Ensemble, continuons d’emprunter les chemins de l’espoir !

La gauche c’est une histoire et un héritage sur lesquels nous fondons nos principes, mais c’est surtout un projet d’avenir pour relever les défis de la justice sociale, du changement climatique et de la souveraineté populaire.

Ensemble continuons d’emprunter les chemins de l’espoir : dès le 12 juin, votez et faites voter pour les candidats de la Gauche Républicaine.

Retrouvez les candidats et le programme complet sur www.gaucherepublicaine2022.fr

CELLES ET CEUX QUI TRAVAILLENT DANS NOTRE SYSTÈME DE SOINS NE DOIVENT PLUS ÊTRE BERCÉS DE PROMESSES SANS LENDEMAIN

La Fédération de la Gauche Républicaine (Gauche Républicaine et Socialiste, MRC, Les Radicaux de Gauche, Nouvelle Gauche Socialiste, L’Engagement) apporte son soutien aux soignants de l’hôpital public qui subissent depuis des années des contraintes budgétaires sans considération pour la qualité des soins. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas changé cette orientation malgré les beaux discours post-COVID.

Les mouvements de grève exceptionnels dans ce secteur se multiplient depuis 3 ans en particulier dans les services d’urgence (2019), les infirmières anesthésistes (2021), les sages-femmes … La difficulté pour nos concitoyens à trouver un médecin traitant ou à accéder à certaines spécialités renforce encore le malaise grandissant.

Le gouvernement semble attendre l’effondrement du service public de façon absolument cynique. Il est grand temps de changer de braquet en mettant en priorité la qualité des conditions de travail pour l’ensemble des soignants comme pour le secteur médico-social.

NOUS APPELONS TOUS LES FRANÇAIS À MANIFESTER LEUR SOUTIEN AUX GRÈVES ET MANIFESTATIONS ORGANISÉES LE 7 JUIN ET AU DELÀ.

Les candidates de la Gauche Républicaine remercient les Français de l’étranger

5 ans après le désespérant raz-de-marée macroniste dans les circonscriptions des Français de l’étranger, les candidates et candidats de la Gauche Républicaine se réjouissent de la progression de la gauche chez nos compatriotes établis hors de France.
Le bilan du premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas seulement été calamiteux pour les Français d’Outre Mer et de l’hexagone, mais aussi pour tous les Français où qu’ils soient dans le monde.

Nous nous réjouissons d’avoir apporté notre pierre à ce combat et bien que nos résultats soient modestes, ils inscrivent désormais clairement notre présence chez les Français résidant hors de France alors même que nous nous étions constitués très récemment.
Nous remercions chaleureusement les 5037 électrices et électeurs qui ont porté leurs suffrages sur nos dix candidates, ils ont avec nous semé des graines pour l’avenir !

Nous avons bien l’intention de poursuivre notre combat collectif pour défendre auprès de nos compatriotes nos principes de justice sociale et climatique, de souveraineté populaire concrète et d’universalisme républicain, comme nous l’avons fait à la mesure de nos moyens lors de la campagne du premier tour des élections législatives.

Les usagers des transiliens doivent être traités avec dignité !

Samedi soir, des usagers des transports en commun de la gare de l’Est se sont retrouvés sans train suite à de fortes intempéries.
La mise en place de bus de substitution s’est faite très lentement et a généré une exaspération bien compréhensible. Or quand il ne s’agit pas d’orages violents, il s’agit de vol de câbles, de personnes sur les voies, d’incidents techniques ou de travaux qui s’éternisent depuis des années. Les conditions de transport dans les transiliens, particulièrement sur les lignes K, P et RER B – en raison des travaux pour le CDG express – se détériorent et deviennent très pénibles à vivre.
Au lieu de rassurer, d’orienter et de conseiller, les forces de l’ordre sont intervenues pour gazer les usagers trop pressés d’entrer dans l’un des quelques bus mis en place. Il n’est pas acceptable de gazer à tout va des citoyens – quand bien même ceux-ci exprimeraient une colère trop forte au goût des forces de l’ordre – et cela sans avoir à rendre compte. Les forces de l’ordre ne doivent pas user de leur force systématiquement ! En agissant de la sorte, elles se décrédibilisent vis-à-vis des citoyens, traités systématiquement comme des voyous : on ne maintient pas l’ordre dans cette situation et de cette façon !
Nous sommes solidaires des usagers des Transiliens qui subissent de plus en plus les désagréments des trains supprimés et en retard, en plus de conditions de transports déjà dégradées dans des wagons surchargés.
Le transport du quotidien doit redevenir une priorité collective ; il n’est pas acceptable que les Franciliens continuent d’être traités comme du bétail : c’est une exigence humaine, écologique et sociale.

Campagne audiovisuelle pour les élections législatives

📺Découvrez en avant première notre clip de la campagne officielle pour les élections législatives.🗳

Les dimanches 12 et 19 juin 2022, vous pouvez dire non à Macron en votant pour une gauche qui sait où elle va et pour qui elle se bat, une gauche qui n’a pas oublié la nécessité de notre souveraineté industrielle, d’une révolution écologique pour une France débarrassée du pétrole qui ne pénalise pas les plus modestes, et qui ne renie pas le message universaliste et laïque de la République française. Votez pour les candidates et les candidats de la gauche républicaine.

La Fédération de la Gauche Républicaine présente 100 candidats aux élections législatives

Au second tour de l’élection présidentielle, nous avons écarté le danger Le Pen. Aux élections législatives, nous pouvons faire échec à Emmanuel Macron.

Convaincus de l’inanité de la thèse des « gauches irréconciliables », nous avions plaidé (en vain) pour un programme élaboré en commun avant la présidentielle. Et cela à rebours des protagonistes actuels, qui jugeaient l’union impossible voire détestable. Le rassemblement amorcé par la gauche française va donc dans le bon sens.

Mais la gauche unie, ce n’est pas la gauche unique. Le choix d’imposer un seul candidat dans toutes les circonscriptions dès le 1er tour n’est pas forcément pertinent ou efficace.

Ces pratiques ne se justifient en réalité que dans les circonscriptions où l’extrême-droite risque de l’emporter ; et dans celles où la gauche risque d’être absente du 2nd tour.

Mais pour gagner face au programme de régression sociale du Président de la République, la gauche doit pouvoir s’exprimer dans toute sa diversité !

Cette diversité est d’autant plus nécessaire qu’une grande partie de nos concitoyens se sont détournés du vote de gauche, particulièrement les travailleurs des classes populaires éloignés des métropoles. La gauche ne doit délaisser personne ! Elle a vocation à reconquérir les cœurs et les esprits de ces électeurs, sur la base d’orientations claires, crédibles et rassembleuses.

C’est pourquoi nous défendons des thèmes essentiels, mais à ce jour insuffisamment abordés dans le débat public : la priorité absolue à l’éducation nationale, la défense exigeante de la laïcité, l’accès pour tous aux services publics, l’égalité territoriale, la réindustrialisation et la promotion du « Made in France », la sortie du pétrole avant 2040 et l’indépendance énergétique et alimentaire du pays.

Pour toutes ces raisons, nous présentons des candidats dans plus de 100 circonscriptions, afin d’exprimer cette singularité idéologique et politique. Ainsi, la Fédération de la Gauche Républicaine sera présente dans la moitié des départements.

Notre message aux électeurs est clair : nous voulons renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale. Pas plus qu’il n’existe de mandat impératif pour les élus, il ne saurait y avoir de vote impératif pour les électeurs.

Élections en Australie : victoire du Left Labour

Les élections générales australiennes de 2022 ont eu lieu le 21 mai, et ont ramené les travaillistes au pouvoir après presque une décennie de domination libérale.

Le système électoral australien repose sur le vote préférentiel. Dans chacune des 151 circonscriptions, les électeurs classent les candidats. Au moment du dépouillement, un candidat reçoit les voix de tous les bulletins qui l’ont classé en premier. Si aucun candidat n’atteint 50% des voix, celui arrivé en dernier est éliminé, et ses voix sont réallouées aux candidats en fonction des seconds choix de ses électeurs. Les candidats sont éliminés un à un jusqu’à ce que l’un d’eux dépasse la majorité absolue.

Si ce système semble à première vue favoriser les candidats modérés, le système politique australien ne dispose pas de parti centriste puissant, et la plupart des sièges sont remportés par l’un ou l’autre des deux grands partis qui structurent la vie politique australienne.

Un paysage politique spécifique

Il y a d’abord, à droite, une alliance de quatre partis, la Coalition, dont les différences sont plus géographiques qu’idéologiques. Le Parti Libéral National ne se présente qu’au Queensland (nord-est), le Country Liberal Party que dans le bastion travailliste des Territoires du Nord, le Parti National est puissant dans les zones rurales du sud-est. Dans le reste du pays, c’est le Parti Libéral qui représente la droite. Les cas de concurrence entre partis de la coalition sont rares, même si le système de vote préférentiel permettrait la division sans accroître les risques de défaite.

À gauche, le Parti Travailliste est en apparence plus uni, mais il est scindé en interne entre deux factions qui agissent de manière presque autonome. Left Labour et Right Labour se livrent périodiquement des guerres fratricides, afin d’obtenir les investitures dans les sièges-clefs et la direction du parti. Les syndicats australiens sont proches de l’un ou de l’autre, et l’adhésion à une faction repose sur des cotisations distinctes de celles d’adhésion au Parti Travailliste. Cependant, cet attelage tient la route malgré tout, et une fois les primaires internes achevées, les dissidences de la faction perdante sont rares. Le Left Labour dispose généralement de la majorité des militants, tandis qu’une majorité des parlementaires provient plutôt du Right Labour. Géographiquement, l’aile droite domine le sud-est, plus peuplé, tandis que l’aile gauche domine très largement le reste du pays.
Au-delà de ces deux grands partis et de leurs divisions respectives, les verts se sont imposés depuis plusieurs années comme la troisième force politique. L’extrême-droite est divisée entre le parti One Nation, dont le discours se concentre sur le rejet de l’immigration, et United Australia Party, libertarien et opposé aux mesures sanitaires de confinement.

Enfin, la Coalition a connu le départ de cadres féminines du parti, le jugeant trop peu actif sur les questions environnementales et féministes, qui ont décidé de se présenter sous un label commun appelé Teal Independants, « Indépendantes bleue verte » (littéralement « indépendantes bleues sarcelles ») – donc indépendantes, écologistes mais de droite.

Les jeux de pouvoir du Parlement australien ont de quoi faire pâlir House of Cards et Baron Noir. Le Premier Ministre sortant, Scott Morrison, avait renversé son prédécesseur Malcolm Turnbull dans un vote interne des parlementaires de la Coalition alors que celui-ci était Premier Ministre. Turnbull ayant lui-même renversé de manière similaire son prédécesseur Tony Abbott, lequel avait battu aux élections de 2013 le sortant travailliste Kevin Rudd, figure de l’aile droite du parti qui avait renversé à 4 mois des élections la Première Ministre Julia Gillard, plutôt issue de l’aile gauche du parti, aussi dans un vote interne des parlementaires.

Le retour de l’aile gauche travailliste aux manettes

C’est là le danger pour la frange gauche du parti travailliste. Les parlementaires ont le pouvoir de renverser un premier ministre issu de leur propre camp et usent abondamment de cette méthode. Le leader de l’opposition peut aussi se faire censurer par son groupe parlementaire, et la frange droite étant majoritaire, se hisser et se maintenir au pouvoir relève d’un jeu d’équilibriste compliqué pour Left Labour. Pourtant, c’est bel et bien dirigeant historique du Left Labour qui a conduit le Parti Travailliste lors des élections de samedi dernier.

L’accession à la tête du parti d’Anthony Albanese ne fut pas aisée. En 2013, le Right Labour avait renversé Mme Gillard à quatre mois des élections, lesquelles avaient été finalement perdues. Décrédibilisée auprès des militants, son leader M. Rudd ayant démissionné, l’aile droite avait pourtant réussi à conserver la direction du parti. La primaire opposait M. Albanese, pour le Left Labour, et M. Shorten, pour le Right Labour. Albanese gagna le vote des militants par 60% des voix, Shorten celui des parlementaires par 68% des députés, ce qui fut suffisant pour renverser le vote des militants. À la tête du Parti travailliste, M. Shorten connut deux défaites consécutives en 2016 et 2019, alors que les sondages donnaient les travaillistes gagnants. Ayant perdu toute crédibilité auprès des militants, Shorten dut démissionner, et M. Albanese fit un grand retour, et fut élu sans opposition à la tête du Parti Travailliste.

Pendant trois ans, il s’est attelé à construire les conditions d’accession au pouvoir par la gauche. Alors que la crise climatique se fait durement ressentir en Australie, M. Albanese a musclé le programme environnementaliste du parti, prenant le contre-pied d’une Coalition volontiers climato-sceptique. Avec un programme nettement plus interventionniste que celui de Shorten, M. Albanese a réussi, comme Jeremy Corbyn l’avait fait en Grande-Bretagne, à revigorer l’attrait du Parti Travailliste dans le corps central de la société australienne, les ouvriers, les employés, les travailleurs précaires. Les adhésions ont afflué, ils n’avaient pas eu autant de militants, 60 000, depuis 1954. Enfin, prenant à bras le corps la question des inégalités persistantes frappant les populations indigènes, Albanese a promis d’inscrire dans la constitution australienne la création d’une commission permanente portant la voix des Peuples Premiers et de faire la lumière sur les exactions de la période coloniale, promesse réitérée lors de son discours de victoire.

Ainsi furent réunies les conditions d’accession au pouvoir du l’aile gauche du Parti Travailliste australien. Avec 33% des voix préférentielles, contre 36% pour la Coalition, les travaillistes accèdent au pouvoir grâce aux bons reports des voix préférentielles des verts, qui culminent à plus de 11,5% des suffrages et obtiennent 3 députés, deux de plus qu’auparavant. Une fois les reports de voix intégrés, les travaillistes obtiennent 52% des suffrages et 75 sièges sur 151, contre 48% des voix et 58 sièges pour la Coalition. Entre 4 et 5% des voix chacun, les deux partis d’extrême-droite échouent à rentrer au Parlement, aucun de leurs candidats ne parvenant à remporter le scrutin préférentiel. En revanche, avec 5,5% des suffrages mais avec des voix très concentrées dans les banlieues chiques, les centristes libéralo-écolo-féministes Teal Independants parviennent à gagner 10 circonscriptions. Enfin, deux figures locales, l’une de la droite populiste, l’autre centriste, parviennent à se faire élire en tant qu’indépendants.

Trois sièges sont encore indéterminés, avec des résultats serrés entre travaillistes et libéraux. La victoire dans un seul d’entre eux suffirait pour garantir à M. Albanese, qui est déjà entré en fonction, la majorité absolue. Dans le cas contraire, les verts ont déjà indiqué vouloir travailler avec les travaillistes.

Dans tous les cas, la victoire du Left Labour, sur une plateforme ancrée à gauche, est incontestable. L’adage « les élections se gagnent au centre » se vérifie, non pas parce que M. Albanese a concouru sur une ligne centriste politiquement, mais parce qu’il s’est adressé au centre de la société, les classes populaires, celles qui sont le plus touchées par les crises, sanitaires, économiques, environnementales. La relative radicalité de son programme, avec des promesses de lutte anti-corruption, de réconciliation nationale avec les peuples aborigènes, d’extension de la sécurité sociale à la garde d’enfants, d’électrification du parc automobile australien, de dépenses publiques dans les infrastructures et de lutte résolue contre le réchauffement climatique, associée au respect des règles institutionnelles et à un discours posé et sans excès, ont garanti une majorité électorale inédite pour les travaillistes. Tout reste à faire, mais cela augure de beaux jours. Sur une ligne similaire, les travaillistes néo-zélandais se maintiennent durablement au pouvoir avec Jacinda Ardern depuis 2017. Un revirement à gauche océanien qu’il faut saluer.

Le Left Labour, historiquement, est bien moins atlantiste, « pacifiquiste » devrions-nous dire, que la Coalition ou le Right Labour. Espérons enfin que cela permettra à M. Albanese de rebâtir la confiance entre France et Australie, que l’annulation unilatérale des contrats d’armement par M. Morrison au profit des États-Unis avait anéantie.

La Gauche Républicaine et Socialiste salue la victoire de M. Albanese, et lui souhaite de réussir à mener sont programme de transformation sociale, économique et environnementale et de réconciliation nationale, et nous espérons qu’il restaurera l’amitié entre nos deux pays.

Nous serons présents et mobilisés dans le débat démocratique des élections législatives

Au deuxième tour de l’élection présidentielle, nous avons écarté le danger Le Pen. Aux élections législatives, nous pouvons faire échec à Emmanuel Macron. Jamais la gauche n’a gagné sans rassemblement.

Mais jamais le rassemblement ne s’est opéré au moyen de candidatures uniques dans toutes les circonscriptions ! La gauche unie n’est pas la gauche unique. L’expression de la diversité politique reste salutaire dans une démocratie, et souvent efficace électoralement.

C’est la raison pour laquelle la Fédération de la Gauche Républicaine sera présente dans le grand débat démocratique que constituent les élections législatives. Dans plus d’une centaine de circonscriptions, nous partons sous nos couleurs pour défendre les thèmes qui nous sont chers et qui, de notre point de vue, sont aujourd’hui insuffisamment défendus dans le débat public : la priorité absolue à l’Éducation nationale, la défense des services publics, l’égalité entre les territoires, la réindustrialisation du pays, la promotion du « Made in France », la défense vigilante de la laïcité, la sortie du pétrole avant 2040, la souveraineté alimentaire, l’indépendance de la France.

Nous voulons ainsi proposer aux électrices et aux électeurs de renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale.

Une première ministre pour tous et pour la réunification ?

Le 5 mai 1981, Bobby Sands, 27 ans, décédait dans les H-Blocks de Long Kesh des suites d’une seconde grève de la faim qui avait duré 66 jours. Le jeune cadre de l’IRA avait été élu membre du Parlement britannique le 9 avril 1981 ; prétextant ne pas vouloir négocier avec des « terroristes » Margareth Thatcher l’avait laissé mourir en prison… Plusieurs autres prisonniers irlandais connurent dans les semaines qui suivirent le même destin. Plus de 100 000 personnes assistèrent aux funérailles de Bobby, les plus importantes funérailles républicaines depuis celles deLe Terence MacSwiney en 1920, poète et auteur dramatique, maire Sinn Féin de Cork et membre du Parlement irlandais, lui-même mort d’une grève de la faim dans les prisons anglaises.

Le jeudi 5 mai 2022, les citoyens d’Irlande du Nord votaient pour renouveler leur parlement provincial : l’enjeu était inscrit depuis plusieurs années et prédit par les enquêtes d’opinion. Il s’agissait de déterminer si pour la première fois de l’histoire de la province britannique le poste de premier ministre allait revenir à un dirigeant non unioniste. Les résultats issus du dépouillement bouclé samedi soir indiquent très nettement que les Unionistes ont perdu l’élection et que Michelle O’Neill, vice présidente de Sinn Féin et cheffe du parti parti républicain dans la province britannique, devrait devenir la prochaine première ministre. 101 ans et deux jours1 exactement après la création de la province autonome d’Irlande du Nord, et d’un régime d’apartheid fait pour les Unionistes et qui devaient leur assurer de toujours conserver le pouvoir, le renversement est total : les citoyens d’Irlande du Nord vont peut-être avoir enfin une « première ministre pour tous et chacun ».

D’aucuns pourraient penser que cette introduction est chargée de pathos, pourtant c’est bien une des dimensions du processus qu’il est nécessaire de maîtriser pour comprendre la portée symbolique de ce scrutin et de ses conséquences.

Le contexte de l’élection

Depuis 2007, le gouvernement provincial d’Irlande du Nord est dirigé conjointement par le Democratic Unionist Party (DUP) – organisation du Révérend ultra-conservateur Ian Paisley (1926-2014) – et le Sinn Féin… Les statuts provinciaux hérités du Good Friday Agreement de 1998 obligent à un cabinet de coalition entre les principaux partis de la région : le Social Democratic and Labour Party (SDLP – nationalistes irlandais modérés) et l’Ulster Unionist Party (UUP – conservateurs unionistes), qui ont dirigé le premier gouvernement après les accords de Paix en 1998, y sont associés tout comme plus récemment l’Alliance Party, parti libéral qui se veut a-confessionnel (et théoriquement indifférent au débat sur la réunification de l’Irlande).

Les difficultés à constituer un tel gouvernement de coalition ont déjà conduit à plusieurs reprises le gouvernement britannique à suspendre les institutions autonomes de la province – notamment de 2002 à 2007 (après des affaires d’espionnage sur fond de déclassements des stocks d’armes des différents groupes paramilitaires de la guerre civile), de 2017 à 2020 (sur fond de conséquences du Brexit et d’affaires de corruptions impliquant directement la cheffe du DUP, Arlene Foster, et son entourage). Pourtant pendant près de 10 ans, les pires « frères ennemis » ont gouverné ensemble ce pays pour assurer sa transition pacifique, l’apprentissage d’une cohabitation entre communautés qui se sont affrontées et son développement économiques : si on avait dit à Tony Blair (dont il faudra reconnaître l’intelligence dans la conclusion de l’accord de paix) en 1998, que le Révérend Paisley, principal instigateur des milices paramilitaires loyalistes, et Martin McGuinness, chef opérationnel de l’IRA pendant la plus partie de la guerre civile, dirigeraient ensemble la province durant plusieurs années sans véritable drame, il nous aurait sans doute ri au nez.

Le passage de relais entre les générations a paradoxalement tendu les relations politiques : Michelle O’Neill a tenu la dragée haute à Arlene Foster, dont le parti (fondé en opposition aux dirigeants traditionnels de la province (UUP) jugés trop mous avec les Irlandais) se raidit de plus en plus dans la perspective de perdre un jour ou l’autre le pouvoir. Le DUP et Arlene Foster sont les principaux responsables du blocage de 2017-2020 : indispensables à la Chambre des Communes à Theresa May, qui ne devait qu’aux unionistes d’avoir une majorité parlementaire, ils ont de fait empêché l’émergence d’un compromis sur l’Irlande du Nord avec l’Union Européenne – le Good Friday Agreement impliquait de ne pas recréer de frontière entre les deux parties de l’Irlande – et retarder la mise en œuvre pratique du Brexit, faisant du mandat de Theresa May un véritable chemin de croix. Cela explique pourquoi le cabinet de la Première ministre britannique a été si conciliant avec le DUP, pourtant accusé de graves faits de corruption, qui lui avait coûté la confiance tous ses partenaires politiques en Irlande – et pas seulement du Sinn Féin comme la presse le répète ad nauseam. Le remplacement forcé de May par Boris Johnson, puis la victoire électorale sans appel des conservateurs en 2019 sous la conduite du nouveau premier ministre britannique, a paradoxalement perdu le DUP et Arlene Foster : l’accord imposé par Dublin et Londres pour restaurer l’autonomie provinciale en janvier 2020 était une forme de désaveu de la patronne du DUP, qui conservait néanmoins sont poste de Premier ministre.

Nous avions traité dans un précédent article les conséquences pratiques du Brexit et du « protocole nord-irlandais » entre l’Union Européenne et le Royaume Uni. Début avril 2021, quelques mois après l’officialisation du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, des émeutes éclatent dans des zones loyalistes à majorité protestante, où les conséquences du « Brexit » ont nourri un sentiment de trahison (sans oublier quelques liens avec le trafic de drogue qui crée une tension logique entre certains chefs paramilitaires loyalistes « économiquement reconvertis » et le « Service de police de l’Irlande du Nord »). En effet, le « protocole nord-irlandais » prévu par l’accord commercial avec l’UE négocié par le Royaume-Uni et l’Union européenne a rétabli des contrôles douaniers au niveau des ports en mer d’Irlande et non dans les terres, entre le marché britannique et le marché intérieur européen dont l’Irlande du Nord reste membre pour éviter le retour d’une frontière terrestre en Irlande. Cette nouvelle frontière douanière mécontente les loyalistes qui se sentent « éloignés » voire « isolés » du reste du Royaume-Uni. Le 28 avril, Arlene Foster, annonça donc sa démission, victime d’une fronde dans son parti liée à sa gestion du Brexit et de ses conséquences sur l’Irlande du Nord comme « nation constitutive britannique ». Elle était en outre critiquée par les durs du DUP pour s’être abstenue, plutôt que d’avoir voté contre, lors du vote d’une motion appelant à interdire les thérapies de conversion pour homosexuels. Arlene Foster n’en demeure pas moins conservatrice sur les sujets de société, étant opposée à l’avortement et au mariage homosexuel, que l’Irlande du Nord venait d’autoriser. Elle a cependant été dépassée par la base du parti, où les fondamentalistes évangélistes sont influents.

Edwin Poots – ultra-conservateur et protestant fondamentaliste – lui succédait à la tête du DUP le 28 mai 2021. Arlene Foster démissionnait formellement du gouvernement le 14 juin 2021, transmettant le flambeau à Paul Givan (DUP) comme premier ministre. Ce dernier démissionnait en février dernier pour marquer son désaccord avec les négociations sur la prorogation du « protocole nord-irlandais ».

On imagine bien que les élections provinciales étaient particulièrement attendues et que l’équilibre issu du précédent scrutin était devenu intenable. Les Irlandais du Nord avaient hâte de retourner aux urnes et il était bien question dans toutes les enquêtes d’opinion de retrouver une stabilité politique en mettant fin au leadership du DUP.

Une victoire sans appel du Sinn Féin

L’Irlande du Nord utilise depuis 20 ans le même mode de scrutin pour les élections provinciales que celui utilisé depuis 1922 en République d’Irlande : le scrutin à vote unique transférable, une forme de scrutin uninominal à un tour, couplé à un classement des préférences de chaque électeurs, qui permet de transférer au second choix les suffrages, une fois que le candidat choisi en premier a été élu ; cela apporte à ce mode de scrutin un effet proportionnel non négligeable pour élire les 90 parlementaires. Cela implique cependant un dépouillement extrêmement long : les Nord-Irlandais ont voté jeudi, le dépouillement s’est étalé dans des bureaux centralisés par circonscription tout au long des journées de vendredi et samedi.

L’autre conséquence plus politique, c’est que la victoire nette de Sinn Féin apparaît amoindrie. Alors que le parti républicain irlandais a nettement progressé en suffrages – 29 % (+1,1 point, +26 000 voix) –, il ne gagne aucun siège supplémentaire par rapport aux 27 qu’ils détenaient déjà, ses candidats ont juste été annoncés élus beaucoup plus rapidement qu’en 2017. Sinn Féin devient bien le premier parti de la province avec près de 8 points et 66 000 voix d’avance sur les suivants, le DUP qui a été forcé de reconnaître rapidement sa défaite – ils passent de 29 % à 21,3 % des voix et de 28 à 25 sièges. L’autre grand vainqueur du scrutin est l’Alliance Party qui bondit de 44 000 voix passant de 9 à 13,5 % et de 8 à 17 sièges.

Les grands perdants du scrutin sont le vieux UUP qui perd deux points et un siège, le SDLP qui perd 3 points et 4 sièges (il est probable que nombres d’électeurs irlandais modérés ce soient portés directement sur les Républicains) et les écologistes qui perdent leurs deux sièges. Une scission plus conservatrice du DUP, la Voix Unioniste Traditionnelle, passe par contre de 2,5 à 7,6 % (gagnés directement sur le DUP) mais ne remporte pas plus que le siège unique dont elle disposait. Aontú, une scission anti-mariage gay et anti-avortement du Sinn Féin, se présentait pour la première fois et ne remporte que 1,48 % des voix et aucun siège.

En toute logique, c’est donc Michelle O’Neill qui devrait devenir première ministre de l’Irlande du Nord qui a toujours été dirigée par un Unioniste. Elle veut être une « Première ministre pour tous et chacun », sous entendant un peu perfidement que ses prédécesseurs (et partenaires) tentaient malgré les coalitions légales de continuer à privilégier les loyalistes plutôt que l’intérêt général. Elle aura pour difficile tâche de trouver un accord de coalition dans un cadre institutionnel contraint, avec le DUP, l’Alliance, l’UUP et le SDLP… Les pro-européens et les plus conciliants avec l’Irlande peuvent cependant compter avec le Sinn Féin sur 52 sièges et donc une domination réelle dans le cabinet (les mêmes forces avec les verts n’en comptaient que 49).

Protocole nord-irlandais et réunification

Les membres de l’assemblée qui sont élus devront voter sur le maintien des parties du protocole qui créent la frontière commerciale intérieure du Royaume-Uni. Ce vote doit avoir lieu avant la fin de 2024. Le vote sera décidé à la majorité simple plutôt que d’exiger le consentement intercommunautaire. C’est une grande nouveauté et cela rend les Unionistes minoritaires par avance, les marginalisant politiquement.

Les partis unionistes s’opposent au protocole tandis que les républicains, les nationalistes et le parti de l’Alliance considèrent qu’il s’agit d’un compromis acceptable pour atténuer certains des impacts du Brexit.

Le protocole d’Irlande du Nord a jeté une ombre sur la campagne électorale suite à la démission du premier ministre Paul Givan en février. La décision du DUP visait à forcer le gouvernement britannique à agir sur les accords commerciaux post-Brexit en exerçant une forme de chantage sur Boris Johnson pour qu’il mette fin à la frontière maritime entre la province et le reste du Royaume-Uni.

Le secrétaire d’Irlande du Nord, Brandon Lewis, a indiqué que le gouvernement ne présentera pas de législation relative au protocole dans le discours de la reine la semaine prochaine.

Le Sinn Féin se retrouve désormais le premier parti dans les deux Irlandes avec 24,53 % en République et le groupe parlementaire le plus important au Dáil (égalité avec les conservateurs du Fianna Fail) et 29 % en Irlande du Nord. La Présidente du Sinn Féin Mary Lou McDonald a bien l’intention de profiter de la désignation de sa vice présidente comme première ministre d’Irlande du Nord pour négocier un référendum sur la réunification de l’Île dans les deux ans.

En 24 ans, Sinn Féin qui était inexistant politiquement en République est devenu le premier parti et n’a été écarté du pouvoir que par une coalition de circonstance entre les deux partis de droite traditionnels du sud, « frères ennemis » de la politique irlandaise. Les Républicains disposent aujourd’hui d’atouts majeurs pour peser et obtenir enfin une Irlande unie, qui serait somme toute un cadre de vie bien plus simple pour tous les Irlandais, d’autant que la République d’Irlande est sortie – au cours de la même période où Sinn Féin s’y réimplantait progressivement – d’un conservatisme social d’un autre âge en légalisant le divorce, l’avortement et le mariage gay (adopté avec plus de calme qu’en France).

Sinn Féin ne dispose pas seulement de son poids incontournable, mais aussi d’alliés avec le SDLP ou d’interlocuteur compréhensifs comme l’Alliance Party, et pourrait bénéficier de la faiblesse des gouvernements irlandais et britanniques : la coalition au pouvoir à Dublin l’est par défaut avec pour seul viatique d’écarter Sinn Féin du pouvoir ; Boris Johnson et les Tories britanniques sont en mauvaises postures avec le Party Gate et leurs défaites massives aux élections locales qui se déroulaient en Grande Bretagne le même jour que celles pour l’assemblée parlementaire d’Irlande du Nord.

1De fait, la province du Nord a vu reconnu son statut d’autonomie par le gouvernement britannique avant qu’une indépendance relative ne soit accordée au reste de l’Île avec la signature du traité de décembre 1921.

3 mai 1936 – 3 mai 2022 : vers un “nouveau Front Populaire” ?

Après le grave échec du Cartel des Gauches en 1924, dont Edouard Herriot n’appliqua même pas le programme, et face à la menace fasciste de 1933 en Allemagne et 1934 en France, les gauches engagent un processus inédit de construction d’un programme commun, allant des communistes aux radicaux et avec le soutien des syndicats et de nombreuses associations et journaux.

Ce sont les socialistes avec Léon Blum qui prendront la tête du Front Populaire. C’est un 1er mai de réunion des cortèges syndicaux qui démontrera la volonté du peuple de voir l’union et la victoire, et le 3 mai 1936, c’est historique : la gauche est largement majoritaire au soir du scrutin.

Léon Blum deviendra officiellement Président du conseil et chef du gouvernement de Front Populaire un mois plus tard le 4 juin, refusant de bouleverser le processus institutionnel de l’époque, malgré un patronat paniqué qui lui demande d’accélérer l’installation du nouveau cabinet : depuis la victoire de la gauche, les ouvriers sont en grève dans toute la France avec le plus grand mouvement social jamais connu dans le pays…

C’est ce mouvement social, avec occupation des usines, affirmation de la dignité des travailleurs et prise en main des outils de production, qui donnera tout autant (si ce n’est plus) sa force au Front Populaire et permettra les immenses avancées sociales qui marquent encore notre modèle républicain.

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