Missak, dit Michel Manouchian, est mort pour la France, fusillé à trente-sept ans le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Arménien d’origine, artisan puis ouvrier devenu poète et résistant, rescapé d’un génocide, militant communiste, internationaliste et antifasciste, il s’engage au lendemain du 6 février 1934, tant dans la lutte contre le nazisme que dans la solidarité franco-arménienne.
Entré dans la Résistance en 1941, il devient en août 1943 le chef militaire des FTP-MOI de la région parisienne, que les Allemands voudront frapper d’infamie en les réunissant sur cette « Affiche rouge » qui les rendra immortels. C’est en « soldat régulier de l’Armée française de la Libération » qu’il meurt avec ses camarades « étrangers et nos frères pourtant ».
Missak Manouchian est une des figures emblématiques de l’unité et de l’universalité de la République française. Il a manifesté son amour de la France républicaine et laïque et sa reconnaissance pour ce pays qui fut terre d’accueil et phare de tant d’hommes et de femmes persécutés. Il écrivait quelques jours avant son exécution : « Vous avez hérité la nationalité française, nous l’avons méritée ».
Admirateur et porteur des idéaux de la Révolution française, amoureux de la France au point d’en solliciter deux fois la nationalité (qui lui sera pourtant refusée), et de se sacrifier pour elle.
La France n’est pas simplement un territoire et une population, c’est un pays « plus grand que lui-même », une République qui a toujours représenté un symbole et un espoir de bonheur, de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Oui, la place de Missak, Français d’âme et par le sang versé, qui « criait la France en s’abattant », est au Panthéon. Sa femme Mélinée, qu’il rencontra sur les chemins de l’exil au Liban avant de rejoindre sa nouvelle patrie, l’accompagnera au Panthéon comme elle l’avait accompagné dans ses engagements et ses combats. Nous publions ici la lettre, sa dernière lettre, qu’il lui envoya avant de mourir.
Ses vingt-deux camarades seront évidemment avec lui dans l’hommage que nous lui rendons avec la Nation.
Pierre Dedet