La démission le mardi 16 juillet du Ministre de Rugy après les révélations en cascade de Mediapart et de plusieurs titres de presse sur son train de vie était devenue nécessaire. C’est toute la communication d’Emmanuel Macron sur l’exemplarité en politique qui est battue en brèche et les contradictions de l’ancien Ministre d’Etat sont sanctionnées également, lui qui fut toujours prompt à jouer les moralistes durant sa carrière. La crise sociale et politique que notre pays traverse du fait de la politique pro-riches d’Emmanuel Macron exacerbe le sentiment d’injustice lorsqu’on demande à ceux qui ont des petits revenus toujours plus d’efforts alors qu’ils peinent à boucler leur fin de mois.
Si l’on peut légitimement s’interroger de l’impossibilité de faire coïncider un temps médiatique toujours trop court et un temps judiciaire toujours trop long, il faut « en même temps » constater l’immoralité des actes révélés. Servir l’intérêt général en République n’est pas se servir. Il faut distinguer ce qui relève du service public et de son intérêt personnel, c’est un préalable indispensable auquel doit s’astreindre chaque élu dans l’exercice de son mandat ou de ses responsabilités.
Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont toutefois décidé, plutôt que de sortir par le haut de cet épisode peu glorieux pour eux, de rétrécir encore le carré gouvernemental et le périmètre de l’écologie dans l’action de l’Exécutif. L’annonce de la nomination d’Elisabeth Borne, ministre des transports, projetée en toute hâte présidentielle Ministre de l’Ecologie n’est pas pour nous rassurer. Elle s’est illustrée par sa froideur technocratique à exécuter les ordres de la commission européenne en libéralisant sans scrupule le transport et le fret ferroviaire. Rappelons-nous par exemple la suppression anti-écologique du train des primeurs reliant Perpignan à Rungis qui lui valut le prix du « pollueur de l’année » remis par la CGT. La réforme néolibérale de la SNCF sans véritable dialogue sociale et au détriment du service public du rail c’est également elle !
Dans ces conditions on peut se demander quelle confiance accorder à cette nouvelle Ministre qui n’aura, fait notable, plus le rang de Ministre d’Etat qui était celui de ses deux prédécesseurs. D’ailleurs la nouvelle ministre aura pour première tâche de défendre politiquement la ratification aujourd’hui à l’Assemblée nationale du CETA, cet accord de libre-échange avec le Canada, insensé tant aux plans économique, social qu’écologique : tout un symbole ! L’écologie n’est pas compatible avec le néolibéralisme, un certain Nicolas Hulot l’avait rappelé de façon cinglante à l’Exécutif il y a de cela … dix mois.