Beds are burning

La date du mardi 8 juillet 2025 apparaît dès aujourd’hui comme un précipité des faux-semblants et des reniements de la politique écologique française sous le mandat d’Emmanuel Macron.

Les gouvernements, qui se succèdent, semblent reprendre à leur compte cette antienne sarkozyste 2011 : « l’environnement, ça commence à bien faire1« .

La présentation du « budget vert » depuis 2020 est essentiellement un exercice de style qui permet d’additionner d’une année sur l’autre des crédits budgétaires qui ne sont pas comparables d’une année sur l’autre pour prétendre à un effort croissant de près de 15 Md € en 5 ans. Ces artifices ont fait long feu : le fonds vert, présenté en 2023 comme le levier pour ancrer la transition écologique sur le terrain et dans les collectivités, est passé de 3,6Md € en 2023 et 2024 à 1,15Md € cette année, en attendant les prochaines annulations de crédits.

L’examen du projet de loi sur la simplification de la vie économique a été un festival des députés MoDem, Renaissance, Horizons, LR et RN pour sabrer dans les outils écologiques : Zéro Artificialisation Nette (sans aucune alternative de stratégie urbaine), affaiblissement de l’ONF, suppression du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique, de l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers, de l’Office français de la biodiversité ou de l’Observatoire national de la politique de la ville (outil pourtant nécessaire pour mesurer et accompagner les processus de transition écologique dans les quartiers populaires particulièrement exposés)…

Le 8 juillet, ils votaient la loi Duplomb qui ne pourra avoir qu’un seul résultat : réintroduire des pesticides cancérigènes sans régler AUCUN problème, notamment celui de notre souveraineté alimentaire ! Nos agriculteurs resteront piégés par une concurrence déloyale et une grande distribution qui les pressure jusqu’à la ruine, mais la FNSEA est satisfaite.

Et pendant ce temps, les Quartiers Nord de Marseille, métropole française et méditerranéenne de plus d’un millions d’habitants, et leur population étaient exposés à des incendies massifs, avec une sécheresse qui arrive toujours plus tôt dans l’année, résultat explicite du changement climatique en cours (et qui s’accélère). Quelle autre démonstration plus parlante pouvait-on trouver pour illustrer que le risque climatique est d’ores-et-déjà plus durement vécu par les catégories populaires ?!?

Enfin, ce matin du 9 juillet, nous nous sommes réveillés avec la communication du service européen Copernicus pour son bulletin climatique mensuel : Le mois de juin 2025 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe de l’Ouest, marqué par deux vagues de chaleur – entre le 17 et le 22 puis à partir du 30 juin – « exceptionnelles » : « ces vagues de chaleur sont susceptibles d’être plus fréquentes, plus intenses et affecteront de plus en plus de personnes en Europe« . Dans le monde, le mois dernier était le 3e mois de juin le plus chaud, juste derrière juin 2024 (qui était 0,2°C plus chaud) et quasiment au même niveau (0,06°C) que juin 2023.

Le groupe de rock australien Midnight Oil2 cartonnait dans les classements en 1987 avec la chanson « Beds are Burning ». En 2002, Jacques Chirac prononçait au  IVe sommet de la Terre à Johannesburg « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » En juillet 2025, nos lits brûlent avec la maison et toute la droite, du centre aux extrêmes, regarde ailleurs.

Frédéric Faravel

  1. La phrase exacte prononcée par l’ancien président de la République le 6 mars 2011 au Salon de l’agriculture est « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. » ↩︎
  2. Le groupe, connu pour son engagement écologiste, est toujours mené par le chanteur Peter Garett qui fut par ailleurs député travailliste à la Chambre des représentants d’Australie de 2004 à 2013 et ministre australien de l’écologie de 2007 à 2013. ↩︎

« Sans alternative à l’offre actuelle, l’attractivité du train restera une ambition… et l’utilisation de la route, une évidence » Chloé Petat, tribune dans Marianne

Dans cette tribune publiée dans Marianne le 7 juillet 2025, Chloé Petat, autrice de La révolution ratée du transport ferroviaire au XXIe siècle (Le Bord de l’eau), revient sur l’ouverture à la concurrence de la SNCF, non seulement sur le marché ferroviaire lui-même, mais surtout sur la concurrence indirecte que représente la route, un enjeu souvent négligé. Elle souligne notamment que la hausse des tarifs des billets de train accentue cette problématique.

Depuis l’ouverture du marché ferroviaire à la concurrence, la SNCF n’est plus seule sur les rails français. De nouveaux opérateurs ferroviaires apparaissent progressivement, à la fois sur les parties fret et voyageurs (TGV, trains express régionaux, trains d’équilibre du territoire). En revanche, beaucoup plus surprenant, le premier concurrent du rail figure, lui, dans l’angle mort du débat public : il s’agit de la route. Le fret ferroviaire est ouvert à la concurrence depuis 2006. Le marché s’est largement fragmenté avec l’arrivée de nouveaux acteurs (DB Cargo, Captrain, Lineas, etc.) mais le fret SNCF a réussi à conserver plus de 50% des parts de marché. La réforme de 2024 qui démantèle l’entité Fret SNCF en deux entités distinctes, Technis et Heaxfret, va encore rebattre les cartes et cette répartition.

L’ouverture à la concurrence sur le marché ferroviaire de voyageurs est quant à elle effective depuis 2020. Plusieurs nouveaux entrants ont émergé comme la Renfe (sur la ligne Paris-Lyon-Barcelone), Trenitalia (sur les lignes Paris-Lyon-Milan et Paris-Marseille plus récemment), ou encore Transdev qui a commencé à exploiter la ligne TER Marseille-Nice en juin 2025. Cette concurrence est encore limitée puisque la SNCF conserve une quasi-hégémonie sur le territoire (plus de 90% des parts de marché).

En 2022, 80% des déplacements se sont effectués en voiture

En réalité, la concurrence ne se joue pas qu’au sein du marché ferroviaire mais également avec le secteur routier. La route n’a cessé de grignoter des parts de marché sur le secteur du transport voyageurs et de marchandises ces dernières décennies, à tel point qu’aujourd’hui, le train représente seulement entre 9 et 10% des déplacements de voyageurs et de marchandises, contre 80-90% pour la route (Ce pourcentage est proche mais diffère pour le transport de voyageurs et le transport de marchandises).

En 2022 en France, 80% des déplacements se sont effectués en voiture, 10% par le train, 2% par les bus, 2% pour l’aérien (vols intérieurs), 5% par les transports urbains. Pour le fret, 89 % des déplacements sont effectués par la route, contre 9% pour le rail et 1% par les voies navigables (source : Chiffres clés des transports – Édition 2024 | Données et études statistiques1). Cette évolution de la part modale au profit de la route s’explique par un certain nombre de facteurs notamment géographique et économique.

D’abord géographique par la couverture territoriale. La voiture permet de relier directement n’importe quel point du territoire, y compris les zones rurales ou périurbaines insuffisamment desservies par les transports en commun. En comparaison, le réseau ferroviaire, bien que dense, reste concentré autour des grandes villes et des axes majeurs : près de 30% des communes françaises ne sont pas desservies par une gare, ce qui rend le train inaccessible pour une partie significative de la population.

Le maillage routier et la loi Macron de 2015 permettent aujourd’hui à des compagnies comme Flixbus, qui possède une situation quasi-hégémonique sur le marché, de proposer une offre élargie faisant concurrence directement au transport ferroviaire.

Des tarifs élevés pour le train

Ensuite économique par la question du prix. Les tarifs des billets ferroviaires peuvent apparaître comme élevés et ainsi très dissuasifs pour les voyageurs au regard du coût d’un trajet en voiture (qui est lissé sur la période de propriété du véhicule). Les libéralisations du marché du fret routier dans les années 1990 et celle du marché des autocars longue distance en 2015 ont également permis de faire baisser le coût des déplacements routiers. Il est notamment possible pour les entreprises exerçant sur le secteur de faire appel à des salariés étrangers et / ou des sous-traitants étrangers réduisant ainsi les coûts salariaux.

Ensuite, la fiscalité varie entre la route et le rail. Contrairement au rail, le maillage routier permet d’emprunter le réseau routier national gratuit permettant de ne pas payer de péages contrairement au ferroviaire. De plus, il n’existe à ce jour aucune taxe ni sur les poids lourds ni sur les autocars qui génèrent pourtant de nombreuses externalités environnementales négatives.

Ainsi, en comparaison avec le rail, le routier profite donc d’un réseau mieux maillé lui permettant de desservir davantage de territoires et surtout d’une fiscalité avantageuse qui a une incidence sur les prix. Ainsi, si l’ouverture à la concurrence ferroviaire permet l’émergence de nouveaux acteurs, la route reste sans contestation le principal concurrent de la SNCF, tant pour les voyageurs que pour le fret. Le rail ne pourra rivaliser que si l’on établit une fiscalité équitable, une tarification incitative en faveur du ferroviaire et surtout si des investissements financiers suffisants sont mis en œuvre pour rénover le réseau (notamment les petites lignes) et mieux mailler le territoire.

Dans une perspective écologique, il est aujourd’hui urgent de proposer une réelle alternative à l’utilisation de la route et de la voiture individuelle. À défaut, l’attractivité du train restera une ambition… et l’utilisation de la route, une évidence.

Chloé Petat

  1. https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-des-transports-edition-2024-0 ↩︎

Qui paye qui pour maintenir l’impunité des escrocs CumCum ?

Deux avocats, Maître Afane Jacquart et Maître Bayou (l’ancien député) ont plaidé devant le Conseil d’Etat pour faire tomber non seulement cet amendement mais tout le dispositif contesté.
Ils ont également déposé une plainte pour corruption contre Bercy.

L’affaire CumCum a de bien profondes origines : entre 2007 et 2015, lorsque les premiers lanceurs d’alerte ont permis de révéler le dispositif, c’est 55 milliards qui ont été perdus en Europe. Il s’agit d’un dispositif d’escroquerie de l’Etat en utilisant les transactions internationales.

En Allemagne, le maire de Hambourg a tenté d’éviter un redressement à une des banques coupables de cette escroquerie, jouant la montre pour faire tomber les 400 millions de redressements avec la prescription. Son nom : Olaf Scholz.
Le gouvernement fédéral de l’époque à du intervenir, une commission d’enquête a établi sa responsabilité, une enquête judiciaire est toujours en cours.
Le dossier a failli lui coûter la chancellerie.

En France, c’est chaque année une perte de 3 milliards, qui perdure depuis 10 ans, alors que les banques ayant mis en place ce dispositif d’escroquerie à l’argent public n’ont pas été redressées pour les dix années précédentes.

Bercy, visiblement très à l’écoute des arguments de la Fédération Bancaire Française, fait tout pour continuer à protéger cette manne qui bénéficie pourtant en premier lieu à des personnes hors de France !

C’est l’illustration d’une corruption morale à tout le moins, et peut-être réelle, au sein de Bercy, alors que l’État prétend trouver 40 milliards de recettes supplémentaires sur le dos des français normaux.

Le rôle du législateur est de boucher tous les trous possibles dans la loi fiscale, qui invitent les escrocs internationaux à faire les poches de l’Etat (en payant au passage de juteuses commissions aux banques !).

Une commission d’enquête parlementaire est indispensable pour faire toute la lumière sur cette invraisemblable insubordination de l’Exécutif à la loi de finances qu’il a lui-même imposée au moyen du 49-3, mais qui n’en est pas moins devenue la loi du Parlement.

Cette commission d’enquête devra naturellement exiger de tous les responsables en charge du dossier à Bercy, au premier rang desquels Eric Lombard et Amélie de Montchalin, des explications sur cette scandaleuse affaire.

Mathieu Pouydesseau et Laurent Miermont

Dans Le Monde, « La crise de recrutement des enseignants est désormais structurelle, et on n’entrevoit pas de perspective de résolution mécanique »

Un entretien passionnant et alarmant qu’il nous est apparu nécessaire de relayer. Alors que les concours sont une fois encore déficitaires, Johanna Barasz, autrice d’une enquête sur l’attractivité du métier d’enseignant pour le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, décrypte dans Le Monde les ressorts d’une crise du recrutement, mais aussi de la fidélisation des enseignants.

Le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan a publié, le 18 juin, une étude intitulée « Enseigner : une vocation à reconstruire, un équilibre à restaurer ». L’autrice de l’analyse, Johanna Barasz, expose les principaux enseignements de cette enquête quantitative et qualitative sur les singularités et les ressorts d’une crise du recrutement plus inquiétante que toutes celles que l’éducation nationale a connues.

L’éducation nationale a déjà connu des difficultés de recrutement par le passé. Qu’est-ce qui distingue la crise actuelle des précédentes ?

L’éducation nationale a en effet déjà été confrontée à des épisodes de crise, qui étaient principalement dus à deux phénomènes. D’une part, la croissance de la démographie scolaire et, d’autre part, l’élévation continue du niveau de recrutement des enseignants, qui a régulièrement provoqué des problèmes assez massifs de recrutement.

Johanna Barasz, autrice de l’enquête sur l’attractivité du métier d’enseignant pour le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, le 26 mai 2025

La crise actuelle est différente. La baisse des candidatures s’inscrit dans un temps long, elle est généralisée – avec d’importantes nuances, certes – à tous les concours, et elle est déconnectée des deux facteurs que je viens d’évoquer. Elle est également déconnectée de la situation économique, et ne s’explique pas non plus par les évolutions du nombre de postes offerts au concours, auquel les effectifs de candidats se sont longtemps ajustés.

On peut désormais sans conteste parler d’une crise structurelle, et on n’entrevoit pas de perspective de résolution mécanique puisque le vieillissement de la population enseignante va entraîner des départs à la retraite massifs dans les prochaines années, alors même que les viviers universitaires se tarissent dans plusieurs filières menant à l’enseignement.

L’éducation nationale connaît également une hausse des démissions. A quel point ce phénomène est-il inquiétant ?

La « fidélisation » des enseignants est un problème relativement nouveau pour l’éducation nationale. Rapportées aux effectifs totaux d’enseignants, les démissions sont marginales, mais rapportées au nombre d’enseignants qui quittent chaque année l’éducation nationale, elles dessinent un phénomène beaucoup plus préoccupant : elles représentent 15% des départs annuels, contre à peine 2% il y a dix ans. Et elles ne sont plus l’apanage, comme cela a longtemps été le cas, des stagiaires : l’augmentation des démissions est désormais portée par des enseignants de plus de cinq ans d’ancienneté, qui constituent 60% des démissionnaires.

Vous parlez d’un effet « boule de neige » de la perte d’attractivité…

En dégradant les conditions de travail de ceux qui restent, la pénurie engendre la pénurie. Par exemple, les difficultés de recrutement rigidifient le mouvement des enseignants et se traduisent par des difficultés de plus en plus importantes à obtenir une mutation.

C’est une dégradation manifeste de la qualité de leur emploi, vécue par les professeurs mais également perçue par les étudiants que nous avons interrogés, qui craignent d’être maintenus dans les territoires en tension. Cela affecte directement l’image du métier et donc la capacité à recruter.

Quels sont les ressorts de cette perte d’attractivité, alors même que les enseignants affirment massivement qu’ils aiment leur métier ?

Les enseignants adorent leur métier, 92% d’entre eux disent ne pas regretter leur choix. Mais ce qu’ils veulent avant tout, c’est avoir les moyens de bien le faire. Or, ils ont de moins en moins l’impression de pouvoir remplir leur mission auprès des élèves en raison de la dégradation perçue des conditions de travail et d’un manque de moyens.

Notre enquête montre également à quel point les relations dégradées avec leur hiérarchie administrative, le manque de reconnaissance ou encore la succession des réformes, qui ressort très nettement dans notre enquête comme un motif de découragement, alimentent leur malaise. Tout cela nourrit un profond sentiment de perte de sens qui pèse lourdement sur la profession.

Bien que les enseignants aient une meilleure image qu’ils ne le pensent, ce sentiment de détérioration des conditions d’exercice est bien perçu à l’extérieur. On voit le métier comme « sacrificiel », qu’on estime, mais qu’on ne veut pas forcément exercer.

L’enjeu des rémunérations est aussi souvent évoqué par les enseignants. Les hausses de salaire décidées depuis 2022 n’ont-elles eu aucun effet ?

Le taux d’insatisfaction salariale reste singulièrement élevé. La rémunération s’apprécie au regard de l’engagement demandé, du niveau de qualification et de la comparaison avec d’autres métiers que l’on aurait pu exercer.

Or, quand les enseignants se comparent à leurs homologues d’autres pays ou aux autres fonctionnaires de catégorie A, ce qu’ils sont eux-mêmes, ils sont perdants, et même de plus en plus perdants. Le métier n’a jamais été bien payé, mais ce sacrifice salarial a longtemps été compensé par une série d’avantages. Cet équilibre-là paraît rompu.

Les mesures de revalorisation sont connues par les enseignants, mais elles n’ont pas changé l’image d’un métier mal payé. Dans notre enquête, quand on demande aux gens, notamment aux étudiants, combien sont payés les enseignants en début de carrière, ils répondent « autour du smic », « 1 500-1 600 euros ». Le fait que le salaire d’entrée des titulaires soit désormais à 2 100 euros n’est pas intégré.

Le gouvernement a engagé une réforme de la formation initiale et en fait un levier majeur pour améliorer l’attractivité. Cela vous paraît-il suffisant au regard de l’enjeu ?

Le renforcement de la formation initiale est une bonne chose, la question de la place du concours dans le cursus des étudiants est une dimension importante, mais il faut réfléchir plus largement à reconstituer les viviers universitaires : dans certaines filières, le nombre d’étudiants est réduit bien avant la 3e année de licence. Et il nous semble important d’avoir une stratégie globale et d’agir simultanément sur l’ensemble des leviers : reconnaissance, rémunération, mutations, conditions de travail, image du métier…

Cette crise ne se résorbera pas d’elle-même. Il faut restaurer l’équilibre entre le sens du métier, la reconnaissance de celui-ci, et les conditions d’exercice, si on veut avoir non seulement suffisamment d’enseignants quantitativement, mais aussi suffisamment d’enseignants bien formés qui se projettent durablement dans ce métier.

propos recueillis par Eléa Pommiers
entretien publié dans Le Monde le samedi 5 juillet 2025

Il faut sauver la Miviludes

communiqué de presse de la Gauche Républicain et Socialiste du 6 juillet 2025

Un article de Charlie Hebdo du 2 juillet 2025 alerte sur le risque de disparition de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Et le 30 juin dernier, le Chef de la Miviludes, placée sous la tutelle sur Secrétariat Général du comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) depuis 2020, a jeté l’éponge et selon toute vraisemblance, ce ne fut pas de gaîté de cœur.

Fondée en 2002 et dotée de financements publics, cette institution est centrale dans le combat contre l’obscurantisme et l’asservissement par les sectes. Elle s’est attirée les foudres tant de la scientologie que de l’anthroposophie et a permis, en presque 25 ans d’existence, de lutter contre les multiples facettes des dérives et des entraves que les sectes et les gourous font subir à leurs victimes.

Déjà en 2020, le gouvernement Macron avait mis la MIVILUDES sous tutelle du ministère de l’intérieur, réduisant au passage ses financements. Désormais, il est question de lui faire intégrer une structure plus grande dédiée à l’ensemble des luttes contre la radicalisation, et d’allouer une partie des fonds envers des associations de victimes et de vigilance.

Si nous saluons le rôle capital de ces associations pour la reconstruction psychique et sociale des victimes de sectes, et si nous considérons que la lutte contre la radicalisation est une mission prioritaire du Ministère de l’Intérieur, nous ne pouvons accepter la dilution de la MIVILUDES, qui marquerait un recul de l’État dans la lutte contre les sectes. Alors que les gourous scientologistes ont désormais pignon sur rue, et que les prétendues médecines alternatives isolent de plus en plus les malades de vrais soins, la mission de la MIVILUDES est plus que jamais d’actualité. Transférer ses compétences et ses fonds vers le monde associatif et la lutte contre la radicalisation est contraire à la mission de service public qui lui est confiée, d’autant qu’elle s’accompagnerait d’une cure d’austérité.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle le gouvernement à renoncer à son projet de dissolution de la MIVILUDES, et propose au contraire de renforcer cette institution en lui redonnant son indépendance et des fonds publics dédiés.

Nous ne pouvons pas abandonner la fermeté de la République Française contre les sectes. Il en va de la santé publique et sociale de notre pays en général et des victimes en particulier.

Pour un sursaut collectif à gauche

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste, mercredi 2 juillet 2025


Dans un monde chaotique et violent, défiguré par la montée des nationalismes, de la prédation économique et de l’obscurantisme, il est vital d’inventer un nouveau chemin progressiste.

Aucun pays n’est épargné par la vague brune. L’Europe, longtemps considérée comme un continent attaché aux libertés fondamentales et à un certain modèle social, voit prospérer sur son sol des forces politiques fascinées par les modèles autoritaires et brutaux.

Parce que nous refusons cette grande régression idéologique, parce que nous restons des militants du progrès dans la justice, nous en appelons à un grand sursaut collectif.

Face à l’adversité, la gauche française a toujours su se rassembler quand l’urgence l’exigeait, comme l’a montré la création rapide du Nouveau Front Populaire en juin 2024. Il faut donc saluer toutes les initiatives qui vont dans le sens de l’unité du camp progressiste.

Si l’idée d’un processus politique permettant l’émergence d’un candidat commun à l’élection présidentielle de 2027, tel que discuté aujourd’hui à Bagneux, est intéressante, elle ne peut se substituer au débat programmatique et à la nécessité d’un large rassemblement.

L’essentiel reste pour nous l’élaboration collective d’une plateforme commune de transformation économique, sociale et écologique capable d’enrayer le déclin du pays.

La France connaît une grave crise industrielle, un recul préoccupant de ses services publics, une érosion de sa souveraineté dans des domaines essentiels, la dégradation du travail, un déni croissant des réalités écologiques et scientifiques et, enfin, un affaiblissement de son pacte républicain. La gauche ne retrouvera de la crédibilité et de la force que si elle est capable de répondre à ses défis existentiels.

Pour fédérer les classes populaires autour de la République, pour créer une dynamique susceptible de rassembler une majorité de Français, l’élaboration d’une plateforme commune de transformation est une étape indispensable.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.