« Libra » de Facebook ou l’hubris dévoilé des GAFAM

Facebook, géant américain de la captation des données numériques et de l’évasion fiscale, premier réseau social sur internet de la planète avec plus de 2 milliards d’utilisateurs déclarés, a présenté le 18 juin sa « crypto-monnaie » Libra. Cette monnaie numérique privé ayant recours à la technologie « block chain » devrait être accessible en ligne en 2020. S’il est permis de douter de la prospérité de ce projet qui recèle ses propres limites économiques et politiques, la multinationale s’attaque cependant à une prérogative exclusive des États et à travers eux à la souveraineté des peuples. Cette concentration accrue de services par les GAFAM témoigne de leur stratégie mondiale visant à installer sur le moyen-long terme des monopoles non seulement sur leurs marchés respectifs, mais aussi et dans nos sociétés.

Cette annonce d’une extension majeure de la captation des données personnelles et financières par la multinationale au pouce bleu intervient malgré l’Affaire Cambridge Analytica (la vente des données personnelles de 80 millions d’usagers Facebook à une entreprise politique) qui a pourtant levé le voile sur les pratiques pour le moins controversées de l’entreprise, s’agissant du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles.

Les intérêts de la multinationale sont de plusieurs ordres. Tout d’abord poursuivre et étendre la collecte et l’exploitation de données (notamment économiques) et garantir la pérennité de son business model dans une volonté marchande totalisante assez effrayante. Si Facebook veut nous convaincre que Calibra, sa filiale dédiée aux transactions, assure la garantie de la séparation des données sociales et financières, rien ne permet de le vérifier de façon certaine. Ni d’être assuré que cette politique ne changera pas à l’avenir.

Libra est pensé pour séduire et rendre captif ses utilisateurs, en ciblant d’abord la jeune génération. La promesse de la simplicité des paiements en ligne à l’aide des messageries Messenger et de Facebook agit comme un puissant charme dans une époque où tout doit être rapide, fluide et virtuel. La crypto monnaie de Facebook s’inspirerait de WeChat, une application globale massivement utilisée en Chine qui permet à la fois de commander un billet de train, d’échanger via messagerie ou encore d’effectuer des paiements pour un concert. Lorsque l’on sait quelles utilisations policières sont faites de cette application par le régime chinois à partir des données de ses citoyens, la plus grande méfiance quant au développement d’une telle technologie totalisante à l’ensemble de la planète est autorisée.

 

Il est désormais indispensable que le G7 s’empare de cette question, au-delà des déclarations creuses de Bruno Le Maire. Il est temps que les États et gouvernements européens réagissent à la hauteur du défi posé par Facebook. Une régulation vigoureuse fondée sur un authentique rapport de force doit être proposée au plus vite afin de ne pas laisser s’installer un transfert de souveraineté définitif des peuples à travers leurs États vers les multinationales peu scrupuleuses de la Silicon Valley.

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