Mettons fin à la complaisance à l’égard d’Elon Musk

La France s’est vue confiée par l’assemblée générale des Nations Unies l’organisation du « Sommet pour l’Action dans l’Intelligence Artificielle (IA) », faisant suite à l’adoption à sa 79ème session du « pacte numérique mondial », et aux sommets pionniers ayant déjà eu lieu en Grande Bretagne en 2023 et en Corée du Sud en 2024. Ce sommet aura lieu à Paris, au Grand Palais, les 10 et 11 février 2025, organisé par le palais de l’Élysée.

La feuille de route de ce sommet est à la fois ambitieuse en définissant des objectifs universels, et pusillanime quant aux moyens à mettre en place. Voici les 5 axes de travail :

  • L’IA au service de l’intérêt général,
  • Avenir du travail,
  • Innovation et culture,
  • IA de confiance,
  • Gouvernance mondiale de l’IA.

Son agenda, et la starisation choisie de personnalité controversées du capitalisme technologique libertarien, interrogent tous les démocrates sincères.

En octobre 2024 la mission de préparation annonce souhaiter « lutter contre le mésusage de l’IA », en « s’appuyant sur un consensus scientifique robuste », notamment pour « lutter contre la manipulation de l’information, notamment sur les réseaux sociaux. »

Elon Musk est pourtant annoncé comme l’une des stars de l’évènement qu’Emmanuel Macron souhaite utiliser pour redorer son blason, après ses échecs budgétaires, économiques et politiques, et ses deux défaites électorales consécutives.

Le loup est invité à cuisiner le chaperon rouge !

Nous devons, au nom de la décence et de la protection des libertés publiques, interpeller la présidence française, encore une fois.

Le nouveau ministre américain en charge de « la simplification administrative » a toujours été soigné par le président de la République Française, pensant ainsi attirer l’une des sociétés du magnat de la technologie, Tesla, dans notre pays.

Musk a choisi l’Allemagne, mais le président français Macron continue sa danse du paon.

Nous sommes persuadés que la France, par son histoire, son universalisme, les contributions essentielles de ses chercheurs et ses philosophes sur les concepts clés de l’IA, doit être le moteur en Europe des réflexions sur son déploiement, sa régulation : il s’agit d’un enjeu politique crucial, un enjeu de souveraineté, un enjeu vital pour garantir notre indépendance.

Ce que nous refusons avec force, c’est que soit à nouveau déroulé le tapis rouge pour Elon Musk et ses alliés libertariens ! Celui qui est aujourd’hui l’homme le plus riche du monde n’est pas seulement le premier allié de Donald Trump : il est devenu un acteur politique toxique, ennemi de toutes les lois limitant son pouvoir absolu, et chantre d’un libertarianisme aussi débridé qu’irrationnel, soutenant les néofascismes européens.

Après avoir déboursé 270 millions de dollars et mis son réseau x et son logiciel d’intelligence artificielle Grok au service de Donald Trump pendant la campagne électorale américaine, il a submergé l’espace médiatique de fausses informations.

Depuis le scrutin de novembre 2024, Elon Musk a insulté publiquement le Chancelier allemand et fait ouvertement campagne pour l’AfD, un parti d’extrême-droite allemand, dont les dirigeants assument leurs inspirations néo-nazies.

Il s’attaque également au gouvernement travailliste britannique, soutenant l’extrême droite anglaise, propageant fausses polémiques et accusations diffamatoires.

Il insulte le chef du gouvernement canadien démissionnaire, soutenant la campagne impérialiste de Trump visant à annexer ce pays, une partie du Danemark, et le Panama.

L’Europe a décidé, lâchement, de faire semblant de ne pas entendre les déclarations pourtant répétées du nouvel exécutif nord-américain.

Les dirigeants politiques attaqués, dont deux social-démocrates, sont seuls face à des campagnes de haine multipliés par les algorithmes trafiqués.

Le patron de Meta Marc Zuckerberg (Facebook, Youtube, Instagram, WhatsApp, etc.) a annoncé se rallier lui aussi à l’alliance idéologique populiste pour inonder les réseaux de contenus manipulant les réseaux sociaux !

Comment inviter des patrons qui déclarent être opposés aux objectifs du sommet ? Ils ne serons là que pour les saboter.

Comme pourraient-ils être encore le bienvenu en France, alors qu’ils s’attaquent à nos intérêts et aux fondements de la démocratie républicaine ?

Elon Musk n’a jamais été un partenaire loyal mais une menace permanente. Aujourd’hui, il attaque ouvertement le principe même de l’égalité devant la loi, les fondements de notre démocratie. Sa prétendue défense de la liberté d’expression est d’une indécence absolue : quelle liberté d’expression reste-t-il quand des multimilliardaires disposent des outils médiatiques les plus puissants pour saturer le débat public de mensonges ?

Musk ne veut pas de liberté d’expression, il veut la liberté de mentir, de diffamer, de propager la haine, avec ses gigantesques moyens financiers comme seules limites.

Qui, une fois pris comme cible par ces hommes riches, opposés aux principes démocratiques, peut espérer faire corriger une accusation mensongère par sa propre voix, sans la protection des lois ?

Musk met toute sa puissance pour saper la démocratie issue de la philosophie des Lumières ; il est parmi nos ennemis.

Le président américain Donald Trump sera présent également. Il n’est pas possible de l’empêcher de participer vu le mandat de l’assemblée générale des Nations Unies. Mais sommes-nous obligés de dérouler le tapis rouge à ceux qui multiplient les déclarations hostiles à nos valeurs, notre démocratie, à l’Europe ?

La Gauche Républicaine et Socialiste demande à la présidence de la République et au gouvernement de tenir enfin un discours de fermeté en direction des principaux dirigeants des multinationales du numérique : les conditions d’exercice de la liberté d’expression ne sont pas marchandables, la protection des médias et de l’information et des citoyens français ne sont pas négociables. La GRS exige que l’Union Européenne consolide l’encadrement législatif des services numériques (DSA) pour protéger les citoyens et nos démocraties de l’incitation à la haine, à la violence et au terrorisme, des manipulation, des opérations de désinformation et des contrefaçons ; la GRS exige que les plateformes numériques soient enfin mises réellement et de manière concrète en face de leurs responsabilités et de leurs obligations en Europe et qu’elles soient sanctionnées quand elles ne les respectent pas.

Nous appelons les organisations démocratiques à faire des propositions communes en ce sens. Nous proposons à l’ensemble des organisations politiques et de défense des libertés à se joindre à elle dans cette exigence et à l’exprimer sur place lors du sommet.

Frédéric Faravel et Mathieu Pouydesseau

Attentats du 7 janvier 2015 : 10 ans après, ne jamais rien lâcher !

Il y a dix ans les frères Kouachi assassinaient 12 personnes à la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo dans un attentat qui avait pour cible la rédaction, celles et ceux qui travaillaient avec les journalistes et les dessinateurs, mais aussi plusieurs policiers … Deux symboles visés : la liberté d’expression, d’abord, la République qui l’instaure et la protège ensuite. Le terrorisme islamiste a tenté de bâillonner par la terreur le droit à caricaturer, à utiliser l’humour pour traiter de tous les sujets, sans se soumettre à aucune contrainte dogmatique. Nous n’oublions pas l’assassinat d’une policière municipale à Montrouge et la prise d’otages de l’Hypercasher de Vincennes et le meurtre depuis plusieurs de ses clients par Amédy Coulibaly.

Dix ans après ces odieux assassinats, « être Charlie » c’est continuer à se battre contre l’intolérance et pour rappeler que la notion de blasphème n’existe pas dans le droit français. « Être Charlie », c’est également ne jamais laisser passer aucun appel à la haine et au meurtre en raison de sa conscience, de son origine réelle ou supposée ou de son orientation sexuelle et de genre : une exigence qui résonne avec force et une angoissante actualité au moment où le recensement des actes et la parole antisémite dans notre pays est au plus haut (à la suite des attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023) et où des influenceurs numériques au service d’une puissance étrangère multiplient depuis quelques semaines les messages criminels.

La République garantit à tous ses citoyens, à toutes celles et tous ceux qui vivent sur son sol, que leur liberté de conscience est absolue, que leur liberté d’expression est protégée tant qu’elle n’attente pas à l’intégrité des personnes, que tout acte de racisme sera poursuivi, qu’on ne peut vous imputer que vos actes, vos écrits ou vos paroles et non ce que certains veulent vous imposer comme votre identité … que cette promesse de liberté publique et collective est inséparable de l’exigence de justice et d’égalité sociales.

Avec tous les Républicains sincères, la Gauche Républicaine et Socialiste salue la mémoire des victimes de janvier 2015 et appelle à continuer le combat et l’action pour renforcer une République laïque, sociale et concrète.

Faire reculer le RN et rassembler les Français – UGR24 – dimanche 13 octobre 2024

Est-il encore temps de faire reculer le RN ? La Gauche est aujourd’hui au pied du mur : Construire un projet qui réponde aux grands enjeux d’aujourd’hui et de demain comme aux problèmes quotidiens des Français et des Françaises – unir ses forces dans la durée renouer avec le monde du travail et rassembler tous les Français.

AVEC

Pierre JOUVET
Député européen – secrétaire général du PS – conseiller départemental
Christian PICQUET
Membre de la direction nationale du PCF
Jean Marie CADOR
Parti des travailleurs hongrois 2006
Gilles NOËL
Maire de Varzy (58) – Vice-président national de l’Association des Maires Ruraux de France
Sophie CAMARD
Maire GRS du 1er secteur de Marseille
Dominique CHARNASSÉ
Ancien cadre du Secrétariat Général aux Affaires Européennes –
responsable national de l’Engagement
Présidence/Animation
Catherine COUTARD
Vice-présidente du MRC

Macron : Après lui, le déluge ? tribune libre

L’enquête « Macron et son double », révélée en quatre parties par Le Monde, jette une lumière particulièrement crue sur la personnalité d’Emmanuel Macron. La dissolution imprévisible du neuf juin dernier, apparue comme irresponsable pour nombre d’observateurs politiques et embourbant le pays dans une crise politique majeure, pourrait trouver sa cause dans l’hubris de celui qui l’a décrétée…

De fait, l’enquête décrit un Emmanuel Macron cultivant un esprit de cour — « Les gens rampent sans même que je leur demande et ensuite je passe pour un dictateur ! » se serait-il amusé devant Stéphane Bern — et n’hésitant pas à avoir recours aux humiliations pour renforcer son contrôle sur les affaires. On y trouverait ainsi quelques traces de la pathologie individuelle dont les symptômes les plus importants sont politiques et structurels — s’il s’accroche tant au pouvoir, c’est qu’il s’y plaît. Ces éléments deviennent tout à fait éclairants quant à la conjoncture politique dans laquelle le président nous a jetés.

Dans l’idée gaullienne, le chef de l’État devait « servir d’arbitre au-dessus des contingences politiques, soit normalement par le conseil, soit, dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître, par des élections, sa décision souveraine ». C’est du moins ce que de Gaulle théorisait dans son discours de Bayeux le 16 juin 1946. L’inquiétante montée de l’extrême-droite en Europe étant à n’en pas douter un de ces moments de grave confusion, c’est peut-être une volonté d’application bancale de cette idée du pouvoir qui a poussé Emmanuel Macron à nous « redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote » en juin dernier.

Pourtant, par l’affichage constant de son mépris et par ses politiques délétères pour notre modèle social, n’est-il pas lui-même un agent de la montée de l’extrême-droite ? Maintenant que le loup frappe à la porte, il met tout en œuvre pour qu’on le laisse rentrer. La démarche nous semble étonnante. Assurément, c’est car nous ne pourrions la comprendre — quelle chance avons-nous : notre président brille tellement qu’il fait de l’ombre au soleil ! Sa fameuse phrase de juin 2017, qui opposait déjà « ceux qui ont réussis et ceux qui ne sont rien » annonçait la couleur.

Au surplus, là où de Gaulle eut l’élégance de démissionner après la victoire du « Non » au référendum constitutionnel de 1969, lorsque Macron invite le pays à s’exprimer, il ne l’écoute pas. D’ailleurs, « il n’écoute plus personne » aurait confié son épouse à de multiples reprises.

Désavoué aux législatives anticipées, l’usage institutionnel aurait souhaité que le président nomme un premier ministre pourvu d’une légitimité parlementaire. Provoquant une situation de cohabitation, cela aurait de facto fait perdre au président le contrôle exécutif des affaires intérieures. Mais, en s’obstinant à nommer des chefs de gouvernement qui lui sont proches, bien qu’issus de minorités démocratiques, et en bafouant ainsi l’essence même de la Cinquième République, Emmanuel Macron s’accroche au pouvoir présidentiel et refuse catégoriquement une sortie de crise par la solution parlementaire. S’il a définitivement l’ego d’un souverain, il est très loin d’en avoir le courage.

Souhaitant donner l’illusion d’un homme fort — on se souvient de la mise en scène photographique du président aux biceps hypertrophiés se défoulant sur un sac de frappe — il se nourrit surtout des failles d’un système politique qu’il prétend régir, se frayant un chemin dans les fissures du rocher. En trahissant les fondements de la Cinquième République, il en illustre les limites les plus manifestes.

On ne peut que s’émouvoir que le peuple français, ayant trouvé sa dignité dans la République s’obstine désormais à hausser à la magistrature suprême des petits monarques en puissance. Héros de 1792, pardonnez-nous !

Désormais un des présidents les plus impopulaires des dernières décennies, Emmanuel Macron s’aveugle sur son propre bilan. L’autosatisfaction reste la marque de fabrique du macronisme, même lorsque celui-ci est déclinant. La séquence médiatique d’octobre fut édifiante, et montrait bien le contraste entre la situation désastreuse des finances publiques et l’auto-congratulation de ceux qui en étaient pourtant les responsables. Avec une dette publique à plus de 3 300 milliards d’euros, en augmentation de plus de 1100 milliards d’euros depuis l’arrivée de Emmanuel Macron au pouvoir, et des inégalités qui partent à la dérive, il n’y a pourtant pas matière à se gargariser. Les multiples avantages fiscaux accordés aux plus fortunés et le refus de faire contribuer les grandes entreprises réalisant du profit à juste mesure à la vie économique du pays sont des causes évidentes de ce naufrage.

Mais si on le savait largement outrecuidant, l’enquête du Monde nous fait découvrir Emmanuel Macron volontiers grivois, — « Petit pédé », « grande tarlouze »… — l’ambiance dans l’entourage proche du président semble moins élyséenne que licencieuse, loin de la solennité qu’est censée impliquer la fonction. Après l’homophobie ordinaire, prend place le racisme patent — « Le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou » dit-il. Macron trouve un bouc émissaire à son propre désastre, qu’il contemple ensuite depuis sa tour d’ivoire, un verre de Lagavulin 16 ans d’âge à la main — son whisky favori, toujours selon les enquêteurs du Monde.

Mais qui est encore étonné ? L’homme de tous les mépris n’en est pas à son coup d’essai. En novembre dernier à Rio, le président lâchait en public que les Haïtiens étaient « complètement cons ». Un mois plus tard, il distillait ses bonnes leçons aux Mahorais…

Depuis des années, notre vie politique est ponctuée par ses frasques, et rares sont les présidents ayant si profondément avili la fonction présidentielle. Et pourtant, à l’heure où la presse nous apprend la condamnation de Nicolas Sarkozy à un an ferme pour corruption et trafic d’influence, on ne peut que déplorer que la concurrence soit si rude.

Jusqu’où ira celui qui prévient pourtant son entourage : « Je serai celui qui éteindra la lumière » ? Retenons notre souffle — il lui reste encore deux ans.

Maxence Guillaud

Bayrou à Matignon : la dernière cartouche de Macron

Emmanuel Macron a décidé une nouvelle fois de rester dans le déni du résultat des élections législatives qu’il a lui-même provoquées.

En nommant François Bayrou au poste de Premier ministre, le Président a choisi la continuité, là où une majorité de Français aspiraient au changement.

Depuis sept ans, les députés du parti de Monsieur Bayrou ont soutenu, avec tous les autres macronistes, la retraite à 64 ans, les réformes cruelles de l’assurance-chômage, les « lois travail » et les privilèges fiscaux accordés aux plus riches.

Macron avait dit vouloir la « stabilité institutionnelle » : sous Bayrou comme sous Barnier, tous deux minoritaires, celle-ci risque de s’enliser dans la paralysie politique. L’aspiration à une vie meilleure des millions de Français qui ont soutenu le Nouveau Front Populaire restera sans doute ignorée. 

La discussion sur le budget sera un moment de vérité. Si la nouvelle équipe gouvernementale persiste à refuser des mesures élémentaires de justice fiscale et sociale, alors elle aura une durée de vie tout aussi éphémère que la précédente.

Il reste à espérer que le nouveau Premier ministre prendra au sérieux l’état de déliquescence démocratique qui caractérise notre pays après sept ans de macronisme.

Le respect du Parlement, qui passe au préalable par l’abandon de l’utilisation du 49.3, sera une condition sine qua non de sa longévité politique.

Les Jeudis de Corbera – La haine des fonctionnaires : quel avenir pour la fonction publique ? 5 décembre 2024

Les Jeudis de Corbera proposaient une nouvelle séance d’échanges au soir de la grève nationale de la fonction publique et des nombreuses manifestations de la journée.

Le débat était intitulé « Quel avenir pour les fonctionnaires ? » : au moment où les fonctionnaires sont l’objet d’un réel mépris de leur ministre de tutelle et du gouvernement, comment reconstruire la confiance des agents publics indispensables à l’exercice de leurs missions ? En s’attaquant ainsi à ceux qui servent l’intérêt général, l’objectif est bien de démanteler les services de l’Etat.

Carole Condat, référente du pôle thématique fonction publique et services publics de la GRS, et Damien Vandembroucq, membre du collectif de direction de la GRS, interrogeaient et dialoguaient avec Claire Lemercier, historienne, directrice de recherche au CNRS et co-autrice de La haine des fonctionnaires, que nous avions déjà reçu pour une séance de dédicaces sur notre stand de la Fête de l’Humanité en septembre dernier.

Chute du gouvernement Barnier : pour une nouvelle majorité de progrès social !

C’était écrit dès sa nomination. Dépourvu de majorité à l’Assemblée nationale, le Gouvernement de Michel Barnier était condamné d’avance, à plus forte raison lorsqu’il a décidé de poursuivre la politique de Macron, rejetée par les électeurs le 7 juillet dernier.

En dépit de ses marques de « respect » et d’une réputation de négociateur chevronné, Michel Barnier n’a jamais tenté de rechercher de compromis avec la gauche. Toutes nos propositions pour réduire le déficit sans faire peser le fardeau sur les classes populaires et moyennes ont été refusées. Toutes nos demandes pour corriger le budget de l’Etat et de la Sécurité sociale pour que les services publics et les Français les plus vulnérables soient protégés, ont reçu une fin de non-recevoir.

Pire : Barnier s’est lancé dans des négociations exclusives avec le Rassemblement national, qui l’a usé jusqu’à la corde avant de le laisser tomber, voyant de sa part trop peu de concessions à son programme d’extrême-droite.

Il est plus que temps pour le Président de la République de se conformer au verdict des urnes, en nommant un Premier ministre issu de la gauche. Soutenu par le Nouveau Front Populaire, il (ou elle) devra adopter une nouvelle méthode, dans une démarche de conviction des forces républicaines à l’Assemblée nationale, pour redresser la France et lui redonner espoir.

Mont-de-Marsan : Samuel Paty a désormais une place à son nom

En septembre 2023, Céline Piot, conseillère municipale et communautaire de Mont-de-Marsan d’opposition et référente départementale de la GRS dans les Landes, proposait au maire de donner le nom de Samuel Paty à un espace public de la commune. Le conseil municipal, unanime, a choisi une place située devant un lycée. Cette initiative s’est concrétisée ce 16 octobre 2024.

Nous relayons ici l’entretien accordé par notre camarade Céline Piot le matin du 16 octobre à France Bleu Gascogne et le discours qu’elle a prononcé lors de l’inauguration à la demande du maire qui a fait preuve ici d’un comportement républicain exemplaire en reconnaissant ainsi l’origine de l’événement.

Inauguration de la Place Samuel-Paty, devant le lycée Charles-Despiau – Discours de Céline Piot, conseillère municipale et communautaire, maîtresse de conférences en Histoire (INSPÉ, site des Landes)

Madame la Préfète, Mesdames et Messieurs des représentants des Autorités, Monsieur le DASEN, Monsieur le Proviseur du lycée Charles-Despiau, Monsieur le Maire de Mont-de-Marsan, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les enseignants – chers collègues -, chers élèves, cher public,

Aujourd’hui, Mont-de-Marsan se souvient et rend hommage.

Aujourd’hui, nous ne devrions pas être ici ; nous ne devrions pas à avoir à rendre hommage à un professeur assassiné ; nous n’aurions jamais dû avoir à inaugurer une place au nom d’une enseignant tué pour avoir fait son métier.

Tué pour avoir fait son métier…

Hélas, en France au XXIe siècle, des professeurs peuvent être assassinés.
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie et Enseignement moral et civique au collège de Conflans-Sainte-Honorine (dans les Yvelines), était poignardé, puis décapité par un terroriste islamiste.

N’oublions pas non plus que, trois ans plus tard, le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de Lettres dans un lycée d’Arras (dans le Pas-de-Calais), fut également la victime d’un autre fanatique islamiste.

Le fanatisme et l’obscurantisme, voilà les ennemis !

Le philosophe Jean-Jacques Rousseau expliquait que « le fanatisme n’est pas une erreur, mais une fureur aveugle et stupide que la raison ne retient jamais. » Nietzsche précisait que « ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. »

Mais Samuel Paty ne fut pas seulement la victime de l’obscurantisme religieux. Il faut aussi la victime de la calomnie, du mensonge, de la rumeur.

La rumeur…

« D’abord un bruit léger, rasant le sol comme l’hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche il va, le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. »

Ces mots de Beaumarchais, dans le Barbier de Séville, ont 249 ans. Ils n’ont rien perdu de leur force et de leur véracité. Ils conviennent très bien à la façon dont, aujourd’hui, une rumeur se diffuse sur les réseaux dits sociaux et peut détruire une vie.

Vous le savez, Samuel Paty était en train de mener un cours sur la liberté d’expression. Et l’obscurantisme, la bêtise, la haine ont voulu le faire taire.

Alors que la liberté d’expression sur laquelle Samuel Paty était en train de faire réfléchir ses élèves – car, oui, Samuel Paty aimait faire réfléchir ses élèves – est un des droits revendiqué par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), notamment dans l’article 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme. »

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, un texte émancipateur…

À rebours du délit de blasphème que certains voudraient nous imposer.

En France, le délit de blasphème n’existe pas. Le blasphème n’est pas une notion juridique. Le droit de l’exercer est consacré par la loi de 1881 sur la liberté de la presse : liberté d’écrire, de caricaturer…

Lors de la discussion de cette loi à l’Assemblée nationale, le député républicain Georges Clemenceau, qui plaidait en faveur de cette liberté, disait ceci : « Laissez tout attaquer, à condition qu’on puisse tout défendre. Je dirais même : laissez tout attaquer afin qu’on puisse tout défendre, car on ne peut défendre honorablement que ce qu’on peut attaquer librement. » Oui, en France, on peut critiquer les idées, les croyances et les dogmes. Or, ce que révèlent de récentes enquêtes d’opinion, c’est que près d’un jeune sur cinq ne condamne pas fermement l’assassinat de Samuel Paty, ce qui est particulièrement inquiétant.

Certains sont indifférents, d’autres disent partager les motivations du terroriste, d’autres encore estiment que le cours de Samuel Paty constituait une provocation inutile.
Quelle régression !

Aussi le choix de l’emplacement de la place devant un établissement scolaire, en l’occurrence le lycée Charles-Despiau, n’en est-il que plus fort.

Plus jamais un professeur qui cherche à développer l’esprit critique de ses élèves ne doit avoir peur quand il est en classe, au point de d’autocensurer ; ne doit avoir peur d’être tué ; ne doit être tué.
Non, plus jamais !

Si cette inauguration intervient quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty, nous ne sommes pas dans « l’après Samuel Paty » ; nous sommes toujours dans « le moment Samuel Paty ».

Depuis 1882, excepté la période du régime de Vichy (1940-1944), l’École publique française est une respiration laïque.

Samuel Paty instruisait les élèves, leur donnait les outils indispensables à l’émancipation, la connaissance et l’esprit critique, fondements essentiels du libre-arbitre et de la liberté.
Honorer Samuel Paty, c’est donc honorer ces valeurs, c’est honorer la République !

Toutes les communes auraient dû et devraient donner le nom de Samuel Paty à un espace public. Il y a environ trente-six mille communes en France ; à ce jour, seule une cinquantaine ont fait ce choix. Ce qui interroge beaucoup…

À Mont-de-Marsan, le Conseil municipal, unanime, a décidé d’honorer la mémoire de Samuel Paty. Merci, Monsieur le Maire, d’avoir répondu positivement à ma proposition. Merci aux élus.

Mont-de-Marsan fait désormais partie des communes qui se lèvent pour dire que les Lumières ne s’éteindront jamais devant l’obscurantisme, quel qu’il soit !

Retailleau s’attaque à l’Etat de droit

Le 30 septembre 2024, Emmanuel Maurel était l’invité de France info pour débattre face Yonas Haddad, conseiller régional LR de Normandie.

Le débat s’est d’abord engagé sur la politique migratoire de la France et les mauvaises raisons qui conduisent notre pays à émettre bien plus que nos voisins des « Obligations à Quitter le Territoire Français » (OQTF), sans avoir la capacité à en faire exécuter une grande majorité.

Emmanuel Maurel a enfin recadrer le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau qui s’était laissé aller à dire ce même jour : « L’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré ». C’est extrêmement grave car il ne s’agit pas d’expliquer qu’on veut changer le droit, changer la loi par un débat et une délibération démocratiques, mais qu’il prétend s’attaquer à la manière de Georgia Meloni ou de Viktor Orbán aux garanties dont disposent les citoyens français et les habitants de notre pays que les règles légales leur seront normalement appliquées et sans écart.

Une attaque en règle contre nos fondements démocratiques qui n’a rien à voir avec le drame horrible que représente le meurtre de la jeune Philippine par un ressortissant étranger qui aurait effectivement dû être expulsé. Un dérapage volontaire qui aurait dû être corrigé par le Premier Ministre Michel Barnier.

« Honorer Samuel Paty, c’est honorer la République », article paru dans Sud-Ouest

Article paru dans Sud-Ouest, vendredi 27 septembre 2024 – Aurélie Champagne

La place située devant le lycée Charles-Despiau portera désormais le nom du professeur d’histoire assassiné le 16 octobre 2020 devant le collège où il enseignait, dans les Yvelines

Tellement de messages et symboles derrière un seul nom. « La laïcité, la liberté
d’expression, la lutte contre le fanatisme et l’obscurantisme… Samuel Paty représente à
lui seul tous les principes républicains
, résume Céline Piot, élue d’opposition représentant la gauche républicaine et socialiste. Je considère que l’honorer, c’est honorer la République. »

Quatre ans après ce funeste 16 octobre 2020 où le professeur d’histoire géographie a été assassiné devant le collège où il enseignait, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le Conseil municipal de Mont-de-Marsan a voté hier [le 26 septembre 2024] une délibération actant la création d’une place Samuel-Paty, devant le lycée Charles-Despiau.

«La France aurait dû se lever »

« On a choisi cette place-là pour la symbolique, souligne le maire Charles Dayot. Elle est à proximité d’un lycée public, elle est visible, il y a du passage. L’idée est née d’un échange avec Céline Piot, particulièrement sensibilisée à cette question. Il nous semblait intéressant et important de la suivre. Il fait bon vivre ici, et justement, parce qu’on veut que ça dure, il faut se donner les moyens, communiquer, sensibiliser. Cette place, c’est aussi une façon de montrer notre soutien vis-à-vis des enseignants qui permettent d’épanouir notre jeunesse, de faire des citoyens de demain. »

Un soutien qu’a apprécié Céline Piot. Pour l’ancienne professeure d’histoire géographie – elle a enseigné durant quinze ans au lycée Charles-Despiau, de 2000 à 2015 – aujourd’hui maîtresse de conférence en histoire, référente laïcité pour l’Inspe (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) de l’Académie de Bordeaux, Mont-de-Marsan ne pouvait pas faire l’impasse sur cet hommage à Samuel Paty.

« J’ai été choquée de voir que sur 36 000 communes, à peine 50 avaient eu le courage de décider de baptiser une rue, une place ou autre du nom de Samuel Paty. Je me suis dit, ce n’est pas possible, il faut que Mont-de-Marsan y soit. C’est extrêmement choquant de voir
qu’en France un professeur est assassiné pour avoir fait son métier. Mais ce qui est encore plus choquant, c’est qu’il n’y ait pas eu de véritable mouvement. La France aurait dû se lever beaucoup plus qu’elle ne l’a fait au moment de son assassinat.
»

Avec d’autres élus de la gauche républicaine et socialiste, décision est prise d’écrire aux maires pour les inciter à baptiser une artère publique. Ce qu’elle-même a fait, le 30 septembre 2023. « Et je suis contente que le maire ait accepté. » Plusieurs événements retardent néanmoins cette initiative, au premier rang desquels l’assassinat de Dominique Bernard, le 13 octobre 2023 à Arras, qui replonge la France dans l’effroi. Puis sont venues les élections européennes, la dissolution de l’Assemblée nationale « qui nous a amenés à un devoir de réserve », les législatives…

«Un levier politique »

Fin août, les choses s’accélèrent : la place Samuel-Paty sera inaugurée le 16 octobre, quatre ans jour pour jour après son assassinat, et quelques jours avant l’ouverture du procès des huit majeurs accusés d’être impliqués dans la mort du professeur devant la cour d’assises spéciale de Paris (du 12 novembre au 20 décembre).

« Même si cela intervient quatre ans après les faits, nous ne sommes pas dans l’après Samuel Paty, nous sommes toujours dans le ‘‘pendant Samuel Paty’’, parce que les problèmes n’ont pas été réglés, reprend Céline Piot. On a toujours de la menace terroriste, il y a un retour du fanatisme et on reparle même de blasphème. Il faut montrer le côté positif, propulsif de la laïcité. Un nom de rue, c’est un levier politique, pas simplement un lieu de
mémoire. La France, c’est le pays des Lumières et l’objectif de cette cérémonie, c’est de montrer que justement, les lumières ne s’éteindront pas.
»

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