Formation initiale des enseignants : la GRS dénonce une réforme à la hâte et soutient les formateurs

Pas même cinq ans après la réforme de la formation des enseignants élaborée par le ministre Blanquer qui a vu les INSPÉ (Institut national supérieur du Professorat et de l’Éducation) remplacer les ÉSPÉ (École supérieure du Professorat et de l’Éducation), le Gouvernement Attal prévoit une nouvelle réforme qui va créer les ÉNSP (École normale supérieure du Professorat). Qu’on ne s’y trompe pas : les changements de noms n’ont rien d’anodin… Les ÉNSP, c’est En Marche vers le passé ! Après avoir dévalorisé les concours par l’embauche massive d’enseignants contractuels, le Ministère de l’Éducation nationale en arrive à s’en prendre aujourd’hui à la formation universitaire elle-même.

Les deux points principaux de cette nouvelle réforme concernent le passage du concours de recrutement du niveau Master 2 au niveau Licence 3 et la volonté d’avoir un Master plus professionnalisant. Ces deux éléments peuvent se justifier, bien que la diminution des effectifs étudiants de moitié au sein des ÉNSP mette en péril certains sites territoriaux de formation et laisse craindre une diminution du nombre de formateurs.

Alors que les syndicats réagissent plutôt favorablement à la proposition ministérielle, des interrogations persistent sur les changements annoncés : le ministère veut-il abaisser le niveau de la formation pour mieux contrôler les nouveaux enseignants ? Envisage-t-il réellement de recréer des postes d’enseignants ? La Société des agrégés craint que la future formation des certifiés soit « préjudiciable à la qualité du recrutement… Pour remettre le respect de l’autorité et les savoirs fondamentaux au cœur de l’École, la formation initiale doit être disciplinairement solide ». Parmi les formateurs, Didier Delignières estime que « au-delà de la question du positionnement du concours, c’est une évolution profonde de la formation des enseignants qui se joue, et une redéfinition de leurs missions. C’est la perspective d’une École sous contrôle, verrouillée par les prescriptions du ministère, centrée sur l’apprentissage de savoirs fondamentaux, misant davantage sur le formatage des élèves que sur leur émancipation ».

Mais, quel que soit le contenu de la réforme Attal, qui a au moins le mérite de prouver que celle de Blanquer disconvenait et qui est de fait déjugée, elle est menée à la hussarde et au pas de charge, dans le plus total mépris, voire méconnaissance des contraintes des formateurs de terrain. En effet, annoncée en mars 2024, publiée en mai, elle devra être mise en œuvre dès le mois de septembre ! C’est donc en peu de temps et en fin d’année universitaire que les enseignants devront refaire toutes les maquettes de formation (Licence et Master), préparer le contenu du nouveau concours et préparer leurs nouveaux cours, tout en assumant leurs obligations professionnelles (recherche, cours, corrections de copies, soutenances, participation à des jurys, commission d’admission…). En outre, concernant la licence exigée pour se présenter au concours, quelle sera la valeur de ce diplôme si la dernière année n’a été consacrée qu’à la préparation d’un concours. Si le ministère promet une formation en ÉNSP, on peut se demander quel sera le contenu de la formation imposé par l’administration de l’Éducation nationale ; en effet, afin de traiter de la formation des enseignants, le ministère de l’enseignement supérieur était absent le 5 novembre dernier pour la présentation initiale de la réforme quand Gabriel Attal était encore ministre de l’éducation nationale.

Un autre flou persiste : celui concernant la rémunération des futurs enseignants. Ce n’est pas par hasard que le concours avait été repoussé à la fin de Master 2 : cela faisait économiser près de 20 000 postes de fonctionnaires. La même manœuvre avait été réalisée par la droite en 2010 pour des raisons budgétaires identiques. La réforme proposée par le ministère revient à créer 20 000 postes de fonctionnaires stagiaires et à rémunérer pendant une année un nombre équivalent d’élèves fonctionnaires. On voit mal comment cela est compatible avec l’engagement gouvernemental de stabiliser le nombre de postes de fonctionnaires d’ici 2027 ainsi que le budget de l’enseignement scolaire en 2024 et 2025. Avec les récentes annulations de crédits du 21 février dernier, on peine à croire que cette réforme ne soit pas une promesse en l’air.

La Gauche Républicaine et Socialiste dénonce cette précipitation et le caractère imprécis du projet. Un tel niveau de flou à six mois de la mise en application de la réforme, ce n’est pas sérieux et ne peut que nous inquiéter et insécuriser étudiants, formateurs et enseignants.

Céline Piot

Rétablir la priorité à l’école publique, vraiment !

La GRS apporte son soutien à la journée d’action des syndicats enseignants, lycéens et étudiants, soutenue par les parents d’élèves, pour un service public d’éducation digne de ce nom !

L’école publique laïque doit être l’école de la première chance et le premier choix des parents d’élèves.

La GRS est solidaire des revendications des personnels enseignants et non enseignants de l’Education Nationale, pour les salaires, contre les suppressions de postes et pour de meilleures conditions de travail.

Les dotations pour la rentrée 2024 ne permettent pas de mettre en place les politiques nécessaires à la réussite de tous les élèves de la maternelle au lycée.

La baisse démographique aurait dû être une opportunité pour améliorer les conditions d’apprentissage pour les enfants et renforcer les dispositifs adaptés aux plus vulnérables (notamment ceux souffrants de handicaps), mais ce n’est pas le choix qui a été fait. Les sureffectifs d’élèves par classe et le non remplacement de professeurs vont se poursuivre, dégradant toujours un peu plus le niveau et le climat scolaire, accentuant toujours un peu plus les inégalités sociales et territoriales.

L’esprit même de la nouvelle réforme du collège applicable à la rentrée 2024, visant à instaurer des groupes de niveau en français et mathématiques, ainsi que sa mise en place inquiètent. Une fois de plus une réforme est imposée depuis des hauteurs jupitériennes sans prendre le temps de consulter le terrain et d’étudier ses conditions d’application.

La GRS se joint à tous ceux qui exigent que les élèves de l’école publique bénéficient de la meilleure transmission des connaissances et des savoirs.

Elle attend de la Ministre qu’elle tire les conséquences de sa désastreuse prise de poste, et du Gouvernement qu’il prenne enfin les mesures qui sauveront notre Education nationale, parmi lesquelles le retour à des modes de financement qui n’avantagent pas en permanence le privé.

650 postes d’enseignants supprimés à la rentrée dans le premier degré, c’est inadmissible !

Pour former de futurs citoyens libres et éclairés, la meilleure solution c’est l’école publique ! L’argent public doit aller à l’école publique !

Défendre notre cohésion sociale, c’est défendre notre cohésion nationale

Voici notre premier éditorial de l’année nouvelle…

Ce mois de janvier 2024 est marqué par une mobilisation sans précédent, à un niveau rarement vu depuis des années, des agriculteurs.

Ce mouvement paysan a d’ailleurs ses répliques un peu partout en Europe, avec des amorces et des curseurs différents ; à l’échelle nationale ou européenne, la gauche aurait tort d’ignorer ce qui se passe, car si elle n’écoute pas leur colère et qu’elle n’y répond pas, on sait déjà que les démagogues et les entrepreneurs de haine décideront de détourner à leur profit électoral cette révolte : on a vu que c’est ce qui est arrivé voici quelques mois aux Pays-Bas avec l’émergence d’un parti populiste autoproclamé paysan aux élections locales puis la progression du parti d’extrême-droite, le PVV, aux législatives.

Ce serait une grave erreur de ne considérer que la question des exonérations sur le carburant ou celle des contraintes environnementales, car les questions des conditions de revenus et de production, de la qualité de l’alimentation, du libre-échange et plus généralement de la souveraineté alimentaire sont en jeu. Aux côtés de nos camarades de la liste européenne “Reprendre la main en France et en Europe”, nous avons bien raison d’attirer l’attention sur ces réalités ; rappelons-nous de la désinformation médiatique qui avait accompagné les débuts du mouvement spontané des “Gilets Jaunes” avant de (re)découvrir que nos concitoyens ne réclamaient rien d’autre que des services publics, l’égalité républicaine, l’égalité territoriale.

Gardons aussi intacte notre boussole républicaine :

Dans cette affaire, comment ne pas voir l’hypocrisie malsaine d’un Bruno Retailleau ou encore d’un Gérald Darmanin légitimant la violence qui parfois a pu accompagner certaines des actions des agriculteurs quand ils n’ont de cesse de fustiger toutes les autres violences dans les mouvements sociaux, ou dans les émeutes de l’été dernier, pour transformer en soi les mécontents et les révoltés en ennemis irréductibles de la République. Leur seule boussole c’est ce qu’ils croient être leur intérêt électoral, considérant que c’est là leur électorat supposé captif qui agit : rien à voir avec l’intérêt général, rien à voir avec la République.

Nous sommes convaincus que les Français en ont assez de la violence qui monte dans la société comme dans le débat politique.

Et les débuts du gouvernement Attal sont déjà une forme renouvelée de violence à leur égard, tant le mépris social des ministres s’affiche désormais sans fard et de manière décomplexée ; de la ministre de la santé – qui explique que celle-ci ne peut pas être gratuite alors que les Français modestes voient croître depuis des années la note des franchises – à la ministre de l’éducation – qui prétend apitoyer la France sur son sort de grande bourgeoise fuyant dans le privé (et pour un lycée réactionnaire) ce qu’elle présente comme la dégradation de l’école publique dans un quartier ultra-privilégié, alors que nos concitoyens voient tous les jours les effets destructeurs du macronisme sur l’éducation nationale. Nous combattrons avec force la première et ses collègues ; la seconde doit plus que jamais démissionner.

“Les Français n’ont jamais eu autant besoin de République sociale !” – Emmanuel Maurel sur France Info, 14 janvier 2024

Alors que Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, vient d’effectuer son 5ème déplacement en cinq jours, Emmanuel Maurel, député européen (groupe GUE/NGL), estime qu’Emmanuel Macron “fait joujou au remaniement”“Je remarque que dans cette atmosphère de fin de règne, à défaut d’avoir du pouvoir sur les choses, Macron, ce qu’il aime c’est avoir du pouvoir sur les gens. Ne va rien changer”. Il fustige également le Premier ministre : “Il ne fallait pas attendre d’être Premier ministre pour aller au contact des Français”

Quant à l’annonce de 32 milliards d’euros pour l’hôpital public, Emmanuel Maurel la qualifie “d’arnaque totale”. “C’est prévu depuis cinq ans, c’est un plan pluriannuel de financement de l’hôpital public, il n’y a rien de nouveau. (…) Attal habille avec de jolies phrases une réalité politique qui n’est pas jolie du tout”, a-t-il ajouté. “Ce remaniement, c’est beaucoup de bruit pour rien, résume le député. (…) Je pense que les Français ne sont pas dupes de ce qu’il se passe, et ce qu’il se passe, c’est que c’est la même politique avec les mêmes”.

Amélie Oudéa-Castéra “ment”

Après la sortie d’Amélie Oudéa-Castéra sur l’école publique, Emmanuel Maurel a invité la ministre de l’Éducation à démissionner. “D’abord, je pense qu’elle a menti. (…) Elle habite au cœur de Paris, dans le 6e, et elle nous explique (…) que l’école publique ne va pas bien dans ce quartier ultra privilégié. Ce n’est pas vrai”, introduit le député. “Elle est là pour s’adresser aux enseignants (…), aux parents d’élèves (…) et qu’est-ce qu’elle fait ? Elle est dans le dénigrement. En tant que parent d’élève d’enfants qui sont dans le public et en tant que fils d’enseignants, je me suis sentie insulté”, ajoute Emmanuel Maurel. 

Par ailleurs, il estime qu’Amélie Oudéa-Castéra ne pourra pas assumer son “super-ministère”, qui cumule Sports, Jeux olympiques et Éducation. “L’Éducation nationale c’est un job à plein temps, c’est énorme”.

Reprenons la main en France et en Europe

Il a enfin rappelé un engagement logique aux côtés de Fabien Roussel et de la liste de rassemblement à gauche conduite par Léon Deffontaines : “Avec Fabien Roussel et Léon, nous défendons une gauche de tous les jours de la vie qui n’a pas oublié ses fondamentaux laïques. Et sur l’Europe on veut retrouver plus de souveraineté

Avec la crise sanitaire, on avait dit qu’on allait relocaliser. Et là on veut nous faire avaler un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande !?! Dans cette campagne des élections européennes, on va démasquer les hypocrites !” Or pour peu qu’on en ait la volonté, nous avons bien des marges de manœuvres : “On peut sortir du marché européen de l’électricité pour profiter du mix énergétique français qui est plus écologique…”

Mme Oudéa-Castera doit démissionner

Après Pape Ndiaye qui avait inscrit ses enfants à l’école alsacienne, la Macronie nous offre un nouveau scandale, pire que les précédents, qui démontre son mépris pour l’école publique et nos principes républicains Liberté-Egalité-Fraternité.
Le choix de la nouvelle ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des jeux olympiques et paralympiques d’inscrire ses enfants au collège-lycée Stanislas, établissement privé catholique situé dans le 6ème arrondissement, était déjà en soi douteux.

Mais la tartufferie de la ministre est allé plus loin… En effet, pour justifier son choix d’évitement scolaire, Mme Oudéa-Castéra a expliqué qu’elle avait été effrayée pour ses enfants par l’état du collège public et, selon elle, par la situation catastrophique du collège de secteur concernant le remplacement des professeurs absents et la volonté d’offrir à ses enfants un établissement où ils trouveraient “sécurité”, “fondamentaux” et “amis”. Les Français connaissent effectivement les difficultés majeures que subit le collège public après plus de 20 années d’abandon et de sous-investissements par la plupart des gouvernements qui se sont succédés. Cette situation s’est d’ailleurs aggravée depuis 2017 : le manque de remplaçants, titulaires, formés est directement la conséquence de la politique de la majorité présidentielle qui n’a eu de cesse de retirer des moyens au second degré… On sait que M. Attal et Mme Oudéa-Castera avaient encore l’intention de poursuivre les mêmes orientations, ce qui amplifiera le problème.

Or dans l’école Littré ou les collèges Prévert et Montaigne de l’arrondissement considéré où les enfants de la ministre auraient pu suivre leur scolarité dans le public, non seulement il n’y a pas de préoccupation en matière de “sécurité” mais il y a peu voire pas du tout d’inquiétudes en termes de remplacement d’enseignants absents. Diverses études ont déjà démontré à plusieurs reprises que les dotations allouées au plus mauvais collège parisien étaient supérieures à celles allouées au meilleur collège de Seine-Saint-Denis.
Cette inégalité sociale au sein de l’école publique ne suffisait sans doute pas à Mme Oudéa-Castera. La ministre a donc menti en toute connaissance de cause et le mensonge de la ministre vise à maquiller son mépris pour les élèves, leurs parents et leurs enseignants : c’est effectivement ainsi qu’il faut sans doute entendre sa volonté d’offrir à sa progéniture avec le collège Stanislas “amis” et “fondamentaux”. C’est le choix de l’entre-soi bourgeois.

Face à ce mensonge indigne d’une ministre de l’éducation nationale, nous demandons avec solennité la démission de Mme Oudéa-Castera.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte tout son soutien aux enseignants et aux agents publics des établissements scolaires qui ont été ainsi mensongèrement dénigrés par la ministre ; elle veut également témoigner de sa solidarité pour l’ensemble des enseignants et des agents de l’éducation nationale qui ne méritent pas de subir une telle ministre.
Malgré les baisses de moyens dont ils sont victimes, ces fonctionnaires agissent sans relâche et avec dévouement pour offrir un enseignement de qualité, en sécurité, ils transmettent aux élèves malgré les difficultés les enseignements indispensables au développement de leur esprit critique (tout le contraire du collège Stanislas), et ils le font pour tous les milieux sociaux, ce qui n’est pas le cas des établissements privés.

Il faut un(e) autre ministre et une autre politique… L’éducation nationale a besoin d’un(e) ministre à plein temps qui agisse pour répondre à ses véritables défis que sont la fin de la ségrégation sociale et le retour à la réussite scolaire pour tous.

#UGR2023 : Education, priorité de la Nation – vendredi 6 octobre 2023

Depuis trop d’années, l’école publique, laïque et républicaine est la cible d’attaques organisées. Si bien que le prof-bashing est devenu un sport national alimenté par le Ministre de l’Éducation lui-même. La réalité des salles de classes, des établissements scolaires, d’une profession en souffrance qui s’est paupérisé en 30 ans, du sous-financement des établissements et de l’incohérence des politiques mises en œuvres n’est lue nulle part, entendue nulle part.

Comment redonner envie aux acteurs de s’investir pour redresser la situation et refaire de l’école publique une fierté nationale ?

Ce débat s’inscrit dans la série “Déconfinons le Débat” et se tenait le vendredi 6 octobre 2023 à Rochefort à 17h00, avec Pierre Ouzoulias, vice président communiste du Sénat, Eddy Khaldi, président des DDEN, et Isabelle Amaglio-Térisse, conseillère municipale et communautaire de Sartrouville et co-présidente des Radicaux de Gauche – LRDG. Il était animé par Hugo Guiraudou, directeur de publication du Temps des Ruptures et membre de la direction nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste.

L’Éducation nationale doit redevenir une véritable priorité nationale

Cette Journée Mondiale des Enseignants est l’occasion pour la Gauche Républicaine et Socialiste de rappeler que l’école de la République connaît une crise sans précédent avec un manque conséquent d’enseignants et une dégradation de leur métier toujours plus alarmante : nombre d’heures de cours ne sont toujours pas remplacées, faute d’enseignants remplaçants.

Cette situation est inacceptable pour un pays qui compte parmi les plus riches du monde. Les salaires des professeurs français sont parmi les plus faibles d’Europe de l’ouest. Une partie des problèmes qui touchent l’école française est liée à cette précarisation grandissante des professionnels de l’Éducation nationale, à qui l’on délègue pourtant de plus en plus de missions – intégration, cohésion nationale, sentiment d’appartenance nationale – autrefois dévolues à d’autres institutions. Nous refusons que l’école devienne une entreprise et l’éducation une marchandise. Voilà qui serait tout bonnement insupportable !

Enfin face à la résurgence de l’obscurantisme, du rejet de la science et des tentations anti-républicaines, nous devons armer l’école et ses acteurs pour qu’elle redevienne un pilier puissant de l’émancipation républicaine : La formation des professeurs à la laïcité est à ce titre essentielle et la diffusion des valeurs de la République chez les jeunes également. Cette dernière ne doit pas être un catéchisme républicain surplombant, mais elle doit se vivre quotidiennement au sein même de l’école. Cet effort constant doit être soutenu par le retour de l’éducation populaire laïque dans nos quartiers, dans nos bourgs et villages, grâce à un engagement massif de la puissance publique.

Pour une École de la République qui retrouve toutes sa puissance et ses lettres de noblesse, ainsi qu’un service public digne de ce nom, la Gauche Républicaine et Socialiste propose, parmi ses mesures phares :

  • Plusieurs milliers de recrutements d’enseignants seront planifiés et un plan de construction et d’amélioration des établissements publics et de leur équipement sera lancé ;
  • Pour y parvenir, nous transformerons le recrutement et la formation des enseignants : remplacer les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation par des Écoles normales du primaire et du secondaire rétablissant deux années pleines de formation (plus professionnalisante), avec un volet laïcité/civisme renforcé, et une réelle formation professionnelle continue tout au long de leur carrière ;
  • Dans le même objectif et pour rétablir une situation intolérable au regard de nos voisins européens, les salaires doivent être augmentés de 30% sur 5 ans et nous mettrons fin définitivement au gel du point d’indice de la fonction publique (les rares et récentes progressions ont été inférieures à l’inflation) ;
  • Nous soutiendrons les personnels de l’Éducation nationale en réduisant la précarité statutaire et salariale des AESH, en renforçant leur formation et leurs effectifs ;
  • Sur la base d’un engagement à servir l’État pendant 10 ans, nous proposons que les étudiants soient faits fonctionnaires et donc rémunérés dès le début de leurs études ;
  • Nous voulons créer des postes d’enseignants spécialisés en surnuméraire et mobiles dans toutes les écoles avec comme objectif un engagement pour 100% d’élèves sachant lire, écrire et compter de leur entrée en 6ème.

Rentrée scolaire : le miroir aux alouettes de Gabriel Attal

Le “tout nouveau” ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a choisi un mode de communication tonitruant pour sa première rentrée scolaire, sans doute pour faire oublier l’effacement et l’inaction de son prédécesseur à la Rue de Grenelle. Mais une communication politique décomplexée n’est pas une politique. Encore moins une réponse à la hauteur des défis auxquels sont confrontés le service public d’éducation nationale, les enseignants, les élèves, les étudiants et les familles, dans un contexte général qui a rarement été autant dégradé.

Certes, le détricotage de la “réforme Blanquer” du Bac est une bonne nouvelle. L’exécutif revient enfin à la raison, après avoir dénigré pendant deux ans la quasi unanimité des professeurs et des parents d’élèves qui, eux, avaient anticipé les dégâts et alerté.

Mais cet aveu d’échec ne dit rien des modalités d’application, et ne change rien à la pérennisation du calamiteux logiciel Parcoursup, dont il a été démontré que les algorithmes, nationaux et locaux, aggravaient les inégalités d’accès aux études supérieures.

Nous devons engager la Nation dans une mobilisation générale pour l’égalité à l’école, assise sur la gratuité, la mixité scolaire et la la continuité du service public, partout et pour tous :

  • Comment peut-on encore parler de gratuité quand rien n’a été fait pour contenir l’explosion des prix des fournitures scolaires depuis deux ans, insuffisamment compensés par les collectivités locales, elles-mêmes dotées de moyens inégaux ?
  • Comment peut-on parler de mixité scolaire quand le gouvernement abandonne la question de la carte scolaire et s’accommode de la concurrence déloyale de l’enseignement privé (très majoritairement confessionnel et catholique) ?
  • Comment parler de continuité du service public d’éducation quand les “mesures-phare” de Gabriel Attal – remplacement des professeurs de secondaire absents par des enseignants d’autres disciplines et recrutements de contractuels sans aucune garantie de compétences – répondent plus à une logique de garderie d’adolescents qu’à l’exigence d’une instruction de qualité et de respect des programmes scolaires ? Quant aux écoles maternelles et élémentaires, rien n’a été fait, ni prévu ni annoncé, pour les remplacements d’absences, faute d’une action sérieuse et de long terme sur les effectifs.

Dans l’enseignement supérieur, la paupérisation des étudiants, toujours aussi nombreux dans les filles d’attente des banques alimentaires depuis la crise sanitaire, témoigne du même bilan accablant.

Deuxième prise de conscience positive après l’échec du bac formule Blanquer : l’annonce par le ministre de mesures rappelant l’interdiction des vêtements religieux en milieu scolaire. L’École doit rester laïque et ne saurait tolérer aucun prosélytisme en son sein. Cette décision soutiendra les responsables d’établissement confrontés à ces phénomènes.

Mais l’engagement laïque ne masque pas le désengagement financier. Les enseignants français sont parmi les plus mal payés de l’OCDE, les investissements demeurent dramatiquement insuffisants, et le refus d’accroître la mixité sociale dans le privé (qui avait même reçu le soutien de l’Élysée contre le prédécesseur de M. Attal) montre que ce pouvoir n’a que faire des principes qui ont fondé notre école.

La Gauche Républicaine et Socialiste assure de sa mobilisation et de sa solidarité l’ensemble des acteurs – les parents d’élèves, les enseignants et leurs syndicats notamment, mais aussi élèves et étudiants – pour obtenir du Gouvernement et de l’État les décisions concrètes, le soutien et les moyens indispensables qu’exige une ambition républicaine pour l’éducation nationale.

“L’urgence, c’est la crise générale de l’éducation” : après les émeutes, l’entretien croisé Bellamy–Maurel dans Marianne

entretien publié dans Marianne le 27 juillet 2023 – Propos recueillis par Louis Nadau et Soazig Quéméner

Il n’existe pas de lecture simple des émeutes et des pillages survenus à la fin du mois de juin sur notre territoire. Partant de deux analyses très éloignées – le poids de l’immigration d’un côté, la question sociale de l’autre –, les deux eurodéputés François-Xavier Bellamy (LR) et Emmanuel Maurel (gauche) convergent dans cet échange sur une nécessaire reprise en main de l’école, sans forcément avoir les mêmes solutions.

Marianne : Il y a un mois, la France était secouée par une vague de violences et de pillages… Comment qualifieriez-vous ce qui nous est arrivé ?

François-Xavier Bellamy : On ne peut pas ne pas voir que la population qui s’est soulevée est une population très majoritairement connectée au phénomène migratoire à une, deux ou trois générations. Trois générations dont, dans le contexte de faillite massive de l’intégration que notre pays connaît, beaucoup restent à distance d’une identité française qu’ils n’ont pas rejointe. Le deuxième phénomène qui est lié à cette crise d’intégration, c’est l’échec, la faillite de l’école.

Emmanuel Maurel : Il y a des raisons très claires à ce problème d’intégration. Si des politiques ou des pratiques de logement consistent à parquer tous les mêmes gens précaires au même endroit, forcément… En revanche, je ne suis pas d’accord avec le lien entre émeutes et immigration. Pourquoi ? Parce qu’on parle de gosses de 13 ou 14 ans qui sont français, dont les parents sont français, et dont même les grands-parents parfois sont français. J’observe enfin que ceux qui se sont livrés à ce bordel, ce vandalisme et cette violence, sont aussi, la plupart du temps, les enfants des travailleurs qui étaient en première ligne pendant le Covid.

F.-X.B. : Je ne dis pas que les gamins qui ont fait ça ne sont pas français, mais le fait est qu’ils ne se définissent pas comme tels. C’est là où il y a une faillite, que je ne leur impute pas – ce qui, sans doute, me rendrait suspect aux yeux de gens qui reprocheront immédiatement l’excuse sociale au premier qui essaye de ne pas dessiner un monde en blanc et noir. Ce qui s’est passé est un gigantesque acte d’accusation contre les faillites de l’école, qui ont créé le terreau de la fracturation communautariste. Mais si on continue avec un tel flux d’accueil, de nouveaux arrivants tous les ans, il n’y a aucune chance qu’on arrive à recréer la conscience d’appartenir à une nation commune.

E.M. : Je suis comme vous, je souffre quand je vois des enfants qui ne se sentent pas français, voire qui rejettent la France. Mais attention aux théorisations et aux généralisations à l’emporte-pièce. N’oublions jamais qu’il y a un élément déclencheur dans ces émeutes : la mort d’un jeune homme à l’occasion d’un contrôle policier. Ces gosses dont on parle se réinventent une identité aussi parce qu’ils se sentent discriminés, rejetés, qu’ils sont victimes de racisme. Quoi qu’il en soit, je pars du principe que la République doit aimer tous ses enfants. Même ceux qui disent « nique la France ». D’ailleurs, face au rapport à la France, si j’étais un peu taquin, je dirais que le riche qui planque son pognon dans les paradis fiscaux, il n’aime pas plus la France que les émeutiers.

F.-X.B. : Je suis absolument d’accord…

E. M. : Donc, ce patriotisme, tout le monde devrait contribuer à le renforcer, pas seulement les pauvres de banlieue d’origine étrangère. Les défaillances de l’intégration, le communautarisme qui est ­incontestable, sont aussi un résultat de la mondialisation capitaliste et de l’atomisation néolibérale qui cassent les repères, qui cassent l’État social, qui démantèlent les services publics et qui font que les gens, à un moment, se retrouvent seuls. Il y a une logique à l’œuvre derrière tous ces phénomènes de réinvention identitaire fantasmée. Parce que le petit gosse qui dit « je suis marocain », il n’a pas du tout envie d’aller vivre au Maroc.

Le gouvernement a réclamé le retour de l’autorité parentale…

E.M. : Il y a une crise générale de l’éducation qui ne se limite pas à celle de l’autorité parentale. La réponse du gouvernement est très insuffisante : le problème, ce n’est pas juste que les parents ne savent pas tenir leurs gosses. C’est que l’école n’est plus un sanctuaire, mais un lieu où les contradictions de la société, sa violence, s’invitent. Quand on ajoute à cela le fait que le métier d’enseignant est dévalorisé, mal payé, de plus en plus difficile… Je ne ferai jamais de procès aux instits, aux enseignants, au personnel de l’Éducation nationale, des gens qui sont payés 1 500 balles, qui ont en face d’eux tous les problèmes de la société, et à qui on ose dire : « C’est à vous de trouver la solution. » Je reviens sur une chose qui me paraît bien plus grave : la sécession des riches à l’école. C’est symptomatique du dysfonctionnement complet des élites dirigeantes. Ceux qui viennent disserter sur les plateaux de l’autorité parentale et de la crise de l’école sont ceux-là mêmes qui, comme ils disent, ont « mis leurs enfants à l’abri » ! Donc, évidemment qu’il y a des impératifs de mixité à réhabiliter et une politique éducative à refonder. Tout ça mériterait qu’on prenne le temps de réfléchir, qu’on remette tout à plat, qu’on se dise les choses et qu’on n’occulte rien.

« La République doit aimer tous ses enfants. Même ceux qui disent ‘nique la France’. D’ailleurs, face au rapport à la France, si j’étais un peu taquin, je dirais que le riche qui planque son pognon dans les paradis fiscaux, il n’aime pas plus la France que les émeutiers », Emmanuel Maurel

F.-X.B. : Oui, l’école ne resterait pas une minute dans l’état où elle est si les ministres, les parlementaires, les chefs d’entreprise et les journalistes n’avaient pas d’échappatoires pour scolariser leurs enfants. Je ne leur reproche pas de vouloir que leurs enfants puissent bénéficier de la meilleure éducation possible. Mais le problème, c’est d’accepter que les enfants des autres en soient privés. En revanche, si la mondialisation a bien eu des effets dévastateurs, ce n’est pas elle qui a cassé l’école. C’est une idéologie qui condamnait l’héritage et l’idée même de l’appartenance à la nation, au motif qu’elle empêchait l’émancipation de l’individu. Qui condamnait la transmission parce qu’elle engendrait de la ségrégation. Je ne blâme pas les professeurs, à qui on a volé le métier : on leur a expliqué que l’élève doit produire ses propres représentations du monde, qu’il faut qu’il écrive son histoire, sa vie, qu’il n’y a aucune raison d’imposer à quelqu’un un carcan culturel. C’est cette dérive qui est en cause.

Pourquoi vos familles politiques respectives ont-elles du mal à produire un discours qui prenne en compte l’ensemble des causalités de ces émeutes ?

E.M. : C’est normal qu’en tant qu’homme de gauche je n’aie pas forcément la même vision de la société qu’un homme de droite, même si nous avons en commun la conviction qu’il faut sortir le pays du marasme. Simplement, nous n’avons pas la même grille de lecture sur les aspects économiques, sociaux et territoriaux de la crise, et donc des solutions à apporter. En revanche, je reconnais la nécessité de renforcer la loi et l’ordre, tout en améliorant les politiques d’intégration.

La nécessité de mettre de l’ordre, ce n’est pas exactement le discours qui a été celui de la force majoritaire à gauche, La France insoumise.

E.M. : D’accord, mais les électeurs de gauche et de nombreux partis de gauche étaient pour qu’on appelle au calme. Les principales personnes qui sont pénalisées par le désordre, ce sont les gens qui vivent dans les quartiers en question. Ce qui compte, c’est de tracer une perspective progressiste, c’est-à-dire comment on fait pour remettre du service public ? Quelles réformes dans la police et la justice ? Quelles réponses à la crise éducative ? Comment on casse les ghettos ? C’est ça qui est intéressant. Et pour l’instant, le gouvernement n’a rien dit du tout là-dessus.

F.-X.B. : Il faut améliorer tout ce qui doit l’être dans la police. Il y a certainement des choses qui dysfonctionnent, mais je suis révolté de voir que des élus sont capables de reprendre à leur compte des slogans aussi lamentables que « Tout le monde déteste la police » ou bien « La police tue, la police assassine ». Il n’y a pas un policier de France qui se lève le matin en disant : « Je vais aller tuer un jeune aujourd’hui pour le plaisir. » Et s’il y avait du racisme structurel dans la police, honnêtement, le pays ne serait pas dans l’état où il est aujourd’hui. Le sujet, c’est aussi la justice. On est l’un des pays d’Europe qui sous-financent le plus sa justice. L’état de la justice contribue à ce que des policiers, et je ne les excuse pas pour autant, considèrent qu’ils sont les agents d’une sorte de justice immanente, parce que les gens qu’ils arrêtent, finalement, ne seront pas réellement sanctionnés.

Je regrette par ailleurs que certains à droite pensent qu’on s’en sortira en mettant de la police partout, des caméras vidéo de surveillance, en rentrant dans une vraie société policière. On ne mettra pas un policier derrière l’épaule de chaque Français. Donc, à la fin, la clé est toujours éducative. Ces gamins-là subissent une discrimination majeure qui est qu’ils sont ceux qui payent le prix fort de l’échec de l’école. Aujourd’hui, la France est un pays rempli d’opportunités. Si on ne veut pas vivre dans la misère, on n’y est pas condamné, à condition d’avoir reçu, et c’est là où je reviens à la question scolaire, des connaissances fondamentales et une culture en héritage. Cela a été la grande folie de nos dirigeants de considérer que l’école devait d’abord donner des compétences professionnelles aux enfants.

E.M. : Ce que vous dites est à rebours de tout le discours de la droite depuis 30 ans.

F.-X.B. : De la gauche aussi. Mais je suis d’accord, la droite n’a pas été à la hauteur sur le sujet. La clé, c’est de donner aux enfants une culture générale essentielle qui leur permette justement ensuite de trouver leur place dans la vie de la société, y compris, mais pas seulement, dans la vie économique. C’est le seul sujet qui devrait compter aujourd’hui.

Les Jeudis de Corbera – Réussite pour tous : en finir avec la ségrégation scolaire ! – 20 avril 2023

Jeudi 20 avril 2023, à 19h, se déroulait la deuxième session des Jeudis de Corbera.

La mixité sociale concoure à la réussite scolaire du plus grand nombre. Comment peut on la faire progresser ? Bon nombre d’établissements scolaires privés sont particulièrement homogènes socialement et bénéficient de financement public. Comment changer ces mécanismes de ségrégation ?

C’est le sujet sur lequel la Gauche Républicaine et Socialiste a invité Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine, et Damien Vandembroucq, coordinateur GRS Paris, à débattre et échanger, dans une session animée par Carole Condat.

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