Greta Thunberg, CETA : le climato-cynisme des macronistes

Greta Thunberg était aujourd’hui reçue à l’Assemblée nationale. Après une courte allocution et une séance de questions-réponses, elle était invitée à assister aux questions d’actualité dans la tribune d’honneur de l’hémicycle.

Si nous sommes au diapason avec la jeune activiste et militante écologiste lorsqu’il s’agit d’alerter sur l’urgence écologique, il est du devoir des responsables politiques de conserver une distance critique.

Bien sûr, pour une certaine frange conservatrice des LR, l’occasion était trop belle de dénoncer « un pur objet de communication et d’instrumentalisation du débat politique »[1] ou un « gourou apocalyptique »[2].

Ces mêmes responsables politiques de droite, qui réclament l’audition de scientifiques et boycottent Thunberg, sont atteints de surdité aigüe lorsque le GIEC publie un rapport. Cette bronca à coup de tweets assassins cache ainsi très mal leur climato-cynisme.

Au-delà des provocations et des postures, le véritable enjeu est celui du CETA. Le jour même où Greta Thunberg était reçue à l’Assemblée nationale, les députés s’apprêtaient à voter pour le traité de libre-échange avec le Canada. Un traité qui va augmenter mécaniquement, par l’effet du transport de marchandises, les émissions de gaz à effet de serre. Un traité aux répercussions écologiques néfastes puisque des marchandises fabriquées avec du pétrole de schiste canadien pourront être importées ainsi que des produits agricoles utilisant des pesticides interdits en France (tel l’atrazine). 

Interrogée au sujet du CETA lors de la conférence de presse ayant suivi son allocution, Greta Thunberg a refusé de se positionner indiquant qu’elle n’avait aucune opinion à ce sujet[3]. Cela a d’ailleurs permis à Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, de clamer lors des questions d’actualité « Oui à Greta, oui au CETA ! »

De ce paradoxe on peut tirer deux enseignements : d’une part qu’En Marche et le Gouvernement ont fait une nouvelle démonstration de leur cynisme en matière écologique en invitant Greta Thunberg le jour même de la ratification du CETA. D’autre part que le militantisme écologique finalement très consensuel pratiqué par Greta Thunberg butte sur un obstacle : le fait politique. Le combat contre le dérèglement climatique est un combat politique qui implique d’assumer des positions tranchées. Si la jeunesse et les militants écologiques dans leur ensemble se bornent à traiter l’urgence écologique comme un enjeu infra ou supra-politique, leurs discours se perdront dans l’écho comme un prêche dans le désert et la cause écologique restera vaine. La GRS soutient tous les militants de conviction qui assument de rompre avec le dogme du libre-échange et ses conséquences écologiques désastreuses.

 

[1] Déclaration de Julien Aubert sur BFMTV mardi 23 juillet

[2] Déclaration de Guillaume Larrivé sur twitter samedi 20 juillet

[3] Déclaration de Greta Thunberg lors de la conférence de presse ayant suivi son audition à l’Assemblée nationale mardi 23 juillet

Vente Alstom : une nouvelle plainte d’Anticor pour une affaire d’Etat

L’association Anticor a déposé une plainte contre X pour corruption et détournement de fonds publics. 

Cette plainte contient deux volets. Le premier concerne les accusations de corruption à l’international pour lesquelles Alstom a déjà plaidé coupable. Anticor soulève que les individus ayant mis en place ce système de corruption n’ont pas été poursuivis, visant sans le nommer Patrick Kron, qui dirigeait alors l’entreprise. Le second volet de cette plainte est éminemment politique : pour s’opposer à la session de la branche énergie d’Alstom à General Electrics, Arnaud Montebourg avait obtenu de Bouygues un prêt à l’Etat de 20% des actions du groupe, avec une option d’achat jusqu’au 17 octobre 2017.

Lors de l’annonce de la fusion entre Alstom et Siemens le 26 septembre 2017, Le gouvernement s’est abstenu de faire jouer cette clause d’achat, ce qui a entraîné la perte d’une plus-value estimée entre 350 et 500 millions d’euros. Les actions sont in fine retombées dans l’escarcelle du groupe Bouygues. L’Etat a donc volontairement perdu plusieurs centaines de millions d’euros au profit du groupe.     

Il s’agit là d’un nouveau scandale potentiel concernant la liquidation du groupe Alstom. La responsabilité personnelle d’Emmanuel Macron est déjà engagée dans ce dossier, il faut désormais y ajouter celle de Bruno Le Maire, ministre de l’économie au moment où l’Etat a laissé ces 500 millions d’euros à Bouygues.

Non seulement ceux-ci ont laissé un géant américain prendre le contrôle du fournisseur de nos turbines nucléaires et éoliennes, mais ils ont également été d’une inconséquence ahurissante à propos des finances publiques. Ceux qui défendent l’austérité et la baisse de la dépense publique pour combler les déficits le matin laissent près d’un demi-milliard d’euros sur la table de Bouygues le soir. L’association Anticor y voit le signe de la corruption et souhaite que la lumière soit faite sur ce scandale.

Il s’agit de la seconde plainte pour corruption reliée à l’abandon d’Alstom, après celle déposée par le député Olivier Marleix au mois de janvier 2019. Dans celle-ci, déposée au mois de février il incrimine directement Emmanuel Macron à propos de la session à General Electrics. La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite que la lumière soit faite en totalité sur la complexe affaire Alstom et si des faits de corruption sont avérés, que leurs auteurs soient punis.

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