Madame Schiappa, encore un effort pour être féministe !

Dans une interview au Parisien le 23 juin, Marlène Schiappa déclare vouloir passer à l’action pour les femmes de chambre dans les hôtels. Cette prise de conscience des conditions de travail imposées à des salariées précaires est salutaire, elle reste néanmoins insuffisante eu égard aux enjeux.

Le président de la République Emmanuel Macron avait annoncé au début de son quinquennat vouloir faire de l’égalité femme-homme le chantier prioritaire de son mandat. Son action a pourtant eu l’effet opposé. 

Les ordonnances Pénicaud ont favorisé et encouragé le développement de la précarité. Cette précarité touche d’autant plus les services, et les services où la proportion de femmes parmi les salariés est élevée. La grande distribution reçoit chaque année des millions d’euros en CICE, et se voit encouragée à employer des salariées avec des statuts précaires, temps partiels subits et CDD en cascade.

Le gouvernement se montre sourd aux souffrances des personnels médicaux en lutte, préférant la réquisition de personnels grévistes ou en arrêt-maladie à la négociation. Dans le secteur des services à la personne et notamment dans l’aide aux personnes âgées, nombreuses sont les salariées à se voir imposer des cadences infernales, avec des déplacements multiples, pour des salaires dérisoires. Aucune mesure ne vient lutter contre les horaires fractionnés qu’imposent certains employeurs à leurs salariées, souvent peu diplômées, et ne bénéficiant souvent que d’une formation sommaire. 

Nous pourrions saluer la récente prise de conscience de Madame la Secrétaire d’État chargé(e) de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, mais ce serait faire abstraction du bilan du Gouvernement auquel elle appartient. Ce gouvernement a affaibli les droits et les protections des salariés, rendu complexe l’accès aux Prud’hommes diminuant d’autant les capacités d’actions contre les abus. Ce gouvernement favorise la précarité, les CDD, les temps partiels.

Marlène Schiappa et son gouvernement nous ont habitué à ce genre de déclarations contredites par les faits. Aucune réponse n’a par exemple été apportée aux associations luttant contre la pauvreté qui alertent sur les risques sanitaires pour les femmes les plus défavorisées privées d’accès aux protections hygiéniques du fait de leur coût trop élevés. Aucune réponse sérieuse n’a été apportée au recul du droit à l’avortement dans certains territoires, ce, alors même qu’infirmiers et sages-femmes sont qualifiés et compétents pour administrer la pilule abortive, revendication des sages-femmes depuis plusieurs années. 

La Gauche Républicaine et Socialiste dénonce le double discours du Gouvernement sur la défense des droits des femmes. Ces droits sont bien souvent sacrifiés sur l’autel des choix budgétaires contestables, baisse de l’impôt sur les sociétés, suppression de l’ISF, fermetures de lits et de services et suppressions de postes dans les hôpitaux publics, moyens insuffisants de contrôle de l’inspection du travail.

L’égalité femme-homme et la défense des droits des femmes méritent mieux que quelques déclarations fracassantes.

Etats-Unis / Iran : ne pas sous-estimer le risque de guerre

Les bruits de bottes retentissent de plus en plus fort au Moyen Orient : à peine un drone américain avait été abattu par l’armée Iranienne, celui-ci ayant, selon l’État-major Iranien, survolé le territoire sans autorisation, que nous apprenions qu’une attaque américaine contre différentes cibles stratégiques Iraniennes était annulée de la main de Donald Trump. A la place, celui-ci adressait une proposition de négociation, via Oman, aux dirigeants de la République Islamique. Ce matin même, deux jours après l’affaire du drone, l’échec d’une cyberattaque contre leurs réseaux de défense était annoncé par les autorités Iraniennes qui accusent les Américains, tendant un peu plus encore la situation. Donald Trump continue donc de souffler le chaud et le froid sur une région qui n’a plus connu la paix depuis 2003 et l’invasion de l’Irak par les Américains.

Cette stratégie de la carotte (la négociation) et du bâton (la menace d’une guerre) poursuit deux objectifs, national et international. 

Au plan national, il s’agit d’une part de donner un os à ronger aux farouches défenseurs de la guerre préventive dont le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John R. Bolton, est le principal porte-voix. D’autre part, cela offre, si ce n’est un motif de satisfaction, du moins une raison d’espérer aux contempteurs de l’engagement militaire tous azimuts qui militent pour un retrait des troupes américaines de la zone, conformément à la promesse du Président pendant la précédente campagne. Dernier bénéfice politique : installer Donald Trump dans le rôle de chef de guerre, rôle qu’il n’a jusqu’ici pas endossé, face à un Rogue state (« Etat voyou »), adversaire de longue date des États-Unis.

Au plan international, il s’agit d’accentuer la pression sur l’Iran après l’échec de la politique de sanctions qui avaient accompagné le retrait des États-Unis du traité de Vienne (traité dit « P5+1 » sur le nucléaire Iranien). Politique de la « pression maximale » visant à asphyxier l’économie Iranienne pour pousser la population à se révolter et in fine forcer le changement de régime. Cette technique de « siège » économique se révèle jusqu’à présent inefficace, poussant le régime Iranien à radicaliser ses positions anti-américaines alors même que le traité sur le nucléaire Iranien avait eu pour effet d’ouvrir économiquement le pays à l’Occident. Depuis, les entreprises européennes commerçant avec les États-Unis sont interdites de commercer avec l’Iran sous peine de sanctions. Effet de la désormais fameuse autant qu’inacceptable extra-territorialité des lois américaines, nos entreprises Françaises comme Renault et PSA ont dû plier bagage. 

La grande inconnue à l’heure actuelle demeure le rôle que la Russie est, ou non, prête à jouer pour empêcher son principal allié dans la région de se lancer dans un dangereux face-à-face avec les États-Unis.

Le silence des chancelleries occidentales nous alerte sur le degré de vassalisation de l’Europe vis-à-vis des États-Unis : face à un Président qui ne tient pas parole, d’un Etat prompt à déclencher inconsidérément une guerre dans un territoire déjà explosif, nous nous laissons imposer une politique belliqueuse qui nuit à nos intérêts. Nous refusons de remettre en cause notre appartenance à l’OTAN qui nous oblige pourtant à nous aligner sur la politique étrangère américaine. 

La France et plus largement l’Union Européenne doivent se rendre à cette douloureuse évidence : les intérêts américains et les intérêts européens ne sont pas superposables. Nous ne pouvons soutenir par un silence coupable une politique qui compromet le mince espoir d’un retour de la stabilité dans cette région clé, déjà ravagée par presque 20 ans de guerres ininterrompues.

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