La Taxe Zucman ne peut être l’alpha et l’oméga d’une politique économique, mais elle est nécessaire !

Jeudi 23 octobre 2025, David Cayla a débattu dans le 28 minutes d’Arte à propos des sommets atteint par le CAC 40 et de la situation économique et de la France. À la fin, le projet de taxe Zucman a été évoqué, mais il n’a pas vraiment eu le temps d’expliquer son propos, il le fait donc ci-dessous.

Est-il vrai que les milliardaires sont moins taxés que les classes moyennes et supérieures ? La réponse est oui. Car, les très grandes fortunes optimisent et surtout réduisent leur base taxable en minimisant leurs revenus réels. Comment ?

C’est très simple : l’essentiel de leur fortune est placée dans des holdings, qui sont des sociétés souvent enregistrées à l’étranger et dont le capital est essentiellement constitué d’actifs financiers (actions, obligations, titre dérivés…) La fiscalité de ces holdings est très avantageuse. Ce sont ces holdings qui reçoivent les dividendes à leur place. Les revenus des milliardaires sont donc les revenus de leurs holdings. Mais ces holdings ne leurs reversent pas ces revenus. Elles le gardent et le réinvestissent dans l’achat de nouveaux titres. Une holding ne reverse donc en revenus à son propriétaire que ce dont il a besoin pour consommer. Le reste est accumulé et accroit sa fortune. C’est ce système qui permet de minimiser le revenu fiscal et donc l’impôt.

Voyons comment cela fonctionne avec un exemple.

Mettons que M. Bernard A. possède un patrimoine financier de 150 milliards d’euros qu’il a placé dans une holding. Chaque annés, ses actions lui rapportent en moyenne entre 6 et 8% de rendement. Mettons 6%. Il touche donc un revenu économique d’environ 9 milliards.

Evidemment, il est impossible à Bernard de dépenser 9 milliards d’euros chaque année. Son train de vie et celui de sa famille implique de dépenser 1 million d’euros par jour, soit environ 350 millions par an. Sa holding lui verse donc 500 millions en dividendes.

Ces 500 million sont taxés de 30% grâce au PFU (prélèvement forfaitaire unique ou Flat tax en bon français) qui fait office d’impôt sur le revenu. Bernard paie donc 150 millions d’euros d’impôt. Sa holding, basée dans un paradis fiscal ne paie pour sa part aucun impôt (ses entreprises en paient). Sur les 9 milliards de rendement de la holding, il reste 8,5 milliards qui sont accumulés et dont une partie lui sert à racheter de nouveaux titres qui génèreront 6% de rentabilité. La fortune financière de Bernard passe donc de 150 à 158,5 milliards.

En fin de compte, Bernard a obtenu 9 milliards de revenus du capital, mais n’a été réellement taxé que sur 500 millions de dividendes que sa holding lui a versé. On peut donc calculer que le taux d’imposition de son revenu économique est de 150 / 9000 = 1,67 %.

La taxe Zucman est une taxe différentielle qui vise à taxer à 2% l’ensemble du patrimoine. L’idée est que le patrimoine financier génère en moyenne 6% de rentabilité. Cette taxe de 2% revient donc à taxer à 33% les revenus économiques du patrimoine. La taxe Zucman est une taxe différentielle : elle ne s’ajoute pas aux autres taxes, elle les complète. Si Bernard a payé au total 400 millions d’impôts de toutes sortes, il doit payer la différence, soit 3-0,4 = 2,6 milliards d’euros d’impôt complémentaire.

Cette taxe pose de nombreuses questions techniques. La première est que Bernard risque d’y échapper en se domiciliant à l’étranger car le coût est faramineux pour lui. C’est le problème d’une taxe qui repose sur une base très étroite de contribuables. Le deuxième problème est que la rentabilité d’un actif financier et sa valeur ne génère pas toujours une distribution de dividendes en proportion. Donc on peut avoir une grande fortune financière sans avoir le cash pour payer l’impôt.

Ce n’est pas le cas de LVMH qui distribue 13 euros par action. Avec un cours d’environ 600 euros, elle redistribue plus de 2% de sa valeur chaque année. Donc Bernard a de quoi payer l’impôt.

On remarquera que 2% de rentabilité, c’est loin des 6% estimé. Cette différence est due au fait que l’ensemble du bénéfice n’est pas redistribué aux actionnaires.

Une partie est capitalisée par l’entreprise, ce qui augmente sa valeur et donc son cours de bourse. Les 6% de rentabilité représentent donc pour une part la distribution de dividendes, et pour une autre part la hausse de la valeur de l’entreprise. Parfois, tous les bénéfices sont distribués, d’autres fois, aucun dividende n’est distribué.

Il existe donc une possibilité qu’un milliardaire ne puisse pas payer l’impôt si l’entreprise ne génère pas de cash (ex. : Mistral AI) ou si elle préfère ne pas distribuer de dividendes pour financer un investissement ou une acquisition. Dans ce cas, comment payer l’impôt ? Une solution pourrait être de payer en nature, c’est-à-dire en actions. Ces actions seraient versées par exemple à la Caisse des dépots. L’Etat se trouverait donc partiellement propriétaire de l’entreprise du milliardaire.

Dans le cas de Bernard, la question ne se pose pas. Il a le cash pour s’acquitter de l’impôt (c’est le cas la plupart du temps). Les entreprises distribuent beaucoup de dividendes.

https://fr.statista.com/infographie/33128/montant-des-dividendes-verses-par-an-en-france-et-dans-les-principaux-pays-ue

Mais si le milliardaire possède une entreprise qui ne génère pas de profits ou qui subit une crise ponctuelle, l’impôt pourrait être reporté sur les années suivantes ou payé en nature. Cette question est délicate et mérite un débat politique et technique.

On peut aussi décider de ne rien faire. Mais la conséquence est une accumulation sans limite et une concentration de plus en plus forte du patrimoine économique entre quelques mains. Cela risque de poser d’importants problèmes économiques et politique. On y est déjà.

David Cayla

Budget 2026 : faire des compromis supposerait que toutes les parties jouent le jeu…

La France a besoin d’un budget et notre objectif, que nous voulons croire partagé, est d’œuvrer au redressement du pays. Tout le débat tourne autour des voies et des moyens pour y parvenir : c’est là qu’il y a un désaccord, et un vrai désaccord.

  • Nous contestons la logique même de l’année blanche, parce qu’elle frappe durement les français les plus vulnérables.
  • Nous contestons aussi une politique économique qui ne fonctionne pas et pourtant, le gouvernement et surtout le président de la République s’obstinent à vouloir la poursuivre. On a pu sentir des relents de 2017, avec des gens qui continuent à croire à la théorie du ruissellement. Cela ne fonctionnera pas, et les français eux-mêmes les yeux décillés là-dessus.

Mais surtout, ce qui nous préoccupe le plus, c’est que le bloc de droite continue à méconnaître une aspiration profonde et qui grandit dans le peuple français, une aspiration à la justice, justice sociale, bien sûr, mais aussi justice fiscale. Et tout le débat qu’il y a eu autour de la taxe Zucman n’est pas du tout anecdotique et n’est pas le fruit de je ne sais quel fantasme démagogique.

L’absence de modération et l’absence de raison sont du côté de ceux qui s’obstinent à refuser la justice fiscale la plus élémentaire, parce que, franchement, entre revenus du capital et revenu travail, il y a une iniquité qui frappe finalement tout le monde dans le pays. Il fut un temps où la droite française avait une doctrine sur la répartition des bénéfices, une époque où le Général De Gaulle, contre l’avis de son Premier ministre Georges Pompidou, plaidait pour la participation. Elle disait autrefois : un tiers pour l’investissement, un tiers pour les salariés, un tiers pour pour les actionnaires. Aujourd’hui, on est à 50% des bénéfices pour les actionnaires et les droites continuent de défendre la Flat Tax ou « prélèvement forfaitaire unique ».

Oui, les Français aspirent à plus de justice et ne comprennent pas qu’on demande beaucoup à ceux qui ont peu et peu à ceux qui ont beaucoup. Et temps que l’exécutif et les parlementaires qui le soutiennent méconnaîtrons cela, notre pays ira au-devant de graves déconvenues.

Alors, il y a eu des avancées : l’abattement 10% pour les retraites, le mauvais coup évité sur les affections de longue durée, la taxe sur les super dividendes, l’amendement important sur les multinationales.

Mais il reste beaucoup à faire : la taxe sur les holdings a été vidée de sa substance ; la niche Dutreil sur les transmissions d’entreprises, on est loin du compte ; la question de la transmission des hauts patrimoines, on n’y est pas non plus. Sur la Culture ou l’environnement, la gauche a également des arguments qui méritent d’être entendus et qui n’ont pas du tout été retenus.

En l’absence de 49-3, les parlementaires de gauche sont évidemment prêts à faire des compromis pour avoir un budget, mais pour y arriver, il faudrait quand même que chacun fasse un pas vers l’autre. Et pour aujourd’hui en tout cas, les parlementaires les plus proches de président de la République ne l’ont pas fait.

C’est la raison pour laquelle face à un blocage sur l’essentiel porté par une alliance de fait entre le « bloc central », LR et le RN, la commission des finances de l’Assemblée Nationale a rejeté la première partie du budget (sur les recettes) : le débat reprendra donc dans l’hémicycle sur le texte initial.

Nous continuerons à exiger la justice et la raison.

Bayrou parti, et maintenant ?

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste – lundi 8 septembre 2025, 20h30

Comme prévu, l’Assemblée nationale a refusé la confiance à François Bayrou et à son gouvernement.

Comme prévu à la nuance près que le rejet est plus important que prévu !

Il répond à la faillite de la politique menée depuis plus de 8 ans, à la faillite de la politique de l’offre que les gouvernements n’ont fait qu’aggraver d’année en année depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy : et paradoxalement c’est François Bayrou qui a dressé la liste des conséquences néfastes de la politique qu’il a mené et qu’il a soutenu dans un réquisitionné finalement accablant pour Emmanuel Macron et pour lui-même !

Et maintenant ?

Maintenant, le président de la République est placé devant ses responsabilités : il a causé la crise, il doit donner à d’autres les moyens de la surmonter. Il doit nommer un premier ministre qui aura la marge de manœuvre dans le dialogue avec le parlement pour remettre en cause la politique sociale, fiscale et économique injuste et inefficace menée depuis 2017.

Depuis leur défaite aux élections législatives anticipées, Emmanuel Macron et les partis qui l’ont soutenu refusent toute remise en cause de leur héritage catastrophique. Il est temps qu’ils acceptent les conséquences de leur défaite, qu’ils acceptent de mettre fin à l’impasse qu’ils ont créée, qu’ils permettent à la gauche de gouverner pour plus de justice sociale et économique, en acceptant de ne pas les censurer !

Aujourd’hui la seule voie praticable est un budget proposé par la gauche pour soutenir l’économie par une stratégie de relance productive (source d’une souveraineté retrouvée) et de soutien aux services publics, un budget où les efforts sont répartis dans la justice !

Bayrou a joué avec l’intérêt du pays, il a perdu

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste, mardi 26 août 2025

François Bayrou a annoncé hier après-midi qu’il poserait aux parlementaires la question de confiance sur sa politique et son projet de budget pour 2026 le 8 septembre 2025.

Nous ne ferons pas l’injure au futur ex Premier ministre de lui nier sa conviction profonde sur la nécessité de réduire les dépenses publiques. Sa faute rédhibitoire est de n’avoir jamais voulu entendre que notre puissance publique ne souffrait pas tant de son niveau de dépenses que de l’épuisement de ses recettes, savamment et progressivement orchestré depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, accéléré à un niveau exponentiel lors des quinquennats d’Emmanuel Macron, dont il est également comptable.

Depuis le 15 juillet et la présentation de la philosophie de son projet de loi de finances pour 2026, François Bayrou n’a cessé de s’enfermer dans une impasse, refusant tout aménagement à une logique contre-productive qui aurait conduit à l’assèchement de notre économie, donc à l’effondrement des recettes de l’État et à l’aggravation de la dette publique.

Se sachant incapable de faire adopter un tel budget, il a choisi hier de devancer l’appel et de programmer la chute de son gouvernement le 8 septembre prochain, pour se draper dans le manteau du réformateur incompris : mais n’est pas PMF qui veut ! On ne soigne pas la France en giflant les Français, en faisant porter l’unique effort sur les classes populaires et moyennes pour préserver la politique de l’offre, les baisses d’impôts sur le capital et les grandes fortunes, stratégie délétère qui a conduit le hollandisme et le macronisme à l’échec et la France dans l’ornière.

On ne peut dans ces conditions que refuser la confiance à un François Bayrou qui élève le niveau d’irresponsabilité à faire peser sur la France et les Français la menace d’une tempête sur les marchés pour faire semblant de se préserver un médiocre trou de souris politique qui n’existe pas.

François Bayrou et son gouvernement doivent donc tomber le 8 septembre. Reste à savoir si le Président de la République souhaitera ajouter de la crise à la crise : on aura compris qu’Emmanuel Macron n’avait pas la capacité psychologique à nommer une ou un Premier ministre de gauche, mais après la pantalonnade béarnaise sera-t-il capable de mandater une ou un Premier ministre qui ne cherchera pas à reproduire l’entêtement dont il a fait preuve, et Bayrou avec lui, jusqu’ici ?

Il n’y a aucun budget possible aujourd’hui sans mettre en cause les cadeaux fiscaux accordés aux ultra-riches, sans faire le tri dans les nombreuses mesures improductives qui coûtent 211 milliards d’euros de dépenses fiscales par an au profit des grandes entreprises, sans restauration de la justice sociale, sans retour de l’investissement industriel, scientifique, écologique et même militaire

Le Président de la République sera-t-il enfin à la hauteur de sa fonction ?

Budget Bayrou 2026 : fonctionnaires sacrifiés, la fausse solution

Au lendemain de la fête nationale et de la clôture de la session d’un Parlement où ses partisans sont minoritaires, François Bayrou a dévoilé son « plan » pour réduire la dette.

Alors que les profits générés par les grandes entreprises n’ont jamais été aussi élevés, que les entreprises pratiquent le « cumcum » sans honte (voir notre article1), le locataire de Matignon a sorti les recettes de grand-mère qui n’ont jamais produit le moindre effet : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, reprise à peine atténuée de la vieille formule de Nicolas Sarkozy, avec la réforme générale de la fonction publique (RGPP), déjà recyclée par François Hollande. Depuis 20 ans, les fonctionnaires seraient trop nombreux et coûteraient trop chers, tandis que leurs missions n’ont jamais été aussi nombreuses et cruciales (réindustrialisation, défense, transition énergétique…).

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat remis la semaine dernière par Fabien Gay nous confirme que 211 milliards d’euros sont versés aux entreprises sans réel contrôle mais le premier réflexe du gouvernement Bayrou est de diminuer le nombre d’agents publics.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets : la diminution des recettes et l’augmentation des dépenses fiscales crééent un déficit de plus en plus grand, augmentant mécaniquement le poids de la dette et des intérêts. Réduire année après année les moyens donnés aux agents publics pour effectuer correctement leurs missions ne leur permettra pas de gagner en efficacité, bien au contraire.

Une fonction publique méprisée

Depuis plusieurs années, la fonction publique rencontre une crise d’attractivité. Alors que les études tendent à monter que les travailleurs cherchent un sens à leur emploi, ils se détournent paradoxalement de la fonction publique, pourtant riche de sens. Travailler pour l’intérêt général et améliorer le quotidien de ses concitoyens devrait être un puissant levier d’attractivité. C’est pourquoi le rapport publié le 9 décembre 2024 par France Stratégie2 appelle ainsi à une valorisation de la fonction publique dans les discours, une meilleure communication autour de ses atouts et des préjugés qui l’entoure et, enfin, une reconnaissance salariale. François Bayrou, ex-Haut-Commissaire au Plan (dont on peine à trouver le bilan), fait tout le contraire avec le projet de budget 2026.

Le Premier ministre actuel, constant dans l’incohérence, veut donc augmenter la charge de travail pour les agents publics qui continueront de travailler, alors que les services sont aujourd’hui réduits à l’os. Par ailleurs, réduire le nombre de fonctionnaires contribuerait à déséquilibrer le régime de retraite de la fonction publique en baissant une nouvelle fois le nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités. Les mêmes viendront ensuite s’étonner du déficit des retraites et proposeront encore d’augmenter la durée de cotisation. Double peine pour les agents : des conditions de travail détériorées pendant plus longtemps !

Un autre rapport, rédigé par Le Sens du service public et la Fondation Jean-Jaurès3 indique que l’Intelligence Artificielle ne doit pas permettre une réduction des effectifs mais bien un rapprochement des services publics avec les usagers. En procédant au nom remplacement d’un fonctionnaire sur trois, le gouvernement Bayrou provoquera immanquablement un nouvel éloignement de la puissance publique comme lors de la précédente phase de dématérialisation.

Et concrètement, il propose quoi ?

Mais une question essentielle se pose : tous les services publics sont-ils concernés ? Le président a annoncé une augmentation du budget de la défense, il est donc peu probable que les fonctionnaires du ministère des Armées soit concerné. La Justice ? Le ministère de l’Intérieur ? Ces ministères bénéficient également d’une protection politique. L’éducation nationale (alors que tous s’accordent à dire qu’ils devrait être prioritaire) ? La santé, appelée à faire un effort d’économie de 5 milliards d’euros dans ce projet de budget ? Les collectivités locales à qui l’on confie toujours plus de tâches tout en limitant les financements ? François Bayrou procède donc à une restructuration des missions de l’État et de la puissance publique sans avoir le courage politique de l’assumer !

Les fonctionnaires rêvent de pouvoir mener leurs missions correctement et dignement. Ce n’est pas en réduisant continuellement leurs moyens, en les privant de perspectives d’amélioration de leurs conditions de travail et en multipliant les injonctions contradictoires que la puissance publique se redressera.

Plus que jamais, la France a besoin d’agents publics engagés dans leurs missions. Plus que jamais les service de l’État et de la puissance publique ont besoin d’un cap pour œuvrer dans le sens de la cohésion sociale et nationale.

Joffrey Robécourt

  1. https://g-r-s.fr/qui-paye-qui-pour-maintenir-limpunite-des-escrocs-cumcum/ ↩︎
  2. https://www.strategie-plan.gouv.fr/publications/travailler-fonction-publique-defi-de-lattractivite ↩︎
  3. https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/03/fonction-publique-un-rapport-recommande-d-encadrer-le-deploiement-de-l-ia_6617516_823448.html ↩︎

Budget 2026 : Bayrou dur avec les faibles, faibles avec les puissants

Emmanuel Maurel était l’invité de RFI et France 24 dans « Mardi Politique », ce mardi 15 juillet 2025 à 18h10, pour réagir à la conférence de presse sur le prochain budget donnée par François Bayrou et son gouvernement aujourd’hui 20 avenue de Ségur. La seule vérité qui émerge de ce « moment », c’est que, pour Bayrou et pour Macron, le « courage » consiste à demander beaucoup à ceux qui ont peu, et à ne demander quasiment rien à ceux qui ont beaucoup.

Résultats de la commission mixte paritaire du 31 janvier 2025 sur le projet de loi de finances pour 2025

Emmanuel Maurel siégeait comme suppléant au sein de la commission mixte paritaire au nom du groupe GDR. Il a participé à tous ses débats jusqu’au bout. Il nous fait ici un compte rendu complet et mesuré des échanges et des maigres et peu surprenant résultats.

La Commission Mixte Paritaire conclut à droite

Le projet de budget issu des travaux de la Commission Mixte Paritaire a consolidé la version du Sénat, co-élaborée par LR et le Gouvernement. Ce budget est donc un budget de droite, voté par une majorité de droite, dans une CMP dominée par la droite.

Le budget de l’Etat s’élèvera en 2025 à 484 milliards d’euros. Les crédits affectés aux grandes politiques publiques sont en baisse de 8 milliards supplémentaires par rapport au budget Barnier.

On pourrait penser que c’est peu. Mais si l’on raisonne en euros constants, la seule reconduction à l’identique de la loi de finances 2024 nécessiterait un budget de 501 milliards. Et si l’on applique un taux de progression des dépenses incompressibles (notamment celles liées aux évolutions des rémunérations des fonctionnaires), il devrait s’élever à 508 milliards. De ce point de vue, la réduction des moyens de l’Etat se chiffre donc à 24 milliards d’euros.

Les budgets qui cotisent le plus à ces coupes sont le Travail et l’Emploi (moins 15% par rapport à 2024), l’Enseignement supérieur et la Recherche (moins 8%), l’Ecologie (moins 10%), la politique industrielle (« investir pour la France en 2030 » : moins 30%), tout cela au moment où l’économie est en récession et le chômage augmente.

On déplore aussi la chute des crédits pour l’Aide publique au Développement (moins 25%), dans un contexte international où la France brille par sa discrétion et ses maladresses.

Sur les recettes, le budget Bayrou-CMP recule par rapport au budget Barnier. Les contributions sur les plus hauts revenus et sur l’impôt sur les sociétés des entreprises réalisant plus d’1 milliard de chiffre d’affaires ne s’appliqueront qu’un an, et pas deux comme le proposait Barnier.

En revanche, la taxe sur les transactions financières est portée de 0,3% à 0,4%, ce qui procurera environ 600 millions de recettes supplémentaires.

La nouvelle taxe sur les rachats d’actions (25 milliards ont été distribués sous cette forme aux actionnaires du CAC 40 en 2024) reste assise sur la valeur comptable des actions, et pas sur leur valeur boursière : elle ne rapportera donc que 400 millions au lieu de 2 milliards.

Il n’a pas été possible d’introduire un taux majoré sur la taxe sur les revenus financiers (aujourd’hui à 30% ; nous souhaitions le monter à 35%) car les modifications du texte du Sénat n’étaient recevables qu’à condition que l’impôt en cause figure dans le texte. Or le Sénat a finalement décidé de l’en retirer – et donc de ne pas y toucher. En jargon parlementaire, on appelle ça « l’entonnoir ».

Enfin, parmi les quelques mesquineries fiscales touchant les classes populaires et moyennes, on relèvera une hausse de 2€/MWh des prélèvements sur le gaz de chauffage (35% des ménages se chauffent au gaz), ou le durcissement du malus écologique (sans parler des fortes réductions des aides du type MaPrimeRénov).

Les concessions accordées à la gauche par la majorité Macron-LR en CMP sont extrêmement modiques.

Sur l’éducation, il n’est plus question de supprimer 4000 postes d’enseignants, mais le coût supplémentaire a été compensé par une suppression à due concurrence (50 millions) du budget alloué à… la formation des enseignants.

Sur l’écologie, l’importance des coupes (2,5 milliards) a été atténuée par un abondement de 300 millions d’euros du « fonds vert » (destiné aux actions pour la transition écologique menées par les collectivités locales).

Sur les services publics, d’ultimes ajustements de quelques centaines de millions d’euros ont été opérés à destination du réseau postal et des liaisons ferroviaires régionales.

Ce budget clairement récessif risque d’avoir des conséquences dommageables sur une conjoncture économique en piteux état.

Avant même la CMP, le consensus des économistes avait rabaissé la prévision de croissance 2025 de +0,9% à +0,7%, le chômage est reparti fortement à la hausse (+3,9% au dernier trimestre 2024) et on ne compte plus les annonces de fermetures d’usines et de plans sociaux.

La probabilité que ce budget impacte encore davantage cette tendance est donc élevée, ce qui provoquerait une baisse mécanique des rentrées fiscales et… une augmentation du déficit. Le Haut Conseil des Finances Publiques l’a clairement dit : il sera très difficile de tenir l’objectif de 5,4% de déficit en 2025.

La CMP s’est tenue dans un climat studieux et courtois, bordé de bout en bout par l’accord entre le « bloc central » et la droite sénatoriale. Nous savions dès le départ que la gauche aurait du mal à faire valoir son point de vue et ses revendications. Il en a effectivement été ainsi. Il n’y a pas eu de bonne surprise. Quant aux mauvaises, nous les connaissions à l’avance.

Emmanuel Maurel

Emmanuel Maurel : « Je ne voterai pas la motion de censure dans l’allégresse mais dans l’inquiétude »

Mardi 3 décembre 2024 à la veille de la motion de censure déposée par le Nouveau Front Populaire contre le gouvernement de Michel Barnier sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, Emmanuel Maurel était l’invité de #LaMidinale du magazine Regards pour examiner et expliquer en détail les enjeux politiques de cette motion de censure et leurs conséquences pour les Français et pour la gauche.

Comment sortir d’une situation où Emmanuel Macron a voulu que le gouvernement soit à la merci du Rassemblement National ? Comment renforcer le socle électoral et social de la gauche en consolidant notre programme et en reprenant langue avec les syndicats ? Comment proposer et apporter des réponses aux attentes des Français et à une société qui a été brutalisée ?

Les droites conduisent l’État et le pays dans le mur !

Les gouvernements Borne et Attal pourront être classés parmi les pires gestionnaires des dernières décennies, ils ont conduit à un déficit colossal de 170 milliards d’euros en 2024, bien au-delà des prévisions annoncées de 120 milliards. Plus grave encore, cette réalité a été délibérément cachée aux Français durant les campagnes électorales du printemps dernier.

Dans ce contexte, nous avons avec le Nouveau Front Populaire proposé des solutions pour réduire le déficit tout en protégeant les classes populaires et moyennes. Ces mesures incluaient :

  • Une taxe de 2 % sur les patrimoines dépassant 1 milliard d’euros, permettant de générer 13 milliards d’euros ;
  • Un prélèvement de 5 % sur les « super dividendes » des grandes entreprises, ciblant les excès des actionnaires ;
  • Une extension de la taxe sur les transactions financières à toutes les opérations boursières, avec 3 milliards d’euros attendus.

En parallèle, le NFP a défendu des mesures visant à soulager les Français, notamment en supprimant la taxe sur l’électricité et l’augmentation de TVA prévues par le gouvernement Barnier. Il a également élargi l’accès au Prêt à Taux Zéro (PTZ) à tous les primo-accédants et empêché des coupes budgétaires dans les collectivités locales, essentielles pour les services publics de proximité.

Bien que le budget amendé par le NFP promettait 30 milliards d’euros de recettes supplémentaires en ciblant les plus riches, toutes les droites – macronistes, LR et Rassemblement National – se sont coalisées pour bloquer ces réformes. En conséquence, le budget d’austérité à la sauce Barnier a été maintenu, créant un risque d’aggraver le chômage et d’amputer fortement la croissance économique.

Pendant ce temps, des ministres enchaînent des propos délirant sur l’éducation nationale ou leur amour soudain pour Elon Musk : la haine des fonctionnaires est redevenue une stratégie de diversion. Nous serons à leurs côtés dans les mouvements à venir pour défendre une certaine conception de l’État et des services publics au service de l’égalité.

Barnier doit abandonner une politique budgétaire qui punit les Français

Emmanuel Maurel, député du Val-d’Oise (groupe GDR) et animateur national de la GRS, était l’invité politique de France Info TV le vendredi 15 novembre 2024 à 7h45.

Alors que le budget de l’État pour 2025 poursuit son parcours au Parlement, après le rejet de son volet recettes en première lecture par les députés macronistes, LR et RN, il a rappelé ce qui guide notre action : « Ce que j’aimerais surtout, c’est que Michel Barnier abandonne la politique budgétaire qu’il veut mettre en œuvre, qui risque d’avoir des effets très graves pour l’économie de ce pays ».

Emmanuel Maurel a déploré le fait que le Premier ministre « refuse obstinément d’aller chercher l’argent là où on peut le trouver, c’est-à-dire sur les bénéfices des grandes entreprises ou chez les très riches ». « La réalité du débat budgétaire pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler, c’est que la gauche a fait des propositions qui, à mon avis, étaient constructives pour réduire le déficit, pour faire en sorte qu’il y ait un peu plus de justice fiscale. Et ce qu’on appelle le bloc central (qui n’est ni un socle, ni un bloc) s’est obstinément refusé à faire en sorte que les très grandes fortunes et les très grandes entreprises qui font des bénéfices participent à la vie économique de ce pays en payant un peu plus », a-t-il affirmé, y voyant « le principal problème du moment ».

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