Être étudiant(e) à l’heure du Covid-19

Dans cet entretien Manon D. étudiante en économie nous décrit le quotidien des étudiants pendant la crise du Covid-19. C’est un témoignage personnel. Cet entretien a été réalisé voici plusieurs mois, nous choisissons de le publier aujourd’hui car les difficultés révélées par la crise sanitaire et celles qu’elle a provoquées n’ont toujours pas trouvé de réponses de la part des pouvoirs publics.

propos recueillis par Augustin Belloc et Gurvan Judas

GRS : Comment en tant qu’étudiante as-tu vécu la crise de la Covid-19, avec les cours à distance, la solitude, les loyers exorbitants à Paris ou encore la nécessité de travailler pour subvenir à tes besoins ?

Manon : C’était difficile, comme pour tous les étudiants et notamment les plus précaires. Moins pour les étudiants biens lotis avec un logement adéquat ou une maison en province à la campagne avec leurs parents. Mais pour moi et mes amis qui étaient dans la même situation, nous nous sommes retrouvés dans un petit appartement de 10 m². Les cours étaient à distance, nous n’étions pas confinés mais avec le couvre-feu, les cafés et bibliothèques fermés c’était comme un confinement. On suivait nos cours à distance et le soir, nous étions confinés. Donc nous étions isolés.

Pendant deux ans, aucune possibilité de rencontrer de nouvelles personnes et de faire de nouvelles expériences relationnelles et professionnelles. C’était dur pour le morale.

Pour les cours, on dépendait de notre connexion Wifi, moi au 7e étage j’avais une mauvaise connexion donc il y avait des cours que je n’ai pas pu suivre, ce qui m’a pénalisé et m’a fait avoir de mauvaises notes. J’ai été prise en Master, mais une amie a redoublé et a décroché à cause de ça. Les professeurs n’ont pas pris en compte les problèmes liés à la connexion internet. Apprendre seul et apprendre avec un professeur, cela n’est pas pareil…

Ce problème d’exclusion, ne pas pouvoir suivre les cours et tout faire dans la même pièce de 10 m² où l’on mange, où l’on dort, où l’on travaille, etc. C’est dur. Mes APL m’ont fait survivre, mais une amie qui travaille dans la restauration et qui avait besoin de travailler n’a pas pu. Donc, elle a eu des problèmes d’argent.

As-tu eu le sentiment d’avoir été soutenue par l’institution universitaire ?

Il y a eu des moyens mis à disposition, on pouvait louer un ordinateur, une box, etc. Mais ça ne marchait pas, ils ne prenaient pas en compte les moyens propre à chacun. Donc des moyens était mis à disposition, certains professeurs mettaient des exercices pédagogiques. Mais je ne pensais pas avoir mon année et personne ne m’écoutait.

Par exemple : un examen en ligne, où je ne pouvais pas passer les questions à cause d’un problème de connexion, j’ai contacté le professeur il n’a rien fait… Je ne me sentais pas entendu. J’ai eu 4 à cet examen ce qui a plombé ma moyenne.

On a beaucoup vu les étudiants devant les banques alimentaires, est-ce quelque chose que tu as vécu ou connais-tu des personnes qui l’ont vécu ?

Personnellement non, grâce à ma bourse, mais une amie déjà concernée avant le Covid oui. Mais elle vivait cela avec du recul. Donc des amis partageaient cette situation : du mal à se nourrir avec des familles qui n’ont pas les moyens d’aider. Donc ils ont eu recours aux paniers alimentaires.

Je vivait en appartement CROUS, il y avait des moyens mis en place. Je n’ai pas connu cette situation, je m’en suis sorti financièrement car comme nous étions confinés il n’y avait pas de sortie, ça fait économiser de l’argent. Mais c’était dur.

Selon les types d’études, il y a eu des inégalités entre les grandes écoles avec plus de moyens et les universités, tu as pu le constater ?

J’ai été mis au courant de cela. En école privée, les étudiants pouvaient aller dans les locaux en petits effectifs. Ils pouvaient se sociabiliser alors que dans les universités nous étions mis à la marge, en détresse, on était les oubliés ; une amie a redoublé sa L2 car elle a fait une dépression. Elle a vu un psy mais avec des sessions d’une demi-heure… Donc dans certaines écoles privées, les étudiants avaient presque une vie normale et nous, à l’université, nous étions seuls.

Cette situation a-t-elle généré des tensions entre différents étudiants selon les possibilités qui leurs étaient offertes ?

C’était de la survie, chacun pour soi. Nous n’avions pas le temps de penser à mal envers autrui, la situation nous échappait donc c’était de la survie propre. Le fait que certain en profitaient, on le voyait de loin.

On a beaucoup parlé des étudiant dans les médias et le monde politique mais rien n’a été fait à part une revalorisation des APL dont on avait retiré 5 euros. On en a parlé, mais dans les faits est-ce que quelque chose a été fait ?

Depuis la crise, la cause étudiante a été mise en avant comme une des préoccupations du mandat d’Emmanuel Macron. Mais je ne cherche pas à voir ce qui a été fait ni à écouter ce qui peut se dire. Je n’ai pas cherché à avoir une augmentation, ma bourse et mes APL me suffisaient.

Le Système d’aide exceptionnelle, j’y ai eu recours à la rentrée dernière avec un dossier et une lettre de motivation. On doit passer devant une commission et parfois ils effectuent un versement selon les besoins.

Il y a eu également des aides avec des assistantes sociales. Il y a aussi des repas à un euro, ça a permis à des étudiant de se nourrir, car parfois le midi je ne mangeais pas, donc le restaurant universitaire et le repas un euro ça m’a changé la vie. On peut manger à moindre coût, mais sinon il y a eu peu de changement pour les logements notamment, etc.

Car je suis boursière échelon 6 avec une mère seule sans père, elle ne peut pas financer un logement à Paris. Je n’ai pas eu de logement Crous à ma rentrée à Paris et sans logement l’assistante sociale a été mis devant le fait accompli et j’ai réussi à l’avoir.

Donc même si il y a des moyens on ne facilite rien. J’aurai pu ne pas avoir de logement. Ma demande Crous n’a pas été renouvelé, j’ai un appartement que je paie plein pot avec certes heureusement les APL. C’est différent d’un logement Crous, donc la situation ne s’est pas améliorée malgré de petites mesures.

Avec une approche plus politique qu’est-ce que l’État aurait pu ou dû faire dans ce cas ?

On a conscience de la précarité étudiante globale mais pas de la diversité. On a l’impression parfois que tous les étudiants faisaient la queue devant les banques alimentaires mais ce n’est pas vrai.

J’ai une amie qui habite à Paris mais qui a besoin de travailler c’est un exemple de précarité économique, on a pas tous les même contacts si on a un problème, on a pas tous le même filet de sécurité.

Ma bourse me suffit si je travaille à côté ; mais si je ne peux pas travailler, on est dans la précarité économique. Il ne faut pas juste prendre en compte une certaine situation, il faut prendre en compte la diversité des situations. Ceux par exemple avec des parents pas assez riches pour aider et financer un logement à Paris, mais trop riches pour avoir une bourse. Ils ne sont jamais pris en compte.

Beaucoup ont besoin d’aide mais ne les voit pas. Les logements étudiants sont des taudis, avec des fenêtres cassées et douches cassées, c’est honteux de se dire que là réside l’avenir de la Nation, ils ne peuvent pas réussir à l’université dans ces situations quand ils habitent là… il faut revoir les conditions d’existence, se nourrir, se loger, etc. On a l’impression de devoir le mériter alors que ce sont des besoin fondamentaux. Il faut faire en sorte que les emplois du temps soient flexibles pour que les étudiants travaillent. Certes il y a les examens terminaux mais ça veut dire qu’un étudiant dépend juste d’une note, c’est une insécurité.

Je sais que le personnel pédagogique n’a pas à se charger de ça mais il ne peuvent rien faire. Donc il faut soulager les cours et les emplois du temps, car deux jours par semaine j’avais cours le midi et je travaillais dans un restaurant, ce n’était pas possible. Ça n’incite pas à travailler mais simplement à se serrer la ceinture.

La prise en compte de la diversité au pluriel est quelque chose de ciblé. Certains habitent loin mais pas suffisamment loin avec effectivement des parents trop riches pour être boursiers et trop pauvres pour payer un loyer à Paris. Ils sont alors obligés de faire 3 heures de transport quotidiennement ce qui est un autre type de difficultés.

Rien à voir avec des étudiants qui vivent dans un 200 m² dand le VIe arrondissement de Paris avec leur parents et aucune tâche ménagère à faire…

C’est le cas pour les études supérieures réservé à une élite. C’est impossible de faire une Prépa si les parents ne suivent pas derrière. Ce n’est pas possible avec des tâches ménagères et sans aide. C’est infaisable. Il y en a beaucoup pour qui ce type d’études d’élite n’est pas possible.

Il y a un plafond de verre, même s’il va à Paris avec une bourse, c’est impossible.

Ce n’est pas inaccessible sur le papier, mais dans les faits… Donc, comment les étudiants se sont-ils organisés avec cette précarité entre écoles privées et les universités, il n’y a pas eu de friction, mais une entraide entre étudiant ?

Oui clairement, avec le confinement et tous les gens chez eux, des initiatives ont permis de faciliter le quotidien. Comme l’association « Copains ». C’est initiative de banque alimentaire pour les jeunes étudiants. C’est plus terre à terre que ce que propose le gouvernement car ils connaissent les étudiants et leur situation.

Alors qu’aujourd’hui quand on demande une aide au CROUS on doit le justifier. Ça tombe dans le misérabilisme le fait de devoir justifier l’état de son compte bancaire ; là ce n’était pas le cas.

J’y suis allée pour des photos, j’ai vu les locaux et le directeur de l’association. Il nous a dit qu’il voit des étudiants dans toute les situations, c’est une initiative étudiante. Ensuite des choses dans les promos ou entre amis ont été faites. J’ai mal vécu cette période et avec mon amie qui a redoublé on se retrouvait, on dormait ensemble, etc. C’est pour cela que l’on a réussi à surmonter cette situation car on a créé du lien, on a créé des interactions dans le réel, une solidarité entre étudiant.

Face au côté macro de Copains, avec mon groupe d’ami de la fac, on s’invitait régulièrement à manger à la maison. On s’aidait avec des webcams pour bosser ensemble. On essayé de trouver des solutions pour rendre ça viable.

Quel rôle ont joué les syndicats étudiants pendant la crise ?

Je suis assez étrangère à ce petit monde, ce petit microcosme, trop proche de la France Insoumise.

Il y a 20 ans dans une situation pareille les syndicats étudiants auraient été incontournables, là ça n’a pas été le cas, ils n’ont pas réussi à s’organiser dans cette situation cela en dit long, non ?

Il se sont organisés à leur échelle. Ça n’est pas aussi important que dans le passé mais ils ont lutté contre le Conseil universitaire pour illustrer le problème de connexion internet ou l’exclusion sociale, car Mme Vidal (Ministre de l’Enseignement Supérieur) donnait des orientations rigides. Ils avaient la volonté de faire quelque chose mais les universités ont bloqué.

Ils ont parlé des modalités des partiels qui étaient injuste. Les étudiants étaient évalués de manière rigide.

Pendant le CPE en 2005 un syndicat comme l’Unef était incontournable, aujourd’hui on a l’impression d’avoir vécu la crise étudiante sans en entendre parler en dehors d’un petit microcosme. Même toi qui est étudiante et engagée…

Les étudiants ne relayaient pas ce qui défendait leur cause malheureusement car nous étions dans une forme d’individualisme.

Entre ceux dans leur résidence secondaire et nous en difficulté, on faisait face à la fatalité, on était désespéré, on ne voyait pas d’évolution possible.

Sans les syndicats et les universitaires qui tiennent le choc, qui était là pour les étudiants dans cette période ?

Je n’ai pas été aidées par des organismes extérieurs. Entre les étudiants eux-mêmes il y a eu une vraie solidarité. Malgré l’aide de secours avec le Crous mais c’est quelque chose d’extérieur d’annexe de froid sans prise de nouvelles ni de suite ni de suivis alors qu’on avait besoin de tuteur.

Je me suis remise en question sur mon orientation, si je dois continuer en économie ou non. J’en suis venue à me demander si je devais me réorienter dans quelque chose de plus accessible.

Il y a eu des talents perdus, des abandons. J’ai eu de la chance de ne pas me perdre : on parle pas des destin gâchés.

Dans le monde professionnel, les formations qui ont eu lieu pendant le Covid et après ont été refaites car ça n’a pas marché. Dans le monde professionnel, il y a un filet de sécurité mais à la faculté ceux qui n’ont pas pu suivre et qui ont dû quitter la fac n’avaient pas de filet de sécurité. Notamment ceux qui ont obtenu le Bac en 2020, il y avait une angoisse d’avoir eu un “sous bac”, ou une “sous licence” ensuite…

Il y a eu beaucoup d’examens à distance et de triche organisée. Et ce n’était pas les meilleurs. Ils ont prit la place en Master de gens qui n’avaient pas triché. Mon ami qui a redoublé ne pouvait pas tricher. Et les professeurs étaient plus stricts dans leur évaluation car ils savaient qu’il y avait des tricheurs et ils ne cherchaient pas à comprendre.

En deuxième année, les tricheurs on eu de bonnes notes et mon amie redoublait sa L2…Souvent ils ne sont pas passionnés par ce qu’ils font, c’est par défaut et ils ont de bonnes notes car de bonnes conditions pour tricher.

La gestion des universités pendant la crise n’a donc pas été adaptée ?

Il y a eu des initiatives de la part des universités. Des initiatives prises comme le tutorat en présentiel une semaine sur deux mais c’était décousu donc sans intérêt. L’équipe pédagogique a aidé les élèves mais pas l’université dans son ensemble.

Je me suis déjà plainte à un chargé de travaux dirigés et c’est lui qui a mis en place un support pédagogique mais pas l’université. C’était au cas par cas.

Le problème de l’université, c’est que les initiatives n’étaient pas adaptées au terrain et à la disparité des étudiants. Moi avec mes problèmes de connexion internet, ils ne m’ont pas prise en compte.

Donc il y avait des moyens à disposition mais des œillères, ils n’ont pas cherché à voir la continuité du problème.

Pourquoi la gauche a-t-elle échoué à s’emparer de cette question de la précarité énorme des étudiants ? Cela n’a pas abouti à une mobilisation des étudiants aux urnes avec une abstention massive, plutôt qu’un vote massif Mélenchon et Nupes… Ensuite, pourquoi le mouvement social n’est pas devenu politique ? Comment la gauche aurait dû s’en s’emparer ?

Le problème de la gauche c’est qu’elle misérabilise les étudiants. Quelqu’un comme Louis Boyard par exemple misérabilise les étudiants qui seraient tous à la rue, etc. Mais ce n’est pas le cas, c’est hétérogène. On accepte cette situation de vivre en tant qu’étudiant, aucun étudiant n’est à l’aise financièrement c’est normal, c’est la période. La gauche s’est décrédibilisé. C’est une chance d’étudier.

On travaille et on m’aime pas être misérabilisé. Ça ne me donne pas envie de considérer ça je ne vois pas ça avec sympathie donc je pense qu’ il faut arrêter avec le misérabilisme et se rende compte de la diversité des situations, il y a des étudiants très pauvres avec des situations terribles mais ils sont accompagnés et c’est très bien.

J’ai une amie avec des problème familiaux et le CROUS a été là, ils l’ont aidée. Les étudiants dans une extrême pauvreté sont aidés. Donc ça ne doit pas être la cible principale pour le politique, le principal problème ce sont les étudiants des classes moyennes rurales pas accompagnées, dans l’ombre, dont on ne parle pas médiatiquement car on les considère normaux.

L’analyse c’est que la gauche doit retrouver le chemin de la majorité, pas des minorités. Il faut parler des étudiants ultra-précaires mais tu ne gagnes pas avec simplement cela. Tu ne gagnes pas avec l’addition de minorités, c’est le biais de l’intersectionnalité.

Il faut parler des étudiants des classes moyennes pour qui c’est plus difficile, des gens dont les parents paient le loyer mais qui doivent se débrouiller avec leur paye pour les charges et la nourriture.

Ils doivent travailler tous les week-ends et moi avec ma bourse, je n’ai pas besoin de travailler… Mon amie paye son essence car elle habite à la campagne. C’est une charge supplémentaire. Les classes moyennes des campagnes souffrent énormément, cantonnées à la ruralité.

Le fait qu’on parle que des pauvres attisent une haine envers eux, une jalousie car ils sont couvert avec les aides sociales et on les misérabilise. C’est contre productif d’avoir de l’empathie pour eux. Arrêter le misérabilisme et prendre en compte la disparité des situation.

Les étudiants précaires qui viennent de villes moyennes et de banlieues, comme le dit Christophe Guilly on une facilité d’accès à la culture et à l’enseignement et les classes moyennes qui viennent de la ruralité n’ont accès à rien.

Les gens veulent se faire respecter de manière général. Les gens n’aiment pas que l’on les misérabilises, ils veulent un travail. La gauche ce n’est pas le paternalisme, la gauche c’est l’émancipation.

La gauche a abandonné le travail.

Les Jours Heureux : redonner un avenir à la Jeunesse

« Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort. » Ainsi parlait François Mitterrand à la tribune de l’Assemblée nationale le 8 mai 1968. Depuis 2016, les différents gouvernements ont accumulé à l’égard des jeunes le mépris, l’abandon, la violence sociale et parfois même physique.

La France en Europe tranche à bien des égards avec ses voisins : elle reste un pays jeune, ce qui devrait être considéré comme une chance immense et précieuse. Car loin d’être un « problème à traiter », elle est l’une des solutions à la crise qu’affronte notre pays. C’est grâce à elle que se font jour des comportements nouveaux dans la société, que les batailles pour l’égalité des droits progressent, que finiront par être pleinement respectée la dignité humaine et surmontée la crise climatique.

Or une partie de la jeunesse est abandonnée. Appauvrie, victime de la sélection sociale, privée d’emploi, elle est précarisée. La crise sanitaire a mis en lumière la situation catastrophique dans laquelle elle se trouve. Les vidéos de milliers de jeunes, étudiants ou non, faisant la queue sur des centaines de mètres pour une aide alimentaire devant les locaux des associations caritatives ont fait le tour des médias. Ces images, indignes de notre République, impensables dans un pays riche et développé comme le nôtre, traduisent l’abandon politique de la jeunesse de notre pays. Mais là encore, la crise sanitaire n’a été qu’un révélateur d’une situation pré-existante.

En sacrifiant les jeunes, Emmanuel Macron a hypothéqué l’avenir de la nation. De la sélection organisée par le dispositif « Parcoursup » aux emplois au rabais, en passant par la précarité étudiante, nombre de jeunes subissent un véritable parcours du combattant. Le chemin menant à un premier emploi stable est jonché d’embûches, lesquelles menacent à tout moment de briser leurs rêves et leurs aspirations.

Le million et demi de jeunes gens aujourd’hui privés d’emploi ou de formation résume, à lui seul, le bilan des politiques conduites à l’occasion des derniers quinquennats : tous ont été marqués par le cynisme, par un manque d’ambition pour la jeunesse. À son tour, Emmanuel Macron a eu pour seule réponse à la précarité des jeunes la création d’un contrat d’engagement. Celui-ci n’est qu’une garantie jeune réchauffée.

La situation est d’autant plus dramatique que, comme chez des millions de leurs aînés, la résignation semble l’avoir emporté, et les jeunes s’abstiennent majoritairement. Comment s’en étonner ? Lors des mobilisations des années précédentes, quand ils sont descendus par dizaines de milliers, pour défendre leurs droits, ce gouvernement les a violemment réprimés. Un pouvoir qui brutalise ainsi sa jeunesse prive la France de perspective.

Il est temps de prendre la mesure d’un désastre qui n’a rien de conjoncturel ou de provisoire. La jeunesse est la période qui permet d’ouvrir les horizons à une personne. Dans une société développée digne de ce nom, elle doit impérativement être synonyme d’autonomie et d’émancipation. La jeunesse est une richesse collective. La jeunesse regorge de force créatrice. Elle est un potentiel d’innovation et d’ingéniosité, essentiel pour répondre aux défis économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux qui nous angoissent aujourd’hui : c’est avec la jeunesse française que nous trouverons la solution et c’est elle qui participera à la construction d’un monde plus juste.

Pour cette raison, la jeunesse doit devenir une grande cause nationale. L’heure est venue de rompre radicalement avec trente ans d’incurie et de renoncement. De donner des perspectives d’espoir à la jeunesse. De lui permettre d’accéder aux moyens de son épanouissement, à des pouvoirs de décider de son avenir.

En choisissant de soutenir Fabien Roussel pour l’élection présidentielle, la Gauche Républicaine et Socialiste compte bien défendre un programme ambitieux pour la jeunesse, en plus de son projet pour l’école de la République :

CULTURE & ÉDUCATION

● Les réformes du lycée et du baccalauréat seront abrogées et « Parcoursup » sera supprimé. Un enseignement supérieur public digne de ce nom sera reconstruit en France.

● Nous permettrons à tous les jeunes Français de trouver leur place en octroyant deux ans de formation continue à tous les élèves faisant la demande d’arrêter l’école à 16 ans (obligation scolaire décalée) ;

● L’allocation d’autonomie pour les jeunes en formation sera enfin créée ;

● Nous mettrons en place des parcours croisés d’insertion professionnelle des jeunes artistes issus des écoles d’enseignement supérieur artistique européennes ;

● À travers l’Europe, l’apprentissage d’au moins deux langues européennes pour tous les jeunes Européens dès le plus jeune âge. Le but est d’avoir des Européens trilingues d’ici une génération ;

Éducation européenne – l’éducation est le moyen privilégié de transmission de la culture et de renforcement de la citoyenneté :

● Sortir les dépenses publiques d’éducation et de formation professionnelle du calcul des déficits ;

Élargir le programme Erasmus pour le rendre accessible à tous les jeunes Européens (non plus seulement à certains étudiants) : en finir avec la sélection drastique qui fait des étudiants de ce programme des heureux élus.

INSERTION

● Un RSA jeunes sera mis en place pour pallier l’urgence de la situation, après les dégâts cumulés des politiques libérales et de la crise sanitaire. Mais nous savons que cela ne suffira pas à réaliser leur insertion ;

● La réforme d’assurance chômage Macron-Borne sera abrogée.

ASSURER L’AVENIR PROFESSIONNEL DE LA JEUNESSE

● Nous engagerons un vaste plan d’embauche des jeunes de moins de 25 ans dans le secteur public et nous inciterons au recrutement dans les secteurs d’avenir : emplois verts, emplois du soin, emplois du numérique… ;

● Nous proposerons une garantie “premier emploi” s’appuyant sur les services publics, les associations et les entreprises avec versement du RSA au jeune pendant la première année d’emploi et prise en charge par l’employeur de l’écart entre RSA et SMIC pendant cette année ;

● Les années d’études, de stage, d’apprentissage et des périodes d’inactivité forcée seront prises en compte dans le calcul des droits à retraite ;

● Nous créerons une grille de rétribution des stages, évolutive en fonction de la durée du stage et du niveau de qualification du stagiaire, dont la base minimum aurait pour hauteur 50% du SMIC ;

● Faire bénéficier aux jeunes en alternance de la gratuité des frais d’inscription, des frais d’équipement, de scolarité et de transport et assurer une rémunération au minimum égale au SMIC .

MÉDECINE

● Nous augmenterons la Dotation globale de fonctionnement et d’équipement des collectivités locales, au cœur des « déserts médicaux », pour les encourager à embaucher des jeunes médecins ou à prendre en charge une partie du coût des études des étudiants en médecine, avec obligation d’installation pour 5 à 10 ans dans ces collectivités.

PROTECTION ET FORMATION

● Nous renforcerons les moyens de la Protection judiciaire de la jeunesse ;

● Nous élaborerons un plan d’éradication de l’illettrisme pour les jeunes sortis du système scolaire et les adultes à l’horizon 2027, en mobilisant les préfets, les missions locales, les PLIE et en utilisant un service national revu et corrigé ;

● Nous lancerons une campagne de prévention sur l’usage des écrans, des réseaux sociaux, sur la publicité, etc. au sein des établissements scolaires et structures d’accueil de jeunes.

Addiction aux jeux d’argent : la jeunesse en danger

Une récente étude de la SEDAP « Enquête enjeu-mineurs » parue fin 2021 révèle que près d’un tiers des adolescents de 15-17 participent à des jeux d’argent, essentiellement des paris sportifs en ligne. 7,5% d’entre eux seraient même en situation d’addiction grave.

La multiplication des offres de jeux d’argent en ligne, suivant sa déréglementation en 2010, et l’explosion de la publicité associée ces dernières années ont en partie mené à ce qui n’est ni plus ni moins une crise sanitaire frappant de plein fouet la jeunesse de notre pays.

L’absence de perspective d’émancipation collective et la panne ignorée de l’ascenseur sociale conduisent de plus en plus de jeunes à considérer que le seul moyen de sortir de la misère serait les jeux de hasard ou les paris sportifs. Le chômage de masse ou l’uberisation comme seul avenir ne pouvaient que mener à ce désastre. Les phénomènes addictifs qui en découlent conduisent à l’appauvrissement de mineurs déjà en situation de précarité, enrichissant des sociétés privées.

Il y a donc urgence à agir pour que ce nouvel opium du peuple cesse de mettre en danger la santé mentale et économique de milliers d’adolescents.

La publicité des paris sportifs doit être sévèrement réglementée. Mais que peut-on attendre d’un gouvernement et d’une majorité parlementaire libérale qui a déjà refusé l’année dernière de mettre fin à la publicité de produits polluants ?

Si les jeux d’argent ne peuvent pas être interdits, car cela créerait un marché parallèle en dehors de tout contrôle, nous demandons à ce qu’ils soient placés sous le contrôle exclusif et public de la Française Des Jeux. La déréglementation de 2010 et la captation de ce marché par le secteur privé a conduit à des pratiques commerciales favorisant la multiplication du jeu plutôt que la santé publique. Mais que peut-on attendre d’un gouvernement qui a privatisé la Française Des Jeux, livrant ainsi au marché un secteur dans lequel la maximisation effrénée des profits se fait au détriment de l’intérêt collectif ?

La jeunesse mérite mieux que d’être ballotée entre chômage, pauvreté, addiction et uberisation. Pour sortir de ce désastre, les adolescents doivent avoir accès à des politiques d’emploi, de formation et d’émancipation.

Les jeunes des quartiers populaires doivent être au centre du débat républicain

Dinks Turki, 21 ans, est coordinateur à Marseille pour la Gauche républicaine et socialiste (GRS) et responsable associatif. Il s’est engagé en politique pour faire entendre la voix des jeunes des quartiers populaires. Il était interrogé par les journalistes de France Info pour le format “Génération 2022” qui interroge les jeunes militants ou responsables associatifs à l’occasion de la campagne pour l’élection présidentielle du printemps. Un rappel fort qu’il y a un besoin de République concrète !

Emmanuel Macron contre la jeunesse

L’université publique ouverte à tous est un des ferments de la République. Quand Emmanuel Macron a voulu s’y attaquer la semaine, évoquant l’impossibilité d’en maintenir la gratuité, il a illustré une fois de plus sa volonté de démanteler un par un les services publics et les institutions qui caractérisent notre Nation.

Tout au long du quinquennat, l’université publique a été malmenée par le président de la République et son gouvernement. La réforme de Parcoursup, plateforme centralisée décidant de l’orientation post bac des lycéens, a laissé des milliers d’étudiants sans proposition de formation, les livrant sans diplôme au marché du travail où le chômage des jeunes non diplômés est catastrophique. Son discours du 13 janvier 2022 à la conférence des présidents d’université a confirmé son absence totale de politique sérieuse concernant ce secteur-clef pour l’émancipation économique et intellectuelle des jeunes citoyens français. Enchaînant les poncifs néolibéraux, il y a parlé « compétition internationale », « favoriser les synergies », problème « démographique ». Un seul mot manquait qui résumait pourtant tout le discours à lui seul : austérité. Alors que la dépense publique par étudiant n’a fait que baisser depuis la crise de 2008 (moins 12%), il a alors proposé une solution miracle : mettre fin à la gratuité de l’université.

Le modèle de l’université payante, en place dans les pays anglo-saxons, n’est absolument pas viable sur le long terme. Il se traduit nécessairement par un endettement massif des étudiants et de leur famille, accentuant donc la précarisation des classes moyennes et populaires. Cela crée des bulles spéculatives et augmente le poids de la rente dans l’économie avec le versement d’intérêts. Enfin, une éventuelle garantie publique sur ces prêts, telle qu’elle serait probablement proposée, aurait un coût pour l’État très important lors des crises économiques et des défauts de paiement en cascade. Comme en 2008, la dette privée serait alors reprise en dette publique, qui servirait à son tour de justification à l’austérité. Au-delà donc des coûts pour les étudiants, cet endettement aurait un coût direct pour la société, et favoriserait les banques seules. Le mode de financement le plus efficace pour l’université, c’est le financement public.

Revenant sur ses propos quelques jours plus tard, il jure alors qu’il n’a jamais eu l’intention d’augmenter les frais universitaires pour les plus défavorisés. Sa proposition en creux serait donc de laisser l’université gratuite pour les étudiants dont les revenus sont faibles et la rendre payante pour ceux dont les revenus, ou ceux des parents, sont élevés. Or cela mènerait à un affaiblissement de l’université publique. En effet, face à la perspective d’une université payante, il y a fort à parier que les classes aisées privilégieront encore plus qu’aujourd’hui les écoles de commerce post-bac, les formations privées et les études à l’étranger. En résulterait une mixité sociale encore plus faible à l’université, qui souffre déjà de stratégie d’évitement. Or, quand les usagers d’un service public sont majoritairement issus des classes populaires, le penchant réactionnaire des Libéraux s’éveille. Les plus pauvres sont alors accusés, en dépit de toute forme de logique élémentaire, d’être des profiteurs du système et les financements sont réduits.

Le service public, contrairement au secteur privé, dispose d’une vocation universelle. En traiter les usagers différemment selon les revenus, c’est ouvrir la porte à la marchandisation. La SNCF, qui privilégie aujourd’hui le développement de son offre première classe plutôt que de répondre à sa mission de desservir tout le territoire, en est l’illustration probante. Casser l’universalité de la gratuité universitaire, c’est à la fois confirmer la marchandisation de l’éducation supérieure et contribuer à réduire le consentement à l’impôt. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’une mauvaise réponse au problème du financement universitaire, dans le pire des cas, il s’agit d’une stratégie délibérée pour casser un service public de plus. Après les banques, la distribution d’eau, de gaz et d’électricité, les jeux d’argent, les aéroports, le transport ferroviaire, il y aurait l’université ? Avant l’école, les hôpitaux, la production d’énergie ?

Emmanuel Macron aurait pu s’en tenir là, mais son mépris de la jeunesse, et en particulier de la jeunesse populaire, s’est déroulé avec encore plus de clarté dans la récente interview d’Alexis Kohler sur les perspectives d’un second quinquennat Macron. Ressortant du cimetière le Contrat Premier Embauche, il proposerait ainsi que les jeunes travaillent, en début de carrière, non plus 35 heures mais 45. Arguant du fait que les jeunes, moins fatigués que leurs aînés, pourraient délivrer plus de travail, il propose ainsi de mettre à mal leur santé au seul service du capital, puisque ces 45 heures ne seraient pas payées dans leur intégralité. Là encore, Emmanuel Macron tentera de mettre un coin dans l’universalité de la République, s’attaquant cette fois-ci au code du travail. Il poursuit ainsi une ligne de faille classique du néolibéralisme, qui tente remplacer la lutte des classes par la lutte des générations. Les jeunes qui refuseront seront considérés comme trop peu enclins au travail par les plus âgés, les plus âgés bénéficiant de contrat de travail à 35 heures seront vus comme des privilégiés par les plus jeunes. Les vrais privilégiés, ceux qui profitent de revenus issus de la rente, quel que soit l’âge, dormiront tranquille.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a eu en filigrane la destruction du service public et sa livraison au secteur privé pour maximiser les rentes actionnariales et minimiser les revenus du travail partagés. Les perspectives cauchemardesques qu’ils dressent pour un second quinquennat sont claires, ce sera à la jeunesse de contribuer au renforcement du capital, en travaillant plus sans gagner plus, en étant privé d’un service public universel de l’éducation supérieure.

La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle son engagement pour l’université publique gratuite et s’oppose avec fermeté à l’idée d’un contrat de travail différencié sur la durée du temps de travail.

Plutôt que de déplorer la privatisation croissante de l’enseignement supérieur, où le secteur public est de plus en plus concurrencé par des formations privées, notre camp politique doit proposer un contre-projet de création d’un grand pôle public de l’enseignement supérieur. Le financement de l’université, à l’arrêt depuis des années, doit être relancé. Nous proposons également de créer enfin (!) une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation. Il nous paraît par ailleurs nécessaire de sortir les dépenses publiques d’éducation et de formation professionnelle du calcul des déficits et d’élargir le programme Erasmus pour le rendre accessible à tous les jeunes Européens (non plus seulement à certains étudiants) pour ainsi en finir avec la sélection drastique qui fait des étudiants de ce programme des “heureux élus”. Pour lutter contre le chômage des jeunes, plutôt que d’augmenter la durée du travail (et donc de diminuer le nombre de postes disponibles), nous proposons le renforcement de la formation professionnelle et de développer le principe des territoires zéro chômeur, étendus à une classe d’âge. Qu’il s’agisse de l’enseignement supérieur ou de l’accès réel à l’emploi, une solution juste et universelle ne peut qu’être publique et commune. Car, pour reprendre la formule consacrée, quand tout sera privé, nous serons privés de tout.

“Vite, un vaste plan d’embauches pour les jeunes !”

Tribune publiée le 03/03/2021 à 10:14 dans Marianne Par David Cayla et Emmanuel Maurel

Crédit photo : Léo Pierre / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Créer un RSA pour les 18-25 ans ne suffira pas à réaliser leur insertion. L’État doit prendre en main le problème et embaucher dans l’éducation, dans les services, dans les services sociaux… Par David Cayla, enseignant-chercheur à l’université d’Angers et membre du collectif des Économistes atterrés, et Emmanuel Maurel, député européen et fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste.

L’interview surréaliste de la ministre du travail Elisabeth Borne demandant aux stations de ski d’embaucher virtuellement des saisonniers afin d’être remboursé à 100% par l’État démontre l’absurdité avec laquelle le gouvernement répond aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Ainsi, plutôt que créer lui-même des emplois, l’État préfère payer les salaires de personnes qui occuperont une activité fictive dans des stations de ski fermées.

La logique selon laquelle l’emploi privé serait une richesse et l’emploi public un coût, indépendamment de la valeur et de l’utilité sociale produites par les dits-emplois, est ici menée jusqu’à une conclusion qui défie le bon sens. La crise sanitaire a entrainé un effondrement de l’activité dans le secteur marchand. L’hôtellerie-restauration, le tourisme, la culture, le commerce de centre-ville… ont été particulièrement touchés. Exiger de ces entreprises qu’elles recrutent pour aussitôt les mettre au chômage partiel serait un jeu à somme nulle tant d’un point de vue économique que de celui de l’intérêt général.

Besoins immenses

Car au même moment, les besoins sont immenses dans les hôpitaux, les écoles, les universités, la sécurité, les services sociaux, les prisons, la justice… Mais tous ces secteurs, en tension depuis des années voire des décennies, où les personnels sont proches du burn out, ont le défaut d’appartenir au secteur public. Il n’est donc pas question de recruter. Certes, on ne forme pas un infirmier ou un enseignant en quelques mois, objectera-t-on. Mais à tout le moins pour le secteur médical, il serait possible de reprendre contact avec les personnels qui l’ont récemment quitté, qui se sont reconvertis ou qui préfèrent travailler par exemple en Allemagne ou en Suisse. Il serait tout aussi opportun, et socialement utile, de muscler l’Education nationale, en ouvrant des postes de tuteurs pédagogiques pour assurer un meilleur soutien scolaire, ou de surveillants pour mieux encadrer les élèves, les réguler dans les cantines, etc. Surtout, l’urgence écologique et l’incapacité du privé à répondre seul à ses défis, nécessite de programmer des embauches publiques massives. La jeunesse, dont la sensibilité à ces enjeux est très forte, pourrait répondre à l’appel de la collectivité.

Les faiblesses du service public sont grandes, a fortiori dans cette situation de crise sanitaire, économique et sociale, mais les dogmes austéritaires demeurent, comme si de rien n’était. L’un de ces dogmes, selon lequel le « vrai » emploi émanerait exclusivement du secteur marchand empêche de répondre efficacement à la crise. S’il est nécessaire d’aider les entreprises dont l’activité s’effondre, cela ne suffira pas à créer de l’emploi. Il faut donc aussi en créer dans le secteur public, là où sont les besoins. Le recrutement d’agents titulaires est nécessaire à moyen terme, notamment dans les administrations qui ont le plus souffert des réductions d’effectifs. Mais il faut aussi des emplois à court terme (CDD, contrats de mission) pour soulager au plus vite nos services publics, qui peinent à gérer la crise actuelle.

Offrir des débouchés

Créer des emplois publics, c’est aussi offrir des débouchés aux jeunes diplômés. Avant la crise sanitaire, le taux d’insertion à 18 mois des étudiants issus de l’université dépassait les 90%. En 2020, le nombre de postes ouverts aux personnes sans expérience a chuté de plus de 40%. En dépit de la qualité de leur formation, des centaines de milliers de jeunes risquent de ne pas pouvoir s’insérer professionnellement. Un récent sondage réalisé pour Syntec Conseil (association professionnelle des métiers du conseil) montrait que, fin 2020, seuls 54% des diplômés de l’année avaient trouvé un travail, un taux inférieur de vingt points à celui d’une année normale. Or, la situation risque de ne pas s’arranger en 2021, ce qui fait que toute une génération de diplômés risque de perdre les compétences acquises durant ses études en cumulant des années de galères, de petits boulots peu qualifiés et de chômage. Si l’on ne fait rien, plusieurs centaines de milliers de jeunes basculeront dans la précarité.

En décidant de subventionner l’apprentissage et les embauches des moins de 25 ans, le gouvernement n’a proposé qu’une réponse partielle. La gauche, qui milite pour étendre le RSA aux 18-25 ans, ne répond elle aussi que partiellement aux désirs d’insertion des jeunes. Il faut aller au-delà de la seule logique d’assistance financière. En plus des subventions au entreprises et des allocations aux ménages qu’il propose, l’État doit s’impliquer directement dans le secteur productif et engager un véritable plan d’embauches en direction des moins de 25 ans. Cela lui permettra de renforcer les services publics, d’accompagner l’activité des entreprises qu’il gère et de faciliter l’insertion professionnelle d’une génération durement touchée par la crise.

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