Quelle ambition européenne pour la défense ?

Le mardi 18 mars 2025 était publié le très attendu livre blanc de la commission européenne sur la défense qui doit servir à alimenter les réflexions des 27 chefs d’État et de gouvernement. Parmi les principaux thèmes de ce rapport : l’émergence d’une véritable défense européenne, son financement, mais aussi une forme de « patriotisme économique », à savoir faire en sorte que l’argent européen mis sur la table serve à acheter des armes européennes, elles aussi.

Qui, parmi les Européens, achète européen ?

Le plus gros importateur d’armes aujourd’hui au sein de l’Union, c’est la Pologne : elle se fournit pour 87% de ses achats aux États-Unis et en Corée du Sud. Pour les Pays-Bas, deuxième importateur au sein de l’Union, ou pour l’Italie, c’est encore plus spectaculaire : les États-Unis représentent respectivement 97 et 94% de leurs achats d’armes.

D’autres pays sont au contraire plus équilibrés dans leurs sources d’approvisionnement, plus Européens aussi, comme la Grèce pour qui le plus gros fournisseur d’armes à hauteur des deux tiers de ses achats est la France, devant les États-Unis et la Grande-Bretagne.

L’Union européenne peut-elle imposer aux États membres d’acheter européens ?

Non. Dans les traités européens, la défense n’est pas reconnue comme une compétence communautaire, ni exclusive (heureusement), ni même partagée avec les États membres. C’est donc à ces derniers de s’entendre politiquement, sur un périmètre qui ne sera ni toute l’Union Européenne (la Hongrie ou la Slovaquie se comportent aujourd’hui plutôt comme des alliés du Kremlin) ni la seule Union Européenne, car la Grande Bretagne et la Norvège ne sont pas des partenaires à négliger.

Mais la Commission peut mettre à leur disposition des outils, comme cela avait été fait après la crise sanitaire de 2020, lorsqu’il s’était agi d’acheter des vaccins en commun. L’idée d’une centrale d’achat européenne est revenue avec force ces dernières semaines. Il s’agirait d’un cadre commun dans lequel les États européens pourraient, à plusieurs, peser davantage dans les négociations avec les industriels de l’armement pour faire baisser les coûts, quitte à ce que la commission européenne abonde pour diminuer la charge budgétaire des États membres lorsqu’ils achètent européens. Les achats groupés figuraient bien dans les conclusions du dernier conseil, il y a deux semaines, mais sans préciser si ces achats devaient être prioritairement européens.

Enjeu industriel

Pour acheter européen, encore faut-il que le secteur européen de l’armement puisse suivre. Le tissu industriel de défense a des lacunes en Europe sur des équipements précis comme les drones, par exemple, ou les systèmes de défense anti-drones. C’est pour cela que certains pays comme la Pologne ou l’Allemagne plaident pour maintenir des achats hors Union européenne pour les équipements les plus urgents. Une première liste a été définie début mars incluant des systèmes d’artillerie de longue portée ou encore de défense aérienne. On pourrait pourtant penser que cet écueil puisse être rapidement dépassé pour certains matériels, mais nos voisins européens ont été habitués si longtemps à ne pas avoir d’effort à faire pour obtenir de la seconde main américaine, que le changement de dispositif n’a rien d’automatique.

On a vu à quel point il pouvait être compliqué de construire de véritables programmes d’armement européens. Dernier exemple en date, avec le SCAF, le système de combat aérien du futur porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, une alliance industrielle qui ne va pas de soi en matière de défense.

Structurés en 2017, les programmes SCAF et MGCS représentaient alors les deux principaux piliers d’une initiative franco-allemande voulue par Emmanuel Macron et Angela Merkel, pour engager l’Europe sur une trajectoire plus autonome en matière de défense, avec en son cœur, les deux principales économies et puissances démographiques de l’Union Européenne. Depuis, l’enthousiasme initial a fait place à une défiance croissante, sinon des autorités, du moins d’une partie de l’opinion publique, des industriels et même des militaires, et ce, de part et d’autres du Rhin. Les difficultés se sont multipliées, amenant chacun de ces programmes au bord de l’implosion. Paris et Berlin s’étaient entendus en 2019 sur un partage des tâches à 50%-50% entre Dassault, désigné maître d’œuvre en raison de son expertise, et Airbus, qui représentait à l’époque la seule partie allemande. Mais les négociations ont été rouvertes après l’arrivée de Madrid et de nouvelles exigences de Berlin, les discussions portant notamment sur le partage du travail et les droits de propriété intellectuelle, alors que les trois pays doivent s’entendre sur le financement d’un démonstrateur de l’appareil destiné à remplacer le Rafale à l’horizon 2040. En dépit d’une trajectoire désormais plus sécurisée, sans être toutefois garantie, suite à une vigoureuse intervention des instances politiques des pays participants, de nombreuses interrogations subsistent dans le débat public autour de ces programmes. Un rapport de janvier 2024, émanant de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, va certainement venir encore accroître les inquiétudes les entourant.

Le volet des offres s’annonce au moins aussi compliqué que celui de la demande, pour lequel des financements et des aides européennes sont et seront encore débloqués dans les mois à venir.

Frédéric Faravel

Trump fait taire la « Voix de l’Amérique »

Voice of America a été la grande radio, qui a agi pour que le bloc soviétique se fissure : cette radio va être débranchée. L’administration Trump a décidé des centaines de licenciements dans ce média public ; la Russie et la Chine se félicitent évidemment de ces licenciements.

Plusieurs employés de VOA qui ne pouvaient pas entrer dans leurs locaux ce samedi se sont entretenus avec des médias, en demandant l’anonymat pour se prémunir de toutes représailles : « On a fait taire la voix de l’Amérique, du moins pour l’instant », disait un reporter chevronné à CNN. « Ce n’est pas que notre salaire qui est en jeu », disait un employé de Radio Free Asia interrogé par France 24. « Nous avons des employés et des pigistes qui craignent pour leur sécurité. Nous avons des journalistes qui travaillent dans des pays autoritaires en Asie, nous avons des journalistes aux États-Unis qui craignent l’expulsion si leurs visas ne sont pas renouvelés. » « On nous a effacés d’un coup de stylo, poursuivait cet employé, c’est tout simplement atroce ».

VoA, un combat pour les libertés parfois à géométrie variable

« Les autocrates du monde entier font des sauts de joie. Hindenburg [sic], Hitler n’avaient pas réussi à faire taire la voix de l’Amérique, Staline, Vladimir Poutine, Mao non plus, les Ayatollahs en iran n’ont pas réussi à le faire, mais Donald Trump vient de réduire au silence la voix de la liberté. Pour la première fois depuis 1942, VoA a été retirée de l’antenne », écrit un éditorialiste du Washington Post.

La chaîne Voice of America avait été souvent critiquée pour son manque d’indépendance et son tropisme pro-américain dans sa couverture des faits dans les années 1950 à 1980. Accusée d’être « négligente » face au communisme par McCarthy, elle a été détachée du Département d’État américain en 1953 par Eisenhower ; cela ne l’avait pas empêché d’être un vecteur pour préparer les opinions latino-américaines avant divers coups d’État au Guatemala et en République Dominicaine ou avant l’opération de la Baie des Cochons à Cuba. Sa petite sœur Radio Free Asia, fondée en 1951 par la CIA pour contrer la nouvelle Chine communiste, a quant à elle servi de porte-voix à la propagande américaine durant toute la guerre du Viet Nâm.

Pourtant, elle jouait également un rôle crucial dans des pays où s’exerce un contrôle drastique des médias comme l’Iran, la Chine populaire ou la Corée du Nord ; elle a joué un rôle important dans la mise au jour de l’univers concentrationnaire au Xinjiang et de l’oppression des Ouïghours. VoA y avait également dénoncé les tentatives d’ingérence du gouvernement chinois dans les élections aux États-Unis, contré les efforts du régime de pékin pour dissimuler les origines de la pandémie de Covid.

Agence de presse, radio, télévision, VoA et ses réseaux avaient progressivement gagné leurs galons d’indépendance, résistant aux pressions de l’administration Bush après le 11-Septembre.

La joie des dictateurs et des usines à fakenews

L’administration a mis en congé, donc, la quasi-totalité de ses 1300 employés et l’administration a fermé les stations sœurs de VoA, Radio Free Europe, Radio Liberty et Radio Free Asia. « La voix de l’Amérique, le soi-disant symbole de la liberté, a été jeté par son propre gouvernement comme un vieux chiffon » s’est réjoui en Chine, le Global Times, l’organe de presse international du parti communiste chinois, qui qualifie également VoA d’usine à mensonge. La Russie se réjouit également de la disparition de ce média indépendant, qu’elle avait qualifié l’an dernier d’organisation indésirable.

« Trump a annoncé la fermeture soudaine de radio liberty et de VoA. C’est une bonne décision », selon la rédactrice en chef du média d’État russe, RT, Margarita Simonian, sur le plateau de Rossia Adin. Dans la foulée, le présentateur Vladimir Solofief s’est amusé de la fermeture de tous les médias indépendants américains avec la fin de leur financement. « C’est génial », renchérit la rédactrice en chef de RT, comme le montre le magazine newsweek.

L’audience de VoA était estimée à plus de 400 millions d’auditeurs, de téléspectateurs, d’internautes, pour une diffusion en 63 langues, selon le magazine conservateur Washington Examiner.

Le monde des « faits alternatifs »

« Les propagandistes chinois ont tout à gagner à faire taire les voix de la vérité et de la liberté », a dénoncé le Washington Post. Apparemment, l’administration Trump a le même intérêt.

Entre 2015 et 2021, Donald Trump avait publié plus de 2490 messages négatifs sur le média national, selon la base de données U.S. Press Freedom Tracker. Et cela ne prend en compte que ses messages sur les réseaux sociaux, dans lesquels il a régulièrement qualifié des chaînes, des journaux de « propagateurs de fake news » et d’« ennemis du peuple ».

Depuis son retour à la Maison-Blanche, l’administration Trump a retiré leur agrément et leur bureau au Pentagone à quatre médias : le New York Times, NBC News, NPR, et Politico.

Frédéric Faravel

Plus le temps passe, plus la vie chère s’aggrave Outre-Mer

Ce n’est pas la première fois que la Gauche Républicaine et Socialiste évoque le sujet ces derniers mois1 2. Or, malgré une prise de conscience tardive, mais désormais réelle, et un diagnostic désormais relativement bien établi, les écarts de prix continuent de se creuser entre l’Hexagone et ses Outre-Mer. Ce qu’on appelle la vie chère n’a jamais été aussi flagrant dans les Antilles où se déplace depuis quelques jours le Ministre d’État, ministre des outre-mer, Manuel Valls.

En Martinique, où il arrivait le lundi 17 mars après être passé à Saint-Martin puis à la Guadeloupe, il tentait d’assurer en quelque sorte le service après-vente d’un protocole signé en octobre dernier entre l’État, les collectivités des Antilles et les distributeurs sur place.

Répression sociale

Protocole signé après un mouvement social intense contre la vie chère, un protocole qui n’inclut pourtant pas l’organisateur principal de ces manifestations, le RP-PRAC, rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens.

Son leader Rodrigue Petitot a passé plusieurs semaines en prison avant d’être condamné à 10 mois de prison avec sursis fin janvier ; il a fait appel et l’avocate générale a demandé une aggravation de la peine dans son réquisitoire, avec 10 mois de prison ferme et 3 ans d’inéligibilité. Le délibéré sera rendu le 3 avril, s’il est suivi, ce sera une peine particulièrement sévère dans l’histoire du mouvement social aux Antilles.

Cautère sur l’octroi de mer

Depuis sa signature, ce protocole se met en place progressivement, mais pour l’instant sans effet majeur sur les prix. Dans les supermarchés, depuis quinze jours, quelques prix ont baissé. Une des mesures prévues par le protocole, la suppression de la TVA sur 69 familles de produits de grande consommation, vient d’entrer en vigueur le premier mars. Son instauration avait été retardée par l’instabilité politique, car il fallait d’abord l’adoption du projet de loi de finances pour 2025. À cela s’ajoute la suppression, pour 57 familles de produits de l’octroi de mer, une taxe sur les biens importés.

Or comme nous l’expliquions dans notre article du 30 octobre dernier, plusieurs rapports pour l’observatoire de la formation des prix, des marges et des revenus sur le coût de la vie en Outre-Mer indiquent ainsi que ni le coût du transport, ni celui de la logistique, ni même l’octroi de mer ne justifie le niveau des prix aux Antilles ; ils n’auraient qu’un impact secondaire.

L’insularité ou les frais d’approche contribuent évidemment à la vie chère, mais ces rapports montrent qu’ils n’y participent seulement qu’entre 5 et 10% : on est loin des 40% de différentiel de prix observés ! Nous avions déjà dénoncé le mensonge inséré dans le préambule de l’accord signé par l’État et la collectivité de Martinique indiquant que 67% de la cause de ce différentiel serait liée aux frais d’approche et à l’insularité. De même, la TVA est déjà plus basse en Outre-Mer pour compenser les effets de l’octroi de mer. La cause est ailleurs et les solutions évoquées plus haut ne feront que mettre en difficulté les recettes de la collectivité insulaire sans s’attaquer la racine du problème.

L’aveuglement continue sur la concentration économique

Nous avions ainsi expliqué que le problème principal résidait dans l’aveuglement volontaire face à l’hyper-concentration du marché et dans la fabrication du taux de marge des distributeurs. Or, si la grande distribution s’est engagée à n’appliquer aucune « marge excessive » sur l’alimentation courante, rien ne définit ce qu’est une marge excessive.

Cet ensemble de mesures permettra peut-être de baisser quelques prix.

Après trois renvois, « l’affaire GBH » est enfin passée jeudi 13 février devant le tribunal de commerce de Fort-de-France. Le groupe Bernard Hayot a finalement publié tous les comptes demandés, y compris société par société. Les derniers éléments ont été déposés mercredi 12 février au soir.

« C’est une victoire sur l’opacité », estimait l’avocat des plaignants : « On nous annonçait qu’on serait ridiculisé et nous avons fait plier le Groupe Bernard Hayot grâce à la loi. C’est important. Il faut que les uns et les autres se réconcilient avec notre institution judiciaire. On peut faire confiance en la loi, en nos juges. Aujourd’hui, grâce à la loi et grâce à cette procédure, nous avons réussi à faire plier GBH ». Côté GBH, les trois avocats ont estimés que le groupe était victime d’une campagne de déstabilisation. Ils considèrent par exemple que la dernière demande faite ce 13 février de publier les marges arrière n’est justifiée par aucune obligation légale. Or c’est bien sur cette demande que le tribunal devra se prononcer le 4 avril.

Dans ces conditions, on mesure combien, avec ce protocole, il n’y a pas de quoi régler le fond du problème : du point de vue de la situation politique on aura relativement apaisé les choses, sans rien résoudre du point de vue économique. L’impact restera faible sur les prix ; les Martiniquais ne consomment pas que les produits visés par l’accord, c’est toute l’économie qui est chère et pas seulement les produits alimentaires. Au-delà des mesures marginales, la question fondamentale reste : quel est le niveau de prix acceptable ? qu’est-ce qu’on peut vraiment imposer ? Le système actuel est celui de la liberté d’esprit. Si l’on se contente de vérifier à la marge qu’il n’y a pas de situations d’abus, on ne va pas éliminer le problème de la vie chère. Comment doit-on déterminer les prix aux Antilles ? Il s’agit là d’un choix social.

Impasse parlementaire, mauvaise foi vallsienne et lobbying

Ce choix dépend aussi d’un certain nombre de contraintes réglementaires actuelles. Un encadrement trop rigoureux des prix serait, dit-on, contraire aux règles de la concurrence, même si, en fait, le code du commerce rend des exceptions possibles.

Cette question a d’ailleurs commencé à être abordée lors de récents travaux parlementaires, avec la discussion sur la proposition de loi contre la vie chère en outre-mer, présentée par la députée PS de Martinique, Béatrice Bellay, et votée à l’Assemblée Nationale en janvier dernier. Ce texte vise un plafonnement par l’État du prix d’un panier de biens de première nécessité en élargissant son champ à plus de produits comme la téléphonie, la parapharmacie ou les pièces détachées automobiles et en visant des prix équivalents à ceux de l’hexagone. Un article qui a fait débat, car pour le ministre des outre-mer, Manuel Valls, il n’est pas question d’aller vers un blocage des prix. Le texte propose aussi de renforcer les sanctions des entreprises qui ne publient pas leurs comptes et de lutter contre les monopoles et oligopoles.

Mais la vie future de ce texte est incertaine. Les niches parlementaires lors desquelles le groupe PS pourrait mettre le texte à l’ordre du jour au sénat sont peu nombreuses. Pourtant, Manuel Valls ne cesse de répéter sa détermination à faire de la lutte contre la vie chère l’une de ses priorités politiques et rien n’empêche le gouvernement de mettre cette proposition de loi à l’ordre du jour du sénat, ce qui ne semble pas d’actualité.

Ce n’est pas sans lien que Libération a annoncé ce mercredi 19 mars une enquête révélant que le groupe Bernard Hayot est soupçonné de s’être affranchi des règles encadrant le lobbying. Après les différentes plaintes déposées à son encontre en janvier 2025, le groupe se retrouve une nouvelle fois sous les feux des projecteurs. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a ouvert une enquête le 21 février dernier, visant le groupe pour de potentiels délits d’omission de déclaration d’activité de représentants d’intérêts.

Frédéric Faravel

  1. https://g-r-s.fr/en-outre-mer-ce-sont-les-trusts-locaux-qui-creent-la-vie-chere/ ↩︎
  2. https://g-r-s.fr/lalimentation-sujet-vital-oublie-par-la-loi-durgence-pour-mayotte/ ↩︎

Stop au massacre à Gaza ! Netanyahu préfère sa carrière aux otages !

Depuis ce matin, l’armée israélienne bombarde à nouveau de nombreux points de la bande de Gaza. Les morts se comptent par centaines, les hôpitaux sont débordés. Nous condamnons ces bombardements indifférenciés. L’offensive était attendue, elle était préparée depuis plusieurs jours. Voici deux semaines le gouvernement israéliens avait décidé unilatéralement de bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire, la semaine dernière il avait coupé l’électricité du territoire entraînant par là une défaillance du système d’approvisionnement en eau des Gazaouis. Ces deux décisions étaient scandaleuses car elles plongeaient les civils dans une situation humanitaire intolérables.

Ces décisions et les frappes meurtrières d’aujourd’hui font suite au refus du Hamas de procéder à la libération des derniers otages – sur les 251 personnes enlevées au total lors de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, il reste 58 otages retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l’armée israélienne. Le Hamas prétendait exiger le passage à la deuxième phase de négociation avant ces dernières libérations. Le Hamas est une organisation terroriste qui a plongé son propre peuple dans l’horreur après avoir perpétré les massacres antisémites d’octobre 2023, visant volontairement des civils désarmés. Cependant il serait absurde de considérer que dans un processus de négociations compliqué on ne pouvait s’attendre à aucune friction dans la mise en œuvre de la trêve, après une guerre ignoble de plus d’un an durant laquelle des dizaines de milliers de civils ont été tués par l’armée israélienne, et tous les autres soumis à la faim et à la soif et à la perte de leur abri, outrepassant largement le droit légitime de l’État d’Israël de se défendre.

Encore une fois, Benyamin Netanyahu privilégie ouvertement, avec le soutien de l’irresponsable administration Trump, ce qu’il croit être une stratégie politique qui permettra de le maintenir au pouvoir en choisissant de mettre fin unilatéralement à une trêve que l’ensemble de la communauté internationale appelait de ses vœux ainsi que la majorité des peuples israélien et palestinien, en choisissant un recours totalement hors de proportion à la force la plus brutale.

Il apparaît d’autant plus flagrant que les motivations du chef du gouvernement israélien sont animées d’un cynisme absolu, que ce dernier est engagé dans une lutte pour se maintenir contre vents et marées au pouvoir sans avoir à affronter ses responsabilités.

Ainsi le choix des bombardements indifférenciés d’aujourd’hui intervient alors que Netanyahu tente d’obtenir le limogeage du chef du Shinbeth qui conteste sa stratégie extrémiste, que Netanyahu aurait dû ce matin comparaître devant ses juges pour des faits de corruptions (la comparution a été annulée évidemment) et que des manifestations massives contre son gouvernement étaient à nouveau prévues ce soir à Tel-Aviv et Jérusalem – manifestations évidemment interdites pour « raisons de sécurité ».

La GRS demande à la communauté internationale, à l’Union Européenne et à la France de faire pression sur le gouvernement israélien pour stopper ces frappes meurtrières, pour arrêter ce qui ne peut que se transformer en une nouvelle catastrophe humanitaire pour le peuple palestinien, pour arrêter une logique qui met l’État d’Israël lui-même en danger et risque de coûter la vie aux derniers otages survivants. Nous apportons notre soutien aux millions de citoyens israéliens qui s’opposent frontalement à ce premier ministre qui choisit la stratégie du « Mad Man ». Nous plaidons pour la réouverture des négociations et la prise en compte sérieuse des propositions de la Ligue Arabe.

Protéger l’Europe et soutenir l’Ukraine ne justifie pas d’accélérer son adhésion à l’UE !

communiqué de presse d’Emmanuel Maurel, député et animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste – mercredi 12 mars 2025

Je me suis abstenu sur la résolution débattue ce jour à l’Assemblée nationale pour renforcer notre soutien à l’Ukraine. 

La guerre déclenchée il y a trois ans par les armées de Vladimir Poutine a semé la mort et la destruction dans un pays qui n’aspire qu’à la liberté, la démocratie et l’indépendance.

La France a raison d’entreprendre une action résolue en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, assortie de garanties de sécurité suffisantes pour dissuader la Russie de jamais reprendre les hostilités.

A cet égard, la proposition conjointe des États-Unis et de l’Ukraine pour un cessez-le-feu est un pas dans la bonne direction. A présent, la balle est dans le camp de la Russie.

Mais la sécurité collective du continent européen nécessitera des efforts au long cours de la part des pays européens et de la France, dans le strict respect de son pacte social.

Nos compatriotes rejettent l’impérialisme meurtrier du Kremlin et souhaitent que l’Union européenne, enfin émancipée de la tutelle américaine, soit forte contre cette menace.

Mais ils ne souscrivent pas à l’idée que pour ce faire, l’Ukraine doive adhérer à l’UE, a fortiori de façon accélérée ! Une telle adhésion provoquerait des déséquilibres financiers et économiques insolubles, particulièrement pour nos agriculteurs.

Ces derniers ne sauraient être la variable d’ajustement d’un mouvement irréfléchi qui mettrait en danger notre souveraineté alimentaire et au-delà, l’idée même de la construction européenne.

Les Français soutiennent la volonté exprimée par la majorité des forces politiques pour soutenir l’Ukraine contre son agresseur. Mais toute volonté d’accélérer l’histoire sans les consulter serait vouée à l’échec.

intervention d’Emmanuel Maurel en séance le mercredi 12 mars 2025 à l’Assemblée nationale

Emmanuel Macron : la drôle de dramatisation

Dans son allocution du 5 mars 2025, le Président de la République a appelé les Français à faire face à la « menace russe ». « Les temps de l’insouciance sont terminés » et « la patrie a besoin de vous », a-t-il affirmé. 

Sans contester la gravité du moment, céder aux facilités de la surenchère guerrière serait contre-productif. Les Français soutiennent majoritairement le combat des Ukrainiens, mais ne s’en estiment pas proches au point d’approuver une escalade militaire. La vérité est que nous ne sommes pas en guerre et l’évocation permanente de l’Histoire (« faut-il mourir pour Dantzig ? ») n’y changera rien.

Le message que nos compatriotes sont prêts à entendre, c’est qu’il faut dimensionner correctement notre armée. Ils comprennent qu’un budget militaire à moins de 2% du PIB relève de l’exception historique. Sous les septennats de François Mitterrand, la France consacrait plus de 3% de son PIB à la défense, et sous de Gaulle, près de 5%. Face à une Russie plus agressive que jamais, en « économie de guerre » depuis trois ans et qui augmente ses capacités, mais aussi face aux menaces diverses dans un monde chaotique et violent, il est logique de poser la question des moyens alloués à notre défense.

Il ne serait ni prudent ni responsable de faire comme si le Kremlin allait s’arrêter à 20% du territoire ukrainien, puis redevenir subitement pacifique à la faveur d’un simple cessez-le-feu. En Russie, le bourrage de crâne contre « l’Occident collectif » fonctionne à plein régime et entretient la paranoïa de la base au sommet. Le révisionnisme historique n’y est pas non plus en reste, qui conteste aux anciennes républiques soviétiques leur droit à l’autodétermination et l’indépendance. La peur des Baltes, des Polonais et même des Finlandais, sujets du Tsar jusqu’en 1917, n’est pas imaginaire. Ils ont tous payé pour voir l’impérialisme russe à l’œuvre.

On ne compte plus les opérations russes de « guerre hybride » sur le territoire européen. Tentatives de déstabilisation politique, meurtres, attaques cyber, propagande téléguidée depuis Moscou sur les réseaux sociaux… tout y passe. Les services de renseignements européens alertent de longue date sur ce déploiement de grands moyens. Ils n’inventent rien et nous devons nous fier à leur expertise, mais en gardant la tête froide. Les services et officines russes seraient ravis que nous cédions à la panique ; ils en profiteraient même pour jeter encore plus d’huile sur le feu.

Ce qui a radicalement changé en revanche, c’est le revirement américain. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, les Etats-Unis adoptent une position « pacifiste pro-russe » qui reprend quasi intégralement le narratif du Kremlin, osant même accuser l’Ukraine d’avoir déclenché la guerre ! Le discours de Trump révèle une trahison assumée de ses alliés européens, qui sert plusieurs buts : affaiblir nos économies, rafler le Groenland et détacher la Russie de la Chine. Pour nous Européens, ce changement radical comporte un vrai risque, auquel nous sommes bien obligés de faire face.

Et pour nous Français, ce n’est pas faute d’avoir prévenu ! Tous ceux qui méprisaient nos propositions pour un approfondissement de la coordination européenne en matière de défense en sont pour leurs frais. L’Otan est vraiment « en état de mort cérébrale », nous sommes vraiment seuls, et il faut vraiment mettre en place des mécanismes pour rattraper notre retard. Il est assez piquant de voir les plus fervents atlantistes historiques se rallier en convertis fervents à « l’Europe de la défense ». 

Mais les affichages budgétaires ne suffiront pas. Pour être efficients, ils devront s’inscrire dans une politique de croissance et de relance, qui seule est en mesure de conforter l’autonomie stratégique européenne. Cela implique d’investir en commun et surtout d’acheter européen en commun. Cela implique aussi d’en finir avec l’austérité gravée dans le marbre des traités budgétaires.

La validation de la (vieille) proposition française de sortir les dépenses militaires du calcul des déficits n’est qu’un premier pas. La conjoncture comateuse de l’Union européenne exige que la politique macroéconomique dans son ensemble, budgétaire et monétaire, soit entièrement revue.

Macron a donc tort d’envisager la montée en puissance de notre effort militaire d’une manière étroitement libérale, où sa politique de l’offre devrait impérativement être préservée. Au nom de quel principe fondamental, ou d’efficacité, devrait-on exonérer les plus riches et les multinationales de cet effort collectif ? Ce n’est pas aux Français des classes populaires et moyennes, et encore moins aux plus vulnérables, de payer intégralement le prix de notre sécurité ! Aucune nécessité n’impose de compenser 30 milliards annuels de plus pour l’armée par 30 milliards annuels en moins pour la protection sociale. Il n’est pas de notre intérêt de procéder à de tels arbitrages, qu’il s’agisse du social ou de tous autres investissements publics utiles à la collectivité.

Quoiqu’il en soit, le Président de la République n’a pas la prérogative pour en décider seul, ni la majorité parlementaire pour trancher sans débat préalable ! 

Le Parlement vote le budget, les impôts, et il se prononce sur les grands choix économiques et sociaux. Il serait temps qu’Emmanuel Macron comprenne que tout le pouvoir n’est pas concentré à l’Elysée.

Il serait temps aussi qu’il comprenne que nous n’avons nul besoin de nous précipiter vers des solutions toutes faites de type « armée européenne », et autres détricotages des souverainetés nationales sur les questions régaliennes. Fidèles à eux-mêmes, les Français ne refusent pas d’approfondir la coopération européenne, y compris en matière de défense. Mais ils ne sont pas prêts à toutes les fuites en avant ; et exigent qu’en tout état de cause, la parole leur soit donnée sur tout choix structurant pour l’avenir de la nation.

pour la Gauche Républicaine et Socialiste
Emmanuel Maurel, député et animateur national

Si la France veut disposer d’une défense nationale souveraine, il faut défendre notre industrie

Mardi 4 mars 2025 dans l’après-midi, Emmanuel Maurel, député et animateur national de la GRS (groupe parlementaire GDR), intervenait à la tribune de l’Assemblée nationale lors du débat sur « La perte de souveraineté industrielle et l’atteinte aux industries stratégiques« . 🔴🏭Parler sérieusement de souveraineté, de défense, cela suppose au minimum de ne pas laisser nos entreprises se faire racheter par l’étranger. Depuis des années les Américains font leurs courses en France et le Gouvernement laisse faire (sauf… 3 fois). Soyons un peu cohérents !

États-Unis : Donald Trump et Elon Musk passent la science à la tronçonneuse

communique de presse d’emmanuel maurel – mercredi 5 mars 2025

Nous pensions savoir à quoi nous en tenir avec Donald Trump, mais le début de son second mandat montre que nous n’avons encore rien vu.

Le Président des États-Unis, qui préconisait de s’injecter de l’eau de javel par intraveineuse pour soigner le COVID, pour qui le réchauffement climatique est un canular inventé par la Chine, qui pense que les sans-papiers sont des criminels et des violeurs qui mangent les chiens et les chats, se livre à une attaque sans précédent contre l’université, la science et la recherche.

Un collectif de chercheurs américains de toutes universités et toutes disciplines, « Stand Up For Science », s’est constitué en réaction aux assauts de la nouvelle administration, et particulièrement de son bras armé d’une tronçonneuse, Elon Musk.

Ce collectif répertorie une incroyable série de suppressions de crédits budgétaires, menées tambour battant par le département de la soi-disant « efficacité gouvernementale ». Désormais, seule la bande de fanatiques obscurantistes au pouvoir à Washington s’estime qualifiée pour dicter ce qui vaut d’être lu, étudié et appris. Voilà le sort que les défenseurs autoproclamés de la « liberté d’expression » réservent aux voix discordantes.

Les sciences humaines font l’objet, dans toute leur diversité, de mises à l’index allant jusqu’à retirer des milliers d’ouvrages des rayons des bibliothèques universitaires. Mais ce n’est qu’un prélude à une attaque en règle contre toutes les sciences.

Nous apprenons avec sidération que le Gouvernement américain a supprimé 20% des financements destinés au télescope spatial James-Webb, fruit d’une coopération associant la Nasa et l’Agence spatiale européenne, et qui a remplacé le célèbre télescope Hubble en 2021.

Nous assistons, médusés, à une foire d’empoigne des trumpistes visant à décourager toute vaccination, au point de mettre même dans l’embarras le ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, pourtant considéré comme un vaccino-sceptique de choc.

Nous apprenons enfin qu’il n’y aura plus de mesures satellitaires des gaz à effet de serre et du changement climatique. Cela s’ajoute aux milliards de dollars subitement retirés à d’innombrables laboratoires de recherche, jusqu’aux sciences de la santé et aux neurosciences, et qui laissent sur le carreau des milliers de scientifiques.

J’apporte tout mon soutien au collectif « Stand Up For Science » et aux initiatives des universitaires et chercheurs français pour venir en aide à leurs collègues outre-Atlantique. La journée de mobilisation du 7 mars, à laquelle je prendrai part, marquera la première étape de la résistance contre le bâillonnement de la science par la nouvelle internationale réactionnaire.

Élections Allemandes : Mathieu Pouydesseau analyse les résultats [PODCAST]

Quel est l’impact des élections législatives allemandes sur l’Europe et ses voisins ?
Dans cet épisode du podcast « 10 minutes, le podcast des Français dans le Monde », Gauthier Seys interrogeait lundi 24 février 2025 Mathieu Pouydesseau sur les répercussions potentielles des récentes élections législatives allemandes.

Alors que l’Allemagne, pilier central de l’Union européenne, traverse une période de bouleversements politiques, quelle influence cela pourrait-il avoir sur ses voisins, notamment la France ? Ce questionnement introduit une discussion captivante qui explore les dynamiques politiques actuelles en Allemagne et leurs implications plus larges.

Me Too : préférer la justice au pilori

Quelques articles de presses, essentiellement des relais de dépêches AFP, nous ont appris le classement sans suite des investigations contre Julien Bayou, ancien député écologiste de Paris. Cette décision de classement est justifiée par l’absence d’infraction susceptible de lui être reprochée.

Alors que les accusations contre Julien Bayou avaient été relayées à la une de nombreux médias, les mêmes n’offrent pas une couverture aussi large à la conclusion de cette affaire : aucune réhabilitation ni en une des journaux ni de leurs sites internet. C’est là la principale injustice pour un homme qui aura dû se battre seul pour défendre non seulement son innocence mais son honneur.

La présomption d’innocence a été constamment ignorée. Des enquêtes à la qualité douteuse ont cherché à dépeindre Julien Bayou comme un monstre sans aucun souci d’équilibre. Son droit au respect de sa vie privée a été bafoué. Des élus et des militants ont propagé des rumeurs, transformant les réseaux sociaux en chambre d’accusation et de jugement, dans lesquelles chacun était sommé de le condamner bruyamment.

MeToo a permis la libération de la parole des victimes. S’il en était besoin d’autres affaires démontrent régulièrement combien cette libération est nécessaire. Chacun sait le scandale que génère la peur de déposer plainte pour viol ou agression sexuelle à cause d’une forme de pression sociale latente ou explicite ; personne ne peut ignorer que les victimes sont encore trop mal reçues, écoutées et accueillies dans les commissariats et les gendarmeries ; personne ne peut ignorer 97% des plaintes pour viol ou agression sexuelle n’aboutissent à rien.

Les siècles de domination masculine ne se rachèteront pas en frappant sans distinction innocents et coupables, mais lorsque la société prendra enfin pleinement conscience de l’absolu impératif de l’égalité et du respect, de la nécessité d’accélérer leur concrétisation, lorsque les comportements seront enfin appropriés dans les commissariats, lorsque des moyens seront donnés à la justice pour que tous les coupables soient punis et que les victimes puissent se reconstruire.

Ne soyons pas aveugles à ceux qu’on a considéré comme un œuf à casser pour faire une omelette : ceux dont les noms ont été jetés en pâture dans les médias puis sur les réseaux sociaux ou condamnés sans autre forme de procès, avant que la justice finisse par rejeter les accusations. Julien Bayou est aujourd’hui concerné, mais d’autres personnes ont aussi été victimes d’accusations dont les fondements ont disparu à l’examen des faits.

La Justice rendue tardivement, mais rendue, peut ici laisser un goût amer tant le mal est fait. Avec toute sa lenteur, ses biais et ses imperfections, il importe de continuer à préférer la justice au pilori, de l’aider à accomplir sa mission, depuis l’instruction jusqu’à la peine ou la réparation. Il revient à la société dans son ensemble de réhabiliter Julien Bayou, et les autres victimes de dénonciations calomnieuses à la hauteur du préjudice qui leur a été infligé. Il nous revient à toutes et à tous de faire changer la société pour que l’égalité et la justice deviennent de réelles priorités, pour que la violence recule toujours plus, pour que l’égalité femmes-hommes se concrétise dans l’intimité comme dans le métro, dans les salaires comme dans les responsabilités.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.