Résultat des élections territoriales : la Polynésie au défi de son développement

Le 30 avril, suite à un second tour aux élections territoriales, la liste indépendantiste du parti Tavini huiraatira (Servir le peuple autochtone), conduite par l’ancien résident Oscar Temaru, a obtenu 44,3% des voix la plaçant ainsi en tête (+21 points par rapport au second tour de 2018 – au 1er tour Tavini était passé de 20,7 à 34,9%). Il est suivi par le Tapura huiraatira (liste du peuple) d’Édouard Fritch, président sortant, avec 38,5% et le A Here Ia Porinetia (Aimons la Polynésie !) de Nicole Sanquer qui recueille 17,2% (le parti est une scission du Tapura, lancée en 2020 ; la liste était conduite par Nuihau Laurey).

Cette victoire permet aux indépendantistes d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée territoriale (avec 38 des 57 sièges) pour les cinq années à venir. C’est la première fois que les indépendantistes disposent d’une majorité solide à la tête de la Polynésie. Jusqu’à présent, ils n’avaient jamais conservé le pouvoir pendant un mandat complet alors que, depuis 1984, les « autonomistes » ont gouverné de manière quasi continue en dehors des neuf années d’instabilité (de 2004 à 2013), due à des alliances penchant des deux côtés de la balance à la suite de la mise en œuvre du statut d’autonomie actuel.

Ce résultat s’explique notamment par le fait que les habitants du territoire souhaitaient voir un changement, alors que les autonomistes n’ont pas su se mettre d’accord aux second tour. Par ailleurs, les nombreux scandales autour des années Flosse, qui à 91 ans ne pouvait se présenter aux second tour, ont encore pesé sur le scrutin ; son parti Amuitahiraa o te nuna’a ma’ohi (Rassemblement du peuple maohi), conduit par Bruno Sandras, avait présenté des candidats (11,2 % au 1er tour) et fait alliance avec le Tapura au second tour (sans oublier que A Here Ia Porinetia a pu être créé en 2020 grâce à l’aide de Gaston Flosse).

La campagne électorale s’est cependant largement concentrée sur les questions économiques et sociales, particulièrement aiguës dans le territoire ; la victoire de Tavini marque d’abord l’échec des exécutifs autonomistes en la matière et pose la question de l’accompagnement de la République française pour le développement endogène du territoire autonome.

La Gauche Républicaine et Socialiste prend acte de la victoire d’Oscar Temaru et Moetai Brotherson pour leur victoire démocratique et souhaite la pérennité et la continuité de l’appartenance de la Polynésie française – qui rappelons-le est composée de cinq archipels sur un territoire grand comme l’Europe – à l’ensemble français.

Les gouvernements français, qui vont avoir à discuter avec le nouvel exécutif polynésien, auront une lourde responsabilité dans la période qui s’ouvre car elle déterminera si la France restera ou non une grande nation maritime et forte de sa diversité. La République doit relever ce grand défi d’assurer les conditions d’un développement durable de la Polynésie apte à répondre aux légitimes attentes économiques et sociales des Polynésiens.

Les provocations du ministère de l’intérieur sur l’Outre Mer sont inacceptables

La GRS s’alarme des propos tenus par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, jeudi 2 février 2023 à Paris, dans le cadre d’un colloque organisé par l’hebdomadaire Le Point. Il sont choquants et provocateurs pour nos concitoyens ultra marins.
On ne peut accepter qu’un ministre de la République ose déclarer : «  Il faut savoir dire aux Ultramarins que vous n’aurez d’autonomie demain que si vous êtes capables de produire ce que vous mangez, ce que vous consommez comme électricité. Et c’est par la richesse économique que vous aurez des recettes. Ce n’est pas par des subventions. »
On pourrait faire remarquer au ministre qu’hélas notre pays n’a pas sa souveraineté alimentaire et énergétique et qu’en tout état des cause, ces conditions ne sauraient constituer un préalable à une certaine autonomie qui faut- il le rappeler est consacrée par la constitution de notre République à travers les articles 73 et 74 définissant les formes de libre administration des collectivités des outremers.

Ces « territoires » sont et font partie de la France dans toute sa diversité.
Outre le fait qu’aucune région française n’est en situation de produire entièrement les denrées dont elle a besoin, on observera qu’envisager une telle perspective pour les Antilles alors même que ces territoires subissent une pollution au chlordécone, avec remarquera que 90% des sols sont pollués pour des siècles ?
Concernant son allusion aux « subventions », il est inquiétant de voir un ministre de l’intérieur, ancien ministre du budget, les confondre avec les dotations. Sans oublier leurs baisses en continue et les compensations qu’elles apportent du fait de la suppression de la fiscalité des collectivités par l’Etat. Et les collectivités ultramarines s’y connaissent en termes de manquent de dotation!
Ces propos ne peuvent être que perçu comme un acte de mépris en direction des nos compatriotes ultra marins.

Au moment où une réforme des retraites s’apprête à casser encore plus notre système social, au moment où des grèves vont s’endurcir partout dans l’ensemble Français, l’unité républicaine de la nation devrait préoccuper le Ministre de l’Intérieur.
Monsieur Darmanin, devrait s’occuper sérieusement des problèmes réels des habitants de ces territoires et en particulier pour assurer la sécurité des populations ultramarines, lutter contre les multiples trafics de drogue et d’armes, et améliorer le pouvoir d’achat plutôt que de multiplier les provocations.

François Morland

Ministère des Outre-Mer : une administration de plein droit ou un gadget de complaisance ?

En moins de deux mois, le Ministère des Outre-mer, jusqu’ici une administration de plein exercice, a été reléguée au rang de « salle d’attente » pour l’ancienne Ministre des Outre-mer – depuis devenue Présidente de l’Assemblée nationale – pour finir ensuite sous la tutelle du Ministre de l’Intérieur. Quoiqu’il en soit, cette décision est un bon en arrière institutionnel pour nos compatriotes ultramarins.

En effet, un tel ajustement protocolaire avait déjà été expérimenté il y a près de quinze ans durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Cette mandature avait connu deux secrétaires d’état et une ministre déléguée aux Outre-mer (respectivement Christian Estrosi, Yves Jégo, Marie-Luce Penchard) qui furent tous les trois placés sous l’autorité du Ministère de l’intérieur. Aujourd’hui, c’est un énarque et ancien préfet – qui certes possède une connaissance fine de ces territoires – qui sera chargé de prendre des ordres auprès de l’innénarable Gérald Darmanin. Tout cela sur fond de crise non seulement sécuritaire mais aussi économique, sanitaire et sociale amplifiée par la défiance envers le vaccin anti-Covid et envers l’exécutif et la politique d’Emmanuel Macron.

Rappelons qu’au deuxième tour de l’élection présidentielle, une partie des populations ultramarines avaient majoritairement préférées placer Marine Le Pen en tête – à défaut de pouvoir voter pour Jean-Luc Mélenchon – et aux législatives élire de nombreux députés de gauche et/ou autonomistes à l’Assemblée nationale. Le Président de la République n’aurait-il rien retenu de ses propres résultats et de ce qu’ils traduisent dans ces territoires ?

Cette relégation sera vraisemblablement vécue comme une punition par les populations concernées. Elle laisse présager qu’au vu de la politique que l’exécutif compte mener, les Outre-mer seront encore en ébullition dans les prochaines années, alors qu’il serait plus judicieux pour l’Etat de prévenir toute tentative de contestation dans ces territoires. Une première réponse pourrait venir des débats qui auront lieu lors du Projet de loi de Finances en septembre prochain. Si les collectivités d’outre-mer constataient une réduction de leurs dotations, notamment sur des problématiques importantes comme la pollution des Antilles au chlordécone , alors le signal sera clair quant à une recentralisation vers la France Hexagonale.

Les deux millions de Français vivant hors de la France Hexagonale méritent bien mieux qu’une tutelle et un amalgame avec les problématiques essentiellement sécuritaires, même s’il est entendu que les DROM, COM et les PTOM connaissent des difficultés avec l’intensification des trafics de drogue et d’armes ainsi que les contrôles des frontières. Cependant, la sécurité ne peut à elle seule répondre à l’ensemble des problématiques que connaissent ces territoires qui sont liées à leur éloignement avec l’Hexagone, l’insularité et les questions climatiques pour ne citer que celles-là.

La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite vivement que nos concitoyens ultramarins puissent bénéficier d’un Ministère de plein exercice lors d’un prochain remaniement ministériel ou de la formation d’un prochain Gouvernement.

Face à Batsirai, solidarité avec les Mascareignes et Madagascar

Depuis trois jours les Mascareignes (l’île Maurice, l’île Rodrigues et l’île de la Réunion) subissent le passage du cyclone Batsirai. Charriant des pluies diluviennes avec de forts risques de crue, soufflant en moyenne à près de 150 km/h par certains endroits et élevant le niveau de la mer sur les côtes, ce cyclone de grande envergure a amené les autorités de ces îles à placer leurs territoires au plus haut niveau d’alerte et obligé leurs populations à se confiner.

Si les phénomènes cycloniques sont fréquents dans cette partie de l’Océan indien en cette période, nous ne pouvons nous empêcher de penser aux multiples dégâts qu’ils causent, notamment aux ravages matériels et corporels qu’ils représentent pour les populations et les pertes pour les secteurs de l’agriculture, le tourisme ou encore les services.

À la Réunion, ce sont 12 personnes qui ont été blessées, 42 000 foyers qui sont privés d’électricité, 30 000 personnes qui n’ont plus d’accès à l’eau courante et 10 000 foyers qui connaissent des perturbations du réseau des télécommunications. À l’île Maurice (dite l’île sœur) selon les autorités du pays, 7 500 foyers été privés d’électricité et le réseau téléphonique a été perturbé après le passage du cyclone au large de ses côtes. L’on fait aussi état de plusieurs victimes, dont un mort, des dégâts matériels, des familles qui auraient perdu leur foyer et des submersions à quelques endroits.

Selon les météorologues, Batsirai devrait toucher les côtes est et le sud de Madagascar, dans les prochains jours, sous la forme d’un cyclone tropical intense avec des conséquences majeur pour la « grande île » et ses populations.

Malgré la récurrence des cyclones dans cette partie du globe, nous ne pouvons nous empêcher de penser au dérèglement climatique et à ses impacts sur les pays insulaires. Tout doit être mis en œuvre pour préparer leurs habitants à la hausse du niveau des océans qui va très certainement aggraver les difficultés qu’ils connaissent dans le futur.

Toutes nos pensées et notre plein et entier soutien vont aux victimes et aux populations de la Réunion, de l’île Maurice, de l’île Rodrigues et de Madagascar qui connaissent déjà une situation très compliquée avec la pandémie de Covid-19. Nous espérons vivement que l’État français pourra venir en aide aux victimes.

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