Les Gilets verts reprennent le chemin des Gilets jaunes

L’agriculture française meurt du libéralisme de la commission européenne relayé par les gouvernements français depuis 20 ans qui impose un modèle de production inadapté à notre pays, tout comme il l’est aux pays du sud et de l’est de l’Europe.

Le constat est clair, avec la baisse des surfaces cultivées et celle du rendement, le retrait du nombre d’élevages, la production agricole baisse depuis des années en France. Notre pays est de plus en plus dépendant des importations pour son alimentation : 80% de l’alimentation du bétail, la majorité des fruits sont importés. Et cette baisse de production s’accompagne d’une baisse des revenus et des retraites qui doivent être revalorisés avec l’instauration d’un prix plancher pour la vente des produits (coût de production et revenu minimum). Ceci conforterait la position des producteurs face aux industriels et à la distribution. Il faut reprendre les réflexions sur les retraites agricoles qui ont conduit à l’adoption de la Loi Chassaigne et leur donner leur pleine portée.

Avec la multiplication des traités de libre échange le modèle agricole Européen est mis en concurrence avec des modèles très différents : l’usage et le coût de la terre sont plus élevés en Europe que dans d’autres régions du monde où la population est moins dense (Amérique du Nord et du Sud, Nouvelle Zélande, Australie). Par ailleurs le cout de la main d’œuvre est moins élevé dans les pays du “nouveau monde” où l’on cherche à économiser du temps de travail en exploitant de très grandes surfaces avec des rendements à l’hectare médiocres et des salaires de misère. Cette agriculture est très rentable et peut vendre à faible prix comme le montre l’exemple du mouton néo-zélandais au faible cout de production car élevé en quasi-liberté. Enfin il n’y a pas de clauses miroir dans les traités de libre-échange sur les normes écologiques et fiscales ce qui se rend les importations extrêmement compétitives par rapport aux productions locales.

Sur ce point, depuis sa création, la GRS souhaite l’arrêt des accords de libre-échange, leur renégociation, la mise en place de mesures de soutien ou la possible instauration de barrières douanières portant sur les normes écologiques, sanitaires, fiscales et sociales.

C’est une première étape nécessaire pour que nos agriculteurs redeviennent compétitifs en s’éloignant d’un modèle qui induit une stagnation des rendements, une baisse globale de production et de revenus.

Il nous faut aussi assurer la souveraineté alimentaire de la France face à d’autres pays de l’Union Européenne qui n’ayant pas les mêmes normes sociales et écologiques, ni les mêmes contrôles, pratiquent un « dumping agricole » au sein de l’UE ou à ses frontières que ce soit l’Irlande pour les ovins ou L’Espagne et l’Italie dans le maraichage et l’arboriculture, nos voisins d’Ukraine pour le blé (et ce bien avant la guerre en Ukraine). Là encore nous proposons une harmonisation de règles minimales liées à l’immigration, aux normes sociales et écologiques. Pour l’élevage, un moratoire sur la baisse du nombre de têtes doit être imposé car il est ridicule de décompter l’émission de gaz à effets de serre sur les seules terres européennes sans tenir compte des GES importés en raison de l’augmentation de la consommation européennes de viande.

Dans l’impossibilité il faudra renverser la table pour privilégier les productions locales ou nationales.

En attendant l’urgence est à un soutien des gouvernants aux agriculteurs. 

Nos agriculteurs sont confrontés aux aléas des cours agricole mondiaux en baisse cette année alors que les prix des carburants et des engrais ne baissent pas, que celui de l’électricité explose et que la grande distribution étrangle le commerce agricole. Le gouvernement doit agir urgemment pour assurer un revenu minimal (prix plancher ou revenu de base agricole) et mettre en place de nouvelles règles de relation entre agriculteurs, fournisseurs et distributeurs.

Dans l’urgence une enveloppe conséquente doit être débloquée pour combattre les effets de la maladie hémorragique épizootique dans les élevages et pour assurer un fonds de trésorerie aux exploitations touchées tout à la fois par l’inflation et le dérèglement climatique, particulièrement en Occitanie mais pas que. Dans cette catégorie on peut estimer que la TVA sur le diésel agricole (et marin) doit rester inchangé.

L’enveloppe de la PAC doit être revue à la hausse et sa distribution réformée.

Elle a diminué globalement représentant près du tiers du budget européen, contre 50% il y a quelques décennies et connait pour la période actuelle une baisse annuelle de 15% en euros constant en raison de l’inflation et de la baisse globale du budget européen. Et elle est distribuée de manière très inégale, au bénéfice des pays influents comme l’Allemagne ou des gros exploitants au développement capitalistique avec le soutien des grands syndicats tels la FNSEA en France.

Nous souhaitons qu’elle soit déployée pour faire face aux crises structurelles de l’agriculture, gommer les règlementations inégalitaires, privilégier les investissements durables, aider sur la base de projets par filière et non plus à l’hectare.

Alors que la ruralité est en deuil, que la crise est profonde, nous invitons les agriculteurs à ne pas se tromper de colère. Si au Parlement européen le groupe des amis de M. Macron soutient la commission européenne, le groupe de l’extrême droite (dont M. Bardella est vice-président) a voté POUR la PAC et pour le traité de libre-échange avec la Nouvelle Zélande. « Bardella au parlement et Bardella aux champs » ce n’est pas la même chanson !

Le seul groupe à avoir voté contre ces deux mesures est le celui de la Gauche Européenne dans lequel siège Emmanuel Maurel, eurodéputé de la Gauche Républicaine et Socialiste : il faudra s’en souvenir en temps utile.

Alain Fabre-Pujol

La lutte contre la pauvreté n’a pas vu les effets du “ruissellement”

La rentrée est marquée par l’alarme sur le front de la pauvreté et de la faim. Nous n’engagerons pas la polémique sur les dons de Bernard Arnault et sur l’usage de ce que l’on peut voir comme son “argent de poche” : face à l’urgence, un don est un don, d’autant qu’il ne bénéficiera pas d’exonération fiscale. Ce qui est en cause, ce n’est pas la bonne volonté individuelle de tout citoyen, qu’il soit modeste ou ultra privilégié, mais le caractère profondément inégalitaire de notre mode de développement et les limites, voire les impasses, des politiques publiques. Car les difficultés vitales exprimées par les Les Restos du Cœur, mais aussi l’ensemble des organisations caritatives comme le Secours populaire ou Secours Catholique – Caritas France, marquent en réalité un triple échec des gouvernements français et de leurs politiques néolibérales croissantes.

1️⃣ L’échec de déléguer aux associations et aux collectivités la « gestion » de la pauvreté et de la faim… comme c’était pratique de demander à des réflexes de “charité chrétienne” améliorée (qu’importe la religion ici) pour camoufler la misère et faire édredon tout en se défaussant de ses responsabilités et en n’assumant plus vraiment le rôle de la République sociale ! Le constat d’une augmentation des besoins, annoncé depuis longtemps par une augmentation du nombre de pauvres, devraient mobiliser tout responsable politique à trouver des solutions pour en traiter la cause (inflation, chômage, problème de mobilité et de garde d’enfants, inégalités territoriales…), or à l’issue de la prise de parole du président des Resto du cœur c’est un parapluie communicationnel du gouvernement et des dons de nos concitoyens fortunes qui sont arrivés et ont répondu à la conséquences plutôt qu à la cause.

2️⃣ L’échec de sa stratégie de réduire les crédits pour la solidarité… dans une république on ne fait pas d’économies sur le malheur du monde ! Cette stratégie des baisses de crédits successives sur les politiques de solidarité s’inscrit dans la droite ligne de la pensée “du pognon de dingue”.

3️⃣ L’échec annoncé, enfin, des politiques indignes de “retour à l’emploi” par la logique de punition (hein parce que pour Sarkozy, Hollande, Macron et Le Pen, finalement les chômeurs et les pauvres sont des fainéants). La stigmatisation croissant des personnes sans emploi, les radiations de pôle emploi, le nouveau calcul des indemnités ne pouvaient que conduire à la catastrophe que nous vivons aujourd’hui, notamment en période d inflation. : la « baisse du chômage » devait faire reculer la pauvreté ? c’est surtout le nombre des Travailleurs Pauvres et chômeurs pauvres qui augmente… Le gouvernement se plaint souvent de trop en faire pour les pauvres pourtant ils sont toujours aussi pauvres et certains les rejoignent. L’inflation des prix alimentaires et de l’énergie fait le reste : alors que le prétexte de “la crise” – crise de la reprise trop rapide de l’activité après la “crise pandémique”, crise de la guerre en Ukraine … – est un prétexte abusif, alors qu’il a été démontré que les grands groupes abusent à tort et à travers de ce prétexte pour élargir leurs marges, l’exécutif est ici bien silencieux et immobile.

C’est une question de priorité : nous n’avons visiblement pas les mêmes.

Frédéric Faravel et Caroline Dugué

Elections municipales 2020 : orientations GRS Agriculture Alimentation

Dans un contexte de crise sociale et environnementale, les élections municipales se présentent comme un véritable enjeu pour agir sur nos politiques alimentaires, agricoles et territoriales.

Mener des actions à l’échelle locale fait partie intégrante d’une politique de long terme en faveur d’une agriculture et d’une alimentation plus respectueuses des hommes et de la nature.

Attachée aux enjeux de santé, d’emploi et d’avenir pour l’agriculture et l’environnement, la Gauche Républicaine et Socialiste défend une politique locale ambitieuse. Celle-ci se traduit par des solutions concrètes pour une alimentation de qualité en lien avec les potentialités du territoire et protégeant la production de proximité (re-territorialisation), avec la préservation des terres agricoles et le soutien à une alimentation saine et de qualité pour tous.

Notre objectif doit être à terme que les repas servis dans les restaurants scolaires et publics soient 100% bio/local.

La relocalisation de l’alimentation est un levier d’action, direct et indirect, des collectivités pour développer le territoire. La re-territorialisation agricole et la consommation locale ont un effet direct sur le développement économique local avec la création d’emplois non délocalisables et sur le tourisme et l’attractivité du territoire par la valorisation des savoir-faire locaux et du patrimoine.

La santé des enfants et des seniors, par exemple, est directement concernée par la restauration collective mise en place par les municipalités. Celle-ci touche principalement les enfants en crèches ou scolarisés, et les personnes âgées. Les politiques publiques conduites dans ce domaine sont donc essentielles pour fournir une alimentation de qualité, lutter contre la malbouffe et contre l’obésité infantile, agir pour la santé des personnes à long terme et éduquer aux goûts et à la diversité.

Nous défendons une synergie des différentes politiques publiques concernant l’approvisionnement de la restauration collective pour répondre à ces enjeux. En faisant moins appel à la sous-traitance des grandes entreprises de restauration collective et en intégrant des critères d’“empreinte carbone” et de qualité des produits, nous cherchons à favoriser les circuits courts, de proximité et limitant bien sûr les intrants chimiques. Nos villes et intercommunalités devront privilégier :

  • Les groupements d’achats permettant une mutualisation des commandes entre plusieurs établissements et participant à structurer l’approvisionnement local, avec des clauses dans les marchés publics privilégiant le bio et le local.
  • Les plateformes collectives d’approvisionnement, majoritairement gérées par les producteurs.
  • Les légumeries – espaces de stockages et de préparation situés en amont des cuisines – permettant aux collectivités d’acheter des produits bruts.
  • Les régies agricoles – avec des exploitations communales ou intercommunales – pouvant répondre aux besoins de la restauration collective locale.
  • Les cuisines centrales publiques permettant aux collectivités de reprendre le contrôle des plats servis et de la qualité de l’approvisionnement.
  • Les ateliers de transformation et conserveries dédiés aux produits végétaux, qui recevraient et transformeraient la production locale ainsi que celle des agriculteurs locaux.
  • Les partenariats associatifs, de type jardins familiaux, partagés, ouvriers, etc.

– Une lutte systématique contre le gaspillage alimentaire.

D’autre part, la multifonctionnalité de l’agriculture (alimentation, environnement, emploi, paysages, loisirs, etc) est un enjeu pour le développement local du territoire.

La GRS défend des projets territoriaux pour la préservation de la nature et des espaces et activités agricoles. La re-territorialisation de l’agriculture permettrait de réaffirmer un élément clé de l’identité des villes, de leur qualité de vie et de leur attractivité.

La GRS promeut une agriculture durable, respectueuse de l’environnement, économiquement viable et génératrice de lien social. La relocalisation de la restauration collective est une voie de soutien pour les agriculteurs locaux et engagés dans des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Mais la défense d’une agriculture locale et de qualité passe également par des politiques publiques orientées vers des projets agri-urbains basés sur :

  • La défense des terres agricoles, en luttant contre l’étalement urbain par la gestion des PLU, de l’acquisition foncière à destination agricole, des pépinières d’entreprise agricole et la reconquête des friches.
  • Une priorité envers les démarches agroécologiques d’installation ou reconversion des exploitations, en soutenant des débouchés locaux et une aide économique (subventions, déductions fiscales…)
  • Le soutien à l’expérimentation et l’innovation dans les pratiques agricoles.
  • La valorisation des boues etcomposts.
  • L’intégration de l’agriculture à la ville concrétisant le concept d’une agriculture urbaine. Il s’agit là d’utiliser les déchets urbains, de mettre en place des jardins productifs et écologiques en ville.
  • La promotion des produits locaux en créant du lien au territoire avec les marchés, la restauration collective locale, les manifestations agri-culturelles, le patrimoine culinaire…
  • Le soutien des AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et des jardins partagés.

– Le développement d’un Projet Alimentaire Territorial.

  • Le soutien à l’emploi et l’insertion socialeliés à ce secteur dynamique et ses professionnels.

On peut citer comme exemple la commune de Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes, d’une population de 10 500 habitants, qui a mis en place une régie agricole communale en 2010. Les 4 ha de terres cultivables gérées par un agriculteur communal, couvrent l’ensemble de la consommation de légumes annuelle des cantines municipales scolaires. Cette initiative permet d’approvisionner les cantines en produits bio et de proximité, les groupes scolaires étant équipés de cuisines individuelles autonomes où sont confectionnés l’ensemble des repas des restaurants scolaires.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.