Depuis le 29 mai et jusqu’à demain vendredi 2 juin 2023, la France accueille la deuxième session des négociations internationales pour mettre fin à la pollution plastique.
L’urgence est réelle avec une production de plastique qui dépassera le milliard de tonnes en 2050, si elle continue sa progression au rythme connu (près de 500 millions en 2020).
Le plastique est une catastrophe de santé publique avec nombre de microplastiques et de nano-plastiques (entre 50 et 100 micromètres) qui pénètrent dans le corps humain par ingestion, par inhalation ou en pénétrant par la peau pour les nanoparticules. Nous avalons individuellement 2 000 particules de plastiques par semaine soit 5 g de plastiques, l’équivalent d’une carte bancaire (WWF 2019).
C’est aussi une catastrophe pour les terres, les cours d’eau et les mers du globe. Depuis 1980, plus de 150 Mt de plastiques s’accumulent dans les océans provoquant du plus spectaculaire, l’île artificielle dans le Pacifique, au plus insidieux pour la biodiversité comme l’étranglement des mammifères marins et des oiseaux dans les filets, les « pêches fantômes », l’ingestion de micro-plastiques par les oiseaux, les poissons ou les tortues et la dégradation des fonds marins. 700 espèces marines sont touchées, dont 17% sont menacées ou « en danger critique d’extinction ». Cette pollution coûte 13 milliards de dollars en raison des pertes subies par la pêche, l’aquaculture ou le tourisme (nettoyage des plages) dans le monde, dont 470 millions d’euros pour l’Europe.
Pour réduire la masse, nous devons réduire la production de plastique à la source en privilégiant le réemploi comme les consignes ou la reprise d’emballages, voire la suppression de certains emballages plastiques. Cette démarche globale permettrait de réduire notre empreinte carbone de 85%.
Sur les 8,3 milliards de tonnes de plastiques produites par an, seuls 9% seront recyclées. Un résultat bien faible qui est questionné par les ONG sur le destin incertains des matières plastiques recyclables envoyées en Chine ou en Malaisie, notamment, par les industriels du retraitement, sur un marché qui représente chaque année plus de 275 milliards de dollars. Il faut trouver une voie française permettant d’augmenter massivement le tri et le recyclage, qui restent notoirement insuffisants.
Les pays nordiques imposent aux producteurs une responsabilité en matière d’emballages, puisqu’ils doivent fournir ou rejoindre un système de collecte assumant la responsabilité opérationnelle et financière de la récolte et du traitement des déchets d’emballage. La France a voté le principe de la création de la consigne pour 2023, si les progrès en tri n’étaient pas suffisants. Il convient en tout état de cause de veiller à ce que les structures mises en place par les industriels et la distribution s’opèrent en lien avec les collectivités locales et ne soient pas l’occasion de profits financiers, alors que la gestion des déchets doit relever d’une logique de service public.
La grande distribution pourrait être sensibilisée en rendant obligatoire la présence de conteneurs de tri à la sortie des grandes surfaces afin que les consommateurs puissent se défaire des emballages excessifs aux frais des distributeurs. Par ailleurs, des normes pour le traitement des emballages doivent être édictées pour protéger la santé, l’environnement et atteindre des objectifs de recyclage prédéfinis.
Plus de 15 conférences internationales et sommets ont été consacrés à ce sujet sans que cela aboutisse à une politique quelconque de lutte contre la production de plastique à la source voire de retraitement.
Espérons qu’à Paris une fumée blanche d’espoir se substitue à la fumée noire de combustion des plastiques gaspillés.
Alain Fabre-Pujol, Jean-Loup Kastler et Marie-Noëlle Lienemann
pour le pôle écologie républicaine de la GRS