Pap N’Diaye : le cancre du gouvernement ?

Après un quinquennat Blanquer ayant constamment oscillé entre le tumulte et le désastre, on aurait pu attendre de son successeur plus de détermination pour réparer l’école publique et républicaine.

Les chantiers ne manquent pas : manque de personnel, salaires des enseignants, lycées pro, mixité scolaire. Pour l’instant, force est de constater que le ministre a raté tous ses rendez-vous.

Celui qui se dit « ne pas être un homme des grands soirs, mais des avancées concrètes » ne nous propose pourtant rien de concret. Et sa communication, parfois innovante, souvent soporifique, n’est jamais suivie d’effets.

La tragédie du suicide de la jeune Lindsay, qui aurait dû agir comme un électrochoc, n’a donné lieu qu’à l’annonce d’une heure de sensibilisation au problème du harcèlement, à destination des seuls collégiens. C’est tout. Et c’est consternant.

Alors que les lycéens entament les épreuves de philosophie du baccalauréat aujourd’hui, il va falloir se mettre au travail, Monsieur le Ministre : le conseil de discipline n’est pas loin !

La Macronie veut-elle tuer la fonction publique ?

Stanilas Guérini, ministre de la « transformation et de la fonction publiques » a annoncé lundi dernier une hausse de 1,5 % du point d’indice dans la fonction publique. Ainsi un enseignant certifié ayant cumulé 15 ans de carrière bénéficiera d’une augmentation autour de 40€ bruts par mois (pour un salaire autour de 2800 € bruts)…

C’est dire à quel point ce geste n’est pas à la hauteur de ce qu’attendaient les fonctionnaires et leurs organisations syndicales. D’autres mesures sont censées compléter l’augmentation du point d’indice au 1er juillet 2023 :

  • les agents publics situés au plus bas de la hiérarchie et des salaires, principalement dans la catégorie C et quelques échelons des catégories B, verront aussi augmenter leur nombre de points, de 1 à 9, à partir du 1er juillet (évidemment le ministère a surtout mis en avant dans son dossier de presse relayé complaisamment par copier-coller un ajout « jusqu’à 9 points supplémentaires », façon relativement biaisée de présenter la mesure) ;
  • une prime de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires qui gagnent moins de 3 250 € bruts par mois. Cette prime irait de 300 à 800 € bruts, versés en une fois à l’automne : rien de pérenne, donc. Comme toujours, les fonctionnaires territoriaux seront ici les grands perdants, car cette prime sera évidemment soumis à la délibération de chaque collectivité locale, sans compensation financière de l’État – on peut d’ores-et-déjà prédire que les inégalités de traitement entre agents des différentes collectivités s’aggraveront.
  • à partir du 1er janvier 2024, tous les fonctionnaires se verront attribuer 5 points de plus, soit 25 € bruts de plus par mois ; selon le ministère, cela porterait donc la progression moyenne annuelle des salaires à 2,5% à partir de janvier, pour atteindre ce niveau de « revalorisation » les agents devront cependant patienter 6 mois de plus ;
  • Enfin, démonstration des retards accumulés par les pouvoirs publics sur les salaires des fonctionnaires, Stanislas Guérini a tenu à préciser, tous les agents de la fonction publique seraient ainsi payés au-dessus du niveau du Smic (ce dernier ayant augmenté plus vite que les plus bas salaires publics) – là encore, il faudra le vérifier pour les agents des collectivités territoriales.

Après une année 2022 où l’inflation avait atteint 5,2 % et une revalorisation déjà insuffisante de 3,5 % du point d’indice, ces annonces cumulées ne permettent toujours pas de faire face au retour (durable ?) d’une forte inflation : si celle-ci tendrait à 5,1 % entre mai 2022 et mai 2023, les prévisions sur l’année 2023 s’établissent pour le moment entre 5,5 et 6,5 %. La comparaison avec le secteur privé renforce un sentiment d’abandon : Sur un an, le salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE) augmente de 4,5 % fin décembre 2022 (une moyenne qui ne permet évidemment pas de mesurer les disparités d’une entreprise à l’autre ou d’une branche à l’autre).


Source : UNSA éducation – mars 2023

Source : La Tribune – « En France, l’inflation a probablement atteint son pic en 2022 » – 24 novembre 2022

Double discours

Comment justifier un tel retard alors que les membres du gouvernement rivalisent de compliments à l’égard des agents publics lorsque le pays traverse des crises ou des incidents, de la pandémie de COVID à la neutralisation de l’agresseur d’enfant à Annecy.

La réalité du macronisme, c’est quand on se cogne contre ses propositions concrètes : à titre d’exemple, la revalorisation des enseignants n’est sérieusement envisagée par le ministère de l’Éducation Nationale qu’à la condition d’élargir les missions, les tâches et donc le temps de travail de ces agents (pour qui connaît leurs journées et leurs conditions de travail c’est absurde !). C’est vite évacuer l’écart jamais résorbé entre les enseignants français et ceux de leur collègues européens : les salaires des enseignants débutants dépassent 30 000 euros bruts annuel en Belgique, en Irlande, en Espagne, Pays-Bas, en Autriche et dans les pays nordiques ; le Danemark, l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg offrent quant à eux des salaires supérieurs à 50 000 euros ; un(e) professeur(e) certifié(e) débutant(e) en France émarge à moins de 25 000 euros bruts annuels, moins de 23 000 pour un(e) professeur(e) des écoles débutant(e). L’écart se réduit légèrement avec la carrière, mais reste important et illustre le déclassement des professeurs français.

Mais tout cela est cohérent avec la conviction qu’Emmanuel Macron avait affirmé avant même de devenir président de la République, en septembre 2015 : le statut des fonctionnaires n’est « plus adapté au monde tel qu’il va » et « surtout plus justifiable ».

Des recrutements de plus en plus difficiles

La réalité des conditions de travail et de rémunérations des fonctionnaires expliquent l’essentiel de l’engorgement actuel des recrutements dans la fonction publique. Cela ne signifie pas que le nombre d’agents publics baissent, mais que les tensions sur le recrutement progressent fortement avec un risque en bout de chaîne d’une perte de qualité.

Prenons l’exemple des collectivités territoriales. 6 collectivités sur 10 désormais déclaraient faire face à des difficultés fréquentes de recrutement en 2022, contre 39 % en 2021. C’est tout particulièrement le cas dans la filière technique (66 %). Près de la moitié des collectivités (49,2 %) envisagent de recruter avant tout pour remplacer des départs. Une étude publiée en janvier 2022 sur l’attractivité de la fonction publique territoriale constate que 39% des employeurs territoriaux disent éprouver des difficultés à attirer des candidats en 2021, soit 9% de plus qu’en 2015. Toutes les collectivités territoriales ne sont pas confrontées aux mêmes types de difficultés de recrutement, mais dans tous les cas la question de la rémunération des fonctionnaires reste centrale. Les grandes agglomérations, dans lesquelles la vie est plus chère, peinent à attirer des candidats. En effet, plus de la moitié de l’effectif global de la fonction publique territoriale est constitué d’emplois de catégories C, dont la rémunération mensuelle est de 1 828 euros nets en 2019 selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les recrutements sont aussi plus difficiles pour les petites communes (de moins de 500 habitants) en raison du risque d’isolement.

Dans le secteur médical, si les candidatures pour intégrer des instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) étaient en augmentation en 2021, le directeur général de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) dressait en juin 2022 un bilan inquiétant du manque de personnel dans les hôpitaux publics. Selon le syndicat national des professionnels infirmiers, 1 400 postes étaient vacants. Souffrant du manque d’attractivité du métier, les infirmiers et infirmières désertent leurs postes.

En juillet dernier, le ministère de l’Éducation nationale annonçait de son côté que plus de 4 000 postes d’enseignants sur un total de 27 332 n’ont pas été pourvus lors des concours 2022, déficit peu et mal compensé par un recours accru aux contractuels et aux job dating qui avaient défrayé la chronique voici quelques mois, avec un doute important sur les compétences des personnels ainsi recrutés. Le niveau des heures perdues pour cause de non remplacement des enseignants a atteint un tel niveau dans certaines académies que depuis plusieurs mois, des actions se multiplient dans toute la France contre les absences non-remplacées. Face à l’inaction de l’Éducation nationale, les parents portent plainte contre l’État. Ces actions collectives visent à contraindre le Gouvernement à trouver des solutions. Une des avocates qui accompagnent collectifs et associations de parents d’élèves, Maître Joyce Pitcher, affirmait le mois dernier gérer à elle-seule quelques 200 dossiers, rien qu’en région parisienne. Des discussions ont eu lieu en janvier 2023 au ministère concernant la revalorisation prévue dans le budget de l’État pour le salaire des enseignants à partir de septembre 2023. Il faut noter que la revalorisation de 10% annoncée comprend les mesures déjà prises depuis 2020, donc la prime d’attractivité et la hausse du point d’indice – l’augmentation est prévue sous forme de prime et ne comptera donc pas pour la retraite.

Un décrochage massif du pouvoir d’achat

En 28 ans (de janvier 1994 à juillet 2022), le point d’indice a progressé de 24,3 % alors que l’inflation sur la même période progressait de 55,9 %, soit une différence de 31 points ! Pour un débutant dans la fonction publique, à grille indiciaire identique, cela représente une perte de pouvoir d’achat de plus de 20 % sur la période. Cette diminution de pouvoir d’achat s’applique par ailleurs à l’ensemble du traitement à cause de l’indexation de certaines primes sur l’indice de rémunération.

Les principaux syndicats de fonctionnaires exigent une revalorisation du point d’indice de 10 % pour commencer à rattraper le retard accumulé ces trois décennies, et notamment depuis 2010 et le gel du point par Nicolas Sarkozy (gel interrompu légèrement sous François Hollande en 2016 +0,6 % – face à 0,2 % d’inflation – et en 2017 +0,6 % – face à 1 % d’inflation… donc sur deux ans, une « opération blanche »). À tout le moins, il conviendrait de planifier dans le temps une stratégie de rattrapage ce qui n’est pour le moment même pas envisagé.

Car la dégringolade du pouvoir d’achat des agents a été inexorable. Ainsi, en se basant sur 4,850033 euros (valeur du point au 1er juillet 2022), la perte de pouvoir d’achat, le manque à gagner en 23 ans va de 471 € mensuels pour les agents adjoints administratif (C1) à 1 576 € pour les agents A+ (administrateurs de l’État).

Si on s’en tient à des calculs plus récents qui s’étendent de 2010 à 2023, la chute du pouvoir d’achat des agents atteint mensuellement 283 euros pour les agents de catégorie C en fin de grade et jusqu’à 949 euros pour les cadres A+. Tous les tableaux sont présentés plus bas.

Autre facteur qui pèse sur les porte-monnaies des agents : les hausses successives de contribution retraites qui ont été enregistrées ces dernières années. L’impact des hausses dues à l’augmentation de la cotisation retraite depuis le 1er janvier 2011 (soit les conséquences de la première réforme des retraites) jusqu’en 2020, atteint 3,5 %.

Dans le détail, un agent de catégorie C de première classe, en échelon 11 de fin de grade, aurait perdu 45 euros mensuels quand un agent de la catégorie B + en échelon de fin de grade en perd 69. Les catégories A, d’administrateurs territoriaux, sont, proportionnellement, les plus impactés avec 151 euros de moins par mois.

Frédéric Faravel

6 Juin, Ils étaient 132000 à débarquer en Normandie, nous étions plus de 900000 partout en France !

On aura vu des mobilisations plus importantes depuis le début de l’année, mais au terme d’une 14ème journée de mobilisation, après toutes les entraves et les embûches semées par le gouvernement, c’est une réussite.

Et quand bien même un sentiment de frustration peut nous effleurer, nous ne devons pas perdre de vue que la résistance, avant de vaincre, est indispensable, que les Français sont toujours unis derrière les syndicats et que la gauche a été un soutien infaillible de ce mouvement inédit.

Le pari de la détermination est réussi, il reste à maintenir et renforcer celui de l’unité.
Encore aujourd’hui, sous des prétextes comptables, Emmanuel Macron et sa bande veulent bâillonner le parlement et empêcher un débat et un vote sur l’abrogation de la reforme des retraites.
Pour enfin passer à autre chose !

Nous choisirons toujours le cadre républicain pour conduire à la destinée de la Nation, mais alors que nous avons à faire avec des fossoyeurs de la République, nous en appelons à la mobilisation populaire pour faire entendre une revendication largement majoritaire chez nos concitoyens.

S’ils s’assoient sur la représentation Nationale, pourront-ils toujours s’asseoir sur ceux qu’ils sont censés être représentés ?
La résignation n’est pas une option, la mobilisation doit continuer.

Le macronisme est un autoritarisme

Sans changer une virgule à la Constitution, Emmanuel MACRON nous révèle, par sa pratique du pouvoir, toutes les tares de la Vème République.

Sa loi sur les retraites est une maltraitance démocratique tout autant que sociale. Il l’impose contre une très large majorité des Français et contre l’Assemblée nationale. En effet, toutes les dispositions tirées de la Constitution de 1958, dont le projet était d’instaurer un « parlementarisme rationnalisé » auront été utilisées, aboutissant de fait à un parlementarisme muselé.

« Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. » énonce l’article 24 de la Constitution. « Nous empêcherons un vote à tout prix » ont trompeté plusieurs responsables du parti présidentiel Renaissance ces dernières semaines à propos de la proposition de loi portée par le groupe LIOT, dont l’article 1er propose l’abrogation de la loi retraites du 14 avril 2023. Les fondamentaux sont attaqués.

 Les députés du parti présidentiel ont brandi contre la proposition de LIOT l’article 40 de la Constitution qui prévoit que « Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. ». La proposition de loi du groupe LIOT prévoit la compensation, à due concurrence, des charges induites pour les organismes de Sécurité sociale par une taxe sur le tabac ? Elle a été déclarée recevable par le président de la commission des finances, conformément aux prérogatives de ce dernier ? Qu’importe, il fallait éviter un vote « à tout prix » sur l’abrogation !

La présidente de l’Assemblée nationale, après quelques hésitations et après avoir subi de très fortes pressions de l’Élysée, s’est donc résolue à s’asseoir sur les principes démocratiques élémentaires, en s’opposant à ce que la proposition de loi soit débattue en séance plénière, après avoir fait voté la suppression de l’article 1er de la proposition de loi en commission des affaires sociales, et en piétinant le droit d’amendement des parlementaires. La séparation des pouvoirs a rarement été aussi méconnue depuis l’instauration de la République.

Les républicains qui ne se résolvent pas à cette forfaiture doivent se rassembler et proposer des solutions permettant de redonner des perspectives positives à notre démocratie.

Dans l’immédiat, il faut utiliser tous les moyens légaux pour faire vivre les contre-pouvoirs, qu’ils soient institutionnels (motions de censure parlementaires, proposition référendaire au printemps 2024…) ou extra-institutionnels (manifestations, pétitions, grèves, articles de presse…).

Près de 65 ans après son instauration, la Vème République est à bout de souffle. Sa dangerosité initiale montre aujourd’hui toute sa dimension.

Mais avant d’envisager de refonder nos institutions, il nous faut résister ici et maintenant à la dérive autoritaire du pouvoir macroniste.

Hélène Franco

La guerre des tranchées entre l’Élysée et Matignon

Y aurait-il du rififi entre le Président et sa Première Ministre en ce début de semaine, après le recadrage sévère qu’Emmanuel Macron a adressé à Élisabeth Borne après ses propos sur le RN et l’héritage du maréchal Pétain ? Privé de majorité, de cap politique, son discours sur son rôle de “rempart contre l’extrême droite” sonne de plus en plus creux… Le président a dérapé une fois de plus de manière incontrôlée et s’est retrouvé obligé de rétropédaler dès le lendemain.

Il n’en est pas à son coup d’essai quand il s’agit d’évoquer le maréchal Pétain. Déjà en 2018, à l’occasion des cérémonies du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, Emmanuel Macron avait voulu réintégrer le Maréchal frappé d’indignité nationale au parcours mémoriel, avant de faire machine arrière.

Alors que sa politique délétère nourrit les frustrations qui renforce l’extrême droite, l’aveuglement de l’exécutif sur le danger réel (à Saint-Brévin et ailleurs) pourrait plonger notre pays dans un péril inédit en régime démocratique.
Ce n’est pas un remaniement cosmétique qui résoudra le problème.

Sommet du Plastique : passons aux solutions pratiques !

Depuis le 29 mai et jusqu’à demain vendredi 2 juin 2023, la France accueille la deuxième session des négociations internationales pour mettre fin à la pollution plastique.

L’urgence est réelle avec une production de plastique qui dépassera le milliard de tonnes en 2050, si elle continue sa progression au rythme connu (près de 500 millions en 2020).

Le plastique est une catastrophe de santé publique avec nombre de microplastiques et de nano-plastiques (entre 50 et 100 micromètres) qui pénètrent dans le corps humain par ingestion, par inhalation ou en pénétrant par la peau pour les nanoparticules. Nous avalons individuellement 2 000 particules de plastiques par semaine soit 5 g de plastiques, l’équivalent d’une carte bancaire (WWF 2019).

C’est aussi une catastrophe pour les terres, les cours d’eau et les mers du globe. Depuis 1980, plus de 150 Mt de plastiques s’accumulent dans les océans provoquant du plus spectaculaire, l’île artificielle dans le Pacifique, au plus insidieux pour la biodiversité comme l’étranglement des mammifères marins et des oiseaux dans les filets, les « pêches fantômes », l’ingestion de micro-plastiques par les oiseaux, les poissons ou les tortues et la dégradation des fonds marins. 700 espèces marines sont touchées, dont 17% sont menacées ou « en danger critique d’extinction ». Cette pollution coûte 13 milliards de dollars en raison des pertes subies par la pêche, l’aquaculture ou le tourisme (nettoyage des plages) dans le monde, dont 470 millions d’euros pour l’Europe.

Pour réduire la masse, nous devons réduire la production de plastique à la source en privilégiant le réemploi comme les consignes ou la reprise d’emballages, voire la suppression de certains emballages plastiques. Cette démarche globale permettrait de réduire notre empreinte carbone de 85%.

Sur les 8,3 milliards de tonnes de plastiques produites par an, seuls 9% seront recyclées. Un résultat bien faible qui est questionné par les ONG sur le destin incertains des matières plastiques recyclables envoyées en Chine ou en Malaisie, notamment, par les industriels du retraitement, sur un marché qui représente chaque année plus de 275 milliards de dollars. Il faut trouver une voie française permettant d’augmenter massivement le tri et le recyclage, qui restent notoirement insuffisants.

Les pays nordiques imposent aux producteurs une responsabilité en matière d’emballages, puisqu’ils doivent fournir ou rejoindre un système de collecte assumant la responsabilité opérationnelle et financière de la récolte et du traitement des déchets d’emballage. La France a voté le principe de la création de la consigne pour 2023, si les progrès en tri n’étaient pas suffisants. Il convient en tout état de cause de veiller à ce que les structures mises en place par les industriels et la distribution s’opèrent en lien avec les collectivités locales et ne soient pas l’occasion de profits financiers, alors que la gestion des déchets doit relever d’une logique de service public.

La grande distribution pourrait être sensibilisée en rendant obligatoire la présence de conteneurs de tri à la sortie des grandes surfaces afin que les consommateurs puissent se défaire des emballages excessifs aux frais des distributeurs. Par ailleurs, des normes pour le traitement des emballages doivent être édictées pour protéger la santé, l’environnement et atteindre des objectifs de recyclage prédéfinis.

Plus de 15 conférences internationales et sommets ont été consacrés à ce sujet sans que cela aboutisse à une politique quelconque de lutte contre la production de plastique à la source voire de retraitement.

Espérons qu’à Paris une fumée blanche d’espoir se substitue à la fumée noire de combustion des plastiques gaspillés.

Alain Fabre-Pujol, Jean-Loup Kastler et Marie-Noëlle Lienemann
pour le pôle écologie républicaine de la GRS

Une épine verte dans le pied de Macron

Peut-on encore compter sur ses amis ?

Hier, Jean Pisani-Ferry remettait à Elisabeth Borne son rapport sur « Les incidences économiques de l’action pour le climat ». 

Alors qu’il avait construit le programme économique du candidat Macron en 2017, il invalide désormais l’action gouvernementale en préconisant un accroissement de l’endettement et une fiscalité accrue de 10 % des ménages les plus aisés.

Désavoué par celui qui lui apportait une économie, il y a peu de chances qu’Emmanuel Macron suive aujourd’hui ces recommandations.

Enfin … on peut toujours croire aux miracles.

VertBaudet : mettre fin au mépris des salariés

Depuis quelques semaines un conflit oppose la Direction de l’entreprise VertBaudet et des salariés mécontents qui estiment insuffisant un accord majoritaire, négocié et signé par la CFTC et FO, qui prévoit le versement de 765 euros nets de primes, sans augmentation de salaire.

Une partie des salariés ont alors lancé, avec le soutien de la CGT un mouvement de grève pour revendiquer des augmentations de salaires qui répondent à l’évolution des prix. Avec une inflation annuelle « officielle » de plus de 5 % ne pas voir son salaire augmenter est un pur scandale.

VertBaudet a largement les moyens financiers de mieux rémunérer ses salariés du siège, des entrepôts et des magasins puisque son résultat net (bénéfices) de 2021 s’est établi à plus de 11 millions d’euros et qu’il n’a pas été dépensé puisqu’aucun dividende n’a été versé, ces millions ayant été reportés sur l’exercice 2022.

Tout a été fait par la direction pour décourager les grévistes et les syndicalistes, notamment en recourant à des intérimaires ; des interventions de police sur ordre du préfet choquent particulièrement car elle ont été émaillées de violences disproportionnées et d’actes d’intimidation inappropriés de la part des agents publics, contre des piquets de grèves et lors des interpellations à leurs domiciles de responsables syndicaux. Cette dérive anti-syndicale est parfaitement scandaleuse car elle détourne l’État et ses agents de leurs missions ; elle est également cruelle et injuste car les salariés grévistes, essentiellement des femmes mal rémunérées, ne demandent pas la lune mais simplement que leur salaire suive l’évolution des prix.

La Gauche Républicaine et Socialiste demande qu’au conflit succède l’apaisement et la justice économique et sociale. Il nous paraît indispensable que la direction de VertBaudet fasse preuve de sagesse et d’intelligence en organisant de nouvelles réunions de négociations avec toutes les organisations syndicales présentes et que soient mise sur la table des discussions des propositions d’augmentation de salaires sérieuses qui respectent les salariés et leur implication.

Non au bâillonnement de l’opposition de gauche en Île-de-France

La volonté de Valérie Pécresse de supprimer deux groupes d’opposition, celui de la France Insoumise (8 membres) et celui du Parti Communiste Français (7 membres) au Conseil Régional d’Île-de-France, nous alerte sur l’état démocratique de notre pays La raison invoquée serait de “gagner du temps sur les séances”. Nous refusons cette explication car elle signe la volonté d’étouffer le débat démocratique pourtant nécessaire et indispensable. D’autant plus que cela s’inscrit dans la 14ème modification du règlement intérieur de l’ère Pécresse, faisant suite à la décision d’abaisser de 40% le temps de parole de l’opposition.

La Région Île-de-France n’est pourtant pas la meilleure élève en matière démocratique. D’autres régions (et certaines dirigées par la droite) ont accepté la constitution de groupes plus petits et acceptent des temps de parole plus importants.

La raison est donc ailleurs. Valérie Pécresse cède finalement la dérive autoritariste ambiante, celle du pouvoir isolé qui se crispe et qui n’accepte plus la contradiction. Cette attaque contre l’opposition est à placer dans un contexte où les différents pouvoirs exécutifs jouent de moins en moins le jeu démocratique, qui, même s’il s’exerce dans un cadre légal, devient de plus en plus une pratique illégitime de l’exercice du pouvoir. Emmanuel Macron n’a-t-il pas volontairement contraint le temps parlementaire et usé (et abusé) du 49.3 ? La multiplication des interdictions des rassemblements citoyens dénommés “casserolades” en est aussi l’un des symptômes les plus flagrants : empêcher la liberté d’expression la plus élémentaire.

Nous dénonçons ces décisions politiques qui favorisent une pratique liberticide et répondent à une dérive autoritariste. Ces décisions des droites régionale et macroniste ne font que contribuer au décalage qui s’installe et s’amplifie entre les citoyens et les institutions censées les représenter. La Vème République est à bout de souffle, comme le constate une très large majorité de Français. Il est temps de faire évoluer les institutions et de répondre à l’aspiration du peuple de passer à une VIème République qui fasse plus place au pluralisme.

La démocratie a besoin de modes d’expression alternatifs au vote. La souveraineté du peuple doit se concevoir aussi bien comme un principe que comme un exercice. Notre démocratie inachevée ne peut plus se soumettre aux privilèges des uns et des unes.

organisations signataires :
Europe Ecologie Les Verts, Gauche Républicaine et Socialiste, La France Insoumise, Parti Communiste Français, Place Publique, Parti Radical de Gauche – le centre gauche, Parti Socialiste

Nous avons besoin de vous !

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