Hommage à Coralie Delaume

Nous avons appris tôt ce matin du 15 décembre 2020 le décès de Coralie Delaume, essayiste de talent, d’un cancer foudroyant.
Notre première pensée va à sa famille et à ses proches à qui nous adressons nos plus sincères condoléances et dont nous partageons la peine.
Coralie Delaume était connue de beaucoup d’entre nous avec qui elle avait créé des relations intellectuelles fortes. Son départ aujourd’hui est d’autant plus difficile et douloureux à relater que nous perdons une amie.
Elle avait fait la démonstration dans plusieurs ouvrages d’une réelle profondeur et rigueur intellectuelle, une qualité qu’on voudrait plus fréquente aujourd’hui et dans notre génération. Coralie écrivait de manière limpide et pédagogique, elle savait défendre un point de vue âpre, assumer des débats difficiles et délicats sans jamais tomber dans l’agressivité comme on le rencontre trop souvent et toujours avec un grand respect pour ses interlocuteurs.
Nous lui sommes profondément reconnaissant de nous avoir accompagnés durant toutes ses années – que nous venions de Maintenant la Gauche, du Mouvement Républicain et Citoyen ou d’ailleurs – dans notre réflexion politique. Elle a contribué avec quelques autres à remettre au cœur du débat politique la nécessité d’une critique salutaire de la dérive ordolibérale de la construction européenne. Elle a su donner à de nombreux militants de gauche les armes et les arguments pour remettre au centre des préoccupations politiques la question de la souveraineté, populaire, nationale – des concepts qui avaient été trop souvent détournés dans les décennies précédentes. Elle avait ainsi apporté sa pierre à la résurgence de la Gauche républicaine et de l’idéal de la République sociale qui avaient tant manqué à notre pays.
Nous vous encourageons toutes et tous à lire ses essais notamment Europe, les États désunis (2014), Le Couple franco-allemand n’existe pas (2018) ou encore celui co-écrit avec David Cayla, La fin de l’Union Européenne (2017). C’est en étant pris par son écriture, son sérieux mais aussi sa causticité que vous lui rendrez le meilleur hommage.
Coralie, que te dire ? Que nous continuerons le combat et la réflexion qui nous liaient, bien sûr…
mais avant tout nous conserverons la mémoire de ton sourire et de ton humanité.

Photographie de Margot Lhermitte.

COVID19, le choix de la culpabilité collective ?

Après quelques jours d’autosatisfaction gouvernementale sur la baisse des contaminations à la Covid-19, la tentation est grande pour Jean Castex et le Ministre des solidarités et de la santé Olivier Véran d’entamer un petit refrain culpabilisateur sur la probable stagnation des chiffres, voire même une reprise épidémique.

La culpabilisation commence d’abord par les avis scientifiques sur les grands canaux d’information.

C’est ainsi que l’on voit et entend sur les chaînes d’infos continues et dans les grands médias nationaux ces avis de spécialistes :

« Les Français se relâchent trop vite et ne respectent pas les gestes barrières »

Ainsi l’épidémiologiste Pascal Crépey, professeur à l’EHESP-Paris explique dans L’Express que la baisse d’efficacité du confinement est liée à la réouverture des commerces. Avec l’arrivée des vacances pour les fêtes de fin d’années, les gens sortent plus pour réaliser leurs achats, et ne se sentent plus si confinés. Mécaniquement, si vous augmentez le nombre de contacts interindividuels, vous augmentez le nombre de cas positifs. »

Du côté de Jean-Paul Stahl, professeur de médecine infectieuse au CHU Grenoble-Alpes, le médecin a pointé un relâchement général des Français : « Nos concitoyens appliquent modérément les mesures de restriction, il n’y a pas de miracle. La descente n’est pas assez rapide à nos yeux, on a l’impression qu’il y a une stagnation depuis quelques jours ce qui rend pessimiste sur la suite, en particulier avec Noël et le Nouvel An. »

Éric Caumes, le chef du service des maladies infectieuses de la Pitié-Salpêtrière, a pour sa part avancé la même explication sur LCI ce lundi. Selon lui, la stabilisation du nombre de cas provient d’un relâchement des gestes barrière dans la sphère privée, voire de la part des salariés.

Ces déclarations sont-elles le prétexte à de nouvelles restrictions ?

Depuis presque 12 mois que les premiers cas ont été détectés en Chine et maintenant plus de 10 mois que le virus est officiellement présent sur le territoire métropolitain, on ne peut que constater l’inefficacité du gouvernement dans sa maîtrise de l’épidémie. Le seul point sur lequel il compte , sa seule valeur ajoutée, est donc au niveau de la communication.

« Les contaminations baissent, c’est une réussite du gouvernement, les contaminations reprennent, c’est la faute des Français, des collectivités et des commerces. »

Plusieurs études ont démontré la corrélation entre température et niveau d’activité épidémique et il ne faudra pas s’étonner si la courbe remonte à partir du 11 décembre soit 10 jours après la baisse généralisée des températures extérieures.

Donc, si la météo n’est pas contrôlable par l’Etat, et sur ce point je suis d’accord pour dire que l’Etat ne peut pas tout, quelles sont les solutions ?

Pour l’instant, le seul message audible du gouvernement repose sur la peur des regroupements familiaux à Noël .

C’est un faux problème !

Pour une majorité de Français, la principale préoccupation n’est pas de se retrouver à 20 le jour de Noël , ils n’en ont pas les moyens et ils ne sont pas fous. Être à 6 adultes le soir de Noël sera la plupart du temps respecté et la solidarité des Français permettra de ne pas laisser seules des personnes isolées et fragilisées potentiellement en proie à des formes de dépression aigüe. C’est du moins le message qui devrait être relayé partout.

Les commerces, quant à eux, savent s’organiser, ainsi que les restaurants et les lieux de culture comme les cinémas ou les théâtres.

Avec mon groupe parlementaire, La France Insoumise, nous avons travaillé sur des mesures pour sortir de l’état permanent de confinement.

Nous sommes prêts à discuter avec le Gouvernement pour rendre leurs libertés aux Français. C’est notre rôle en tant que représentants de la Nation. Mais le Gouvernement, dont le fonctionnement est de plus en plus autoritaire, de moins en moins contrôlé par le Parlement en a décidé autrement.

Dans cette période, les seuls qui ne font rien et ne s’organisent pas sont ceux qui font la leçon aux Français et qui décident en comité restreint, dans un conseil de défense qui ressemble plus à une agence de communication de crise, sans se soucier de la volonté populaire et de l’aspiration historique, légitime des Français à la liberté.

Les Français ne sont pas responsables d’une gestion étatique calamiteuse !

Les Français ne sont pas coupables.

Caroline Fiat

le 9 décembre 2020

Violence, perte des repères républicains et crise du commandement

La police républicaine est une police respectant les principes et la loi républicaine: le racisme n »y a pas plus sa place que la violence. C’est parce qu’elle est républicaine que son action doit être publique.

Samedi dernier, un producteur de musique a été frappé 5 minutes dans les locaux de son entreprise aux cris de « sale nègre ». Les trois fonctionnaires ont menti sur les circonstances de l’agression, ignorant qu’une caméra de vidéosurveillance les avait filmés. Sans ces images, la victime serait, malgré les témoignages d’employés et de voisins, mise en examen.

Ces images impardonnables illustrent à la fois une culture de l’impunité éloignant certains policiers de la loi et de la République, et l’impérieuse nécessité pour la République de maintenir le regard public sur celle-ci, au lieu, comme voté par 348 députés de LREM au RN, d’éteindre les lumières.

La GRS a rappelé son attachement à une police républicaine. Elle a rappelé la nécessité de doter la police des moyens humains, des formations, et des contrôles nécessaires. Elle appelle à un changement de doctrine, refusant la militarisation à l’américaine initiée par la droite il y a 15 ans.

Cela passe par dénoncer la responsabilité de la hiérarchie, ici le préfet de police, et de la tête politique inspirant la culture actuelle, malsaine parce que si peu républicaine, de la police.

Lorsque le préfet dit à la télévision qu’il existe dans la société deux camps, n’inspire-t-il pas là une culture de guerre civile, où les policiers regardent les citoyens comme de possibles ennemis?

Lorsque le ministre « s’étouffe » au mot violence policière, ne crée-t-il pas une culture de l’impunité mettant la police au-dessus des lois, c’est à dire le contraire même de la République ?

La police républicaine doit former ses fonctionnaires, les contrôler, les accompagner, et garantir leur conformité aux principes républicains.

Nous condamnons les inspirateurs de ces violences insupportables, et nous les nommons : messieurs Lallement et Darmanin.

Cessez-le-feu au Haut-Karabakh : la crainte d’un nettoyage culturel est avérée

Un cessez-le feu a été imposé dans la région du Haut-Karabakh qui entérine les conquêtes militaires de l’Azerbaïdjan.

Après les tensions post-soviétiques qui avaient abouti à une guerre ouverte dans les années 1990, le Haut-Karabakh, enclave d’Arméniens au sein de l’Azerbaïdjan, avait acquis une indépendance de fait. Pour protéger cette indépendance, l’Arménie occupe militairement non seulement cette région, mais aussi la zone frontalière afin de garantir un corridor de sécurité.

En 2016, l’Azerbaïdjan avait mené une offensive militaire, brisant l’accord de paix en place depuis 20 ans. Si le conflit avait été de courte durée, il marquait le début d’une opération de reconquête par l’Azerbaïdjan, galvanisé par l’expansionnisme de son allié turc, des territoires protégés par l’Arménie.

Cette fois-ci, les pertes territoriales sont importantes pour le Haut-Karabakh. Non seulement l’Azerbaïdjan reprend le contrôle du corridor de sécurité et isole le Haut-Karabakh de l’Arménie, retrouvant ainsi le contrôle d’une partie de sa frontière sud avec l’Arménie, mais il occupe désormais une partie du Haut-Karabakh lui-même, à savoir la ville de Chouchi.

Cet accord de paix va permettre à la Russie, restée nominalement neutre dans ce conflit, d’accroître son influence. L’accord de paix prévoit de maintenir un corridor de 5 km de large entre l’Arménie et le Haut-Karabakh, qui sera sous contrôle russe, alors que précédemment il s’agissait de tout l’espace entre Arménie et Haut-Karabakh qui était sous contrôle arménien. Par ailleurs, afin de désenclaver le Nakhitchevan, coincé entre Arménie et Turquie mais coupé de l’Azerbaïdjan, un corridor de 5 km va être mis en place dans le territoire arménien, aussi sous contrôle russe. La Russie semble avoir voulu donner une leçon au gouvernement arménien qui est le fruit d’une « révolution orange » anti Russie. Si elle a réussi cela, elle n’en sort pas totalement gagnante pour autant. En effet, elle a entériné l’avancée azérie et donc néo-ottomane, ce qui est un signe de faiblesse. Par ailleurs, être responsable d’une sorte de couloir de Dantzig met la Russie dans une situation de cible facile pour les activistes azéris remontés qui, à chaque fois qu’ils porteront atteinte à l’accord-en fait mettront la Russie devant le choix d’agir ou de laisser faire. Et chaque laisser-faire sera un signe de faiblesse. La Russie est donc gagnante dans son rapport au gouvernement arménien actuel mais pas sur le plan géo-politique à court-moyen terme.

Le grand gagnant de cet accord de paix est le pôle turco-azerbaïdjanais. L’expansionnisme turc avait déjà touché la Mer Egée, la Lybie et le Kurdistan syrien. Il a désormais atteint l’Arménie et le Haut-Karabakh. Si la volonté de l’Azerbaïdjan de mettre fin à l’occupation de terres qui n’étaient pas peuplées par des Arméniens avant le conflit des années 1990 et de garantir un accès à la région isolée du Nakhitchevan peut paraître légitime, il ne faut pas se leurrer quant à la guerre culturelle qui est menée.

La Turquie a envoyé combattre des djihadistes qui étaient leurs alliés dans les conflits syrien et libyen. Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité dont ont été victimes les chrétiens de Syrie et d’Irak, et la destruction par les djihadistes du patrimoine culturel des chrétiens d’Orient, ont effrayé les Arméniens chrétiens, qui ont fui les zones occupées par les forces azerbaïdjanaises et djihadistes. La ville de Chouchi est emblématique de cette opération de nettoyage culturel, car victime en 1920 d’un pogrom anti-arménien qui avait fait plusieurs milliers de morts. Son occupation a déjà occasionné des destructions culturelles majeures : sa cathédrale a été sciemment bombardée, et des opérations de profanation et de destruction culturelle sont en cours.

Il est plus que probable que ce cessez-le-feu ne durera pas. La volonté de l’Azerbaïdjan et de la Turquie ne se limite pas à la reconquête des territoires azéris. C’est désormais le Haut-Karabakh lui-même qui est menacé de nettoyage ethnique et culturel. L’ultra violence contre les Arméniens est monnaie courante dans les deux pays, et ne se limite pas à des postures rhétoriques.

Si la Russie garantit l’intégrité territoriale du territoire arménien, sa position durant le conflit rappelle qu’elle ne protègera par les Arméniens du Haut-Karabakh. La Turquie, elle, sera d’un soutien sans faille à son allié azerbaïdjanais et n’hésitera pas à étendre la sphère du Djihad à cette région, avec les massacres et crimes culturels associés.

Face à cette situation dramatique, la Gauche Républicaine et Socialiste regrette l’abandon géopolitique de l’Arménie et la neutralité de la France dans ce conflit. Nous alertons quant aux volontés expansionnistes d’Ankara, et nous appelons à ce que, dans l’optique plus que probable d’un nouveau conflit, nous défendions sans faille les habitants du Haut-Karabakh menacés de nettoyage ethnique.

Violences faites aux femmes : #SauvonsLe3919

La Gauche Républicaine et Socialiste s’associe à La Fédération Nationale Solidarités Femmes, association issue d’un mouvement de lutte contre les violences faites aux Femmes et notamment conjugales depuis 1973 et qui gère le numéro d’appel national 3919.
Le 3919 c’est une trentaine de salariés qui reçoit environ 2 000 appels par semaine, chiffre qui est monté à 7 000 pendant le premier confinement. Leur travail a été salué par le président de la République lui-même, et pourtant la pérennité de leur action est aujourd’hui remise en cause.

Le Grenelle sur les violences a proposé d’ouvrir le 3919 24/24h, mais les moyens financiers proposés ne permettent absolument pas la continuité de cette action.
Pire la décision de mettre en concurrence avec le privé l’opérateur historique ne peut qu’aggraver la situation. En effet, le gouvernement menace ainsi de faire passer l’expertise, la qualité d’écoute au second plan et de répondre à la logique quantitative du marché.

Nous demandons le retrait de cette logique de mise en concurrence et exigeons des moyens financiers supplémentaires au niveau suffisant garantir la continuité du 3919 et son extension 24h/24. Nous demandons à chacun de signer la pétition #SauvonsLe3919, soutenons les associations de lutte contre les violences faites aux femmes qui fait elle-même écho à la tribune publiée hier dans Libération à laquelle nous nous sommes associés.

Hommage à Daniel Cordier

Daniel Cordier est mort.

Avec lui disparaît un des grands témoins de la Résistance et de l’évolution de notre pays au cours du siècle écoulé.

En 1940, l’armée française, vainqueur des Allemands en 1918, s’effondre en quelques semaines ; tout un peuple est hébété par cette défaite fulgurante qui met en péril l’existence même de la France.

La volonté de ne pas se résigner à la victoire du nazisme dépasse les obédiences politiques, et des hommes de droite comme de gauche s’engageront dans une Résistance aux multiples facettes pour le même motif : assurer l’avenir d’une France indépendante et la défaite d’une idéologie infâme.

Daniel Cordier a 20 ans en 1940. Il est royaliste et maurassien, et par conséquent il appartient à une extrême-droite qui, si elle a manifesté une certaine admiration pour le Reich d’Hitler et l’ordre illusoire qui y règne, n’a jamais été à l’aise avec son matérialisme et ses inclinations révolutionnaires.

Mais cette fascination ne pouvait survivre à la défaite du pays, et pour un homme tel que Cordier l’engagement, réel et concret, qui implique que l’on risque sa vie pour une cause, était une nécessité.

Alors Cordier rejoint très vite le général de Gaulle, puis entre au service de Jean Moulin, le grand organisateur de la Résistance sur le territoire national. De cette activité aux implications considérables, qui a coûté la vie à son chef, Daniel Cordier entretiendra le souvenir en s’efforçant de ne pas tomber dans la grandiloquence et en respectant un véritable devoir d’histoire pour les générations futures.

L’influence de Jean Moulin sur la vie de Cordier n’était pas que politique et morale, mais aussi artistique. De sa rencontre avec le grand homme, Daniel Cordier avait acquis une connaissance très fine de l’art moderne, qu’il s’efforça de défendre, non sans difficulté croissante dans une France de moins en moins soucieuse de promouvoir sa vie artistique.

La vie de Daniel Cordier ne mérite pas seulement notre hommage pour son engagement courageux dans la Résistance : l’évolution de ses idées politiques est à nos yeux l’expression d’une réflexion conséquente et pleine de bon sens, au cours de laquelle il renoncera à ses attachements maurassiens pour défendre la République contre l’extrême-droite.

Daniel Cordier aimait son pays, mais il n’était que trop conscient de la menace que le nationalisme exacerbé et la haine de l’autre pouvait représenter pour voir dans le fascisme et l’autoritarisme des moyens de régler les problèmes de notre société, et son engagement pour le progressisme a été sans faille dans les dernières années de sa vie.

Pour Daniel Cordier, la République était non seulement l’avenir de la France, à la fois comme grande idée et comme réalité concrète, mais aussi celui de toutes celles et ceux qui constituent son peuple.

Ce soir la Gauche Républicaine et Socialiste rend hommage à Daniel Cordier, à l’homme qu’il a été, à son engagement dans la Résistance et à son cheminement politique.

Universités de la Gauche Républicaine

La Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), Les Radicaux De Gauche (LRDG), République & Socialisme et le Parti de Gauche Européen organisent les samedi 21 et dimanche 22 novembre les Universités de la Gauche Républicaine en live.

Nos organisations ont convié l’ensemble des partis et mouvements de gauche (PCF, LFI, PS, EELV, Génération.S…) ainsi que des personnalités (sociologues, économistes, chercheurs, auteurs…) autour de 6 tables rondes qui seront diffusées en live par un dispositif exceptionnel sur les principales plateformes numériques (Facebook, Twitter, Youtube).

Une interview d’Arnaud Montebourg sera diffusée samedi à 14h15.

Vous pouvez retrouver l’ensemble du programme, des partenaires et des intervenants sur https://g-r-s.fr/les-universites-de-la-gauche-republicaine/.

Contact presse : Anthony Gratacos 06 23 53 50 47

Catastrophe aux Antilles

Depuis quelques semaines les Antilles, notamment la Martinique et la Guadeloupe, sont frappées par une fin de saison cyclonique très intense suite au passage de l’onde tropicale n°48. Elles sont, d’ailleurs, placées en vigilance orange depuis ce mardi. Plusieurs communes de ces deux territoires sont actuellement dans une situation très difficile avec :

 des glissements de terrains endommageant de nombreuses maisons et obligeant des familles entières à quitter leur domicile;

 des fermetures de nombreux axes routiers à la circulation, limitant ainsi les déplacements ou coupant des personnes du reste du monde dans plusieurs parties des deux territoires;

 des coupures sur le réseau d’eau potable, notamment en Martinique où 40 000 habitants pourraient être privés d’eau dès ce vendredi ;

 des inondations causées par la montée des eaux et des coulées de boue dans des habitations.

Même si la position géographique des Antilles au sein l’arc Caribéen fait qu’elles sont habituellement touchées par des catastrophes météorologiques, force est de constater que celles-ci s’amplifient d’année en année, signe d’un dérèglement climatiques évident. N’oublions pas que leurs voisines, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ont encore du mal à se relever après le passage du cyclone Irma en 2017. Cet épisode météorologique et climatique ajoute des drames aux drames existants pour les populations.

En effet, les Antilles connaissent des problématiques sanitaires liées à la pollution d’une grande partie des sols par la chlordécone, la recrudescence des épidémies de Covid-19 et de dengue ou encore les effets négatifs du confinement sur leur tissue socioéconomique, pourtant déjà en proie à des difficultés structurelles. Il est important que les autorités locales et l’Etat puissent tout mettre en œuvre afin que la situation ne se dégrade pas.

Ils doivent en outre participer activement au renforcement de la coopération régionale en matière de gestion des crises climatiques avec les pays situés dans leur bassin géographique.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son entier soutien à nos concitoyens de la Martinique et de la Guadeloupe et notamment aux familles sinistrées suite à ces épisodes de fortes intempéries.

Quelques chiffres :

GuadeloupeMartinique
• Nombre d’habitants : 376 879 • Démographie : -1,16% / an • Superficie : 1 628 km² • Produit Intérieur Brut : 9,1 milliards € • Taux de croissance annuel avant 2020 : 3,4% (2018) • PIB/habitants : 23 353 € • Revenu disponible/habitants : 15 700 € • Taux d’inflation : 1,4% • Consommation ménages/habitants : 10 400 € • Epargne bancaire : 8127,35 millions € • Emploi : 130 000 • Taux chômage : 23% Effets du 1er confinement sur l’économie : • -7,7% de la Valeur Ajoutée Marchande • -5,1% de la Valeur Ajoutée Totale• Nombre d’habitants : 358 749 • Démographie : -1,30% / an • Superficie : 1 128 km² • Produit Intérieur Brut : 8,9 milliards € • Taux de croissance annuel avant 2020 : 1,2% (2018) • PIB/habitants : 24 411 (2018) • Revenu disponible/habitants : 17 200 € • Taux d’inflation : 1,6% • Consommation ménages/habitants : 14 200 € • Epargne bancaire : 8380,24 millions € (2019) • Emploi: 133 000 • Taux chômage : 18% (2019) Effets du 1er confinement sur l’économie : • -6,6% de la Valeur Ajoutée Marchande • -4,4% de la Valeur Ajoutée Totale

Vers un régime de surveillance et de privation de libertés

Le 20 octobre, le groupe LREM à l’Assemblée Nationale, à l’initiative de son président Christophe Castaner, a déposé une proposition de loi dite de « sécurité globale »

Même si plusieurs mesures prétendent répondre à des situations problématiques, ce texte de 31 articles propose d’inscrire dans la loi de profondes restrictions de liberté et l’entrée dans un régime de surveillance généralisé que nous ne pouvons accepter.

Ainsi l’article 21 propose de supprimer la garantie de traitement a posteriori des images provenant des caméras embarquées par les policiers et les gendarmes. Si cette disposition était supprimée, la porte serait alors ouverte pour un traitement automatisé des images et donc l’utilisation de logiciels de reconnaissance faciale.

Qu’est ce que ça change vraiment ?

Aujourd’hui, le fait de traiter les images a posteriori permet de documenter une enquête sur des événements délictueux commis. Par contre, si on supprimait cette garantie, les forces de l’ordre pourraient rentrer dans une logique de ciblage en temps réel, à l’occasion d’une manifestation par exemple et, via un PC opérationnel, renseigner en direct les agents de terrain sur l’identité des nombreux militants et militantes qu’ils croiseraient, déjà fichés à tort ou à raison dans le TAJ (traitement des des antécédents judiciaires), fichier que la police gère seule sans contrôle indépendant effectif. Ce nouvel outil permettrait à la police de multiplier des abus ciblés contre des personnes déjà identifiées : gardes à vue « préventives », accès au cortège empêché, interpellations non-suivies de poursuite, fouilles au corps, confiscation de matériel, comportement injurieux…

Dans son article 22, la loi prévoit l’autorisation de drones pour surveiller les manifestations.

Ainsi, le gouvernement, par la voix de sa majorité parlementaire, souhaite déshumaniser la gestion des manifestations en appliquant un filtre robotisé, qui – par l’utilisation des mêmes logiciels de reconnaissance faciale – permettrait de suivre et d’identifier n’importe quel individu considéré comme suspect ou dérangeant, sur la seule base d’une altération dans le flux des manifestants.

Cette vision de la manifestation, géométrique, conduit à une déconnexion entre les manifestants qui agissent au nom d’un droit constitutionnel et les forces de l’ordre qui n’auraient plus aucune mission de sécurisation de la manifestation mais au contraire une vision purement tactique, les enfermant exclusivement dans une logique confrontationnelle.

Enfin l’article 24 propose d’interdire au public de diffuser « l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police ».

On se souvient des longs mois de manifestations des gilets jaunes, et des scènes de violence qui, sans les images prises par des journalistes ou des manifestants, n’auraient donné qu’une facette de l’histoire à voir. Auraient ainsi été passés sous silence les nombreuses exactions commises au nom de la « violence légitime », alors défendue par un Ministre de l’Intérieur nommé Christophe Castaner. En supprimant légalement cette possibilité, le gouvernement ou sa majorité nous donne un signal très clair :

« Nous n’avons plus la possibilité d’opposer à la police une autre vérité que la sienne. »

D’une certaine manière, le gouvernement apprend de ses erreurs ; il ne veut plus subir de
mouvement social incontrôlable comme celui des Gilets jaunes, il veut mettre le pays sous contrôle. C’est ce que lui permettrait ce nouvel arsenal législatif proposé par la majorité parlementaire LREM, dans un contexte d’état d’urgence permanent, sur le plan sanitaire, sur le plan sécuritaire.

Sémantiquement, si l’on assemble les éléments de discours de ces derniers mois «  nous sommes en guerre » avec les mesures prises récemment, « couvre feu » « état d’urgence » « confinement », et les éléments contenus dans ce projet de loi «  Drone » « camera autorisée sans contrôle » « interdictions de filmer la police », les ingrédients sont réunis, si ils devaient tomber entre de mauvaises mains pour faire basculer la France des Lumières vers un régime autoritaire.

La Gauche Républicaine et Socialiste s’oppose donc à ce projet de loi liberticide et demande la tenue d’états généraux de la sécurité où nous pourrons redéfinir la doctrine d’encadrement des manifestations, de l’ordre public, des moyens à la police et de son intégration à un projet de société en lien avec la population.

Éducation : un masque et ça repart !

Ainsi donc les enseignants et les élèves vont rentrer ce lundi 2 novembre aux horaires habituels, selon les modalités habituelles, presque comme si de rien n’était… Buisness as usual. Il faut croire que le gouvernement table sur un mode de fonctionnement de l’opinion publique calqué sur celui en vigueur trop souvent hélas dans le monde médiatique : une émotion chasse l’autre, à chaque jour sa vérité, son sujet chaud. Finalement, l’hommage rendu à Samuel Paty sera tronqué, passé en deuxième page dirait-on dans un journal ; L’École reprendra avec un hommage a minima et puis voila .
Initialement, la matinée du 2 novembre devait commencer par deux heures où Il aurait été permis aux enseignants et aux personnels des établissements scolaires de discuter, de faire le point après le traumatisme de cet attentat, de libérer la parole, de parler des difficultés croissantes , des attaques contre la laïcité, des remises en cause par certaines familles ou groupes de pression ultra religieux de l’autorité morale des enseignants et du contenu de leurs cours ainsi que du cadre républicain de l’enseignement. Il aurait été possible d’évoquer enfin ces attaques au quotidien face auxquelles le monde enseignant se retrouve en première ligne et se sent parfois bien seul, mal soutenu. Cela aurait changé du « pas de vague » devenu bien souvent la règle ces dernières années.

Donc finalement , pas de temps de parole, on remet le masque sur les bouches, ce fameux masque avec lequel les enseignants se débattent depuis la rentrée de septembre , finissant la journée avec des maux de tête et des difficultés à respirer après plusieurs heures non stop à parler masqués face à des classes toujours aussi nombreuses (avec en plus le scandale de masques distribués en septembre par l’Éducation nationale à son personnel qui sont suspectés d’être toxiques et viennent d’être retirés de la circulation !) .

On ne parlera donc pas dans les établissements de ce que l’attentat islamiste qui a frappé Samuel Paty révèle, ni de la chronique de ce drame annoncé (avec cette campagne de lynchage contre le professeur d’Histoire qui a duré plusieurs semaines sur les réseaux sociaux) ou encore de la peur qu’ont de nombreux professeurs désormais à aborder certains aspects ou sujets liés à leurs programmes ou à leurs missions.

On n’évoquera pas la difficulté à porter les valeurs de la République sereinement depuis quelques années, on ne parlera pas de l’offensive des extrémistes religieux qui cherchent ici à limiter la liberté d’expression, là à imposer leur sacré et leurs interdits, à d’autres endroits à s’immiscer dans le contenu des cours de SVT sur la contraception par exemple , ou à remettre en cause le contenu des cours d’Histoire .

Un temps d’échanges, de mise en commun, de solidarité, aurait pourtant été nécessaire dans cette période si difficile. Mais non, au final l’actualité du confinement et la mise en avant de la peur d’un éventuel attentat vont réduire le périmètre de l’hommage : tout le monde sera de retour en classe dès huit heures, une minute de silence sera certes respectée, une lettre de Jaurès aux enseignants sera lue aux élèves, et on passera à autre chose.

Quant aux conditions sanitaires de la reprise, là aussi on balaye la question rapidement : on mettra en place un nouveau protocole sanitaire « si c’est possible », on laissera une semaine aux établissements pour s’adapter ou pas, le nouveau protocole sera mis en place au 9 novembre, au fond ça n’est pas bien grave. Alors que le pays est confiné, alors que la propagation du virus reprend de plus belle, pour les établissements scolaires on est un peu dans la même logique qu’autrefois dans les discours officiels concernant le nuage de Tchernobyl : il faut croire que le virus du Covid a peur des murs de l’éducation nationale ! À défaut de rester un sanctuaire républicain et laïque , l’École serait devenue un sanctuaire sanitaire, barrière naturelle contre tous les virus !

On pourrait en rire si la situation n’était pas aussi inquiétante.

Donc on acte le fait que pour les écoles les dispositifs sanitaires réactualisés ne seront pas prêts lundi. Il eut été logique de fermer les établissements le temps que tout soit prêt , peut-être une journée, peut-être deux, éventuellement une semaine .

Mais non, on reprend là aussi comme si de rien n’était . Quel est donc le message envoyé au monde enseignant, aux élèves, aux familles ? On confine le pays mais dans les seules écoles on ne change rien ou si peu ! Quel manque de considération ! À moins de deux jours et demi de la rentrée, vendredi soir, en quittant leurs établissements les directeurs et directrices d’écoles, les principales ou principaux de collèges, les proviseurs et proviseuses ignoraient tout encore du protocole sanitaire précis qu’ils allaient devoir appliquer théoriquement dès le lundi.

Impréparation, mépris des enseignants, des chefs d’établissements, des élus locaux abandonnés eux aussi face à leurs responsabilités …les volte-face du ministère de l’éducation nationale ces derniers jours donnent une impression d’improvisation totale et d’amateurisme. Une fois de plus, rien n’était prêt. Consternant. Et pas à la hauteur du soutien que la nation doit aux enseignants en ces heures tragiques.

La Gauche Républicaine et Socialiste ne peut que déplorer de telles conditions de rentrée et apporte tout son soutien aux enseignants de notre pays, décidément bien mal considérés par ce gouvernement.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.