Ordonnance n° 2020-351 du 27 mars 2020 relative à l’organisation des examens et concours

Ordonnance n° 2020-351 du 27 mars 2020 relative à l’organisation des examens et concours

Ordonnance prise sur le fondement de l’article 11 de la loi d’urgence

L’ordonnance prévoit l’adaptation des concours et examens de la fonction publique en cours ou engagés « dont le déroulement a été ou est affecté par l’épidémie. » Il s’agit de garantir « la continuité de leur mise en œuvre, dans le respect du principe d’égalité de traitement des candidats », selon l’article 11 de la loi du 23 mars d’urgence, sur le fondement de laquelle est prise l’ordonnance.

L’article 5 de l’ordonnance affirme que les procédures de recrutement, d’avancement ou de promotion organisées dans les trois versants de la fonction publique (État, collectivités territoriales et hôpitaux) « peuvent être adaptées, notamment s’agissant du nombre et du contenu des épreuves. » Le rapport accompagnant l’ordonnance précise que « ces mesures pourront prendre la forme de la suppression des épreuves, notamment écrites, peu susceptibles d’être passées à distance, et du maintien des seules épreuves orales jugées nécessaires. »

En outre, pourront être prévues des « dérogations à l’obligation de la présence physique des candidats ou de tout ou partie des membres du jury ou de l’instance de sélection, lors de toute étape de la procédure de sélection. » Concrètement, « des dispositifs de visio-conférence ou d’audioconférence » seront mis en place « toutes les fois que les conditions matérielles seront réunies », indique le rapport. Dans ces circonstances, il est prétendu l’égalité de traitement entre les candidats restera un principe cardinal. Les garanties procédurales et techniques permettant d’assurer sa mise en œuvre seront fixées par décret. Le texte réglementaire à venir précisera aussi les moyens de lutter contre la fraude lors de l’organisation des épreuves adaptées.

Ces dispositions sont applicables du 12 mars au 31 décembre 2020.

Par ailleurs, la période de l’épidémie sera décomptée des 4 années pendant lesquelles les lauréats des concours de la fonction publique territoriale conservent le bénéfice de leur succès (c’est-à-dire la durée pendant laquelle ils sont inscrits sur une liste d’aptitude). Pour toutes les personnes concernées, les pendules se sont arrêtées le 12 mars 2020 et elles ne redémarreront que 2 mois après la fin de l’état d’urgence sanitaire.

Les modalités d’accès aux formations de l’enseignement supérieur peuvent elles aussi être adaptées, alors que certains instituts régionaux du travail social (IRTS), comme celui de Lorraine, ont déjà annoncé le report jusqu’à nouvel ordre de leurs entretiens d’admission.

Ces adaptations pourront porter sur la nature des épreuves, leur nombre, leur contenu, leur coefficient ou leurs conditions d’organisation, « qui peut notamment s’effectuer de manière dématérialisée ». Elles devront permettre le respect du principe d’égalité de traitement des candidats.

Les jurys d’examens pourront eux aussi faire l’objet d’aménagement, notamment en ce qui concerne leur composition ou l’application des règles de quorum. Là encore, il pourra être recouru à la visio-conférence « par le biais de tous moyens de télécommunication permettant leur identification et garantissant leur participation effective ainsi que la confidentialité des débats ».

Ordonnance relative à la prorogation des mandats des conseillers consulaires et des délégués consulaires et aux modalités d’organisation du scrutin

Ordonnance relative à la prorogation des mandats des conseillers consulaires et des délégués consulaires et aux modalités d’organisation du scrutin

Ordonnance prise sur le fondement de l’article 21 de la loi d’urgence qui reporte à fin juin au plus tard les élections consulaires qui devaient se tenir les 16 et 17 mai 2020.

L’ordonnance réorganise les élections consulaires. L’échéancier des élections tiendrait dans un laps de temps de 40 jours contre 90 jours en temps normal.

Sont refixés les délais légaux des échéances suivantes : la convocation des électeurs (au plus tard 40 jours avant le scrutin), les nouvelles déclarations de candidatures (au plus tard 30 jours avant le scrutin), la délivrance du récépissé définitif de candidature (48h), l’état des déclarations de candidatures (29 jours avant le scrutin), l’information des électeurs (au plus tard 18 jours avant le scrutin).

! Point d’alerte ! : Le gouvernement rouvre le délai de dépôt des candidatures alors que celui-ci était clos depuis début mars. Ce délai supplémentaire me paraît redonner une chance à LREM qui peinait jusqu’ici à trouver des candidats.

Ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 relative à la prorogation des délais échus et à l’adaptation des procédures

Ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 relative à la prorogation des délais échus et à l’adaptation des procédures

ordonnance prise sur le fondement des a et le b du 2° du I de l’article 11 de la loi d’urgence

Cette ordonnance permet que lorsque des démarches, quelle que soit leur forme (acte, formalité, inscription, etc.) dont l’absence d’accomplissement peut produire des effets juridiques tels qu’une sanction, une prescription ou la déchéance d’un droit, n’ont pas pu être réalisées pendant la période d’état d’urgence augmentée d’un mois, elles pourront l’être à l’issue de cette période dans le délai normalement prévu et au plus tard dans un délai de 2 mois suivant la fin de cette période.

Elle prolonge certaines mesures juridictionnelles ou administratives. Elle prévoit aussi, pour les relations avec l’administration, la suspension de certains délais, principalement ceux aux termes desquels une décision administrative peut naître dans le silence de l’administration.

L’ordonnance comporte des mesures suspendant les délais applicables aux demandes présentées aux autorités administratives. Sont concernées les demandes donnant lieu à une décision d’une autorité administrative, et notamment des décisions implicites d’acceptation ou de rejet ainsi que les délais fixés pour les acteurs pris dans le cadre de la procédure d’instruction de ces demandes.

À titre d’illustration, les demandes formulées en matière de droit des sols (déclaration de travaux, permis de construire, permis d’aménager, etc.) sont visées, ainsi que les délais applicables aux déclarations présentées aux autorités administratives, par exemple une déclaration d’intention d’aliéner (DIA).

Il en est de même pour les délais de consultation du public ou de toute instance ou autorité, préalables à la prise d’une décision par une autorité administrative. Par exemple, ces dispositions permettront de suspendre des consultations ou des enquêtes publiques en cours, ou de permettre la consultation d’instances qui n’auront pu se réunir.

Ordonnance relative aux mesures de continuité budgétaire, financière et fiscale des collectivités territoriales et des établissements publics locaux

Ordonnance relative aux mesures de continuité budgétaire, financière et fiscale des  collectivités territoriales et des établissements publics locaux

Ordonnance prise sur le fondement de l’article 11 de la loi d’urgence

À titre principal, il s’agit d’apporter aux collectivités locales des souplesses s’agissant notamment des délais d’adoption du vote annuel du budget, de la fixation des taux de fiscalité locale ou des montants des redevances, autant de décisions qui devraient intervenir dans cette période mais qui ne pourront pas être prises dans les délais habituels.

Sont concernés :

  • La date limite de vote des taux et des tarifs des impôts locaux pour les collectivités territoriales, les collectivités à statut particulier et les intercommunalités à fiscalité propre est reporté au 3 juillet 2020 ;
  • Les dates limites d’adoption du budget primitif et du compte administratif sont reportées au 31 juillet 2020. Le compte de gestion établi par le comptable de la collectivité territoriale devra être transmis avant le 1er juillet 2020.
  • L’article 216 du budget 2020 qui avançait au 1er juillet de l’année N-1 la date limite avant laquelle les communes, les intercommunalités à fiscalité propre, les syndicats intercommunaux exerçant la compétence d’autorité organisatrice de la distribution publique d’électricité et les départements devaient délibérer pour adopter les tarifs de la taxe sur la consommation finale d’électricité (TCFE) n’entrera finalement en vigueur qu’au 1er juillet 2021. En conséquence, pour 2020, ces collectivités et groupements pourront adopter ces tarifs jusqu’au 1er octobre, comme précédemment.
  • Les syndicats mixtes compétents pour l’enlèvement des ordures ménagères pourront instituer la redevance d’enlèvement des ordures ménagères jusqu’au 1er septembre 2020, et non plus au 1er juillet comme cela était prévu.

Pour les collectivités territoriales, leurs groupements et leurs établissements publics qui n’ont pas adopté leur budget 2020, les exécutifs sont autorisés, pour les dépenses d’investissement, à engager, liquider et mandater les dépenses dans la limite des crédits du budget 2019 et sans autorisation de l’organe délibérant. À titre exceptionnel, pour l’exercice 2020, il est possible de procéder à des virements de chapitre à chapitre dans la limite de 15% du montant des dépenses réelles de chaque section.

Pour faciliter l’attribution d’aides aux entreprises, les présidents de conseils régionaux sont autorisés à décider eux-mêmes de l’octroi des aides, sauf si le conseil régional s’y oppose par délibération (ce qui signifie que le conseil ou sa commission permanente (?) doit pouvoir se réunir). Les aides sont plafonnées à 100 000 € par aide octroyée, dans la limite des crédits inscrits au budget et sont autorisées jusqu’à une date qui sera fixée par décret et au plus tard jusqu’à six mois à compter de la publication de l’ordonnance. Cette délégation est assortie d’une obligation pour le président du conseil régional de rendre compte de son exercice devant le conseil régional et d’informer la commission permanente. Les décisions sont soumises au contrôle de légalité et au droit européen des aides d’Etat, alors que le gouvernement avait la possibilité d’y déroger.

Sauf délibération contraire de leurs organes délibérants, les exécutifs de chaque collectivités territoriale ou intercommunalités peuvent signer avec l’État la convention portant contribution au fonds de solidarité à destination des entreprises particulièrement touchées (cf. ordonnance ad hoc).

Préfet Lallement : le dérapage de trop !

De piètres excuses ne suffisent pas. Comment ne pas imaginer l’indignation et la colère des malades et de leurs proches devant sa déclaration irresponsable qui vise à les culpabiliser et à les montrer du doigt alors même qu’ils sont plongés dans la souffrance. Dans cette période difficile pour la nation, la gauche républicaine et socialiste déplore une telle stratégie de communication qui renvoie la responsabilité aux individus pour mieux faire oublier les manquements de l’État. Le préfet Lallement, multirécidiviste des provocations et des vexations, tout le monde se souvient qu’il avait déclaré ne pas “être dans le même camp” que des manifestants pacifiques, s’est définitivement écarté du champ républicain. Pour toutes ces raisons, la Gauche Républicaine et Socialiste appelle à la démission du préfet Lallement, ou à défaut à sa révocation.

L’après

Par Mathias Weidenberg

Pendant plusieurs années, décennies même, le débat au fond était rendu impossible par les attaques sur la forme, la personne, ou le procès en „posture“.
Celle ou celui qui critiquait l’absence de solidarité européenne, l’absurdité du libre échange, l’injustice de partage des revenus, qui souhaitait rappeler dans le débat public les notions de biens communs, intérêt public, cohésion sociale, prospérité partagée, durable et écologique, ne se voyait que rarement opposé des faits, une discussion raisonnée, argumentée.
„Postures“ pour conquérir des postes, „gauchisme irresponsable“ conduisant au stalinisme, „euroscepticisme“ assimilable à l’extrême-droite, tout était bon pour réduire le débat à des variantes acceptées du néolibéralisme hégémonique et l’excommunication de ses critiques d’où qu’elles viennent.

La crise économique provoquée par la crise pandémique est une crise balayant les arguments des économistes néolibéraux. De plus en plus d’économistes le disent „c’est une crise de l’offre ET de la demande“. Cette formule permet encore de dissimuler l’ampleur du choc systémique. C’est tout qu’il va falloir réorganiser, refinancer, reconstruire.

La crise pandémique rappelle également des réalités matérielles immanentes : nous sommes mortels, l’organisation en société n’est pas la conséquence d’une oppression d’un individu libre jusqu’à la folie de l’égoïsme le plus cupide, mais le modèle le plus éprouvé pour construire par la solidarité des protections collectives contre la maladie et ainsi retarder le moment de la mort. Le corps social garantit la survie qui elle même est la condition de l’exercice des libertés individuelles. Refuser les solidarités, les mutualisations, les sécurités collectives au nom de l’agent économique individuel, c’est oublier les réalités immanentes, c’est tourner le dos à l’amour, l’amitié, la compassion, la coopération, la consolation.
Le communautarisme est une des variantes de l’individualisme, dans laquelle une définition arbitraire vise à soustraire au corps social une composante. La religion, la langue, l’identité sexuelle, l’origine ethnique, une combinaison de tout cela en sont la marque. Des communautés refusent la solidarité du confinement et mettent l’ensemble de la société en danger au nom de leur vérité individuelle, religieuse ou autre.
Là aussi, le virus rappelle que la condition humaine est universelle.

Les critiques de notre mode de production, d’échange, et des constructions politiques et sociales l’accompagnant, étaient fondées. L’absence de débat au fond n’a pas permis de préparer ceux qui gouvernent aux faiblesses de leur propre système de croyance et d’action. Leur arrogance ne leur permet pas non plus de rechercher dans leurs critiques passés les instruments pour surmonter la crise pandémique et sa conséquence économique, sociale, démocratique.

C’est la conséquence d’un clivage insoluble construit par des groupes de presse de plus en plus concentrés par des milliardaires soucieux de protéger leurs intérêts égoïstes plutôt que soucieux d’intérêt général, confondant leur destin individuel avec celui de l’humanité. L’absence de débat au fond, par l’imprécation et le déni de légitimité, empêche le dialogue, donc l’échange, et le compromis.

C’est là l’écueil de toute cette crise : 15 ans de bombardement médiatique, cinq ans de LBD, cela ne permet pas de définir dans la confusion de la crise les bases pour trouver collectivement les solutions.

Certains pensent qu’il faut attendre que la crise pandémique soit passée. Mais c’est pendant cette crise que se créent de nouvelles réalités et de nouveaux rapports de force.

Jamais l’humanité n’avait acceptée aussi rapidement et collectivement de telles restrictions des libertés individuelles au nom d’un intérêt commun supérieur.
C’est à la fois un signe d’espoir : oui, nous pouvons tous nous mobiliser lorsqu’il s’agit d’une menace existentielle.
Ensemble.
Et un signe d’alerte : l’abolition volontaire de nos libertés ouvre la voie à leur abolition forcée.

C’est l’état de la réflexion ce matin.
Restez en bonne santé, restez chez vous.

Le démantèlement de l’hôpital public n’est pas un fantasme

Une tribune de Caroline Fiat, députée Gauche républicaine &
socialiste (membre du groupe parlementaire La France Insoumise)

La période d’épidémie du Covid-19 mobilise entièrement la nation. Chaque français joue un rôle dans cette lutte contre l’expansion du virus. Les professionnels de santé, en première ligne, tous ceux qui continuent à maintenir à flot certains secteurs essentiels – en seconde ligne, et tous les français en s’adaptant et en respectant les règles liées au confinement.

Pour l’heure, le Président de la République Emmanuel Macron l’a rappelé, l’objectif est d’être uni dans la lutte contre le virus, d’être responsable pour mener la guerre.

Néanmoins, l’expression de visions alternatives est un impératif – c’est la raison de la reprise des travaux du Parlement, même dans un format réduit – et le moment nous donne plus que jamais l’occasion de prendre du recul sur les politiques de ces dernières décennies pour comprendre ce qui a conduit à la situation catastrophique que nous connaissons. 

Dans ce contexte, Frédéric Lordon, économiste de formation, chercheur en philosophie sociale au CNRS, a trempé sa plume dans le vitriol pour attaquer le système néolibéral, architecte de cette construction bancale qui s’effondre devant nos yeux. Le feuillet encore chaud, Eric Verhaege, haut-fonctionnaire, contributeur à Contrepoints et FigaroVox lui a répondu avec véhémence laissant entendre que le budget la Sécurité sociale et plus précisément celui de nos hôpitaux ne s’étaient jamais si bien portés ces dix dernières années. D’un côté il y aurait le ressenti des soignants et des français, de l’autre la réalité des chiffres.

Jouons le jeu. Regardons ce que nous disent les chiffres justement sur la situation de l’hôpital public aujourd’hui. 

Lorsque l’Eric Verhaege affirme que le budget des hôpitaux a connu une hausse de 25% entre 2009 et 2020, soit deux fois plus rapide l’inflation, il oublie de dire que les charges des hôpitaux ont, elles, cru bien plus rapidement du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques. 

L’énarque fait ici preuve d’une remarquable malhonnêteté intellectuelle puisque pour juger de la bonne santé de notre hôpital public, il se contente d’en observer le budget, hors de tout contexte. Mais le démantèlement d’un service public ne s’observe qu’en comparant les recettes avec les charges induites par les besoins à satisfaire. En d’autres termes, il faut calculer les économies réalisées.

Chaque année, l’hôpital voit ainsi ses charges augmenter d’environ 4%. Dès lors, lorsque son budget ne croit que de 2% par an, le compte n’y est pas. Ainsi, en 2018, malgré un budget en hausse, les hôpitaux devaient réaliser 960 millions d’euros d’économies. En 2019, rebelotte à hauteur de 650 millions d’euros cette fois-ci. 

Lors du vote du budget pour 2020, malgré l’annonce en grande pompe d’un « Grand plan pour l’hôpital », 800 millions d’euros d’économies étaient demandés aux hôpitaux et 4,2 milliards à l’Assurance maladie. On arrive à un total de 12,2 milliards d’économies sur les dépenses de santé depuis l’arrivée de Macron. Les chiffres font froid dans le dos, la réalité encore davantage.

Regroupements hospitaliers, fermetures de maternités (plus de la moitié en seulement 40 ans), incitation croissante à la pratique libérale… les faits sont têtus. 

Eric Verhaege juge que la fermeture des lits n’est que le corollaire des progrès scientifiques en matière de médecine ambulatoire. Il pointe alors « la fermeture assez naturelle du nombre de lits, devenus inutiles faute de malades en nombres suffisants. » Il fallait oser ! L’argument serait risible s’il n’y avait pas une réalité soignante derrière
faite de souffrance au travail. Courir d’un service à un autre pour trouver un lit de libre à un patient est devenu le quotidien dans certains services, tout particulièrement les services d’urgence. Non les 100 000 lits fermés ces 20 dernières années ne sont pas le simple fait de fulgurants progrès en santé.

Par ailleurs, quand il fait état d’une bureaucratie plus souple dans les structures de santé privées qu’au sein de l’hôpital public, il fait fi des différences de patientèles et de soins pris en charges. En effet, le privé se paie le luxe de choisir ses soins et ses patients. Ainsi, tandis qu’une clinique privée pratique essentiellement de la médecine en ambulatoire, les structures publiques doivent prendre en charge les hospitalisations de longue durée, ce qui induit nécessairement des charges administratives supplémentaires.

Il aura fallu un virus, le Covid-19 pour que soient ébranlées les certitudes austéritaires de nos dirigeants. Car en effet, l’heure est au mea culpa. Le Président de la République a annoncé, ce Mercredi 25 mars, à Mulhouse, qu’un grand plan sur la santé aura lieu à la suite de cette crise. Il atteste du fait que, jusqu’à présent, ce secteur a manqué terriblement de moyens.

Pour l’hôpital, la solidarité pas la charité !

Pour répondre à la détresse budgétaire dans laquelle l’hôpital public se trouve, le ministre des finances Gérald Darmanin , dans un exercice d’autopromotion ne manquant pas de mettre en avant ses origines sociales modestes largement oubliées depuis qu’il est ministre d’un des gouvernements les plus réactionnaires connus sous la cinquième République, a trouvé une idée qui lui semble disruptive et novatrice : lancer une cagnotte en faisant appel aux plus fortunés.

De toutes les outrances du macronisme, celle-ci est particulièrement odieuse.

La sécurité sociale et la solidarité nationale ne reposent pas sur le don, mais sur l’impôt. Ce que veut rétablir monsieur Darmanin, c’est l’assistance publique par la charité. La gestion des problèmes sanitaires et sociaux serait au bon vouloir des fortunés. La République Sociale, ce n’est pas ça ! Le Conseil National de la Résistance, à qui nous devons notre modèle social tellement mis à mal par bientôt quarante de néolibéralisme dont Emmanuel Macron est la synthèse la plus radicale et aboutie, ne s’est pas battu pour que les puissances de l’argent versent l’obole aux pauvres et à leurs hospices. Il a fait émerger un système social protecteur qui reposait sur des caisses de sécurité sociale et sur l’impôt, finançant des hôpitaux ouverts à tous.

Depuis un an les personnels soignants sont en grève pour défendre le service public et pour leur dignité au travail. En les rendant indigents et en voulant les rétribuer à l’aide de cagnottes, le ministre en charge du financement de l’Etat les humilie une fois de plus, au moment où nous leur sommes tant redevable.

Le mode de financement de l’Etat et des services publics ne doit pas passer par de sinistres cagnottes aux noms desquelles nous devrions remercier de généreux bienfaiteurs. Les classes aisées ont bénéficié de baisses d’impôts systématiques qui ont creusé les inégalités et contribué à la destruction de notre système sanitaire.#PlusQueJamais , La Gauche Républicaine et Socialiste propose que le financement en urgence de l’hôpital se fasse par le rétablissement de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, car c’est la solidarité, et non la charité, qui fonde le contrat social de notre République.

Pour notre souveraineté sanitaire, nationalisons Luxfer !

Les libéraux nous ont fait une belle promesse, celle qu’en laissant les marchés décider seuls, la société gagnerait en bien-être. L’Histoire et nos quotidiens sont remplis de contre-exemples qui prouvent qu’il n’en est rien. La concentration des activités au sein de quelques multinationales tentaculaires, l’avidité de leurs actionnaires et la recherche permanente d’un maximum de profit en un minimum de temps ont condamné de nombreuses activités industrielles sur le territoire national, délocalisées vers des pays où bien souvent les travailleurs sont sous-rémunérés et possèdent des droits inférieurs à ceux des français. Ce dumping social, et souvent aussi environnemental, a bien sûr causé la destruction de centaines de milliers, voire de millions d’emplois dans notre pays, si bien qu’alors que nous connaissons un chômage de masse structurel, nous continuons à laisser délocaliser des activités industrielles. La conséquence pour notre économie est évidemment la dépendance aux importations pour ce que nous ne produisons pas ou avons cessé de produire. En période de crise, comme celle que nous connaissons actuellement avec l’épidémie de Covid-19, l’approvisionnement de nombreux secteurs s’en retrouve fragilisé.

C’est le cas plus particulièrement de la production de bouteilles d’oxygène : l’usine Luxfer de Gerzat (63), dernier site de production de France et d’Europe hors Royaume-Uni, est à l’arrêt, suite à la décision du groupe de le fermer définitivement le 26 novembre 2018. Les bouteilles de gaz produites à Gerzat sont d’une qualité unique au monde et destinées à contenir notamment de l’oxygène pour les hôpitaux et les pompiers. Le savoir-faire des salariés de Gerzat est unique (alliages, processus de production, contrôle de la qualité). Le site est rentable, malgré la baisse drastique des investissements du groupe, et pourrait l’être encore davantage. Le motif avancé serait un manque de « compétitivité » de l’usine de Gerzat. Il n’en est rien. En réalité, les 136 salariés en CDI et les 27 intérimaires sont sacrifiés sur l’autel de la finance. Où sont donc passés les 230 000 € annuels que touche Luxfer au titre du CICE pour l’usine de Gerzat depuis 2013 ? Le Ministère de l’Economie a validé le motif économique des licenciements, alors que l’inspection du travail elle-même l’avait retoqué. 111 salariés et 14 intérimaires contestent aujourd’hui leur licenciement devant les prud’hommes.

Cela fait 15 mois que les salariés sont mobilisés pour faire entendre leur voix, leurs droits et leur volonté de maintenir l’activité sur l’usine de Gerzat. Ils ont cherché et trouvé des repreneurs. Ils ont élaboré un projet de SCOP. Pourtant, le Ministère de l’Economie et le groupe Luxfer n’ont pas fait leur part du travail, malgré les engagements pris au titre de la « revitalisation » du site. Le 20 janvier 2020, les salariés ont été contraints de bloquer l’usine pour empêcher la direction de Luxfer de démanteler le site et de détruire les machines. Tout cela a plus qu’assez duré. Il est temps de rendre hommage aux salariés de Luxfer, car leur combat est d’intérêt général. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. La CGT vient de lancer un appel à la nationalisation du site de Gerzat. La pétition est disponible ici : http://chng.it/hXcVQM5Jkk.

Nous avons plus que jamais besoin de bouteilles d’oxygène. Nous devons les produire en France. Nous pouvons les produire à Gerzat. L’enjeu est de préserver l’emploi dans un bassin de vie déjà très sinistré. L’enjeu est de préserver un savoir-faire industriel majeur. L’enjeu est de préserver une production d’intérêt public. Il est urgent et indispensable de nationaliser immédiatement l’usine de Gerzat pour relancer la production de bouteilles de gaz. Air Liquide, l’un des clients de l’usine, a annoncé le doublement de sa production de bouteilles d’oxygène : il va bien falloir lui fournir des contenants ! La responsabilité est dans le camp du gouvernement : va-t-il assumer, au nom de son dogmatisme libéral, de risquer la pénurie de bouteilles d’oxygène, en pleine épidémie d’un virus causant précisément des troubles respiratoires ?

Au-delà de ce cas particulier, c’est notre souveraineté sanitaire qui est en cause. Nos hôpitaux manquent de matériel en tout genre, de masques, de gel hydro-alcoolique, de respirateurs, de médicaments. La rupture des chaînes d’approvisionnement venant de Chine nous appelle à mettre l’intérêt général avant la compétitivité, l’utilité publique avant les intérêts privés, les vies avant les profits. La France est suffisamment dotée en savoir-faire, en technologie, en main d’œuvre pour assurer son indépendance sur les secteurs les plus essentiels : la santé en fait partie. Il n’y a là aucun égoïsme national ni aucun chauvinisme. Nous n’avons pas d’autres choix que d’assurer la sécurité et la qualité permanente de l’approvisionnement de notre système de santé en matériel médical.

Mobilisons-nous. Signons ! Partageons ! Amitiés et respect aux Luxfer : vous êtes aujourd’hui le nom de la dignité des travailleurs.

Union Européenne: pas d’élargissement dans le dos des Français

Nous vivons une
situation sanitaire inédite et l’Union Européenne ne parvient pas à
faire vivre la solidarité entre les Etats membres. Dans ce contexte,
la décision d’Emmanuel Macron de retirer le véto de la France à
l’élargissement de l’UE à la Macédoine du Nord et à l’Albanie
sans consulter ni les Français ni le Parlement est une faute
politique majeure. Les réformes des retraites et de
l’assurance-chômage ont été repoussées pour ne pas diviser la
Nation dans l’épreuve que nous traversons. Faire ce choix dans le
dos des Français, alors que l’Union Européenne démontre son
incapacité à répondre à une crise majeure relève de
l’opportunisme cynique ou de la faiblesse politique. Dans le chaos
ambiant de la pandémie, le commissaire européen à l’élargissement
joue le rôle de l’orchestre du Titanic jouant en plein naufrage, en
se déclarant “très heureux” de cette formalité.

Nous formulons nos
craintes que cette décision accroisse encore un peu plus la
désaffection des Français contre l’Union Européenne, et renforce
le sentiment que ce sont des élites politique déconnectées du
peuple qui mènent des négociations majeures sans qu’il soit possible
de les contrôler. La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle
ainsi son opposition à tout nouvel élargissement de l’Union
Européenne sans passer par un référendum.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.