Drapeaux en berne pour le pape François : « Non, la République n’a pas à porter le deuil d’un chef religieux » – tribune dans Marianne

Le gouvernement a décidé de mettre les drapeaux français en berne sur les bâtiments publics samedi 26 avril, jour des funérailles du pape François. Une décision que critiquent, dans cette tribune publiée dans Marianne le 24 avril 2025, plusieurs personnalités juridiques, associatives, politiques ou universitaires au nom de la laïcité.

En décidant de mettre les drapeaux en berne pour la mort du pape François, Emmanuel Macron engage la Nation dans un deuil qui n’a rien de républicain. Ce geste n’a rien d’automatique : la France ne l’a pas fait pour Benoît XVI, ni pour Jean-Paul Ier. Elle ne l’a accordé qu’à des figures dont le rayonnement dépassait tout cadre spirituel ou dogmatique – Nelson Mandela, la reine Elizabeth II, le roi Hussein de Jordanie.

Or le pape, quel qu’il soit, reste avant tout une autorité religieuse. François n’échappe pas à la règle. Chef d’un État dont la vocation première est religieuse, il est l’incarnation du dogme catholique. Si ses prises de position sur le climat ou les inégalités ont pu séduire au-delà de l’Église, elles ne font pas de lui une figure universelle dont les valeurs rejoignent celles de notre République.

Laïcité malmenée

Mettre les drapeaux en berne, c’est associer symboliquement l’ensemble de la République à cette peine. C’est demander à des millions de citoyens, croyants d’autres religions, agnostiques, athées ou indifférents, de porter un deuil qui n’est pas nécessairement le leur.

C’est une confusion grave entre ce qui relève de l’intime et ce qui engage l’État, le peuple, la nation. Dans une République laïque, on ne pleure pas au nom de tous en fonction d’un culte.
Ce n’est pas la première fois que le président malmène la laïcité. On se souvient de son discours aux évêques de France, appelant à « réparer le lien abîmé » entre l’Église et l’État.

De sa visite au Vatican, assumée comme une démarche « intime ». D’un déjeuner à l’Élysée avec bénédiction à la clé. Le report d’un projet de loi sur la fin de vie en raison de la venue de ce même pape. Plus récemment, il a allumé les bougies de Hanouka dans les salons de la République. À chaque fois, la même logique, la même confusion entre l’observance d’un principe fondamental de notre République qui impose à l’État la neutralité à l’égard des cultes et une laïcité édulcorée, envisagée comme sensible à tel ou tel culte selon les circonstances. Mais la laïcité n’est pas et ne doit pas être un principe à géométrie variable ! La laïcité n’est pas la coexistence des religions sous le regard bienveillant de l’État. Ce n’est pas un dialogue interreligieux orchestré depuis l’Élysée. Ce n’est pas l’État qui s’incline devant les dogmes.

La laïcité, c’est la séparation. C’est la liberté absolue pour chaque citoyen de croire, de ne pas croire, de ne pas savoir, de douter, de changer d’avis ou d’être indifférent à la chose religieuse. C’est la possibilité d’afficher ce que sont ses convictions dans le cadre de la loi, mais aussi de les garder pour soi si on le souhaite. Et le seul moyen d’assurer cela, réside dans la neutralité stricte de l’État face à toutes les croyances. C’est une République qui protège toutes les consciences, tous les individus, chaque citoyen sans préférence.

Ne pas ménager les sensibilités

À l’approche des 120 ans de la loi de 1905, il est plus que temps de remettre les pendules à l’heure. Cette loi fondatrice n’a pas instauré un quelconque respect qui serait dû aux religions – elle les a sorties de la sphère publique pour garantir la liberté de tous. Elle ne visait pas à ménager les susceptibilités religieuses, mais à permettre la souveraineté de l’espace civil et politique, un espace autonome, affranchie des dogmes.

Les bâtiments publics sont les temples de la République, pas ceux de la foi. Les drapeaux tricolores n’ont pas à s’abaisser pour honorer un chef religieux, aussi respecté et aussi respectable soit-il. Chacun est libre d’éprouver du chagrin. Mais personne ne peut imposer son ressenti à la communauté nationale toute entière.

La laïcité n’est pas la négation de la foi : elle est la condition de sa liberté. Mais la République ne peut être le réceptacle d’une seule partie de la population et de sa peine légitime. Elle ne reconnaît que les citoyens qui la composent, en cette seule qualité.

Signataires :

  • Guillaume AGULLO, Référent Occitanie Printemps Républicain
  • Cyprien ASSEH, Militant PS et Génération Charlie
  • Pierre Nicolas BAPT, Vice-Président du PRG31 et référent du PRG à Toulouse
  • Younès BEN HADOU, Référent jeunes du Printemps Républicain
  • Béatrice BENABBES, Professeur d’espagnol, Vigilance Collèges Lycées
  • Rouven BRANENBERG, Juriste, Secrétaire général du Printemps Républicain
  • Marika BRET, Essayiste, Présidente Printemps Républicain
  • Florence BRUTUS, Vice-Présidente de la Région Occitanie (PRG)
  • Christelle CABANIS, Conseillère départementale du Tarn (PRG)
  • Joseph CARLES, Maire de Blagnac (31) et Vice-Président de Toulouse Métropole
  • Guylain CHEVRIER, Co-fondateur Vigilance Travail Social
  • Nicolas COSTES, Militant associatif
  • Carole DELGA, Présidente de la Région Occitanie
  • Gilbert-Luc DEVINAZ, Sénateur (PS) du Rhône
  • Lucas DUVAL, Millitant associatif et politique
  • Galina ELBAZ, Avocate au Barreau de Paris
  • Cécile FADAT, Élue et militante socialiste
  • Sébastien FAGNEN, Sénateur (PS) de la Manche
  • Philippe FOUSSIER, Vice-Président d’Unité Laïque
  • Vincent GAREL, Conseiller Régional d’Occitanie
  • Emmanuel GELLMAN, Printemps Républicain
  • France GERBAL-MEDALLE, Docteur en géographie
  • Delphine GIRARD, Vigilance Collèges Lycées
  • Floriane GOUGET, Étudiante
  • Jean-François GRILLET, Directeur Général Rezo 1901 et référent Rhône Alpes Printemps Républicain
  • Jérôme GUEDJ, Député socialiste de l’Essonne
  • Franck GUEGUENIAT, Porte-parole du PRG, Maire d’Épron (14)
  • Éric JEANSANNETAS, Sénateur de la Creuse
  • Pierre JUSTON, Militant PS
  • Arthur LABATUT, Président des JRG
  • Guillaume LACROIX, Président du PRG
  • Vincent LAUTARD, Directeur dans le secteur de la santé
  • Martin LOM, Journaliste et Président de Génération Charlie
  • Maxime LOTH, Étudiant à Sciences Po Paris, responsable du Printemps Républicain à Sciences Po et militant à la LICRA
  • Mohamed MAAFRI, Adjoint au Maire de Blagnac (31)
  • Kamyar MAJDFAR, Directeur Général de l’UES LE&C
  • Emmanuel MAUREL, Député (GRS) du Val d’Oise
  • Karan MERSH, Professeur de philosophie
  • Julien MIDALI, Militant du PRG
  • Franck MONTAUGÉ, Sénateur du Gers
  • Patrice MUR, Militant du PRG
  • Monique NOVARETTI, Conseillère régionale d’Occitanie (PRG)
  • Pierre OUZOULIAS, Sénateur (PCF) des Hauts-de-Seine
  • Henri PEÑA-RUIZ, Philosophe, auteur du “Dictionnaire amoureux de la laïcité”
  • Nicolas PENIN, Grand Maitre du GODF
  • Laurence ROSSIGNOL, Sénatrice (PS) du Val-de-Marne
  • Jean Pierre SAKOUN, Président d’Unité Laïque
  • Stéphanie SENSE, Conseillère régionale d’Occitanie (PRG)
  • Florence SIGUIER, Cheffe d’entreprise
  • Sophie TAIEB, Référent Hauts de France Printemps Républicain
  • Mickaël VALLET, Sénateur de Charente-Maritime
  • Paul Alexandre VOISIN, Co-fondateur Vigilance Travail Social et Référent Occitanie Printemps Républicain
  • Arlette ZILBERG, Porte-parole du collectif Les CitadElles

Mont-de-Marsan : Samuel Paty a désormais une place à son nom

En septembre 2023, Céline Piot, conseillère municipale et communautaire de Mont-de-Marsan d’opposition et référente départementale de la GRS dans les Landes, proposait au maire de donner le nom de Samuel Paty à un espace public de la commune. Le conseil municipal, unanime, a choisi une place située devant un lycée. Cette initiative s’est concrétisée ce 16 octobre 2024.

Nous relayons ici l’entretien accordé par notre camarade Céline Piot le matin du 16 octobre à France Bleu Gascogne et le discours qu’elle a prononcé lors de l’inauguration à la demande du maire qui a fait preuve ici d’un comportement républicain exemplaire en reconnaissant ainsi l’origine de l’événement.

Inauguration de la Place Samuel-Paty, devant le lycée Charles-Despiau – Discours de Céline Piot, conseillère municipale et communautaire, maîtresse de conférences en Histoire (INSPÉ, site des Landes)

Madame la Préfète, Mesdames et Messieurs des représentants des Autorités, Monsieur le DASEN, Monsieur le Proviseur du lycée Charles-Despiau, Monsieur le Maire de Mont-de-Marsan, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les enseignants – chers collègues -, chers élèves, cher public,

Aujourd’hui, Mont-de-Marsan se souvient et rend hommage.

Aujourd’hui, nous ne devrions pas être ici ; nous ne devrions pas à avoir à rendre hommage à un professeur assassiné ; nous n’aurions jamais dû avoir à inaugurer une place au nom d’une enseignant tué pour avoir fait son métier.

Tué pour avoir fait son métier…

Hélas, en France au XXIe siècle, des professeurs peuvent être assassinés.
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie et Enseignement moral et civique au collège de Conflans-Sainte-Honorine (dans les Yvelines), était poignardé, puis décapité par un terroriste islamiste.

N’oublions pas non plus que, trois ans plus tard, le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de Lettres dans un lycée d’Arras (dans le Pas-de-Calais), fut également la victime d’un autre fanatique islamiste.

Le fanatisme et l’obscurantisme, voilà les ennemis !

Le philosophe Jean-Jacques Rousseau expliquait que « le fanatisme n’est pas une erreur, mais une fureur aveugle et stupide que la raison ne retient jamais. » Nietzsche précisait que « ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. »

Mais Samuel Paty ne fut pas seulement la victime de l’obscurantisme religieux. Il faut aussi la victime de la calomnie, du mensonge, de la rumeur.

La rumeur…

« D’abord un bruit léger, rasant le sol comme l’hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche il va, le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. »

Ces mots de Beaumarchais, dans le Barbier de Séville, ont 249 ans. Ils n’ont rien perdu de leur force et de leur véracité. Ils conviennent très bien à la façon dont, aujourd’hui, une rumeur se diffuse sur les réseaux dits sociaux et peut détruire une vie.

Vous le savez, Samuel Paty était en train de mener un cours sur la liberté d’expression. Et l’obscurantisme, la bêtise, la haine ont voulu le faire taire.

Alors que la liberté d’expression sur laquelle Samuel Paty était en train de faire réfléchir ses élèves – car, oui, Samuel Paty aimait faire réfléchir ses élèves – est un des droits revendiqué par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), notamment dans l’article 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme. »

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, un texte émancipateur…

À rebours du délit de blasphème que certains voudraient nous imposer.

En France, le délit de blasphème n’existe pas. Le blasphème n’est pas une notion juridique. Le droit de l’exercer est consacré par la loi de 1881 sur la liberté de la presse : liberté d’écrire, de caricaturer…

Lors de la discussion de cette loi à l’Assemblée nationale, le député républicain Georges Clemenceau, qui plaidait en faveur de cette liberté, disait ceci : « Laissez tout attaquer, à condition qu’on puisse tout défendre. Je dirais même : laissez tout attaquer afin qu’on puisse tout défendre, car on ne peut défendre honorablement que ce qu’on peut attaquer librement. » Oui, en France, on peut critiquer les idées, les croyances et les dogmes. Or, ce que révèlent de récentes enquêtes d’opinion, c’est que près d’un jeune sur cinq ne condamne pas fermement l’assassinat de Samuel Paty, ce qui est particulièrement inquiétant.

Certains sont indifférents, d’autres disent partager les motivations du terroriste, d’autres encore estiment que le cours de Samuel Paty constituait une provocation inutile.
Quelle régression !

Aussi le choix de l’emplacement de la place devant un établissement scolaire, en l’occurrence le lycée Charles-Despiau, n’en est-il que plus fort.

Plus jamais un professeur qui cherche à développer l’esprit critique de ses élèves ne doit avoir peur quand il est en classe, au point de d’autocensurer ; ne doit avoir peur d’être tué ; ne doit être tué.
Non, plus jamais !

Si cette inauguration intervient quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty, nous ne sommes pas dans « l’après Samuel Paty » ; nous sommes toujours dans « le moment Samuel Paty ».

Depuis 1882, excepté la période du régime de Vichy (1940-1944), l’École publique française est une respiration laïque.

Samuel Paty instruisait les élèves, leur donnait les outils indispensables à l’émancipation, la connaissance et l’esprit critique, fondements essentiels du libre-arbitre et de la liberté.
Honorer Samuel Paty, c’est donc honorer ces valeurs, c’est honorer la République !

Toutes les communes auraient dû et devraient donner le nom de Samuel Paty à un espace public. Il y a environ trente-six mille communes en France ; à ce jour, seule une cinquantaine ont fait ce choix. Ce qui interroge beaucoup…

À Mont-de-Marsan, le Conseil municipal, unanime, a décidé d’honorer la mémoire de Samuel Paty. Merci, Monsieur le Maire, d’avoir répondu positivement à ma proposition. Merci aux élus.

Mont-de-Marsan fait désormais partie des communes qui se lèvent pour dire que les Lumières ne s’éteindront jamais devant l’obscurantisme, quel qu’il soit !

Pour une contre-offensive universaliste

En octobre 2023, l’alliance polonaise des Libéraux, des démocrates-chrétiens et de la gauche mettait fin dans les urnes à neuf années de domination sans partage du parti ultra-conservateur et réactionnaire des frères Kaczyński, le PiS. Progressivement, les droits des femmes et des minorités sexuelles, particulièrement mis à mal depuis une décennie, devraient retrouver le chemin du progrès.

Une semaine avant, le Hamas et le Djihad islamique avaient provoqué le pire massacre collectif de Juifs depuis 1945, à l’intérieur des frontières de l’État d’Israël, démontrant ainsi la faillite de la politique sécuritaire de la coalition d’extrême droite au pouvoir avec Benyamin Netanyahu… Indépendamment du droit de l’État d’Israël à se défendre et de la disproportion hallucinante des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza (dont nous n’avons cessé de dénoncer les conséquences horribles sur les populations civiles), cet événement traumatique semble avoir provoqué un sursaut civique contre l’alliance de la droite sécuritaire et des suprémacistes religieux qui dominent le cabinet : les manifestations des familles des otages sont venues s’ajouter à celles déjà massives contre la réforme de la Cour suprême… il n’aura échappé à personne que la majorité des victimes de la tuerie du 7 octobre sont issues des kibboutzim de la gauche laïque du nord du Néguev ou de la jeunesse cosmopolite des grandes agglomération côtières … comme une alliance objective des « fous de dieu » pour provoquer la mort tout azimut. Or la Cour suprême vient de lever l’exemption militaire dont bénéficiaient les Haredim, cette part de la communauté israélienne ultra-orthodoxe qui prétend n’avoir à se consacrer qu’à la prière et à « l’étude » ; voilà une décision qui est susceptible de faire sauter le « cabinet d’union nationale » (les centristes de Beni Gantz avaient rejoint Netanyahu pour riposter au Hamas) qui se divise violemment sur le sujet : la faillite morale de l’opération militaire ne l’avait pas provoqué, peut-être que la fin de l’hypocrisie des passe-droits accordés au « messianiques » l’amènera enfin. À partir de là, la gauche et les centristes laïques devront s’organiser pour offrir une alternative aux Israéliens.

Aux États-Unis d’Amérique, malgré les sondages encourageants pour Donald J. Trump, ça tangue très fort dans le parti républicain où radicaux-religieux et conservateurs s’affrontent : à nouveau, la droite radicale a déposé une motion de censure contre le Speaker qu’elle avait elle-même imposé suite à un autre motion de censure… une nouvelle guerre parlementaire qui pourrait permettre le déblocage de l’aide à l’Ukraine et qui redonne à Joe Biden des marges de manœuvres pour imposer un peu de raison à son allié israélien et dans la campagne électorale intérieure.

Enfin, dimanche 31 mars, Recep Tayyip Erdoḡan et son parti l’AKP viennent d’essuyer leur première véritable défaite électorale à l’échelle nationale depuis 2022 à l’occasion des élections municipales qui ont conduit à une victoire large du parti kemaliste, républicain et laïque, le CHP qui renforce ses positions. Forcé de reconnaître, pour une fois, sa défaite, le pouvoir islamiste a cependant cherché à frapper l’autre parti démocratique d’opposition en invalidant de manière illégale l’élection du maire de Van au Kurdistan, membre du DEM parti de gauche et principale force politique turque représentant les Kurdes. Une réaction de fauve blessé avant d’annoncer le chant du cygne ?

Ce panorama des combats internationaux entre les forces de la réaction et celles qui défendent une société sécularisée devrait nous convaincre de la nécessité d’un sursaut en France. Au moment où le proviseur du Lycée Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort pour avoir fait appliquer la loi de 2004, n’a pas trouvé d’autre alternative que la démission, au moment où une collégienne a été passée à tabac devant son établissement à Montpellier, après avoir été harcelée un an et demi durant parce qu’elle se maquillait et refusait de se voiler, nous enverrions en baissant les bras un signal désastreux au monde alors que les universalistes relèvent la tête. Non seulement il temps de prendre la mesure des ravages causés par la radicalisation confessionnelle chez nos concitoyens et d’y apporter une réponse culturelle et politique, mais notre République dispose de la légitimité pour relancer le combat universel pour la Laïcité dans le sens de l’appel lancé le 11 décembre dernier par des militants laïques du monde entier.

Entrer en Résistance

Nous ne faisons pas face à un gouvernement qui voudrait faire de son mieux dans un contexte difficile mais se tromperait sur le diagnostic et les solutions.

Nous faisons face à un président de la République au service des puissants de ce monde, idéologiquement convaincu que la richesse ruisselle sans qu’il n’y ait besoin que la loi instaure la solidarité et qui, délibérément, ne prend pas les mesures pour sauver, soutenir ou améliorer tout ce qui fait l’originalité et la pertinence de notre modèle social français ou même européen.

Au contraire, par tous les moyens, et dans tous les domaines, il affaiblit, casse ou laisse dépérir à dessein. Il n’est pas le seul en Europe. D’autres ont tapé plus fort et plus tôt. Mais les objectifs sont les mêmes.

Ces attaques semblent partir tous azimuts mais sont malheureusement très cohérentes. Ainsi de la réforme des retraites, inutile et injuste ; ainsi de l’Hôpital, de la Recherche ou de l’École où, faute de moyens et d’ambition, on désespère les personnels et on laisse filer les compétences ; ainsi de la Laïcité quand « l’on » fait semblant de ne pas voir que la participation du Président à des cérémonies religieuses est anticonstitutionnelle et rend inaudible le juste discours sur les signes ostentatoires ; ainsi du droit du travail contre lequel on ne compte plus les coups de boutoirs, dont le dernier en date est la proposition de faire reculer d’un an à deux mois le délai de prescription pour la saisine des prudhommes en cas de licenciement abusif… Et la liste est longue.

Entrer en résistance, c’est multiplier les combats ponctuels sans perdre de vue la vision d’ensemble. Entrer en résistance, c’est avoir conscience qu’à ce régime la République est en danger. Mais entrer en résistance c’est aussi gagner : ainsi de la victoire d’Emmanuel Maurel et de ses alliés sur le géoblocage des œuvres culturelles. Entrer en résistance c’est gagner partout où nous sommes car il n’y a pas de petites victoires. Entrer en résistance, c’est ainsi préparer la contre-offensive et la gauche républicaine de demain qui, en France comme en Europe, pourra proposer une alternative attractive aux chemins mortifères.

Rentrée scolaire : le miroir aux alouettes de Gabriel Attal

Le « tout nouveau » ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a choisi un mode de communication tonitruant pour sa première rentrée scolaire, sans doute pour faire oublier l’effacement et l’inaction de son prédécesseur à la Rue de Grenelle. Mais une communication politique décomplexée n’est pas une politique. Encore moins une réponse à la hauteur des défis auxquels sont confrontés le service public d’éducation nationale, les enseignants, les élèves, les étudiants et les familles, dans un contexte général qui a rarement été autant dégradé.

Certes, le détricotage de la “réforme Blanquer” du Bac est une bonne nouvelle. L’exécutif revient enfin à la raison, après avoir dénigré pendant deux ans la quasi unanimité des professeurs et des parents d’élèves qui, eux, avaient anticipé les dégâts et alerté.

Mais cet aveu d’échec ne dit rien des modalités d’application, et ne change rien à la pérennisation du calamiteux logiciel Parcoursup, dont il a été démontré que les algorithmes, nationaux et locaux, aggravaient les inégalités d’accès aux études supérieures.

Nous devons engager la Nation dans une mobilisation générale pour l’égalité à l’école, assise sur la gratuité, la mixité scolaire et la la continuité du service public, partout et pour tous :

  • Comment peut-on encore parler de gratuité quand rien n’a été fait pour contenir l’explosion des prix des fournitures scolaires depuis deux ans, insuffisamment compensés par les collectivités locales, elles-mêmes dotées de moyens inégaux ?
  • Comment peut-on parler de mixité scolaire quand le gouvernement abandonne la question de la carte scolaire et s’accommode de la concurrence déloyale de l’enseignement privé (très majoritairement confessionnel et catholique) ?
  • Comment parler de continuité du service public d’éducation quand les “mesures-phare” de Gabriel Attal – remplacement des professeurs de secondaire absents par des enseignants d’autres disciplines et recrutements de contractuels sans aucune garantie de compétences – répondent plus à une logique de garderie d’adolescents qu’à l’exigence d’une instruction de qualité et de respect des programmes scolaires ? Quant aux écoles maternelles et élémentaires, rien n’a été fait, ni prévu ni annoncé, pour les remplacements d’absences, faute d’une action sérieuse et de long terme sur les effectifs.

Dans l’enseignement supérieur, la paupérisation des étudiants, toujours aussi nombreux dans les filles d’attente des banques alimentaires depuis la crise sanitaire, témoigne du même bilan accablant.

Deuxième prise de conscience positive après l’échec du bac formule Blanquer : l’annonce par le ministre de mesures rappelant l’interdiction des vêtements religieux en milieu scolaire. L’École doit rester laïque et ne saurait tolérer aucun prosélytisme en son sein. Cette décision soutiendra les responsables d’établissement confrontés à ces phénomènes.

Mais l’engagement laïque ne masque pas le désengagement financier. Les enseignants français sont parmi les plus mal payés de l’OCDE, les investissements demeurent dramatiquement insuffisants, et le refus d’accroître la mixité sociale dans le privé (qui avait même reçu le soutien de l’Élysée contre le prédécesseur de M. Attal) montre que ce pouvoir n’a que faire des principes qui ont fondé notre école.

La Gauche Républicaine et Socialiste assure de sa mobilisation et de sa solidarité l’ensemble des acteurs – les parents d’élèves, les enseignants et leurs syndicats notamment, mais aussi élèves et étudiants – pour obtenir du Gouvernement et de l’État les décisions concrètes, le soutien et les moyens indispensables qu’exige une ambition républicaine pour l’éducation nationale.

La Laïcité a-t-elle réponse à tout ? – « Ces idées qui gouvernent le monde » sur LCP-AN

La laïcité est de tous les combats politiques, idéologiques, socio-culturels et même religieux. C’est devenu un mot fourre-tout qui traduit d’abord le malaise de la société française. De son école, des services publics et autres producteurs de biens communs, partout où s’exerce des discriminations et des pressions, des comportements très singuliers qui remettent en cause le vivre ensemble. Mais est-ce que le trans-genrisme et la laïcité, font cause commune ? Si tout est laïc, qu’est-ce que la laïcité ? Au début de la laïcité, à sa source, il y a la fameuse loi de 1905 qui établit une liberté de conscience entre croyants et non croyants, la séparation de l’Église et de l’État et le livre exercice des cultes, tout cela dans le respect de l’ordre public. Mais d’interprétation en interprétation et à l’aune d’évènements symboliques et tragiques, on pense bien sûr à la décapitation de l’enseignant Samuel Paty le 16 octobre 2020 ou auparavant à l’affaire du foulard de Creil, la laïcité est devenu une sentinelle démocratique, un bouclier contre l’islamisme radical, le respect de la liberté d’expression, un viatique républicain de l’apprentissage de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Cette extension du domaine de la laïcité renforce t’elle sa prégnance socio-culturelle ou à contrario est-elle le constat de l’affaissement de la politique au profit des communautarismes et de la tenaille identitaire. Émile Malet recevait le 27 mars 2023 sur LCP pour en débattre : – Iannis Roder, professeur d’histoire – Smaïn Laacher, sociologue, professeur des Université – Laetitia Strauch-Bonart, rédactrice en chef et essayiste, l’Express – Emmanuel Maurel, député européen, fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste Notre animateur national a notamment rappelé quelques principes forts. La laïcité n’a pas besoin d’adjectif pour être définie, mais vise à créer les conditions d’une société qui se veut émancipée de tous les clergés. Elle s’est un peu étendue, mais ce qui compte c’est de séparer la politique de la religion. De plus en plus de religieux, pas seulement les fondamentalistes islamistes, mais aussi des Charismatiques, des protestants néo-évangéliques ou des intégristes catholiques, mettent à mal et contestent le principe de la laïcité. Oui il y a bien une offensive politico-religieuse ; le prosélytisme et les provocations existent de la part de courants religieux fondamentaliste et rigoristes, car ils considèrent que toute personne supposée appartenir à ce qu’ils définissent comme « leur » communauté (et on voit ici le caractère pernicieux qui met en cause à la fois la liberté de la personne et qui vise à assigner « à résidence identitaire » certains de nos concitoyens) doit se comporter selon leurs principes. Forcément l’école républicaine est une cible privilégiée de contestation car elle est le creuset d’un projet de société diamétralement opposé. Il nous faut réagir au plus vite car nous défendons la Liberté et l’Égalité, liberté de croire évidemment mais aussi liberté de ne pas croire ou liberté de croire de la façon qui nous convient et non pas comme certains intégristes veulent l’imposer à toute la société. Le problème existe au niveau européen (la laïcité à la française, cela ne va pas de soi dans les autres pays européens) notamment avec des offensives de mouvement conservateurs catholiques d’Europe de l’Est pour qui l’Europe ne peut être que chrétienne ; plus récemment, certaines institutions européennes sous prétexte de « valoriser la diversité » se sont mis à promouvoir le port du hidjab ce qui revient à réduire finalement à une seule possibilité l’image et le comportement « autorisé » de la femme qui se veut musulmane. Un phénomène récent nous inquiète enfin : la contestation sous couvert religieux de la connaissance et de la science. Or il faut rappeler à nos enfants et adolescents que la Foi ne saurait prévaloir sur le Savoir.

« Au niveau européen, la laïcité ne va pas de soi »

entretien accordé à Marianne par Emmanuel Maurel – Propos recueillis par Hadrien Brachet et Jean-Loup Adenor – publié le 10 décembre 2022

A l’origine d’un amendement pour interdire le financement par les institutions européennes de structures concourant au « prosélytisme religieux », le député européen Emmanuel Maurel a répondu aux questions de Marianne.

Dans l’immense arène qu’est le Parlement européen, il est l’un de ceux qui tentent de perpétuer la tradition laïque de la gauche. En octobre, l’eurodéputé GRS Emmanuel Maurel déposait un amendement pour que l’Union européenne ne finance plus d’organisations concourant au « prosélytisme religieux ».

Une réponse aux accusations faites aux institutions européennes d’avoir soutenu des visuels promouvant le hijab ou financé des associations proches des Frères musulmans. Le PPE (Parti populaire européen, la droite européenne) et le groupe Renew, dont fait partie la Macronie, avaient également présenté leurs propres amendements sur le sujet. Si son texte, contrairement aux deux autres, a finalement été rejeté, Emmanuel Maurel revient auprès de Marianne sur la place de la laïcité dans les institutions européennes.

Marianne : Vous avez proposé un amendement pour que les fonds européens ne financent pas des structures concourant au prosélytisme religieux. Qu’est-ce qui a motivé cette initiative de votre part ?

Emmanuel Maurel : C’était une réaction au financement par la Commission européenne d’actions sous influence de l’islamisme politique, ou qui faisaient la promotion des signes religieux en général. Certains découvrent le sujet seulement maintenant mais ce n’est pas nouveau ! Avec plusieurs collègues, je me bats depuis des années pour que le prosélytisme ne soit plus soutenu par les institutions de l’UE. Et c’est un combat de longue haleine.

La France n’est-elle pas isolée dans ce combat ?

Il y a incontestablement des différences d’approche entre les États-membres. Nous, Français, qui sommes imprégnés des principes de laïcité, nous sommes parfois heurtés par des pratiques beaucoup plus permissives à l’égard de la religion. Je me souviens qu’au début de mon premier mandat, mes interlocuteurs d’autres pays européens ne comprenaient même pas de quoi je parlais. Au niveau européen, on est dans un univers culturel et politique où la laïcité ne va pas de soi.

Plus largement, comment expliquez-vous que l’Union européenne soit perméable à des organisations politico-religieuses, notamment récemment des structures proches de l’islam politique ?

Ces organisations jouent de l’idée que la diversité étant une chance pour l’Europe. C’est d’ailleurs sa devise : « unis dans la diversité ». Il faut tout respecter, même ce qui n’est pas respectable, comme les revendications les plus agressives de certains porte-parole autoproclamés des musulmans.

Rappelons que dans ce monde, le voile est utilisé par des pouvoirs réactionnaires et totalitaires pour soumettre la femme ! Il y a une forme d’aveuglement chez ceux qui refusent de voir la contradiction entre le voile et le féminisme. En Europe et en France, ils en viennent à considérer toute position laïque comme islamophobe, et assimilent à du racisme la critique d’une religion et de ses dogmes.

Votre amendement différait de ceux du PPE et de Renew qui mentionnaient respectivement la promotion du « hijab » ou le financement des « Frères musulmans ». Pour votre part, vous ne citiez aucune organisation religieuse. Pourquoi ?

Mon amendement était rédigé pour mettre la politique européenne à distance de toutes les religions. Les entorses à la neutralité de l’État sont en effet légion sur notre continent. On pense par exemple à l’emprise démesurée de l’Église catholique en Pologne, sur son administration, sur ses dirigeants et sur la plupart de ses députés au Parlement européen. J’avais vraiment à cœur de dénoncer le prosélytisme religieux, et pas telle ou telle religion, encore moins tels ou tels croyants. Résultat : j’ai irrité la droite du Parlement, qui a voté contre mon amendement au motif qu’il remettait en cause les racines chrétiennes de l’Europe.

Vous pensez que François-Xavier Bellamy s’oppose à la promotion du voile non pas par attachement à la laïcité mais par défense du catholicisme ?

C’est un collègue pour qui j’ai estime et respect, un des rares intellectuels dans le monde politique. Pour lui, l’Europe fait avant tout face à un enjeu de civilisation. Pour moi, l’Europe doit avancer vers davantage de sécularisation, faute de quoi risquent de prospérer les discours de retour aux superstitions et de négation de la raison, voire de guerre civile. Mes oppositions avec François-Xavier Bellamy sur la place du spirituel sont philosophiques – et elles agitent le débat public en Europe au moins depuis la Révolution française.

Selon vous, comment devrait se positionner la gauche européenne sur cette question ?

On parle beaucoup de l’offensive de l’islam politique, mais la résurgence de la religiosité est un phénomène bien plus large, qui charrie notamment une défiance vis-à-vis de la science. De nombreux penseurs et universitaires s’en inquiètent à juste titre. Parmi eux, je pense à Stéphanie Roza, qui montre dans ses travaux passionnants que les Lumières sont dans le viseur et qu’elles sont menacées, y compris à gauche ! Mais de nos jours, rien que dire cela est devenu « problématique ».

Cela devrait pourtant nous rassembler, car les conséquences sont graves : en témoigne la pression – hélas couronnée de succès – des évangélistes américains, brésiliens, ou des intégristes catholiques polonais contre l’avortement. Toutes les petites compromissions avec les intégrismes, toute complaisance à l’égard de la bigoterie, ont un prix, que les sociétés finissent toujours par payer, au premier rang desquelles les femmes. C’est un combat qui mérite d’être mené et que je porte en essayant de bousculer la torpeur, l’indifférence et les réticences à s’aventurer sur ce terrain.

La situation en Iran ne contribue-t-elle pas à une prise de conscience ?

Bien sûr, mais j’aurais aimé que les Lumières projetées par les femmes iraniennes nous éclairent davantage. Ce qui se passe en Iran témoigne de l’inanité des thèses relativistes : oui, il y a bien des valeurs universelles. Je suis surpris qu’en dépit de cette éclatante démonstration de résistance contre l’obscurantisme, certains progressistes ne fassent pas le lien entre leur combat quotidien et la nécessité de lutter contre l’impérialisme clérical, ici comme ailleurs.

À gauche, ce sont les Verts pour qui la culture laïque à la française semble le moins aller de soi. Ce sont ceux, à gauche, qui ont le moins voté votre amendement…

L’écologie politique abrite effectivement en son sein des grilles de lecture qui ne voient aucun risque dans le différentialisme. On peut l’expliquer par la genèse et l’histoire des mouvements écolos des tout débuts, dans les années 1970 et 1980. À cette époque, le gauchisme sociétal et culturel dominait et les Verts en ont eux aussi subi l’influence, s’obligeant à épouser toutes les causes minoritaires quelles qu’elles soient.

Cela a créé chez EELV des décalages et des contradictions. J’en vois deux principales : la première entre leur féminisme intransigeant et leur relativisme par rapport aux questions religieuses. La seconde entre leur radicalité réformatrice et leur défiance vis-à-vis de l’État, dans lequel ils voient avant tout un système d’oppression, alors qu’il est avant tout, en France, le garant de l’intérêt général et un vecteur d’émancipation.

Que pensez-vous de l’action du gouvernement français qui a écrit à la Commission sur le financement d’organisations proches des Frères Musulmans ?

Le macronisme n’est pas exempt d’ambiguïtés sur la place du religieux, comme en témoigne le discours d’Emmanuel Macron en 2018 devant la Conférence des évêques de France, sur le lien entre l’État et l’Église qu’il faudrait « réparer ». Quant à la droite, elle est tout sauf irréprochable : rappelez-vous Nicolas Sarkozy qui lors du discours de Latran en 2007, avait déclaré que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ».

Il y a en France un déclin du militantisme laïque. Le relativisme consumériste, selon lequel tout se vaut, est consubstantiel à l’idéologie néolibérale et porte des coups violents à l’humanisme universaliste. La République respecte évidemment les différences, mais elle porte en son cœur l’idéal d’égalité, qui va au-delà de ces différences. Pour faire simple, la République ce n’est pas juste « vivre ensemble », c’est aussi « vouloir vivre ensemble ».

Raison et liberté de conscience sont nos seules boussoles

Communiqué de la Gauche Républicaine et Socialiste, jeudi 8 décembre 2022

À l’occasion de la Semaine de la Laïcité et de la Journée nationale de la laïcité ce vendredi 9 décembre 2022, la Gauche Républicaine et Socialiste réaffirme son attachement aux principes républicaine nés des Lumières et de la Révolution française, et à la loi de 1905 concrétisant la séparation des Églises et de l’État. C’est pour nous, militants républicains de gauche, un principe intangible et inscrit dans le marbre.

La laïcité est l’outil d’une triple libération : la libération du sujet accédant à l’indépendance intellectuelle et morale par l’exercice de la Raison ; la libération de l’État dégagé de la pression des religions et de leurs organisations ; la libération des religions échappant à la tutelle des autorités politiques qui voudraient en faire des instruments.

Reconquérir la République laïque est un combat social de tous les instants, en France et dans le monde. Nous voulons :

  • L’application de la loi de 1905 (rien que la loi mais toute la loi) ;
  • La suppression du Concordat en Alsace-Moselle et les dispositions contraires à la laïcité dans les départements et régions d’Outre-Mer ;
  • Le rétablissement et le renforcement des outils et moyens nécessaires pour combattre les dérives sectaires comme la MIVILUDES ;
  • L’interdiction des écoles privées hors contrat ;
  • La réorientation des financements publics vers l’école publique à l’issue d’un plan organisant le retour au principe « école publique : financement public ; école privée : financement privé » ;
  • La mise en œuvre d’un plan de relance de l’éducation populaire laïque dans l’ensemble de nos territoires ;
  • La formation de tous les agents de la fonction publique sur les questions de la Laïcité.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien aux événements qui ont lieu en France métropolitaine et outre mer. Elle appelle ses militants à s’y associer et à prendre toute leur part pour marquer cette journée nationale.

2020-2022 : souvenons-nous de Samuel Paty, défendons la liberté d’expression et de conscience, défendons l’école républicaine

Il y a 2 ans, le 16 octobre 2020, Samuel Paty tombait parce qu’il avait accompli rigoureusement son métier d’enseignant et sa mission de transmission des principes de la République.

Ces principes — ici en l’occurrence, la liberté de parole, d’expression et de conscience — rappellent que les religions, quelles qu’elles soient, ne peuvent entraver les libertés fondamentales des femmes et des hommes liés par le contrat social qui en découle.

L’assassinat de Samuel Paty faisait suite à de nombreux autres, dont ceux, tout aussi tragiques, qui nous ont amputés de l’équipe de Charlie Hebdo. De renoncements en lâchetés, de nombreux responsables ont fait le lit du retour des dogmes religieux, un voile remplaçant une soutane, et participent à la fracturation de la République.

Alors même qu’ailleurs dans le monde, des femmes et des hommes se lèvent contre l’obscurantisme fanatique, nous devons plus que jamais être vigilants.

Ce combat, débuté voici plusieurs siècles, a débouché en 1905 sur une loi de liberté qui instaurait enfin la séparation des Églises et de l’État. Ce combat salutaire l’a été essentiellement par des humanistes et universalistes de gauche, attachés à l’égalité dans les faits.

Contre les promoteurs de l’obscurantisme ou d’une laïcité usurpée par l’extrême droite, nous n’avons jamais dissocié combat laïque et combat social ; nous sommes fidèles aux mots de Jaurès qui écrivait « La République restera laïque si elle sait être sociale ». C’est pourquoi les militantes et les militants de la Gauche Républicaine et Socialiste participeront aux commémorations de ce dimanche 16 octobre 2022 et lèveront haut le flambeau de la laïcité, non pour mettre le feu à une société ébranlée par les crises multiformes qui la traversent, mais bel et bien pour défendre l’égalité et la liberté, et éclairer de sa flamme puissante tous les enfants de la République.

quelques sites de commémorations :

https://eduscol.education.fr/2395/hommage-au-professeur-samuel-paty

https://actu.fr/ile-de-france/conflans-sainte-honorine_78172/yvelines-assassinat-de-samuel-paty-nouvelle-commemoration-a-conflans-sainte-honorine_54403100.html

https://www.godf.org/index.php/actualite/details/liens/conference/nom/Conferences/slug/crmonie-en-hommage-samuel-paty

Rassemblement au Mans à la mémoire de Samuel Paty – Place Aristide Briand : https://fb.me/e/2Cjm0QhDl

et à l’appel du comité laïque national – comité laïcité république à Paris (Vème) le 16 octobre à 14h00, square Samuel-Paty (place Paul-Painlevé, face à la Sorbonne)

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