Le courage et la lutte paient encore

Après plus d’un an et demi de lutte, les femmes de chambre de l’hôtel Ibis-Batignolles ont obtenu satisfaction sur la quasi-totalité de leurs revendications.

Après 22 mois de lutte dont huit mois de grève (cette lutte a démarré le 17 juillet 2019 jusqu’au 16 mars 2020. À partir du 17 mars 2020, les femmes de chambre ont été placées en chômage partiel), ces courageuses salariées soutenues par la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques) ont enfin signé un accord avec la société STN sous-traitante de l’hôtel, mardi 25 mai, en présence d’un représentant du groupe Accor.

Cet accord qui contient des avancées salariales, est le fruit de plusieurs réunions. Un seul objectif manque à leur totale satisfaction : leur intégration comme salariées du groupe Accor n’a pas été acceptée ; il y a donc beaucoup de chemin encore à parcourir contre le scandale d’une certaine sous-traitance.

Des avancées sociales substantielles !

Les femmes de chambre de l’hôtel Ibis-Batignolles vont obtenir de 250 à 500 euros d’augmentation de salaires par mois. Autre satisfaction, l’augmentation de la tarification horaire de travail avec l’assurance de travailler au moins cinq heures par jour au lieu de quatre par le passé. Désormais les salaires seront versés le 5 du mois au lieu du 11 auparavant.

Parmi les revendications de ces femmes de chambre, il y avait également la baisse de la cadence de travail. Sur ce point, elles ont obtenu gain de cause. Selon les termes de cet accord, elle va passer de 3,5 chambres à 3 et à 2 chambres pour les grandes avec une installation d’une pointeuse. Cet appareil va permettre aux femmes de chambres de comptabiliser exactement les heures travaillées et d’éviter de réaliser des heures supplémentaires qui n’étaient pas payées jusqu’ici.

La cadence va baisser aussi pour les gouvernantes qui ne contrôleront plus que 80 chambres par jour au lieu de plus de 100. Elles obtiennent la fourniture de deux tenues en coton par an et leur entretien sera assuré par la STN, qui les emploie. Ces femmes qui ont mené cette lutte ont obtenu la réintégration de deux CDD rompus pendant la grève et l’annulation de la mutation de 10 salariés souffrant d’une maladie professionnelle. Elles seront représentées désormais par deux délégués syndicaux sur site avec 15h de délégation syndicale.

La détermination de ces salariées méprisées et leur combat ont fini par payer. Hommage à ces femmes qui se sont battues contre le système de sous-traitance, qui exploite encore trop de monde, au mépris de toutes considérations sociales.

La GRS appelle à commémorer la Commune de Paris

Il y a 150 ans, du 18 mars au 28 mai 1871, était décrétée par le Peuple parisien, la Commune de Paris. Cette période historique, bien que de courte durée (72 jours) réalisa la mise en œuvre d’un idéal républicain, démocratique et social : une République émancipatrice et universelle.

Si elle s’est malheureusement terminée par le massacre des communards par le gouvernement réuni à Versailles (entre 6500 et 30 000 morts lors de la semaine sanglante: les historiens n’étant pas d’accord sur les chiffres), nous considérons que la Commune est une source d’inspiration essentielle dans nos combats politiques contemporains.

C’est pourquoi, la GRS appelle à participer et participera aux événements organisés le 29 mai 2021 à partir de 10h place de la République à Paris, et à la montée au mur des fédérés à partir de 14h.

Rendez-vous est donné à nos camarades à 13h, au 10 place de la République, en face du magasin Go Sport.

La commémoration de cet anniversaire n’est pas la simple réactualisation d’un souvenir historique, voire nostalgique pour certains. Elle est à la fois l’occasion de la mise en avant des conquêtes et nouveaux droits que les communards mirent en pratique, ou décidèrent, mais que le temps trop bref qu’ils ont eu ne leur permit pas de rendre en actes. Elle est aussi l’occasion de tirer les enseignements de cette période pour nos choix et combats contemporains.

Dès le 2 avril 1871, c’est la Commune de Paris qui pose les principes de la laïcité, de la séparation des Églises et de l’État, et de la suppression du budget des cultes.. Pourtant, il faudra attendre 34 ans, pour que ce principe d’organisation sociale soit repris dans la loi de 1905, par la IIIe République.

En matière d’éducation, la Commune décide que l’école sera gratuite, laïque et obligatoire pour toutes et tous car elle considère « la nécessité qu’il y a sous une république à préparer la jeunesse au gouvernement d’elle-même par une éducation républicaine […] ; que la question de l’éducation, […] est la question mère qui embrasse et domine toutes les questions politique et sociales et sans la solution de laquelle il ne sera jamais fait de réformes sérieuses et durables ». Elle affirme aussi la liberté de conscience. Il ne s’agit pas seulement de déclarations, par exemple, dans le XIe, arrondissement de Paris, 12 000 élèves pauvres ont été scolarisés et l’enseignement laïque et non-confessionnel a été intégralement mis en place, et cela en moins de 2 mois ! Les premiers enseignements professionnels sont créés aussi.

L’égalité entre les femmes et les hommes est déclarée et pensée non seulement comme un droit mais aussi comme un enjeu stratégique pour pérenniser les transformations sociales instaurées par la Commune.

Dès le 20 avril 1871, elle limite à 10h par jour la durée du temps de travail. Elle interdit le travail de nuit des boulangers. Elle crée des bureaux municipaux de placement, ancêtres des agences de Pôle Emploi. Elle impose un salaire minimum dans la réponse aux offres de marchés publics. La Commune instaure ainsi un droit du travail, une forme de préfiguration d’un véritable code du travail.

Elle recense les entreprises fermées et décide de les rouvrir sous la forme de sociétés ou d’associations ouvrières , telle celle des « Fondeurs en fer de la rue Saint-Maur »-une forme « d’autogestion ». Elle souhaite développer l’industrie et favoriser l’emploi- sujet contemporain s’il en est ! Elle instaure l’égalité salariale entre les institutrices et les instituteurs-réforme qui ne put être généralisée faute de temps. Comme le disait Léo Frankel, délégué de la commission « Travail » (une des dix commissions de la Commune) : « Nous ne devons pas oublier que la révolution du 18 mars a été faite par la classe ouvrière. Si nous ne faisons rien pour cette classe, je ne vois pas la raison d’être de la Commune. » Un propos qui ferait bien d’être médité par toutes celles et ceux qui se disent défendre les intérêts matériels et moraux des classes populaires ou moyennes…

La Commune instaure aussi une démocratie directe sans gouvernement et comprenant un mandat impératif des élus « révocables à tout moment » ; c ’est peut-être un des sujets les plus controversés.

En matière sociétale -dirions-nous aujourd’hui-, la Commune a créé de nouveaux droits : les enfants légitimés par simple déclaration sont considérés comme reconnus de droit, le mariage libre (l’union libre de manière plus contemporaine) par consentement mutuel est instauré, les actes notariaux (donation, testaments, etc.) sont gratuits.

Enfin, rappelons-nous que la Commune de Paris s’est constituée en opposition à une situation politique, sociale et militaire donnée (voir l’article que nous avons publié le 18 mars 2021). Elle engagea ainsi des mesures d’urgence sociale pour répondre aux impératifs du moment : suspension du paiement de certains loyers, suspension du paiement de dettes pendant 3 ans pour soulager les classes populaires des dommages dus aux bombardements prussiens par exemple. À cela s’ajoutent le versement de pensions aux blessés et veuves de guerre ou la réquisition de certains logements vacants.

Au regard de la situation actuelle et de la crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons, il est plus que jamais nécessaire de tirer les enseignements de l’ampleur des mesures mises en place par la Commune, et de la rapidité avec laquelle elles ont été prises.

Cette liste de conquêtes politiques, économiques et sociales n’est pas exhaustive.

Si la fin tragique de la Commune a marqué de manière indélébile la mémoire collective du mouvement ouvrier et de la Gauche en général, la Commune représente un moment historique fondateur pour la pensée républicaine, démocratique, sociale, universelle et émancipatrice.

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