Chili : les électeurs tournent la page Pinochet

Dimanche 25 octobre 2020, les Chiliens ont décidé de mettre fin au compromis qui avait présidé à la sortie de la dictature de Pinochet.

Cette transition démocratique avait établi une constitution néo-libérale qui limitait fortement l’action de l’État et promouvait l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites. Un système qui a maintenu une grande partie de la population dans la pauvreté et a poussé à l’endettement une autre partie, précarisant les classes moyennes. Remplacer la Constitution était donc une des revendications des manifestations lancées à partir du 18 octobre 2019 afin de réclamer une société plus juste. Il y a un an jour pour jour, 1,2 million de personnes descendaient dans les rues du Chili pour manifester contre les inégalités sociales après une hausse de 30 pesos (0,03 euro) du prix des transports publics à Santiago. La goutte avait fait déborder le vase social et politique dans le second pays le plus inégalitaire de l’OCDE.

Le vote s’est déroulé dans le calme et a été marqué par une participation de 50,8 %, un record depuis la fin du vote obligatoire dans le pays, en 2012. C’est en fait la participation la plus forte depuis l’instauration du vote volontaire en 2012. Près de 15 millions de Chiliens étaient appelés à voter. De longues files d’attente ont été observées malgré la pandémie. Les jeunes Chiliens ont visiblement voté en nombre, alors que 60 % s’étaient abstenus lors de l’élection présidentielle de 2017.

Les résultats sont sans appel : plus de 78% des électeurs inscrits ont approuvé la nécessité de donner une nouvelle constitution au pays et près de 80 % des votants ont choisi un groupe composé uniquement de citoyens (et aucun parlementaire – avec une parité hommes-femmes) plutôt qu’une “convention mixte” de citoyens et parlementaires.

Ce vote massif pour une Convention constituante illustre ainsi l’immense rejet de la classe politique par les Chiliens : la crise sanitaire du COVID-19 n’a pas arrangé leur confiance en leurs dirigeants (500 000 contaminations et 14 000 morts pour 18,2 millions d’habitants). L’un des grands défis des mois à venir sera d’élire des représentants qui aient davantage de légitimité auprès de la société.

Sebastian Piñera, président mal élu en 2017 et fragilisé depuis l’année dernière par une contestation sociale massive qui a été conduite hors des partis et des syndicats,  risque de connaître une fin de mandat dans l’ombre du processus constituant. La Tercera, l’un des journaux les plus lus du pays, estime que “ceux qui ont parié sur une solution politique ont gagné”. Pour ce grand quotidien, “ce qui s’est passé devrait adoucir le climat politique et, ce que tout le monde espère, écarter la violence”. Prenant acte de la défaite de son camp, le Président n’a même pas attendu la fin du dépouillement pour s’adresser au pays : « Aujourd’hui, nous avons une fois de plus démontré la nature démocratique, participative et pacifique de l’esprit chilien. […] Jusqu’à présent, la Constitution nous a divisés. À partir d’aujourd’hui, nous devons tous collaborer pour que la nouvelle Constitution soit un espace d’unité, de stabilité et d’avenir ».

Ce référendum marque surtout le début de plusieurs longs mois de réflexion. D’abord, le pays retournera aux urnes le 11 avril 2021 pour élire les 155 membres de l’assemblée constituante. Cet organe aura ensuite neuf mois pour préparer une proposition de texte. La ratification de la nouvelle Constitution ne devrait donc pas avoir lieu avant 2022.

C’est un choc violent, une immense défaite, pour la droite, qui s’attendait à obtenir un tiers des voix. La coalition au pouvoir s’en trouve fragilisée, car il y avait en son sein des personnalités favorables au changement de Constitution, dont l’ancien président de Rénovation nationale. Maintenant la droite doit panser ses blessures. Selon des sondages parus lundi matin, 32% des gens se revendiquant de droite auraient voté oui. Mais au regard du contexte aucun parti politique ne peut revendiquer la victoire. Or si certains veulent voir dans le résultat de dimanche et le processus qui commence un premier pas pour rétablir un équilibre social au Chili, la situation du pays impose de faire des réformes en parallèle du processus constituant, pour répondre aux demandes sociales urgentes de la société. Voilà un enjeu de taille pour la gauche chilienne dans un environnement qui reste particulièrement complexe.

Attaques et insultes de Recep Erdogan et d’Imran Khan contre la France : ça suffit !

La Gauche Républicaine et Socialiste considère avec sidération et colère les attaques contre la France menées par le président turc et aussi par le premier ministre pakistanais.

Jusqu’alors, la solidarité internationale primait sur les basses manœuvres politiques après un attentat. Las, M. Recep Tayip Erdogan a choisi de mener une campagne politicienne odieuse contre la République française, reprenant à son compte la rhétorique des terroristes pour masquer son impopularité grandissante et sa contestation interne.

Oser comparer la situation des citoyens français de confession musulmane à celles des Juifs européens sous le Troisième Reich est donc plus qu’une grave insulte diplomatique.
Alors que la liberté de culte est inexistante au Pakistan et que des non-musulmans y sont condamnés pour blasphème pour avoir bu dans un puits, le premier ministre pakistanais Imran Khan ose comparer le droit à la caricature aux mesures discriminatoires qui frappent les musulmans en Inde.

L’organisation d’un boycott des produits français orchestré par des chefs politiques qui ont choisi la lâcheté face à la Chine qui opprime la population ouighour est une marque supplémentaire de l’indécence de ces deux dirigeants. Nous ne pouvons pas croire que des propos aussi insultants pour notre pays n’entraîneront pas des conséquences diplomatiques fortes.

Nous reprenons à notre compte la phrase de Mustafa Kemal : « L’homme politique qui a besoin des secours de la religion pour gouverner n’est qu’un lâche ! Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l’État. »

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