Mayotte : de l’indignation à la désolation

Le cyclone tropical Chido, d’une intensité exceptionnelle, a semé la désolation samedi à Mayotte.

Alors que le bilan est actuellement d’au moins 14 personnes décédées1, de nombreuses familles sont plongées dans une situation difficile avec des dégâts sur leurs maisons, parfois complètement détruites comme dans le bidonville de Kaweni, et la mise hors service des commerces et des équipements.

L’archipel, département le plus pauvre de France, n’avait nullement besoin de cette catastrophe au regard de ses problématiques existantes.

Il est urgent d’apporter tout le secours nécessaire au niveau sanitaire, alors que l’île fait également une épidémie de choléra, et de rétablir l’eau et l’électricité sur le territoire. Le prochain Gouvernement doit aussi réfléchir, enfin, au développement du territoire face aux catastrophes climatiques qui vont influer de plus en plus sur la vie de nos concitoyens ultramarins.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son entier soutiens à l’ensemble de nos compatriotes mahoraises et mahorais.

  1. les dernières informations semblent désormais converger vers un bilan bien plus grave avec des centaines de morts sous les décombres, difficiles à évaluer dans les premières heures du fait de l’importance de « l’habitat informel » dans l’île et du nombre d’habitants en situation irrégulière. [mise à jour du lundi 16 décembre, 10h] ↩︎

Bayrou à Matignon : la dernière cartouche de Macron

Emmanuel Macron a décidé une nouvelle fois de rester dans le déni du résultat des élections législatives qu’il a lui-même provoquées.

En nommant François Bayrou au poste de Premier ministre, le Président a choisi la continuité, là où une majorité de Français aspiraient au changement.

Depuis sept ans, les députés du parti de Monsieur Bayrou ont soutenu, avec tous les autres macronistes, la retraite à 64 ans, les réformes cruelles de l’assurance-chômage, les « lois travail » et les privilèges fiscaux accordés aux plus riches.

Macron avait dit vouloir la « stabilité institutionnelle » : sous Bayrou comme sous Barnier, tous deux minoritaires, celle-ci risque de s’enliser dans la paralysie politique. L’aspiration à une vie meilleure des millions de Français qui ont soutenu le Nouveau Front Populaire restera sans doute ignorée. 

La discussion sur le budget sera un moment de vérité. Si la nouvelle équipe gouvernementale persiste à refuser des mesures élémentaires de justice fiscale et sociale, alors elle aura une durée de vie tout aussi éphémère que la précédente.

Il reste à espérer que le nouveau Premier ministre prendra au sérieux l’état de déliquescence démocratique qui caractérise notre pays après sept ans de macronisme.

Le respect du Parlement, qui passe au préalable par l’abandon de l’utilisation du 49.3, sera une condition sine qua non de sa longévité politique.

L’éducation n’a jamais été une priorité pour le gouvernement censuré

C’est un véritable plan social pour le second degré qui avait été proposé dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025 présenté par feu le gouvernement Barnier. Était en effet planifiée une dégringolade du nombre de postes ouverts aux concours d’enseignement et d’éducation. Cela représente quelques 232 postes en moins au CAPES externe, toutes disciplines confondues, soit une baisse de 4,53% par rapport à 2024 et jusqu’à –10% dans certaines matières pourtant déjà déficitaires : mathématiques, lettres, sciences physiques, technologie, espagnol, allemand.

Si on remonte à la session 2017, cela représente même 33% de postes de moins ! Dans le contexte actuel, alors que le nombre d’élèves par classe ne cesse d’augmenter, cette mesure aurait comme conséquence la dégradation des conditions d’apprentissage des élèves ainsi que celles des conditions de travail des enseignants. En clair, la stratégie portée par les ministres successifs de l’Éducation nationale privilégiait le recours aux personnels non-titulaires et non-formés. Selon la Cour des Comptes, le nombre de ces contractuels a même augmenté de 80% depuis 2015 dans premier degré.

Pour la Gauche Républicaine et Socialiste, la réponse à la crise de recrutement actuelle dans l’Éducation nationale n’est pas de diminuer les postes et de recourir encore davantage aux contractuels – ce qui a pour conséquence de paupériser davantage une profession déjà très attaquée par des années de réformes – mais d’améliorer les conditions de travail, les salaires et la formation des enseignants tant initiale que continue.

Alors que le travail d’élaboration budgétaire pour 2025 est à reprendre après la censure du gouvernement Barnier, la Gauche Républicaine et Socialiste souhaite que le futur gouvernement mette en œuvre enfin des orientations de progrès et propose aux parlementaires un changement de stratégie qui réponde enfin aux défis auxquels est confrontée l’Éducation nationale.

Chute de Bachar el Assad : la Syrie entre espoir et inquiétude

Après 13 ans de guerre civile, le régime sanguinaire de Bachar el Assad est tombé.

Le tyran, connu pour avoir utilisé des armes de guerre incluant des armes chimiques contre la population civile, emprisonné, torturé et assassiné nombres d’opposants politique, est en fuite à Moscou. Sous son règne, la politique internationale de la Syrie sous a toujours consisté à soutenir cyniquement la politique du pire, participant activement à la déstabilisation du Liban après que l’armée syrienne a dû évacuer celui-ci, relâchant des djihadistes qui ont grossi les rangs de l’État Islamique, soutien constant de l’Iran dans les conflits régionaux.

La chute du régime syrien réjouit les défenseurs des droits humains que nous sommes. Cette bonne nouvelle ne saurait masquer nos vives inquiétudes pour l’avenir de la Syrie.

La guerre civile syrienne oppose notamment la Turquie et l’Iran, et c’est un groupe islamiste, Hayat Tahrir Al-Cham, anciennement affilié à Al Qaeda qui est entré dans Damas hier matin. Nous redoutons le pire pour des millions de Syriens, particulièrement les Kurdes, désormais à la merci de l’armée turque et des islamistes, ainsi que les minorités chrétiennes, chi’ites, druzes et alaouites, qui craignent, non sans raisons, que les signes d’apaisement envoyés par le nouveau pouvoir ne soient qu’un écran de fumée.

Nous appelons la diplomatie française à agir avec détermination pour contribuer à la mobilisation internationale indispensable à la protection des droits humains en Syrie, particulièrement ceux des femmes et des minorités, dans le long processus de reconstruction de la Syrie qui s’engage.

Grève dans la fonction publique : défendons notre bien commun !

Une séquence de forte incertitude politique est ouverte depuis plusieurs mois, depuis la dissolution ratée d’Emmanuel Macron et la nomination de Michel Barnier. Les pseudos concertations autour des différents textes budgétaires ont conduit à la censure logique du gouvernement. Malgré la chute d’un gouvernement très ancré à droite et hostile aux agents publics, jusqu’à la caricature avec le libertarien compulsif Guillaume Kasbarian comme ministre de la fonction publique, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de réussir une mobilisation massive le 5 décembre 2024.

Alors que la fonction publique peine à attirer, à recruter et rencontre une crise des vocations, plutôt que de rendre du pouvoir d’achat aux fonctionnaires, la solution de l’union de la droite et du centre a été de tenter d’instaurer 3 jours de carence, une baisse de l’indemnisation des arrêts maladie à 90% à partir du 4ème jour, la suppression de la garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA), le gel de la valeur du point d’indice et la suppression de toujours plus de moyens dans tous les services publics.

Michel Barnier a enchaîné avec le président de la République les danses du ventre à destination de l’extrême-droite, qui leur dictait des « lignes rouges » mais rien pour dénoncer la haine du fonctionnaire, avant de leur claquer ce soir la porte au nez. Et pour cause, la droite et l’extrême droite se sont toujours parfaitement entendues quand il s’agit de taper sur les agents publics !

La Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), par la voix à l’Assemblée Nationale de son député Emmanuel Maurel, refuse de sacrifier sur l’autel de l’austérité les 5,7 millions d’agents publics, alors que les différents gouvernements macronistes et de droite ont creusé le déficit de l’État et des collectivités locales en exonérant, sans aucune honte, les plus fortunés du pays. La chute du gouvernement Barnier ne met pas fin au danger et au mépris : rien ne garantit aujourd’hui que le locataire de l’Elysée ne s’obstine pas encore dans le déni de sa défaite des 9 juin et 7 juillet derniers en nommant un premier ministre et un gouvernement qui reproduise la même dérive.

Pour toutes ces raisons, la Gauche Républicaine et Socialiste soutient la grève du 5 décembre 2024 initiée par l’intersyndicale et appelle les Françaises et les Français à rejoindre massivement les grévistes de la fonction publique dans la rue !

Emmanuel Maurel : « Je ne voterai pas la motion de censure dans l’allégresse mais dans l’inquiétude »

Mardi 3 décembre 2024 à la veille de la motion de censure déposée par le Nouveau Front Populaire contre le gouvernement de Michel Barnier sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, Emmanuel Maurel était l’invité de #LaMidinale du magazine Regards pour examiner et expliquer en détail les enjeux politiques de cette motion de censure et leurs conséquences pour les Français et pour la gauche.

Comment sortir d’une situation où Emmanuel Macron a voulu que le gouvernement soit à la merci du Rassemblement National ? Comment renforcer le socle électoral et social de la gauche en consolidant notre programme et en reprenant langue avec les syndicats ? Comment proposer et apporter des réponses aux attentes des Français et à une société qui a été brutalisée ?

Violences conjugales, violences sexistes et sexuelles : au-delà de l’indignation, passons à l’action

Le procès Pélicot a mis une nouvelle fois sur le devant de la scène une triste réalité : les violences conjugales persistent. Ce procès en dévoile l’horreur et surtout, la normalisation de ces violences au regard des profils des 50 accusés (sur 80 dont la totalité n’a pas pu être identifié), qui sont des hommes de tout horizon : militaire, boulanger, pâtissier, pompier, chômeur, jeune, retraité, chauffeur routier, ouvrier, électricien, etc. Le violeur et l’agresseur n’ont pas de visage et ne répondent à aucun critère prédéfinis.

Cette persistance des violences conjugales dans notre société est constamment sous nos yeux, en atteste les chiffres des associations féministes :

  • Entre 2018 et 2022 les signalements de violences conjugales ont augmenté de 83% ;
  • Les signalements de violences sexuelles ont augmenté de 100% en 10 ans ;
  • 1 femme est tuée en moyenne tous les 3 jours par son conjoint ou ex-conjoint : on dénombre en date du 4 octobre 2024, 105 féminicides en France1  et 122 si on se réfère au décompte du collectif « Nous Toutes » au 23 novembre 2024 ;
  • Dans 45% des cas, les viols sont commis dans l’enceinte du foyer ou par un conjoint ou un ex-conjoint.

Déjà en 2002, le Conseil de l’Europe soulignait la récurrence et l’impact de ces violences « selon les statistiques, pour les femmes de 16 à 44 ans, la violence domestique serait la principale cause de décès et d’invalidité, avant le cancer, les accidents de la route et même la guerre. Elle doit, en conséquence, être traitée comme un problème politique et public, et une violation des droits de l’homme2. ».

Angle mort des politiques gouvernementales

Pourtant, Gérald Darmanin l’ancien ministre de l’Intérieur a voulu cacher son impuissance à lutter contre ces violences avec des mesurettes, notamment les fameux flyers distribués en 2023 pour informer sur les comportements à adopter en tant que témoin ou victime d’une agression. La sensibilisation est assurément utile, même nécessaire, mais ne constitue pas une réelle politique publique. Pourtant, le ministre avait lui-même indiquer vouloir faire de la lutte contre les violences conjugales, une priorité des forces de l’ordre.

La Fondation des Femmes, dans son rapport publié en septembre 20233, estime à 2,6 milliards d’euros le budget minimum devant être consacré à une politique de lutte contre les violences conjugales en comparaison au budget réel de l’État de 2023 de 184,4 millions d’euros. Malgré une augmentation du budget depuis le Grenelle des violences conjugales en 2019, cela n’est pas suffisant, notamment au regard de l’augmentation du nombre de femmes et d’enfants victimes de violences.

Ainsi, la France échoue à conduire une politique publique efficace en matière de lutte contre les violences conjugales. Pourtant, des pays voisins comme la Suède ou l’Espagne nous montrent que cette impuissance étatique n’est pas une fatalité. A titre d’exemple, depuis l’adoption de la loi « mesures de protection intégrale contre la violence conjugale » en 2004, le nombre de féminicides par an est passé de 72 à 30 en 2020 en Espagne.

L’horreur du procès Pélicot mobilise fortement la presse française et mondiale et les organisations féministes, et serait « l’occasion » (bien qu’il soit très dommageable d’avoir besoin d’une telle tragédie pour envisager des mesures concrètes) de repenser complètement nos moyens de lutte contre les violences conjugales en France. Pourtant, il n’en est rien : il est fort peu probable, que le nouveau ministère de l’Intérieur Bruno Retailleau, au regard de ses positions en matière de droit des femmes se saisisse de ce sujet. En effet, il faut rappeler qu’il a notamment voté contre la constitutionnalisation de l’IVG ou encore contre la loi du 31 janvier 2022 interdisant les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne.

Réagir n’est pas seulement urgent : c’est nécessaire. Alors que faire ?

En tant qu’organisation politique, nous défendons la nécessité de pouvoir co-construire cette feuille de route de lutte contre les violences conjugales envers les femmes et les enfants avec toutes les organisations concernées : organisations féministes, associations, etc.

Quelques pistes peuvent être proposées, défendues depuis longtemps par les organisations féministes et les associations et que portent la GRS dans son programme :

  • D’abord, il est urgent de former les forces à l’ordre aux violences faites aux femmes et aux enfants. Cette mesure peut sembler anecdotique, pourtant le traitement de ces dossiers démontre aujourd’hui un manque crucial de sensibilisation et de formation. Des personnels dédiés doivent être recrutés pour traiter les questions des violences faites aux femmes et aux enfants. Le traitement des plaintes des femmes est aujourd’hui un réel problème, voir un supplice, qui empêche les femmes de dénoncer les violences et les viols quand elles en subissent. Gisèle Pélicot, a elle-même témoigné en ce sens lors du procès. Les femmes sont souvent victimes et accusées : il faut absolument sortir de cette logique ;
  • De même, il devient urgent de former les professionnel.les de la justice à l’accueil, à l’écoute et au recueil de la parole des victimes des violences faites aux femmes. L’accompagnement qui en suivra et le traitement de la plainte par la justice n’en seront que mieux vécus. Ce constat du manque de professionnalisation de la police et de la justice est ressenti par toutes les personnes actrices de la médiation sociale qui œuvrent dans l’accompagnement des femmes victimes de violences. Il s’agit là de garantir une qualité d’intervention digne, efficace qui rende les services de l’État capables de protéger et de rendre justice aux yeux des citoyennes et citoyens ;
  • Au-delà de la formation des forces de l’ordre, il faut que l’État forme au travers de l’école et dès le plus jeune âge, les enfants sur ces problématiques. Que ce soit au travers des cours d’éducation à la sexualité, au consentement, au vivre-ensemble. Bien que cela soit une obligation légale, le Haut Conseil à l’Égalité relève que cela n’est pas suffisamment appliqué dans les établissements. Il devrait également être du devoir des employeurs de former leurs collaborateurs au sexisme au travail et à mettre en œuvre des actions pour prévenir le sexisme et le harcèlement sexuel ;
  • Il faut améliorer la prise en charge des personnes victimes de violences : au-delà de l’assistance téléphonique, il faut donner les moyens aux forces de l’ordre de pouvoir intervenir rapidement et efficacement. Il faut également pouvoir fournir une assistance et un suivi psychologique gratuit aux victimes, tout comme des hébergements d’urgence qui respectent la dignité humaine. Même si la France s’est améliorée sur ce point depuis le Grenelle des violences conjugales en 2019, le nombre de places disponibles n’est toujours pas suffisant ;
  • L’action des associations de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants doit être davantage subventionnée par l’État : à l’instar de la maison des femmes de Saint-Denis ;
  • Il est nécessaire de conduire des campagnes de sensibilisation massives et régulières, à l’instar de ce qui a pu être fait pour la sécurité routière ;
  • Il s’agit de réguler l’accès aux contenus faisant la promotion de la violence et susceptible d’influencer les comportements dans les relations interpersonnelles et d’entraîner des violences. C’est notamment le cas de certains contenus pornographiques. Le Haut Conseil à l’Égalité dans un rapport indique notamment que du fait du visionnage de tels contenus, 47% des garçons estiment que les filles « s’attendent » à ce que les rapports sexuels impliquent une agression physique et 42% pensent que la plupart des filles « apprécient » les actes d’agression sexuelle.

Depuis longtemps, des solutions sont mises en avant. Il est temps que le gouvernement s’en saisisse et accompagne les paroles d’actes concrets.

Chloé Petat, la GRS Seine-Saint-Denis et pôle féminisme de la GRS

1 Ces chiffres proviennent des études citées, par la Fondation des Femmes et le Haut Conseil à l’Égalité, et également du Ministère de l’Intérieur.

2 https://assembly.coe.int/nw/xml/XRef/Xref-XML2HTML-FR.asp?fileid=17055

3 Fondation des Femmes, septembre 2023 « Où est l’argent contre les violences faites aux femmes ? » https://fondationdesfemmes.org/actualites/rapport_ou_est_argent_pour_les_femmes_victimes_de_violences/

Électricité : l’Autorité de la concurrence contre la démocratie

Dans son communiqué du 19 novembre 2024, l’Autorité de la concurrence soutient que les interventions de l’État sur les prix de l’électricité ont été discrétionnaires et ont brouillé le « signal prix » censé créer des incitations à la sobriété énergétique. Elle exige donc du gouvernement d’organiser progressivement la suppression du tarif réglementé de l’électricité. Certes, l’Autorité de la concurrence veille au respect des règles de la concurrence. C’est sa mission. Néanmoins, elle ne peut pas se substituer aux principes démocratiques. Or, le besoin de fixer politiquement les prix de l’électricité relève avant tout d’une question démocratique. Les citoyens ne veulent pas élire des responsables politiques impuissants, comme l’a montré la réélection de Trump. Supprimer le tarif réglementé entraînerait la montée des contestations politiques et de l’extrême droite et pourrait mettre en danger un fondement de la démocratie française.

Le contrôle des prix de l’électricité est aussi une mesure favorable à l’économie et à la transition énergétique. La production électrique française est presque entièrement décarbonée et il faudrait inciter les ménages à acheter des véhicules électriques et à remplacer leurs systèmes de chauffage par des systèmes électriques. Or, pour cela, nous avons besoin d’un contrôle public des prix de l’électricité, afin de garantir aux ménages que ces prix resteront bas.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’affirme l’autorité de la concurrence, l’ouverture à la concurrence n’a pas prouvé sa capacité à augmenter les investissements productifs dans la production d’électricité. Ainsi, faute d’investissements privés, le gouvernement a décidé de construire jusqu’à six nouveaux EPR avec EDF. Pour financer cet investissement, nécessaire à la transition écologique, il doit prévoir des recettes sur plusieurs dizaines d’années, ce qui implique de contrôler le prix de vente de l’électricité.

Enfin, l’actualité ne cesse de nous rappeler les graves conséquences du choix par l’Union européenne de la concurrence dans le marché européen de l’électricité. Cela interdit la planification à long terme et engendre une faible résilience face aux chocs tels que la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, les tarifs élevés de l’électricité sont le principal frein à la compétitivité des entreprises européennes. Les nouvelles règles du marché européen de l’électricité ne change pas l’absurdité d’empêcher notre pays de fixer sa tarification électrique et nous devons nous mobiliser pour que la France prenne comme l’Espagne et le Portugal les moyens de maîtriser le prix de l’énergie dans notre pays. Mais en attendant, au moins une décision immédiate s’impose : le maintien des tarifs régulés de l’électricité. Cela est indispensable pour des raisons démocratiques, mais également parce qu’ils sont une condition nécessaire à la planification de la transition écologique. Il faudrait même, à terme, élargir la réglementation pour y inclure les industriels et éviter qu’un prix trop élevé de l’électricité conduise de nombreuses entreprises soit à renoncer à l’électrification de leur système productif, soit à délocaliser.

Au moment où se multiplient les plans sociaux et où déferle une nouvelle vague de désindustrialisation, faire baisser le prix de l’énergie est un impératif absolu. Et vite !

Barnier doit abandonner une politique budgétaire qui punit les Français

Emmanuel Maurel, député du Val-d’Oise (groupe GDR) et animateur national de la GRS, était l’invité politique de France Info TV le vendredi 15 novembre 2024 à 7h45.

Alors que le budget de l’État pour 2025 poursuit son parcours au Parlement, après le rejet de son volet recettes en première lecture par les députés macronistes, LR et RN, il a rappelé ce qui guide notre action : « Ce que j’aimerais surtout, c’est que Michel Barnier abandonne la politique budgétaire qu’il veut mettre en œuvre, qui risque d’avoir des effets très graves pour l’économie de ce pays ».

Emmanuel Maurel a déploré le fait que le Premier ministre « refuse obstinément d’aller chercher l’argent là où on peut le trouver, c’est-à-dire sur les bénéfices des grandes entreprises ou chez les très riches ». « La réalité du débat budgétaire pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler, c’est que la gauche a fait des propositions qui, à mon avis, étaient constructives pour réduire le déficit, pour faire en sorte qu’il y ait un peu plus de justice fiscale. Et ce qu’on appelle le bloc central (qui n’est ni un socle, ni un bloc) s’est obstinément refusé à faire en sorte que les très grandes fortunes et les très grandes entreprises qui font des bénéfices participent à la vie économique de ce pays en payant un peu plus », a-t-il affirmé, y voyant « le principal problème du moment ».

Habitat indigne à Marseille : Un avant et un après la rue d’Aubagne

En ce mois de novembre 2024 se déroule le « procès de la rue d’Aubagne » à Marseille, suite à l’effondrement des immeubles du 63 au 67 rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018. Six ans après cette tragédie, l’émotion est toujours aussi forte, aux côtés des familles des huit victimes. La couverture médiatique reste énorme. Cette année, nous avons été particulièrement interrogés sur ce qui a changé depuis ce drame.

En tant que nouvelle élue depuis 2020, c’est une responsabilité que je prends avec attention mais qui ne change pas mon engagement. Je précise d’où je parle : En 2018, je faisais partie des manifestants. Depuis 2020, après la victoire du Printemps marseillais, je suis devenue Maire du 1er secteur de Marseille, où se situe le quartier de Noailles et de la rue d’Aubagne. Ce quartier est dégradé depuis de nombreuses années, comme celui de Belsunce de l’autre côté de la Canebière, et classé en « quartier politique de la ville ».

Membre de la majorité municipale, je soutiens la nouvelle politique de lutte contre l’habitat indigne mise en place après notre élection en 2020, sous la responsabilité de Patrick Amico, Adjoint au Maire délégué au Logement, et du Maire de Marseille Benoît Payan. Je représente aussi la Ville au Conseil d’Administration de la SPLA-IN (Société Publique Locale d’Aménagement d’Intérêt National), créée après le drame pour éradiquer l’habitat indigne et réhabiliter des immeubles dégradés dans plusieurs îlots prioritaires du centre-ville, notamment le haut de la rue d’Aubagne à Noailles.

La SPLA-IN n’est véritablement activée que depuis 2021. Créée fin 2019, il a fallu attendre les élections municipales de 2020 et la sortie de crise sanitaire pour recruter un Directeur général et toute une équipe de compétences spécialisées, mener à bien les procédures d’acquisition ou d’expropriation de dizaines d’immeubles, signer les soutiens financiers de la Métropole et de l’ANRU, passer les premiers appels d’offres permettant d’être opérationnels aujourd’hui, en trois ans, donc.

Lorsque nous sommes interrogés sur ce qui a changé, nous expliquons l’ampleur des moyens qui ont été nécessaires, et qui seront longtemps nécessaires, pour répondre aux besoins. C’est cela, la différence entre l’avant et l’après rue d’Aubagne : la prise de conscience et la reconnaissance d’un enjeu politique qui n’était pas traité à hauteur de la situation, voire nié. Ce drame et l’ampleur des mobilisations citoyennes ont modifié en profondeur la politique publique de lutte contre l’habitat indigne à Marseille.

Ce que la Ville a mis en place est un ensemble de protocoles de soins pour vaincre une maladie coriace. Nous sommes les premiers à reconnaître que tout n’est pas fini et qu’il y a encore du mal-logement… Sinon, nous ne serions pas obligés de mettre tous ces moyens ! De plus, la crise du logement s’amplifie partout en France et Marseille n’y fait pas exception.

La Ville de Marseille agit au titre de sa compétence « police de l’habitat », qui consiste à réagir aux alertes sur la mise en sécurité des immeubles. Ces mesures doivent s’articuler avec les moyens de la Métropole qui a la compétence générale du Logement, et ceux de l’État sans lequel on ne peut pas traiter les énormes sujets de réhabilitation urbaine ou des grandes copropriétés dégradées. Voilà pourquoi la SPLA-IN (Société Publique Locale d’Aménagement d’Intérêt National) est une société publique à majorité métropolitaine (Le Président est David Ytier, Vice-Président Logement à la Métropole), avec une forte participation de l’État au titre de l’Intérêt national, et une représentation de la Ville. Voilà pourquoi aussi le permis de louer, l’encadrement des loyers (dont on attend toujours les décrets !), les plans d’urbanisme et d’habitat, les procédures d’utilité publique… sont des mesures qui nécessitent d’être appliquées par la Métropole, en concertation avec la Ville. A ce stade, une chaîne d’élus et de techniciens arrive à travailler ensemble sur ce sujet d’intérêt général et j’espère qu’il en sera ainsi le plus longtemps possible.

Chaque année, les Rendez-vous annuels du Logement organisés par la Ville de Marseille, sont l’occasion de faire un point de situation avec des centaines de participants, en réunions plénières et en ateliers, en toute transparence. Tout est publié sur le site de la Ville : Rendez-vous annuels du Logement à Marseille, 17 octobre 2024

C’était un engagement de campagne électorale, comme de nombreuses mesures dont nous avions écrit le principe : lutter contre les marchands de sommeil, faire des travaux d’office, financer des mesures sociales d’accompagnement et de relogement, contrôler les locations touristiques, inciter à produire plus de logements sociaux…

Ces mesures sont faciles à écrire mais quand il faut les quantifier « en vrai » pour les appliquer, c’est impressionnant ! Jamais je n’aurais pensé que la Ville aurait dû déposer 160 saisines de justice contre les marchands de sommeil, multiplié par dix les moyens humains d’une vraie Direction de Lutte contre l’habitat indigne, dégager plusieurs Millions d’euros par an pour les relogements et travaux d’office, dont la facture est le plus possible envoyée aux propriétaires tenus responsables. Rappelons en effet qu’il n’est pas normal qu’une Ville soit obligée de se substituer à des propriétaires défaillants. C’est tout un système de déni de travaux, de syndics et de copropriétés qui dysfonctionnent, de dossiers d’aides financières jugés trop complexes, qui est en cause.

Alors y a-t-il toujours des immeubles dégradés à Marseille ? Malheureusement Oui ! Mais nous espérons qu’ils sont mieux contrôlés, et que les habitants sont mieux protégés. Pour la première fois ces derniers mois, il y a eu moins de nouvelles procédures de mise en sécurité, que de sorties de péril. Pas de quoi triompher évidemment. Juste de quoi encourager l’action publique et persévérer. Il faudra encore bien des années et bien du soutien, pour arriver au bout des dizaines de milliers de logements indignes que compte notre ville.

En centre-ville, le symbole de ce changement sera le lancement des travaux sur la « dent creuse » et les immeubles de l’ancien périmètre de sécurité du haut de la rue d’Aubagne, pour y installer un équipement public de proximité et des logements sociaux. Si tout se passe comme prévu, c’est pour l’année prochaine. Ce ne sera pas la fin d’une politique, mais une étape franchie. Après le temps de la justice, dont j’espère qu’elle sera le mieux rendue possible, viendra celui de la reconstruction… mais pas celui de l’oubli.

Sophie Camard

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