaient diviser les salariés, on a dû fermer l’usine d’ArjoWiggins qui n’aurait jamais du être fermée. On s’est disputé avec le syndicat de l’usine. Il parlait de faire un musée, je lui dit « Tu aurais du faire un piquet de grève au lieu d’un musée, la France des musées et des cimetières industriels on en a marre ! » On a besoin d’emplois pas d’un lieu pour se souvenir.

On jette ce territoire dans les mains du RN. Comme à Jouy-sur-Morin ou la Ferté-Gaucher ou il n’y a plus d’emploi, plus de gare. Marine Le Pen à fait 60% au second tour. On parle de communes de 2 000 et 5 000 habitants où on a détruit des centaines d’emplois : 280 emplois détruits à Jouy-sur-Morin sur une population de 2 000 habitants… On détruit un territoire. À Jouy-sur-Morin, le site du Marais, l’ancienne papeterie est un bel exemple de friche industrielle. À Boissy-le-Châtel, on a fait de l’ancienne usine une galerie d’art contemporain. On aurait préféré garder les emplois. Comment après toutes ces années, ces décennies, ces échecs, faites-vous pour rester infatigables. Comment garder espoir et continuer à se battre et à retourner sur les piquets de grève ?

Pierre : Pour sauvegarder quelque chose pour notre jeunesse. Préserver le marché du travail, préserver le peu qui nous reste pour la jeunesse, qu’il y ait quelque chose et qu’ils ne finissent pas leur études et direction Pôle Emploi. C’est dans nos gènes aussi d’aider le monde du travail. Nous sommes retraités, mais il faut préserver les emplois, les salaires nous ne sommes pas là pour philosopher. C’est juste ça.

Il y aurait tellement à dire, mais pour faire court, qu’est-ce qu’un jeune peut avoir à part un emploi précaire dans la grande distribution, ou dans la logistique, payé au lance-pierre et cela même parfois avec un bac +5, 7 ou 8 ? On vous avait dit à 16 ans qu’il le fallait mais c’est fini aujourd’hui. Maintenant, c’est la logistique, les bas salaires. On se bat pour l’avenir de la jeunesse. Préserver les emplois, les salaires, le monde du travail car si on baisse les bras ça ne va pas être beau.

Jean-Paul : Je pense que l’affrontement capital/travail n’est pas éteint, et j’ai espoir. Pourquoi lutter ? Car c’est le moteur de la société, le travail va l’emporter sur le capital, c’est mon guide. Le travail deviendra majoritaire dans l’esprit de la société.

Je ne suis pas pour une société dictatoriale, une majorité de gens vont se dire un jour qu’ils sont effectivement des serviteurs du capital et ils vont vouloir être maître des affaires. Il y a des Cycles. Le RN n’est pas nouveau, Poujade avait 80 députés déjà. Mais on a connu des années où les luttes rapportaient. Aujourd’hui elles ne rapportent plus.

Pierre : En mai 68, on a eu 35% d’augmentation de salaire et cela tous milieux professionnels confondus. On n’a ruiné aucune entreprise et fermé aucune entreprise dans la fédération des métaux.

Jean-Paul : Une augmentation du Smic de 36 % !

J’ai des enfants, ils travaillent. Ma petite fille ne peut pas payer son entrée à l’École des Beaux-Arts à Paris car c’est 8 000 euros. Et les parents ont un loyer à payer de 1 200 euros… J’explique la réalité d’une société dépassée. Quand on discute avec eux de ça, ils ne viennent pas manifester ! Il devraient !

Moi je suis âgé. J’ai peur de la police, des coups de matraques. Mais ce qui me fait continuer, c’est que je suis sûr que le marxisme un jour l’emportera ! Pas comme l’URSS, et je considère le marxisme à part de la révolution armée, le vrai marxisme interviendra dans des pays formés et avancés, car les gens pauvres ont une idée de la Révolution mais ce n’est pas le marxisme. Le communisme soviétique n’est pas à l’ordre du jour, l’URSS croyait avoir réussi et regarde aujourd’hui les milliardaires en Russie, etc.

Pierre : Je suis convaincu que ce sont les jeunes qui voient la réalité des injustices dans le monde du travail. Je ne crois plus au monde d’aujourd’hui, je crois en la jeune génération c’est eux qui vont changer les choses. J’ai 3 voitures, je vis à la campagne, j’ai un loyer à payer, je ne vais pas faire grève je vais perdre de l’argent…

Mais dans les manifestations qui arrivent on va voir qui va être dans la rue, le RN n’est jamais en manifestation.

Jean-Paul : Les crises du capitalisme sont de plus en plus courtes, ça va éveiller la conscience des gens et les jeunes vont être confrontés de plus en plus aux crises du capitalisme qui veut se maintenir et va de plus en plus exploiter les gens. La jeunesse et les salariés de toute la classe des travailleurs. La classe ouvrière et tous les travailleurs qui vont au boulot, peu importe leur travail, même les ingénieurs, c’est la classe ouvrière !

Mon espoir c’est de dire que j’ai connu des crises, la crise du pétrole, etc. Mais les durées de repos du capitalisme sont de plus en plus courtes. On va demander des réformes, des mouvements vont se créer comme les « Gilets Jaunes » ou des émeutes ouvrières.

Mais l’histoire ne se répète jamais, on n’est pas en 1789. Le capitalisme est une pieuvre maléfique dont les tentacules vont continuer à nous faire mal.

En France, aujourd’hui, sans le parti communiste et la CGT, nous n’aurions pas été un pays latin, mais un pays nordique politiquement ????

Qu’est ce qui a changé dans la situation actuelle dans le militantisme et l’époque ou vous êtes engagés ?

Jean-Paul : À l’époque où je me suis engagé on partait de rien, on voulait aller vers tout, on avait un environnement qui le permettait. On a eu cette capacité d’élever au bien être des gens. Déja, on avait des emplois donc pas le besoin de beaucoup revendiquer mais si nous n’avions pas tout on continuait de revendiquer. Aujourd’hui, les gens se contentent de peu et ne revendiquent pas non plus. Le changement est là. Quand on parlait de la grève avant d’y aller, on avait des mouvements aux portes de l’usine, des centaines de personnes, on était soutenus, les gens avaient espoir. Aujourd’hui la démarche fondamentale qui amène au changement n’est plus là. Heureusement il y a le PC, car beaucoup tombent dans la collaboration sociale, comme la CFDT, etc.

Pierre : Le monde du capital et du patronat on été plus forts que nous, ils ont tout compris, il sont plus forts car à l’époque des grandes usines avec 2 500 salariés c’était plus facile de se syndiquer et d’avoir des revendications.

Le chef de l’usine et ses cadres savaient que 2 500 personnes pouvaient bloquer l’usine mais le monde du patronat et du CAC40 a tout cassé. Les usines ont été détruites, maintenant il y a plein de pôles, plus d’usines avec 2 500 personnes, maintenant c’est réparti. On a cassé les syndicats et dans toutes ces usines tu avais des partis politiques, des gens vendaient l’Humanité à la sortie.

Il y avait des cellules du PC dans les usines, des cégétistes, donc le monde du capital a tout cassé. Ils ont été plus fort, ils ont décentralisé.

On a crée l’entreprise sans ouvriers et usines…

Pierre : Ça n’allait pas encore, à l’époque par exemple la fabrication des billets de banque était un secret d’État dans un coffre fort. Aujourd’hui, ce secret a été donné aux Indiens. Ils ont détruit notre savoir-faire, ils ont été plus fort que nous, ils ont tout compris ; ils ont détruit à la CGT la cellule politique dans les usines. Aujourd’hui les centrales d’achats sont partout robotisées, avant il y avait dix personnes, maintenant trois.

La nano-technologie dans les années à venir va générer des millions de gens à la rue sans emplois et personne n’en parle. Des centaines de millions de chômeurs.

Les jeunes qui se politisent c’est très important car ils voient la réalité des choses, cette réalité.

Comment donner envie à des jeunes de continuer ce que vous avait fait toutes ces années ? Le parcours syndical, politique, ça se perd, il y a de moins en moins de gens syndiqués et encartés, surtout les jeunes Quels mots avez-vous pour donner envie aux gens, dans cette période difficile, de continuer le combat ?

Jean-Paul : Avec les camarades, on a été devant les lycées, Cormier à Coulommiers ou le lycée agricole de la Bretonnière à Chailly-en-Brie.

Il faut être près des gens, pas trop loin, leur dire que c’est possible de faire et leur démontrer que ça a été possible, trouver le moyens d’être avec eux le plus souvent possible et montrer que c’est possible car autrement il n’y a pas d’autres voie.

Dans les manifestations, on le voit actuellement entre les croyances et le passage à l’acte, ce n’est pas facile et la jeunesse à d’autres formes de préoccupation que nous avons eues. Leur faire croire que vivre heureux c’est possible, être des êtres humains dans le respect de la société, et pour soi, nous guide.

Le fait est qu’aujourd’hui, le plus grand cadeau qui peut être fait au capitalisme français, le plus mauvais cadeau qui peut être fait aux jeunes serait que le Parti Communiste disparaisse. Car demain, l’environnement sera dur, et sans perspective de se battre ça sera très difficile. Mais nous sommes faits pour vivre ensemble c’est la paix qui fait avancer. Il faut des moyens, des hommes, des militants. Personne ne naît avec la carte de la CGT et du PC dans la poche.

Pierre : Il faut s’intéresser aux choses pour l’avenir de l’emploi, le monde du travail.

Avons-nous fait assez vis-à-vis de notre jeunesse ? Les lycéens, les universitaires, les avons-nous assez impliqués, avons nous fait le job ? On a fait plusieurs actions ici au lycée Cormier, etc. Ils ne sont jamais revenus vers nous.

Ont-ils des moyens ou avons-nous fait le travail par rapport à la jeunesse du lycée ou du milieu universitaire par rapport au niveau vie, sur le plan syndical ou de la vie politique, etc. J’aurai pu, une fois que ma situation était normale avec un travail et de quoi manger, etc. ne pas manifester, ne pas me mobiliser et ne m’intéresser à rien d’autre.

S’intéresser à la politique c’est s’intéresser aux autres… c’est l’individualisme qui domine aujourd’hui, quand tout va bien on ne s’intéresse pas.

Pierre : Nous devons intéresser et mobiliser notre jeunesse à la vie sociale. Là nous aurons réussi.

C’est la vie publique, en commun et en communauté…

Pierre : On a peut-être loupé le train par rapport à ça…

Jean-Paul : Que le travail devienne un moteur de la société. On s’est battu pendant la campagne pour Fabien Roussel, mais est-ce que ça intéresse les gens ?

Elections législatives partielles dans les 3 circonscriptions des Français établis hors de France

La Gauche Républicaine et Socialiste et ses candidats, Hélène LEHMANN et Jean Alain STEINFELD dans la 8ème circonscription, David ABRIAL et Vincent ARPOULET dans la 2ème circonscription remercient sincèrement les électeurs pour leurs suffrages.

Depuis juin 2022, le nombre de voix en faveur de nos candidats a plus que doublé ! Et ce en dépit d’une participation en baisse. Nous y voyons la preuve que l’expression de la diversité ne nuit pas à la progression de la gauche. Et surtout, nous constatons qu’un nombre croissant de nos concitoyens se reconnaissent dans la gauche que nous voulons incarner : populaire, laïque, républicaine, sociale, écologiste et, évidemment, sans concession envers le pouvoir.

Au second tour des élections législatives, la Gauche Républicaine et Socialiste :

  • soutient dans la 2ème circonscription, la candidature de Christian RODRIGUEZ, candidat de la NUPES, qui sera opposé à la députée sortante Renaissance ;
  • appelle dans la 8ème circonscription à ce qu’aucune voix n’aille à Meyer HABIB. Son élection de juin 2022 a été invalidée par le conseil constitutionnel pour des pratiques frauduleuses. Ces graves accusations s’additionnent à des pratiques électorales communautaristes inacceptables. Ce candidat, soutenu par le RN et proche du Gouvernement de l’extrême droite israélienne, ne doit avoir les voix d’aucun électeur de gauche ;
  • félicite Karim BEN CHEIKH dans la 9ème circonscription. Il a su faire une large union de la gauche et des écologistes derrière sa candidature. Son très beau score de 1er tour le place en tête dans la totalité des bureaux de vote. Nous continuons de lui apporter notre plein soutien et lui souhaitons de pouvoir continuer d’œuvrer comme député de cette circonscription.

Sécurité publique à Marseille : les pouvoirs publics doivent réagir vite et dans la durée

La Gauche Républicaine et Socialiste exprime sa plus vive inquiétude face à l’augmentation des règlements de compte à Marseille. Au-delà des morts et des victimes, le malaise quotidien et le sentiment d’abandon des habitants ne peut que s’accroître et implique une résolution urgente par la mobilisation totale des pouvoirs publics.

Premièrement, la lutte contre les narcotrafiquants doit impérativement voir son efficacité renforcée. Cela implique bien sûr le renforcement des moyens de la police au quotidien, mais aussi celui de la police judiciaire pour qu’elle soit réellement capable de mener des enquêtes au long court. Plus généralement, c’est un accroissement des moyens des douanes, des services des impôts et tout particulièrement de la Justice qui est indispensable, pour créer une véritable task force sur Marseille, les Bouches-du-Rhône et même au-delà.

Deuxièmement, il est nécessaire d’agir pour restaurer un véritable maillage républicain de ces quartiers, en renforçant la présence réelle des services publics, des commerces, des activités mais aussi d’actions éducatives, sportives et culturelles. En effet, progressivement ce sont des pans entiers de la ville qui se retrouvent à l’écart de conditions de vie décentes et normales. C’est donc aussi sur ce terrain que l’État doit se mobiliser avec l’ensemble des institutions publiques pour que les habitants – et notamment la jeunesse – retrouvent confiance et espoir et puissent s’insérer pleinement dans la vie professionnelle et citoyenne.

Troisièmement, toutes ces mesures n’auront de sens qu’à la condition de stopper la progression de la pauvreté et d’améliorer les conditions de revenus des catégories populaires. Nous considérons que le retour de la tranquillité publique et de conditions de vie quotidienne décentes ne peuvent être séparés d’un effort réel et massif en faveur des salaires des travailleurs et de l’insertion professionnelle de l’ensemble de la population et un plan ambitieux de lutte contre la pauvreté.

La Gauche Républicaine et Socialiste exprime donc sa solidarité avec les habitants qui subissent une réalité quotidienne intenable découlant directement de l’abandon de l’État depuis plusieurs décennies. Elle appelle l’ensemble des pouvoirs publics à se mobiliser pour apporter une réponse républicaine à la hauteur des enjeux : nos concitoyens méritent qu’on passe des grands discours sans lendemain à des actions concrètes et vite !

“Un référendum sur la réforme des retraites serait un débouché démocratique” – Sophie Camard dans La Marseillaise

Sophie Camard, Maire GRS du 1er secteur de Marseille, était vendredi 31 mars du rendez-vous d’actualité “Rue de la République” du journal La Marseillaise et Maritima Médias pour parler de son exigence, comme 90% des salariés, du retrait de la réforme des retaites. Elle revient également sur l’action qu’elle conduit comme Maire du 1er secteur de Marseille, que ce soit dans ses arrondissements, à l’échelle de la Ville ou de la Métropole.
Elle se réjouit enfin de l’élection de Sophie Binet comme Secrétaire Générale de la CGT Confédération Générale du Travail.

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