Élevage français : l’État organise-t-il le sacrifice de nos paysans ?

Alors que nos campagnes s’enfoncent dans une crise sanitaire et sociale sans précédent, le silence de l’administration et l’application rigide, parfois absurde, des normes européennes dessinent une trajectoire mortifère pour l’agriculture française. Entre abattages massifs d’animaux sains et compensations dérisoires, il ne s’agit plus seulement de gestion de crise, mais d’un choix de nature à compromettre des éleveurs français et européens confrontés à une concurrence déloyale.

L’absurdité érigée en système

Imaginez un éleveur qui, pour une seule bête déclarée positive sur un troupeau de deux cents, voit des années de son travail envoyées directement à l’équarrissage. Ce n’est pas une fiction, c’est la réalité brutale imposée par le classement de la maladie en « Catégorie A ».

Sous prétexte d’une éradication immédiate imposée par Bruxelles, on choisit le vide sanitaire plutôt que la vie. Pourtant, des solutions existent. En 1992, l’île de la Réunion avait vaincu l’épizootie par une méthode simple et éprouvée : la vaccination généralisée. Pourquoi ce qui était possible il y a trente ans semble aujourd’hui hors de portée d’une technocratie aveuglée par ses propres règlements ?

Le piège financier : une double peine pour les éleveurs

On nous parle d’indemnisation. La réalité est une insulte au monde paysan. Quand l’État verse 2 500 € pour une vache limousine au prix de la viande, l’éleveur doit en débourser 3 650 € pour racheter une reproductrice de qualité équivalente. Ajoutez à cela la taxation de ces indemnités au titre du « revenu exceptionnel », et vous obtenez un gouffre financier de plus de 80 00 € pour un troupeau moyen.

C’est une condamnation à mort économique. L’éleveur qui perd son troupeau ne perd pas seulement son outil de travail ; il perd son revenu, son identité, et se retrouve seul face à ses dettes. Sans une révision immédiate du mode de calcul de l’indemnité et son exonération fiscale, l’État expose les éleveurs à la liquidation.

Souveraineté alimentaire ou « faux steaks » ?

Derrière ces abattages en série et ces protocoles rigides, une question plus vaste se pose : quelle assiette voulons-nous pour demain ?

Pendant qu’on détruit nos cheptels sous des prétextes administratifs, les promoteurs de la « Food Tech », soutenus par les grands capitaux, se frottent les mains. Demain, faute d’éleveurs courageux pour continuer le métier, serons-nous condamnés à consommer des steaks de synthèse sortis d’usines ou de la viande brésilienne dopée aux hormones et transportée sur des milliers de kilomètres ? Le coût écologique et sanitaire d’un tel renoncement serait désastreux.

L’heure du courage politique

Le gouvernement doit cesser de se cacher derrière les directives européennes. Nous demandons :

  1. La vaccination totale et immédiate sur l’ensemble du territoire. C’est la seule arme efficace pour protéger le cheptel et garantir les exportations vers nos voisins italiens et espagnols, qui sont d’ailleurs demandeurs.
  2. Le déclassement de la maladie de la catégorie A vers la catégorie B, pour mettre fin à l’obligation d’abattage total.
  3. Une indemnisation à la valeur de remplacement, et non à la valeur bouchère, pour permettre la survie des exploitations.
  4. Une offensive diplomatique pour renégocier les accords commerciaux et permettre l’exportation des animaux vaccinés ou testés négatifs.

Nos éleveurs ne demandent pas l’aumône, ils demandent le droit de travailler et de nourrir la France avec dignité. Laisser disparaître nos élevages, c’est laisser disparaître une part de notre âme et de notre indépendance. Il est temps que la politique reprenne ses droits sur la technique.

Protégeons nos élevages. Soutenons nos agriculteurs. Défendons notre souveraineté alimentaire !

Karine Mazot et Laurent Miermont

« Chaque voix compte »: veut-on sacrifier l’agriculture française ? Emmanuel Maurel sur LCP-AN

Emmanuel Maurel, député et animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste, était l’invité jeudi 18 décembre 2025 à 20 heures de l’émission de LCP-AN « Chaque voix compte ». Accusant Ursula von der Leyen « d’outrepasser ses pouvoirs » sur le Mercosur, il a rappelé que l’inquiétude est légitime sur le plan économique et sur le plan sanitaire. Cet accord fonde une concurrence déloyale, qui empêche nos producteurs de lutter. Il faut récuser cet accord.

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