Condamnation du RN : la GRS appelle à défendre l’État de droit et les institutions de la République !

communiqué de la Gauche Républicaine et Socialiste le jeudi 3 avril 2025

Tout citoyen a le droit de critiquer une décision de justice, y compris celui ou celle à qui elle s’adresse. Mais personne n’a le droit de jeter le discrédit sur l’autorité judiciaire de la façon dont l’extrême-droite et ses alliés l’ont fait, suite au verdict du tribunal judiciaire de Paris rendu dans l’affaire des assistants parlementaires du RN.

Dans les heures qui ont suivi cette décision, une surenchère verbale inadmissible a dénoncé une prétendue « tyrannie des juges » et mis en cause jusqu’à l’intégrité des magistrats qui appliquent la loi au nom du peuple français.

Des manifestations contre la Justice sont organisées ce dimanche, qui rappellent à nos compatriotes le lourd passif historique des nationalistes et des réactionnaires à l’encontre de l’État de droit, cible de leurs attaques incessantes. Le bruyant soutien des Poutine, Trump, Orban, Salvini et consorts ne laisse guère de doute sur la réalité de cette tentative de déstabilisation.

Il est loisible d’interroger le bien-fondé des lois – en l’occurrence l’exécution provisoire de la peine d’inéligibilité – et d’en proposer des évolutions. C’est la démocratie. Mais remettre en cause les principes fondamentaux de la République, ses institutions et ceux qui ont la lourde charge de les faire vivre est inacceptable.

La Gauche Républicaine et Socialiste en appelle au respect de l’État et de ses fonctionnaires, à plus forte raison lorsqu’ils sont dépositaires de l’autorité publique et indépendants du pouvoir politique.

« Transport ferroviaire : comment éviter que les concurrents de la SNCF ignorent les gares isolées ? » – tribune

Tribune de Chloé Petat, publiée dans Le Figaro, le mardi 1er avril 2025

L’augmentation de lignes rentables sur lesquelles la SNCF est concurrencée fera perdre à l’entreprise publique d’importants bénéfices. Notre camarade Chloé Petat1 dresse des propositions pour éviter que la quête de profits se fasse au détriment des gares les plus isolées.

Il y a quelques semaines, Trenitalia a annoncé la vente de billets à prix réduits sur la ligne Paris-Marseille. Depuis l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs en 2020, le processus semble s’accélérer. La concurrence se manifeste sur plusieurs segments. D’abord, sur les trains à grande vitesse, qui sont des services librement organisés. En effet, l’activité TGV n’est pas considérée comme un service public et n’est donc pas subventionnée par l’État. Des concurrents comme Renfe et Trenitalia opèrent déjà des trains sur certaines lignes. La concurrence survient également sur les trains express régionaux et les trains d’équilibre du territoire, qui sont des services gérés par des autorités organisatrices (les régions et l’État). L’ouverture à la concurrence sur un secteur aussi stratégique que le ferroviaire induit des risques majeurs notamment pour les dessertes du territoire et le financement du réseau.

Historiquement, l’exploitation des lignes les plus rentables, notamment certains TGV, permettait à la SNCF de compenser les pertes induites par l’exploitation des lignes moins rentables. Il s’agit d’un système de péréquation entre les lignes, qui permettait donc d’assurer un équilibre financier pour la SNCF et de maintenir un juste équilibre dans les dessertes des territoires. Avec l’ouverture à la concurrence, la SNCF va perdre des parts de marché, notamment sur les lignes les plus rentables sur lesquelles les nouveaux entrants se positionnent principalement. Le risque est donc que la SNCF assume seule l’exploitation des lignes les moins rentables, ce qui pourrait devenir un gouffre financier. L’exploitation d’un tiers à la moitié des lignes TGV n’est rentable qu’à condition de réduire le nombre de gares desservies. De ce fait, les nouveaux entrants, tout comme la SNCF, pourraient décider de réduire le nombre d’arrêts s’ils ne sont pas contraints. Ces décisions pourraient fortement affecter les dessertes des petites et moyennes villes. Pour éviter ce scénario, l’État doit s’assurer que la concurrence soit correctement répartie sur l’ensemble du réseau et étudier les leviers à sa disposition pour ce faire.

La modulation à la hausse ou à la baisse des péages ferroviaires est une option envisageable, par ailleurs déjà pratiquée. En effet, chaque entreprise qui souhaite faire circuler des trains sur le réseau français doit s’acquitter de ce que l’on appelle des péages ferroviaires auprès de SNCF Réseau. Ces derniers pourraient être plus faibles pour les exploitants qui desservent de nombreuses gares intermédiaires et plus élevés pour ceux qui ne le font pas. Cette modulation, si elle était adoptée, devrait être appliquée équitablement à l’ensemble des opérateurs. Toutefois, cela pose des questions majeures sur le financement du réseau, puisque la modulation réduit les ressources financières qui lui sont allouées. En outre, la réalisation d’un contrat d’exploitation entre la SNCF ou un autre exploitant et l’État pourrait permettre de s’assurer de l’exploitation des lignes non rentables. Toutefois, cela impliquerait de subventionner l’activité TGV ou, a minima, l’exploitation de certaines lignes TGV, ce qui implique un changement d’orientation majeur. Enfin, une autre solution envisagée pourrait être de fonctionner comme l’Espagne, c’est-à-dire conditionner l’exploitation de certaines lignes rentables à l’exploitation de celles qui ne le sont pas, ce que permettent les textes européens.

La concurrence ne peut sérieusement s’envisager sans investissements massifs dans la rénovation et la modernisation du réseau : elle n’aura aucun effet sur un réseau en mauvais état

La modulation à la hausse ou à la baisse des péages ferroviaires est une option envisageable, par ailleurs déjà pratiquée. En effet, chaque entreprise qui souhaite faire circuler des trains sur le réseau français doit s’acquitter de ce que l’on appelle des péages ferroviaires auprès de SNCF Réseau. Ces derniers pourraient être plus faibles pour les exploitants qui desservent de nombreuses gares intermédiaires et plus élevés pour ceux qui ne le font pas. Cette modulation, si elle était adoptée, devrait être appliquée équitablement à l’ensemble des opérateurs. Toutefois, cela pose des questions majeures sur le financement du réseau, puisque la modulation réduit les ressources financières qui lui sont allouées. En outre, la réalisation d’un contrat d’exploitation entre la SNCF ou un autre exploitant et l’État pourrait permettre de s’assurer de l’exploitation des lignes non rentables. Toutefois, cela impliquerait de subventionner l’activité TGV ou, a minima, l’exploitation de certaines lignes TGV, ce qui implique un changement d’orientation majeur. Enfin, une autre solution envisagée pourrait être de fonctionner comme l’Espagne, c’est-à-dire conditionner l’exploitation de certaines lignes rentables à l’exploitation de celles qui ne le sont pas, ce que permettent les textes européens.

Des nouveaux entrants, tels que Trenitalia et Renfe, bénéficient de réductions sur les péages ferroviaires. À titre d’exemple, Trenitalia a bénéficié en 2021 et 2022 de réductions de 37% pour la première année et de 16% pour la deuxième. Il est possible que de nouvelles exonérations soient accordées. L’ouverture à la concurrence va augmenter le nombre de circulations, ce qui va accélérer la dégradation du réseau et rendre d’autant plus indispensable les travaux de rénovation. Pourtant, ces baisses de péages réduisent les contributions financières allouées au maintien du réseau. Chaque nouvel entrant qui utilise le réseau ferroviaire français doit contribuer de manière équitable à sa maintenance, via les péages et des contributions au fond de concours. La concurrence ne peut sérieusement s’envisager sans investissements massifs dans la rénovation et la modernisation du réseau : elle n’aura aucun effet sur un réseau en mauvais état. L’augmentation du nombre de voyageurs et l’amélioration de la qualité de service reposent majoritairement sur la capacité à disposer d’un réseau de bonne qualité, avec des capacités de circulation augmentées.

Chloé Petat

  1. Chloé Petat est co-rédactrice en chef du média Le Temps des Ruptures. Elle a récemment publié La révolution ratée du transport ferroviaire (Le Bord de l’Eau, 2024). Elle est également membre du collectif d’animation nationale et du collectif de direction de la Gauche Républicaine et Socialiste. ↩︎

Quelle ambition européenne pour la défense ?

Le mardi 18 mars 2025 était publié le très attendu livre blanc de la commission européenne sur la défense qui doit servir à alimenter les réflexions des 27 chefs d’État et de gouvernement. Parmi les principaux thèmes de ce rapport : l’émergence d’une véritable défense européenne, son financement, mais aussi une forme de « patriotisme économique », à savoir faire en sorte que l’argent européen mis sur la table serve à acheter des armes européennes, elles aussi.

Qui, parmi les Européens, achète européen ?

Le plus gros importateur d’armes aujourd’hui au sein de l’Union, c’est la Pologne : elle se fournit pour 87% de ses achats aux États-Unis et en Corée du Sud. Pour les Pays-Bas, deuxième importateur au sein de l’Union, ou pour l’Italie, c’est encore plus spectaculaire : les États-Unis représentent respectivement 97 et 94% de leurs achats d’armes.

D’autres pays sont au contraire plus équilibrés dans leurs sources d’approvisionnement, plus Européens aussi, comme la Grèce pour qui le plus gros fournisseur d’armes à hauteur des deux tiers de ses achats est la France, devant les États-Unis et la Grande-Bretagne.

L’Union européenne peut-elle imposer aux États membres d’acheter européens ?

Non. Dans les traités européens, la défense n’est pas reconnue comme une compétence communautaire, ni exclusive (heureusement), ni même partagée avec les États membres. C’est donc à ces derniers de s’entendre politiquement, sur un périmètre qui ne sera ni toute l’Union Européenne (la Hongrie ou la Slovaquie se comportent aujourd’hui plutôt comme des alliés du Kremlin) ni la seule Union Européenne, car la Grande Bretagne et la Norvège ne sont pas des partenaires à négliger.

Mais la Commission peut mettre à leur disposition des outils, comme cela avait été fait après la crise sanitaire de 2020, lorsqu’il s’était agi d’acheter des vaccins en commun. L’idée d’une centrale d’achat européenne est revenue avec force ces dernières semaines. Il s’agirait d’un cadre commun dans lequel les États européens pourraient, à plusieurs, peser davantage dans les négociations avec les industriels de l’armement pour faire baisser les coûts, quitte à ce que la commission européenne abonde pour diminuer la charge budgétaire des États membres lorsqu’ils achètent européens. Les achats groupés figuraient bien dans les conclusions du dernier conseil, il y a deux semaines, mais sans préciser si ces achats devaient être prioritairement européens.

Enjeu industriel

Pour acheter européen, encore faut-il que le secteur européen de l’armement puisse suivre. Le tissu industriel de défense a des lacunes en Europe sur des équipements précis comme les drones, par exemple, ou les systèmes de défense anti-drones. C’est pour cela que certains pays comme la Pologne ou l’Allemagne plaident pour maintenir des achats hors Union européenne pour les équipements les plus urgents. Une première liste a été définie début mars incluant des systèmes d’artillerie de longue portée ou encore de défense aérienne. On pourrait pourtant penser que cet écueil puisse être rapidement dépassé pour certains matériels, mais nos voisins européens ont été habitués si longtemps à ne pas avoir d’effort à faire pour obtenir de la seconde main américaine, que le changement de dispositif n’a rien d’automatique.

On a vu à quel point il pouvait être compliqué de construire de véritables programmes d’armement européens. Dernier exemple en date, avec le SCAF, le système de combat aérien du futur porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, une alliance industrielle qui ne va pas de soi en matière de défense.

Structurés en 2017, les programmes SCAF et MGCS représentaient alors les deux principaux piliers d’une initiative franco-allemande voulue par Emmanuel Macron et Angela Merkel, pour engager l’Europe sur une trajectoire plus autonome en matière de défense, avec en son cœur, les deux principales économies et puissances démographiques de l’Union Européenne. Depuis, l’enthousiasme initial a fait place à une défiance croissante, sinon des autorités, du moins d’une partie de l’opinion publique, des industriels et même des militaires, et ce, de part et d’autres du Rhin. Les difficultés se sont multipliées, amenant chacun de ces programmes au bord de l’implosion. Paris et Berlin s’étaient entendus en 2019 sur un partage des tâches à 50%-50% entre Dassault, désigné maître d’œuvre en raison de son expertise, et Airbus, qui représentait à l’époque la seule partie allemande. Mais les négociations ont été rouvertes après l’arrivée de Madrid et de nouvelles exigences de Berlin, les discussions portant notamment sur le partage du travail et les droits de propriété intellectuelle, alors que les trois pays doivent s’entendre sur le financement d’un démonstrateur de l’appareil destiné à remplacer le Rafale à l’horizon 2040. En dépit d’une trajectoire désormais plus sécurisée, sans être toutefois garantie, suite à une vigoureuse intervention des instances politiques des pays participants, de nombreuses interrogations subsistent dans le débat public autour de ces programmes. Un rapport de janvier 2024, émanant de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, va certainement venir encore accroître les inquiétudes les entourant.

Le volet des offres s’annonce au moins aussi compliqué que celui de la demande, pour lequel des financements et des aides européennes sont et seront encore débloqués dans les mois à venir.

Frédéric Faravel

Trump fait taire la « Voix de l’Amérique »

Voice of America a été la grande radio, qui a agi pour que le bloc soviétique se fissure : cette radio va être débranchée. L’administration Trump a décidé des centaines de licenciements dans ce média public ; la Russie et la Chine se félicitent évidemment de ces licenciements.

Plusieurs employés de VOA qui ne pouvaient pas entrer dans leurs locaux ce samedi se sont entretenus avec des médias, en demandant l’anonymat pour se prémunir de toutes représailles : « On a fait taire la voix de l’Amérique, du moins pour l’instant », disait un reporter chevronné à CNN. « Ce n’est pas que notre salaire qui est en jeu », disait un employé de Radio Free Asia interrogé par France 24. « Nous avons des employés et des pigistes qui craignent pour leur sécurité. Nous avons des journalistes qui travaillent dans des pays autoritaires en Asie, nous avons des journalistes aux États-Unis qui craignent l’expulsion si leurs visas ne sont pas renouvelés. » « On nous a effacés d’un coup de stylo, poursuivait cet employé, c’est tout simplement atroce ».

VoA, un combat pour les libertés parfois à géométrie variable

« Les autocrates du monde entier font des sauts de joie. Hindenburg [sic], Hitler n’avaient pas réussi à faire taire la voix de l’Amérique, Staline, Vladimir Poutine, Mao non plus, les Ayatollahs en iran n’ont pas réussi à le faire, mais Donald Trump vient de réduire au silence la voix de la liberté. Pour la première fois depuis 1942, VoA a été retirée de l’antenne », écrit un éditorialiste du Washington Post.

La chaîne Voice of America avait été souvent critiquée pour son manque d’indépendance et son tropisme pro-américain dans sa couverture des faits dans les années 1950 à 1980. Accusée d’être « négligente » face au communisme par McCarthy, elle a été détachée du Département d’État américain en 1953 par Eisenhower ; cela ne l’avait pas empêché d’être un vecteur pour préparer les opinions latino-américaines avant divers coups d’État au Guatemala et en République Dominicaine ou avant l’opération de la Baie des Cochons à Cuba. Sa petite sœur Radio Free Asia, fondée en 1951 par la CIA pour contrer la nouvelle Chine communiste, a quant à elle servi de porte-voix à la propagande américaine durant toute la guerre du Viet Nâm.

Pourtant, elle jouait également un rôle crucial dans des pays où s’exerce un contrôle drastique des médias comme l’Iran, la Chine populaire ou la Corée du Nord ; elle a joué un rôle important dans la mise au jour de l’univers concentrationnaire au Xinjiang et de l’oppression des Ouïghours. VoA y avait également dénoncé les tentatives d’ingérence du gouvernement chinois dans les élections aux États-Unis, contré les efforts du régime de pékin pour dissimuler les origines de la pandémie de Covid.

Agence de presse, radio, télévision, VoA et ses réseaux avaient progressivement gagné leurs galons d’indépendance, résistant aux pressions de l’administration Bush après le 11-Septembre.

La joie des dictateurs et des usines à fakenews

L’administration a mis en congé, donc, la quasi-totalité de ses 1300 employés et l’administration a fermé les stations sœurs de VoA, Radio Free Europe, Radio Liberty et Radio Free Asia. « La voix de l’Amérique, le soi-disant symbole de la liberté, a été jeté par son propre gouvernement comme un vieux chiffon » s’est réjoui en Chine, le Global Times, l’organe de presse international du parti communiste chinois, qui qualifie également VoA d’usine à mensonge. La Russie se réjouit également de la disparition de ce média indépendant, qu’elle avait qualifié l’an dernier d’organisation indésirable.

« Trump a annoncé la fermeture soudaine de radio liberty et de VoA. C’est une bonne décision », selon la rédactrice en chef du média d’État russe, RT, Margarita Simonian, sur le plateau de Rossia Adin. Dans la foulée, le présentateur Vladimir Solofief s’est amusé de la fermeture de tous les médias indépendants américains avec la fin de leur financement. « C’est génial », renchérit la rédactrice en chef de RT, comme le montre le magazine newsweek.

L’audience de VoA était estimée à plus de 400 millions d’auditeurs, de téléspectateurs, d’internautes, pour une diffusion en 63 langues, selon le magazine conservateur Washington Examiner.

Le monde des « faits alternatifs »

« Les propagandistes chinois ont tout à gagner à faire taire les voix de la vérité et de la liberté », a dénoncé le Washington Post. Apparemment, l’administration Trump a le même intérêt.

Entre 2015 et 2021, Donald Trump avait publié plus de 2490 messages négatifs sur le média national, selon la base de données U.S. Press Freedom Tracker. Et cela ne prend en compte que ses messages sur les réseaux sociaux, dans lesquels il a régulièrement qualifié des chaînes, des journaux de « propagateurs de fake news » et d’« ennemis du peuple ».

Depuis son retour à la Maison-Blanche, l’administration Trump a retiré leur agrément et leur bureau au Pentagone à quatre médias : le New York Times, NBC News, NPR, et Politico.

Frédéric Faravel

Plus le temps passe, plus la vie chère s’aggrave Outre-Mer

Ce n’est pas la première fois que la Gauche Républicaine et Socialiste évoque le sujet ces derniers mois1 2. Or, malgré une prise de conscience tardive, mais désormais réelle, et un diagnostic désormais relativement bien établi, les écarts de prix continuent de se creuser entre l’Hexagone et ses Outre-Mer. Ce qu’on appelle la vie chère n’a jamais été aussi flagrant dans les Antilles où se déplace depuis quelques jours le Ministre d’État, ministre des outre-mer, Manuel Valls.

En Martinique, où il arrivait le lundi 17 mars après être passé à Saint-Martin puis à la Guadeloupe, il tentait d’assurer en quelque sorte le service après-vente d’un protocole signé en octobre dernier entre l’État, les collectivités des Antilles et les distributeurs sur place.

Répression sociale

Protocole signé après un mouvement social intense contre la vie chère, un protocole qui n’inclut pourtant pas l’organisateur principal de ces manifestations, le RP-PRAC, rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens.

Son leader Rodrigue Petitot a passé plusieurs semaines en prison avant d’être condamné à 10 mois de prison avec sursis fin janvier ; il a fait appel et l’avocate générale a demandé une aggravation de la peine dans son réquisitoire, avec 10 mois de prison ferme et 3 ans d’inéligibilité. Le délibéré sera rendu le 3 avril, s’il est suivi, ce sera une peine particulièrement sévère dans l’histoire du mouvement social aux Antilles.

Cautère sur l’octroi de mer

Depuis sa signature, ce protocole se met en place progressivement, mais pour l’instant sans effet majeur sur les prix. Dans les supermarchés, depuis quinze jours, quelques prix ont baissé. Une des mesures prévues par le protocole, la suppression de la TVA sur 69 familles de produits de grande consommation, vient d’entrer en vigueur le premier mars. Son instauration avait été retardée par l’instabilité politique, car il fallait d’abord l’adoption du projet de loi de finances pour 2025. À cela s’ajoute la suppression, pour 57 familles de produits de l’octroi de mer, une taxe sur les biens importés.

Or comme nous l’expliquions dans notre article du 30 octobre dernier, plusieurs rapports pour l’observatoire de la formation des prix, des marges et des revenus sur le coût de la vie en Outre-Mer indiquent ainsi que ni le coût du transport, ni celui de la logistique, ni même l’octroi de mer ne justifie le niveau des prix aux Antilles ; ils n’auraient qu’un impact secondaire.

L’insularité ou les frais d’approche contribuent évidemment à la vie chère, mais ces rapports montrent qu’ils n’y participent seulement qu’entre 5 et 10% : on est loin des 40% de différentiel de prix observés ! Nous avions déjà dénoncé le mensonge inséré dans le préambule de l’accord signé par l’État et la collectivité de Martinique indiquant que 67% de la cause de ce différentiel serait liée aux frais d’approche et à l’insularité. De même, la TVA est déjà plus basse en Outre-Mer pour compenser les effets de l’octroi de mer. La cause est ailleurs et les solutions évoquées plus haut ne feront que mettre en difficulté les recettes de la collectivité insulaire sans s’attaquer la racine du problème.

L’aveuglement continue sur la concentration économique

Nous avions ainsi expliqué que le problème principal résidait dans l’aveuglement volontaire face à l’hyper-concentration du marché et dans la fabrication du taux de marge des distributeurs. Or, si la grande distribution s’est engagée à n’appliquer aucune « marge excessive » sur l’alimentation courante, rien ne définit ce qu’est une marge excessive.

Cet ensemble de mesures permettra peut-être de baisser quelques prix.

Après trois renvois, « l’affaire GBH » est enfin passée jeudi 13 février devant le tribunal de commerce de Fort-de-France. Le groupe Bernard Hayot a finalement publié tous les comptes demandés, y compris société par société. Les derniers éléments ont été déposés mercredi 12 février au soir.

« C’est une victoire sur l’opacité », estimait l’avocat des plaignants : « On nous annonçait qu’on serait ridiculisé et nous avons fait plier le Groupe Bernard Hayot grâce à la loi. C’est important. Il faut que les uns et les autres se réconcilient avec notre institution judiciaire. On peut faire confiance en la loi, en nos juges. Aujourd’hui, grâce à la loi et grâce à cette procédure, nous avons réussi à faire plier GBH ». Côté GBH, les trois avocats ont estimés que le groupe était victime d’une campagne de déstabilisation. Ils considèrent par exemple que la dernière demande faite ce 13 février de publier les marges arrière n’est justifiée par aucune obligation légale. Or c’est bien sur cette demande que le tribunal devra se prononcer le 4 avril.

Dans ces conditions, on mesure combien, avec ce protocole, il n’y a pas de quoi régler le fond du problème : du point de vue de la situation politique on aura relativement apaisé les choses, sans rien résoudre du point de vue économique. L’impact restera faible sur les prix ; les Martiniquais ne consomment pas que les produits visés par l’accord, c’est toute l’économie qui est chère et pas seulement les produits alimentaires. Au-delà des mesures marginales, la question fondamentale reste : quel est le niveau de prix acceptable ? qu’est-ce qu’on peut vraiment imposer ? Le système actuel est celui de la liberté d’esprit. Si l’on se contente de vérifier à la marge qu’il n’y a pas de situations d’abus, on ne va pas éliminer le problème de la vie chère. Comment doit-on déterminer les prix aux Antilles ? Il s’agit là d’un choix social.

Impasse parlementaire, mauvaise foi vallsienne et lobbying

Ce choix dépend aussi d’un certain nombre de contraintes réglementaires actuelles. Un encadrement trop rigoureux des prix serait, dit-on, contraire aux règles de la concurrence, même si, en fait, le code du commerce rend des exceptions possibles.

Cette question a d’ailleurs commencé à être abordée lors de récents travaux parlementaires, avec la discussion sur la proposition de loi contre la vie chère en outre-mer, présentée par la députée PS de Martinique, Béatrice Bellay, et votée à l’Assemblée Nationale en janvier dernier. Ce texte vise un plafonnement par l’État du prix d’un panier de biens de première nécessité en élargissant son champ à plus de produits comme la téléphonie, la parapharmacie ou les pièces détachées automobiles et en visant des prix équivalents à ceux de l’hexagone. Un article qui a fait débat, car pour le ministre des outre-mer, Manuel Valls, il n’est pas question d’aller vers un blocage des prix. Le texte propose aussi de renforcer les sanctions des entreprises qui ne publient pas leurs comptes et de lutter contre les monopoles et oligopoles.

Mais la vie future de ce texte est incertaine. Les niches parlementaires lors desquelles le groupe PS pourrait mettre le texte à l’ordre du jour au sénat sont peu nombreuses. Pourtant, Manuel Valls ne cesse de répéter sa détermination à faire de la lutte contre la vie chère l’une de ses priorités politiques et rien n’empêche le gouvernement de mettre cette proposition de loi à l’ordre du jour du sénat, ce qui ne semble pas d’actualité.

Ce n’est pas sans lien que Libération a annoncé ce mercredi 19 mars une enquête révélant que le groupe Bernard Hayot est soupçonné de s’être affranchi des règles encadrant le lobbying. Après les différentes plaintes déposées à son encontre en janvier 2025, le groupe se retrouve une nouvelle fois sous les feux des projecteurs. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a ouvert une enquête le 21 février dernier, visant le groupe pour de potentiels délits d’omission de déclaration d’activité de représentants d’intérêts.

Frédéric Faravel

  1. https://g-r-s.fr/en-outre-mer-ce-sont-les-trusts-locaux-qui-creent-la-vie-chere/ ↩︎
  2. https://g-r-s.fr/lalimentation-sujet-vital-oublie-par-la-loi-durgence-pour-mayotte/ ↩︎

“Refaire de la laïcité un instrument de justice sociale et de cohésion républicaine” – tribune parue dans Libération, le jeudi 20 mars 2025

Obtenu de haute lutte par la gauche, il est impératif de ne pas laisser ce principe dans les mains de ceux qui, comme le Rassemblement national, la subvertissent au profit de thèses identitaires, estiment des personnalités de gauche rassemblant la GRS, le PCF et le PS.

Tribune parue le 20 mars dans Libération.

A l’ère de toutes les confusions, il fait toujours bon rappeler que la gauche et la laïcité ont partie liée depuis quatre siècles.

De la grande Révolution française au vote de la loi de séparation des Eglises et l’Etat dont nous fêterons les 120 ans en 2025, nous avons inscrit ce principe consubstantiel à l’idéal républicain au cœur de notre philosophie politique.

Sous l’exigeante tutelle intellectuelle de Jean Jaurès, nous avons œuvré pour le triomphe de la République laïque et sociale, afin d’offrir à chaque citoyenne et à chaque citoyen les moyens de son émancipation et le droit de pratiquer son culte sans entrave.

Hélas, aujourd’hui, en dépit de sa pertinence sans cesse démontrée, la laïcité vacille, étant mal comprise, instrumentalisée ou fragilisée. D’un côté, la droite et l’extrême droite la détournent pour stigmatiser nos compatriotes de confession musulmane. De l’autre, des confusions et des infléchissements s’opèrent, réduisant la laïcité à une famélique neutralité de l’Etat, ce qui demeure un profond contresens historique et politique.

La laïcité est une matière chaude, obtenue de haute lutte par notre camp. Il est impératif de ne pas la laisser dans les mains de ceux qui, comme le Rassemblement national, prétendent en détenir l’exclusivité pour mieux la subvertir au profit de thèses identitaires.

Le peuple français espère beaucoup de nous à ce sujet. Nous devons redevenir les défenseurs intransigeants de la République laïque, sociale et universaliste, la seule capable de garantir à chacune et à chacun les mêmes droits et les mêmes libertés.

Nous savons trop bien que lorsque l’école publique manque de moyens, quand les services publics se retirent des territoires, l’Etat fait place nette à la marchandisation du monde, aux intérêts particuliers et aux pressions communautaristes et c’est toute la République qui s’en trouve affaiblie.

Empêcher les discriminations, l’antisémitisme et le racisme

Renforcer la laïcité, c’est donc d’abord reconstruire une République forte, présente partout, dans l’hexagone et l’outre-mer, qui consacre l’égalité des droits et des responsabilités. C’est développer des services publics qui ne laissent personne sur le bord du chemin, en particulier dans les quartiers populaires et dans la ruralité. C’est empêcher les discriminations, l’antisémitisme et le racisme.

Renforcer la laïcité, c’est aller au bout de la séparation des Eglises et de l’Etat, principe indispensable à la mise en échec du poison identitaire qui se répand à toute vitesse. C’est faire en sorte que l’école publique retrouve sa centralité et demeure, selon les mots de Jean Zay, «l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas». Telle est l’ambition de ce texte qui comprend des perspectives politiques que la gauche devra soutenir au cours des prochaines échéances électorales : donner toute sa place au principe de laïcité dans notre Constitution afin de consacrer définitivement la séparation des Eglises et de l’Etat et mettre fin à toutes les dérogations qui perdurent depuis trop longtemps ; instituer au sein de notre Constitution un Défenseur de la laïcité, sous la forme d’une autorité administrative indépendante, dont le rôle sera de veiller à la bonne application des politiques publiques dédiées à la laïcité.

Assurer à l’école publique et laïque le soutien absolu de toute la nation : revalorisation significative des salaires, meilleur encadrement, protection et formation des enseignants, en première ligne dans la transmission des valeurs républicaines.

Fermer les écoles privées hors contrat et conditionner les financements publics versés aux écoles privées sous contrat au respect de critères de mixité sociale afin d’enrayer la ségrégation scolaire qui se joue à bas bruit dans notre pays.

Levier pour l’émancipation

La réalisation de ce programme, non exhaustif, ne sera pas chose aisée. Nous rencontrerons de l’adversité, ce qui suppose une unité d’action sans faille. Mais nous sommes confiants, car la gauche a toujours su se rassembler pour défendre l’essentiel.

La laïcité est un rempart contre l’intolérance et un levier pour l’émancipation. A nous de reprendre le terrain perdu et de faire front, sans hésitation ni compromis, pour qu’elle devienne un projet d’avenir du XXIe siècle pour les nouvelles générations.

Nous, forces de gauche, socialistes, communistes, républicains, universalistes, appelons à ce réveil collectif : garantir à chacun les mêmes droits, sans discrimination, sans pression et sans assignation.

Le moment est venu de refaire de la laïcité un instrument de justice sociale et de cohésion républicaine.

C’est ainsi que nous reconstruirons une gauche populaire et fidèle à son histoire.

C’est ainsi que nous préparerons l’avenir. L’heure du sursaut a sonné.

Signataires :

Hélène Bidard Adjointe communiste à la mairie de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire, Léon Deffontaines Porte-parole du Parti communiste français, Carole Delga Présidente socialiste de la région Occitanie, Cécile Fadat Elue locale et membre du conseil national du PS, engagée en faveur de la laïcité, Jérôme Guedj Député socialiste de l’Essonne, Marie-Noëlle Lienemann Ancienne ministre, coordinatrice nationale de la Gauche républicaine et socialiste, membre du CESE, Emmanuel Maurel Député et animateur nationale de la Gauche républicaine et socialiste du Val-d’Oise, Pierre Ouzoulias Sénateur communiste des Hauts-de-Seine, Laurence Rossignol Sénatrice socialiste du Val-de-Marne.

À quoi joue Bayrou ?

Moins de trois semaines après son lancement, le conclave sur les retraites est bel et bien en péril. Prévu pour autoriser une révision, après avoir discuté de tout y compris l’âge de départ, il est remis en cause après les déclarations de François Bayrou affirmant qu’un retour à 62 ans était impossible en raison du contexte économique et de la nécessité d’équilibrer le système d’ici 2030. La CFDT juge cette position « incompréhensible », la CGT menace de quitter les discussions, tandis que plusieurs dirigeants de gauche dénoncent une « trahison ».

Ce revirement pourrait fragiliser le gouvernement. L’intégration de l’âge de départ dans le conclave faisait partie d’un accord entre le gouvernement et le PS pour lui éviter une censure du budget 2025. Il risque donc de ne plus pouvoir profiter de la « neutralité défavorable » du PS.

Pourquoi Bayrou a-t-il pris ce risque ? La maladresse est plausible. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a réaffirmé que les partenaires sociaux restaient décisionnaires, mais cela relève un cafouillage et des contradictions au sein de l’exécutif. En réalité, Bayrou a fait un lapsus révélateur et avait dès l’origine placé les syndicats face à une impasse : selon la Cour des comptes, un retour à 62 ans déséquilibrerait encore plus le système des retraites, si on n’augmente pas les recettes ce que ni le patronat ni le gouvernement ne sont prêts à permettre. Dès le départ, le cadre fixé par Bayrou rendait un accord impossible.

Mais si c’est bien une « maladresse » [L’hypothèse de la la maladresse est tombée après la rédaction de l’éditorial, François Bayrou ayant réaffirmé à l’Assemblée Nationale mardi 18 mars 2025 après-midi son opposition à tout retour à 62 ans : note des éditorialistes], leur accumulation (Mayotte, le mensonge de Betharram) commence à devenir un problème politique. Jusqu’ici, il a survécu aux polémiques, mais cette fois, son erreur ouvre une fenêtre pour faire chuter son gouvernement.

Cette nouvelle incertitude repose la question de l’équilibre politique qui doit être trouvé pour permettre un gouvernement qui ne peut avoir pour viatique la préservation des « réformes » d’Emmanuel Macron. Or les ex-macronistes s’en donnent à cœur joie dans leur argumentaire absurde sur « la défense contre le modèle social », qu’Édouard Philippe pousse jusqu’à la caricature. Horizons et Renaissance fantasment dans un contexte tendu sur une nouvelle politique d’austérité. Or, cette stratégie serait désastreuse : la refondation de notre système de défense est indexée sur le soutien populaire, soutien populaire qui exige une relance économique conséquente et la justice sociale.

Au moment où l’extrême droite est en embuscade, le premier ministre devrait être plus précautionneux de sa parole politique s’il ne veut pas se laisser enfermer dans une spirale d’échec, qui aggraverait la situation du pays, pour une ligne politique radicalisée avec laquelle il n’est pas forcément en phase.

Stop au massacre à Gaza ! Netanyahu préfère sa carrière aux otages !

Depuis ce matin, l’armée israélienne bombarde à nouveau de nombreux points de la bande de Gaza. Les morts se comptent par centaines, les hôpitaux sont débordés. Nous condamnons ces bombardements indifférenciés. L’offensive était attendue, elle était préparée depuis plusieurs jours. Voici deux semaines le gouvernement israéliens avait décidé unilatéralement de bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire, la semaine dernière il avait coupé l’électricité du territoire entraînant par là une défaillance du système d’approvisionnement en eau des Gazaouis. Ces deux décisions étaient scandaleuses car elles plongeaient les civils dans une situation humanitaire intolérables.

Ces décisions et les frappes meurtrières d’aujourd’hui font suite au refus du Hamas de procéder à la libération des derniers otages – sur les 251 personnes enlevées au total lors de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, il reste 58 otages retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l’armée israélienne. Le Hamas prétendait exiger le passage à la deuxième phase de négociation avant ces dernières libérations. Le Hamas est une organisation terroriste qui a plongé son propre peuple dans l’horreur après avoir perpétré les massacres antisémites d’octobre 2023, visant volontairement des civils désarmés. Cependant il serait absurde de considérer que dans un processus de négociations compliqué on ne pouvait s’attendre à aucune friction dans la mise en œuvre de la trêve, après une guerre ignoble de plus d’un an durant laquelle des dizaines de milliers de civils ont été tués par l’armée israélienne, et tous les autres soumis à la faim et à la soif et à la perte de leur abri, outrepassant largement le droit légitime de l’État d’Israël de se défendre.

Encore une fois, Benyamin Netanyahu privilégie ouvertement, avec le soutien de l’irresponsable administration Trump, ce qu’il croit être une stratégie politique qui permettra de le maintenir au pouvoir en choisissant de mettre fin unilatéralement à une trêve que l’ensemble de la communauté internationale appelait de ses vœux ainsi que la majorité des peuples israélien et palestinien, en choisissant un recours totalement hors de proportion à la force la plus brutale.

Il apparaît d’autant plus flagrant que les motivations du chef du gouvernement israélien sont animées d’un cynisme absolu, que ce dernier est engagé dans une lutte pour se maintenir contre vents et marées au pouvoir sans avoir à affronter ses responsabilités.

Ainsi le choix des bombardements indifférenciés d’aujourd’hui intervient alors que Netanyahu tente d’obtenir le limogeage du chef du Shinbeth qui conteste sa stratégie extrémiste, que Netanyahu aurait dû ce matin comparaître devant ses juges pour des faits de corruptions (la comparution a été annulée évidemment) et que des manifestations massives contre son gouvernement étaient à nouveau prévues ce soir à Tel-Aviv et Jérusalem – manifestations évidemment interdites pour « raisons de sécurité ».

La GRS demande à la communauté internationale, à l’Union Européenne et à la France de faire pression sur le gouvernement israélien pour stopper ces frappes meurtrières, pour arrêter ce qui ne peut que se transformer en une nouvelle catastrophe humanitaire pour le peuple palestinien, pour arrêter une logique qui met l’État d’Israël lui-même en danger et risque de coûter la vie aux derniers otages survivants. Nous apportons notre soutien aux millions de citoyens israéliens qui s’opposent frontalement à ce premier ministre qui choisit la stratégie du « Mad Man ». Nous plaidons pour la réouverture des négociations et la prise en compte sérieuse des propositions de la Ligue Arabe.

Nouvelle ère, l’exigence de changements de cap en France et en Europe – contribution au débat de Marie-Noëlle Lienemann

article publié le mercredi 12 mars 2025 sur le site de Marie-Noëlle Lienemann

Promouvons une économie de défense et de souveraineté par des politiques de relance et de justice sociale

Nous entrons dans une nouvelle ère, mais réfléchissons sérieusement à ce qu’elle implique, définissons une stratégie à court et à moyen terme sans repartir dans de fausses directions qui s’avèreront des impasses !

La violence et la brutalité des annonces et du comportement de Donald Trump montrent une inflexion et une accélération d’une politique américaine qui avait relégué en seconde zone les enjeux européens pour concentrer son regard et ses actions en direction de l’Asie avec en ligne de mire la puissance chinoise. Déjà le soutien de l’administration de Biden à l’Ukraine était davantage calibré pour conjurer une avancée excessive de Poutine dans ce pays que pour lui infliger une cinglante défaite. Il est clair qu’elle ne souhaitait pas ouvrir un conflit majeur avec la Russie (ce que les dirigeants du Kremlin ont sans doute vite compris). Cela posait et pose encore la question majeure de la crédibilité du droit international. Ce n’est hélas pas le seul cas !

Mais là, il est vrai que l’inversion d’alliance ou pour le moins un rapprochement explicite des États-Unis d’Amérique avec la Russie constitue un fait nouveau. Trump face à la menace chinoise veut éviter un front Russie/Chine et, par ailleurs, compte bien poursuivre son impérialisme autour des USA (canal de Panama, Canada et Groenland).

Sans compter que se joue aussi l’accès aux terres rares, métaux et autres ressources indispensables au développement économique et technologique qui va constituer un point cardinal des relations internationales.

Dans cette perspective, l’Europe n’a aucune place sérieuse dans la logique trumpiste : ni assez de ressources naturelles, ni avancées technologiques majeures ! Et manifestement partager des idéaux démocratiques ne semble plus être une préoccupation prioritaire !

On nous annonce aujourd’hui un accord USA/Ukraine pour proposer à Moscou un cessez-le-feu. Tant mieux, et  la France doit agir au-delà pour qu’une paix équilibrée et durable soit signée. Pour l’heure, tout ceci est encore aléatoire. Mais cela n’empêche pas un constat lucide sur le changement de cadre géopolitique.

Le lâchage actuel de l’Ukraine et la totale indifférence à l’égard de l’Europe sommée, d’une part, d’assumer seule sa défense ou en tout cas de payer pour la garantir (ce que les Américains préconisent et ils n’hésiteront pas à faire pression dans ce sens) et, d’autre part, de rééquilibrer ses échanges commerciaux avec les USA, en particulier s’agissant des biens industriels, exige de notre part des réactions à la hauteur des enjeux.

Il faut reconquérir notre indépendance militaire. C’est vrai pour la France qui a des atouts au sein de l’UE et ce devrait être vrai pour l’Europe. Et si nos voisins européens semblent découvrir cette exigence, rien n’est en fait aujourd’hui très clair, si ce n’est le besoin de réengager un réarmement de notre continent pour faire face aux menaces qui pèsent sur lui.

Attention dans des moments troublés, il faut être rigoureux sur les mots comme sur les faits et n’entretenir ni des peurs irrationnelles ni des illusions trompeuses.

1- La France n’a pas à entrer dans une économie de guerre, elle doit entrer dans une économie de défense et de reconquête de souveraineté. C’est la meilleure garantie pour notre paix !

La France ne se situe pas en posture de guerre et actuellement n’est en guerre avec personne.

Néanmoins, elle doit rentrer dans une économie de défense parce qu’elle doit, d’une part, se préparer à d’éventuelles menaces que l’on voit poindre à l’horizon et qui pour une part (mais pour une part seulement…) ont changé de nature, mais aussi parce qu’elle subit dès à présent des attaques de type variées, comme il se doit dans des guerres hybrides. On a pu voir comment la Russie a agi pour la déstabilisation en Afrique ou comme les cyber-attaques se multiplient.

Une économie de souveraineté ne signifie pas fermer nos échanges et collaborations, ni renoncer à des alliances et à la construction européenne.  Mais il s’agit de se mettre en situation de maitriser au maximum notre avenir et faire face, si besoin, seuls à des lourds périls et de tous ordres.

Consacrer d’importants efforts pour renforcer nos capacités militaires et de défense est justifié car la seule dissuasion nucléaire ne saurait suffire, elle doit être l’ultime recours et suppose d’être appuyée sur des moyens conventionnels suffisants et consistants.

De fait, nos choix récents étaient davantage tournés vers la projection extérieure, la lutte contre le terrorisme et moins sur la défense de notre territoire national. Cela doit redevenir la priorité.

Il faut donc y consacrer des crédits importants et accompagner une montée en puissance de la production d’armements. Evidemment cette constatation exige des changements majeurs de politique économique et la gauche doit faire des propositions sérieuses et offensives et ne pas se laisser embarquer dans le durcissement de la politique austéritaire et de reculs sociaux qui n’a fait que nous affaiblir !

2- Ne partons pas tête baissée dans l’idée d’une défense européenne ! Parlons de la défense de l’Europe et de la défense de la France ! Engageons de premiers jalons et réarmons notre pays.

Ne théorisons pas notre incapacité dans ce monde nouveau à pouvoir être maître de notre destin, avec cette formule rabâchée à l’envie : nous ne pouvons plus agir seuls, on ne peut le faire qu’avec l’Europe !

Certes, il est mieux agir de concert avec nos voisins européens et consolider nos liens pour ensemble être plus forts, et nous devons faire le maximum pour cela. Mais en aucune façon, nous ne devons accepter de nous trouver affaiblis ou incapables de faire prévaloir nos choix, nos intérêts, nos valeurs, de garantir notre indépendance ! brefs partenaires oui, vassaux – de fait – jamais !

Certes, nous devons très vite avec les Européens (et il y a déjà un problème de définition et de périmètre, puisque, d’une part, le Royaume-Uni est hors de l’UE et, d’autre part, certains pays comme la Hongrie ne sont pas nécessairement très fiables) agir de concert en particulier en soutien à l’Ukraine, trouver les moyens de relancer la production militaire dans nos pays et consacrer les sommes qui s’imposent pour la défense. Mais faut-il encore être au clair sur ce que ce changement radical de paradigme impose.

Nous devons favoriser la création d’une plateforme opérationnelle de défense entre Européens et eux seuls, ainsi que renforcer la production d’armement en Europe.  Mais il est extrêmement prématuré de parler de défense européenne. 

Oui il faut rapidement prendre des décisions pour produire des armes sur notre continent et la France doit engager des mesures d’urgence pour sa réindustrialisation.

Nous devons être extrêmement fermes avec nos voisins européens :  nous ne pouvons pas continuer à financer les budgets européens pour que les autres pays achètent des armes aux Américains ou hors UE. Certes, il va falloir un certain temps pour que cela ne soit plus nécessaire du tout, mais au moins veillons à ce qu’ils n’achètent plus des armements qui ne peuvent être produits en Europe. Le cas des F35 est un bon exemple.

Par ailleurs, sous l’effet de l’émotion, les dirigeants allemands semblent davantage décidés à avancer dans la direction de la coopération européenne.  Seuls les actes comptent et ne négligeons pas leur vulnérabilité aux pressions américaines sur leurs exportations outre-Atlantique et le chantage qui leur sera fait concernant l’achat de matériel américain. Ce ne serait hélas pas la première fois !  On a vu comment le Bundestag a tout fait pour faire capoter le projet européen d’hélicoptère Tigre III, ce qu’au final il a obtenu, et la Bundeswehr a acheté des hélicoptères à dominante américaine ! Trump ne va pas se gêner.

Mais de surcroit, il est fort probable que les Allemands mettent les énormes sommes annoncées pour son réarmement au service de productions nationales, parfois concurrentes aux entreprises françaises et il faut être attentifs car le passé récent exige notre vigilance : les coopérations franco-allemandes se sont souvent achevées par une prédation par les acteurs d’outre-Rhin de nos entreprises avec leurs avancées technologiques que de fait nous perdions !

Et en tout cas, s’agissant de l’armement français, il ne faudra pas compter uniquement sur les débouchés européens et il faudra continuer à travailler, voire intensifier la coopération, avec d’autres pays non alignés qui ne veulent pas être soumis aux diktat américains, russes ou chinois ! C’est d’ailleurs un point majeur de notre politique internationale : nouer des alliances avec les pays qui ne veulent pas entrer dans l’orbite des trois blocs impérialistes.

Rappelons que la défense doit demeurer une stratégie, une mise en œuvre souveraine de la Nation. Évidemment c’est particulièrement vrai de la dissuasion nucléaire qui ne saurait être partagée, même s’il revient à notre pays de définir librement les conditions de son utilisation.

3- Surtout pas de saut fédéraliste, mais des exigences immédiates de réorientation de l’UE !

D’abord fort heureusement, nous n’avons pas cédé aux sirènes fédéralistes car, sur de nombreux dossiers, la France était ultra-minoritaire. Si nous l’avions fait, nous serions encore davantage en hyper fragilité aujourd’hui, ne serait-ce que sur la poursuite de la production électrique nucléaire, mais aussi sur ses dépenses militaires.

La France, en tout cas souvent, avait eu raison.  Mais trop souvent aussi, elle n’a pas suffisamment créé un rapport de force pour exiger des réorientations majeures de l’Union Européenne et ce sont souvent ceux qui, aujourd’hui, nous pressent au fédéralisme qui, hier, nous poussaient à accepter la logique néolibérale et malthusienne, la thèse des autres, au nom de l’UE à tout prix. Et cela nous a conduit dans les impasses actuelles.
Ce fut vrai lors de l’acceptation des dogmes budgétaires inscrits dans le marbre des traités dans le traité d’Amsterdam. Nous disions alors que cette logique économique induirait structurellement un affaiblissement de la croissance ! Cela s’est hélas confirmé avec un décrochage massif en termes de PIB entre l’Europe et les USA mais avec quasiment toutes les autres régions du monde. Même dans ce cadre, nous plaidions pour que soit sorties des critères de dépenses publiques, les dépenses de défense !! Que nenni et alors que notre pays poursuivait un certain effort en ce sens, d’autres comme l’Allemagne nous montraient du doigt comme de mauvais élèves. Quand nous contestions la concurrence libre et non faussée, qui entretiendrait le dumping social et fiscal, on nous promettait un grand marché porteur de prospérité. Nous n’avons eu ni la prospérité ni le renforcement du sentiment européen, mais l’aggravation des inégalités, de la pauvreté, des tensions sociales qui nourrissent l’extrême droite et les populistes.

D’ailleurs le basculement fédéral dans ces circonstances serait d’autant plus dangereux.

On pourrait parler de la pongée aveugle dans la mondialisation libérale et le refus de sérieusement soutenir la production européenne et de prévoir des barrières aux frontières de l’UE. On pourrait citer les conditions du grand marché de l’électricité qui a renchéri le prix de l’énergie … bref la liste est longue.

Plus que jamais ce qu’il faut faire en Europe, c’est privilégier des coopérations intergouvernementales équilibrées, desserrer l’étau de l’austérité budgétaire et engager une nouvelle politique économique européenne, fondée sur la relance, une relance de reconstruction tant des investissements productifs, de recherche, d’innovation, d’éducation, que  d’un modèle social où les salariés peuvent vivre dignement de leur salaire, avec une protection sociale élevée  et d’un plus juste équilibre capital travail. Car l’atonie de la demande intérieure européenne pèse lourd sur nos industries et freine notre réindustrialisation.

Il n’y a pas d’exemple de réarmement sérieux d’un pays sans relance économique.

Cela suppose aussi de permettre à chaque État de retrouver sérieusement les moyens de sa compétitivité en dehors de cette logique destructrice de dumping social et en l’occurrence de faire baisser sérieusement notre prix de l’énergie. Donc avant de remettre en cause l’actuel marché de l’énergie (on notera qu’aujourd’hui l’Espagne qui s’est mis hors ce dernier est le pays où l’électricité est la moins chère !), nous devons exiger comme le suggère Olivier Lluansi dans son excellent livre Réindustrialiser, le défi d’une génération que 15% de la production nucléaire française puisse être vendue aux industriels à prix coûtant ! Nous avons des moyens de pressions si les résistances à ces dérogations étaient trop fortes. Agissons vite car il n’est pas exclu que rapidement soient rouverts les échanges de gaz avec la Russie à bas prix sous la bénédiction des Américains et qui à nouveau seront un avantage pour nos voisins outre-Rhin.

Au-delà, on ne peut plus tergiverser sur la mise en place de protections à nos frontières et des règles favorables à la consommation de proximité notamment pour les appels d’offre publics.  Hélas nous avons à travers les traités (rappelons que les Français l’avaient rejeté) confié l’ensemble de la politique commerciale de l’UE à la commission européenne. On en voit tous les jours les tristes conséquences, récemment encore avec le Mercosur, ou dans l’affaire des panneaux solaires chinois.  Mais cela risque d’être particulièrement douloureux pour la riposte aux attaques de Trump !

4- Une réaction effective et dissuasive à la hausse des droits de douanes annoncés par Trump !

Poutine et Trump n’ont en commun que de prendre en compte la force ! Alors face à sa hausse des droits de douanes, nous ne pouvons pas, comme la fois dernière, nous contenter de mesures limitées et ciblées, accompagnées d’un verbe haut. Mais la réalité était que rien de significatif ne touchait fortement les USA.

Si l’on veut frapper un grand coup, annonçons que nous allons taxer les armes américaines ou au moins un panel significatif dans les domaines où l’Europe est capable de prendre le relais ! Peut-être que cela amènera l’administration américaine à réduire ses prétentions et à discuter sérieusement. On le voit dès à présent dans la liste des « rétorsions » de la commission face à la hausse des taxes US sur l’acier et l’aluminium très limitée et juste ajustée à des sommes équivalentes à celle imposées par Trump. Bref c’est une position qui n’est en rien dissuasive !

Il est à craindre que la commission européenne comme d’habitude s’enlise dans des recherches de vains compromis sans avoir auparavant créé l’indispensable rapport de force ! Pire que Madame Von der Leyen négocie un fois de plus avec le prisme des intérêt allemands !

5- Pour mettre en œuvre une économie de défense et de souveraineté, en France aussi il faut changer d’orientations économiques et budgétaires et engager une politique de relance ! Relance par des investissements productifs (dont l’armement mais pas seulement) et par la consolidation de notre modèle social.

Relancer une économie de défense doit aller de pair avec un esprit de défense. Car face aux dangers, un peuple ne gagne pas seulement avec des moyens militaires (il en faut et les utiliser à bon escient) mais aussi un esprit de défense et cela exige plus de cohésion sociale, plus de justice, et autant que faire se peut la défense d’un idéal commun. Pour la France, c’est la République.

De surcroit, pour financer ces nouvelles dépenses, il est impératif de soutenir une politique de croissance qui, seule, garantit des ressources nouvelles et importantes. Il nous faut un grand plan de relance d’investissements productifs au sein desquels la recherche doit avoir une place significative car notre pays est très très loin derrière les autres pays développés. Il faut urgemment rattraper notre retard.

Mais une économie de défense et de souveraineté ne peut se contenter de soutenir les investissements militaires, elle doit concerner de très nombreux secteurs civils. D’ailleurs il est essentiel de bien mettre en synergie les deux dimensions civiles et militaires !  Insistons sur la reconquête d’une souveraineté numérique et technologique.

Face aux menaces chacun doit participer à proportion de ses facultés.

Emmanuel Macron a eu grand tort, a fait une grave erreur lorsqu’à peine disait-il que nous avions à faire face à une menace existentielle qu’il se précipitait à dire qu’il n’y aurait pas de hausses d’impôts, en clair que les plus riches ne seraient pas mis à contribution. Quelle honte !

Hélas, l’histoire a montré qu’une large part du patronat a souvent privilégié son portefeuille à la défense de la Nation et rares sont ceux qui ont fait œuvre de patriotisme et de résistance (il y en a eu néanmoins).

En tout cas faire porter l’effort de réarmement sur les salariés, sur la dégradation de notre modèle social serait une énorme erreur et serait voué à l’échec !

L’adhésion du peuple suppose la justice, l’effort d’abord demandé aux plus riches, au plus forts, une meilleure redistribution des richesses au service de l’intérêt national !

Je le répète c’est un impératif pour réussir !

Ni va-t’en guerre, ni tentés par une sous-estimations des menaces venant de Russie ou d’ailleurs, nous ne devons pas tarder à nous préparer à ce monde nouveau qu’il nous faut affronter avec lucidité, courage (en particulier de sortir des voies suivies jusqu’alors et qui nous ont affaiblies) avec chevillée au corps l’ambition d’être un peuple maître de son destin et de concourir à un monde qui ne saurait être partagé entre des empires dominants !

Bien d’autres questions et choix vont se poser à nous dans les mois qui viennent. C’est toute la noblesse d’une démocratie d’en débattre. Faisons-le sans tarder, sans esquiver les difficultés, avec sérieux en sortant des postures de communication ou des invectives et déclarations réductrices. Dans ces temps difficiles, soyons plus que jamais pleinement citoyens.

Marie-Noëlle Lienemann
ancienne ministre,
coordinatrice nationale de la GRS,
membre du conseil économique, social et environnemental

Protéger l’Europe et soutenir l’Ukraine ne justifie pas d’accélérer son adhésion à l’UE !

communiqué de presse d’Emmanuel Maurel, député et animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste – mercredi 12 mars 2025

Je me suis abstenu sur la résolution débattue ce jour à l’Assemblée nationale pour renforcer notre soutien à l’Ukraine. 

La guerre déclenchée il y a trois ans par les armées de Vladimir Poutine a semé la mort et la destruction dans un pays qui n’aspire qu’à la liberté, la démocratie et l’indépendance.

La France a raison d’entreprendre une action résolue en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, assortie de garanties de sécurité suffisantes pour dissuader la Russie de jamais reprendre les hostilités.

A cet égard, la proposition conjointe des États-Unis et de l’Ukraine pour un cessez-le-feu est un pas dans la bonne direction. A présent, la balle est dans le camp de la Russie.

Mais la sécurité collective du continent européen nécessitera des efforts au long cours de la part des pays européens et de la France, dans le strict respect de son pacte social.

Nos compatriotes rejettent l’impérialisme meurtrier du Kremlin et souhaitent que l’Union européenne, enfin émancipée de la tutelle américaine, soit forte contre cette menace.

Mais ils ne souscrivent pas à l’idée que pour ce faire, l’Ukraine doive adhérer à l’UE, a fortiori de façon accélérée ! Une telle adhésion provoquerait des déséquilibres financiers et économiques insolubles, particulièrement pour nos agriculteurs.

Ces derniers ne sauraient être la variable d’ajustement d’un mouvement irréfléchi qui mettrait en danger notre souveraineté alimentaire et au-delà, l’idée même de la construction européenne.

Les Français soutiennent la volonté exprimée par la majorité des forces politiques pour soutenir l’Ukraine contre son agresseur. Mais toute volonté d’accélérer l’histoire sans les consulter serait vouée à l’échec.

intervention d’Emmanuel Maurel en séance le mercredi 12 mars 2025 à l’Assemblée nationale

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