Ce dimanche 4 octobre, les Néo-Calédoniennes et les Néo-Calédoniens ont massivement participé au deuxième référendum sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté, dans le contexte d’un tissu économique fragilisé par la pandémie de Covid-19.
Pour rappel, ce scrutin était prévu par les accords de Matignon-Oudinot, approuvé par le référendum du 06 novembre 1988. Cela faisait suite à la prise d’otages de seize gendarmes dans la grotte d’Ouvéa entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1988. Cet incident s’était alors soldé par la mort de dix-neuf Kanaks et de deux militaires, faisant basculer le territoire aux portes d’une guerre civile.
Deux mois après ce drame, des accords tripartites avaient été scellés entre le Gouvernement, les indépendantistes et les anti-indépendantistes avec, entre autres, la création de trois provinces (Nord, Sud, Îles Loyauté) et l’organisation d’un scrutin sur l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie d’ici dix ans. Par la suite, l’accord de Nouméa de 1998 avait repoussé cette échéance à 20 ans.
C’est ainsi qu’en 2018, le résultat du scrutin a été en faveur du maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française avec 56,67% pour le « Non » et 43,33% pour le « Oui ». La deuxième consultation de ce dimanche a une nouvelle fois donné une majorité, 53,26%, au « Non » à l’accession à la pleine souveraineté et à l’indépendance, avec une participation massive de 85,64 % – 4,5 points de plus que lors du premier – sur 180 598 inscrits.
Cependant, malgré ce vote important pour le maintien de cette Collectivité d’Outre-Mer – régie par l’article 74 de la Constitution – au sein de la République française, force est de constater que le nombre de partisans du « Oui » a progressé dans les 33 communes. L’écart des voix entre le « Oui » et le « Non » s’est même réduit de moitié lors de cette consultation (9964 voix en 2020 contre 18 535 voix il y a deux ans).
Ce score est le reflet des tendances électorales dans l’archipel qui sont calqués sur les clivages politiques, ethniques et géographiques existants. Ainsi, dans les différentes provinces du territoire, les communes du Nord, dont la population est majoritairement Kanak, ont voté plus largement en faveur du « Oui » que celles du Sud. Cela accentue la « fracture géographique et politique » qui avait été constatée lors du premier vote.
Par ailleurs, alors que la campagne s’est déroulée dans un contexte tendu entre les indépendantistes et les loyalistes, des incidents ont été signalés dans différentes communes de l’archipel pendant les opérations électorales.
Cette photographie laisse à penser que malgré la victoire du « Oui », la suite des opérations n’a rien de rassurant car le processus n’est pas terminé malgré ce deuxième « tour ». En effet, selon les accords de Nouméa en 1998, six mois après le deuxième référendum, un troisième scrutin peut être organisé dans deux ans si un tiers du Congrès calédonien en fait la demande. Théoriquement, avec les tentions existantes et le faible écart entre le « Oui » et le « Non », un nouveau scrutin pourrait avoir lieu en 2022.
Pour l’heure, face à ces incertitudes, c’est avec gratitude et respect que la Gauche Républicaine et Socialiste accueille les résultats favorables de ce référendum, tout en mettant en garde contre les risques d’un troisième scrutin qui pourrait avoir de fortes conséquences pour la République.
Cet épisode doit nous amener à réfléchir sur les suites à donner quant aux accords de Nouméa afin de proposer une nouvelle vision institutionnelle, économique, environnementale et sociale pour que la Nouvelle-Calédonie continue son destin commun avec l’ensemble des territoires qui forment l’archipel France.