Faire reculer le RN et rassembler les Français – UGR24 – dimanche 13 octobre 2024

Est-il encore temps de faire reculer le RN ? La Gauche est aujourd’hui au pied du mur : Construire un projet qui réponde aux grands enjeux d’aujourd’hui et de demain comme aux problèmes quotidiens des Français et des Françaises – unir ses forces dans la durée renouer avec le monde du travail et rassembler tous les Français.

AVEC

Pierre JOUVET
Député européen – secrétaire général du PS – conseiller départemental
Christian PICQUET
Membre de la direction nationale du PCF
Jean Marie CADOR
Parti des travailleurs hongrois 2006
Gilles NOËL
Maire de Varzy (58) – Vice-président national de l’Association des Maires Ruraux de France
Sophie CAMARD
Maire GRS du 1er secteur de Marseille
Dominique CHARNASSÉ
Ancien cadre du Secrétariat Général aux Affaires Européennes –
responsable national de l’Engagement
Présidence/Animation
Catherine COUTARD
Vice-présidente du MRC

Allemagne : Minuit moins le quart

Voici les nouveaux résultats pour les élections en Thuringe et en Saxe, deux régions d’Allemagne de l’Est qui votaient aujourd’hui. La participation fut convenable. C’est en Thuringe un triomphe pour le parti d’extrême droite AfD, premier avec 33,4%.

L‘AfD menée ici par Björn Höcke n’est pas comparable au RN ou à Fratelli d’Italia de Meloni : c’est beaucoup plus radical, assumant d’être catalogué « néofasciste » par la justice allemande, et « catégorie S » par les services de sécurité intérieur. Björn Höcke assume avoir milité jeune dans un groupe néonazi et avoir des candidats néonazis.

Aucun autre parti ne souhaite s’associer avec eux. Mais ayant obtenu 33,4% des suffrages ils obtiendrons plus de 33% des sièges et auront un rôle de blocage, ainsi que la présidence du parlement du Land. L’AfD vient d’annoncer qu’ils regarderaient très en détail les nominations de juges et enseignants – compétence parlementaire et qu’ils peuvent bloquer avec le niveau qu’ils ont atteints.

En Saxe, les chrétiens démocrates de la CDU sont de justesse devant. Mais là aussi l‘AfD va jouer un rôle important.

Dans les deux régions, les Linke, le parti issu des anciens communistes de l’Est (le SED, puis le PDS), s’effondrent. En Thuringe, la popularité du président de la région, issu des Linke, n’a rien pu empêcher. En Saxe, les Linke manquent le score minimum de 5% mais vont gagner directement deux circonscriptions à Leipzig, illustrant à merveille l’impasse de la stratégie qu’ils ont choisi depuis quelques années et que suit également La France Insoumise en France. Ils sauveront une présence minimum au parlement. Les écologistes ont le même problème : vote urbain bourgeois, ils sont ratiboisés en Saxe mais emportent les deux autres circonscriptions de Leipzig.

C’est le nouveau parti de Sahra Wagenknecht, BSW, gauche conservatrice sur les questions sociétales, qui emporte l’électorat abandonné par les Linke, empêchant leur dérive vers l‘AfD. Sans le BSW, l‘AfD serait au dessus de 40%.

Sahra Wagenknecht, fondatrice du parti Alliance Sahra Wagenknecht (Bündnis Sahra Wagenknecht, BSW), en meeting le 29 août dans la ville d’Erfurt, capitale du Land de Thuringe. © Martin Schutt/AP/SIPA

La coalition au gouvernement à Berlin est sanctionnée lourdement. En Thuringe, où le FDP local (le parti libéral allié à Renaissance) avait un temps fait alliance avec l’AfD de Höcke, ils sont balayés, seulement 1,2%. Les libéraux ne serons plus représentés. Le SPD est le parti qui résiste sur un socle très bas. En Saxe, la coalition gouvernementale rassemble 15%, les libéraux n’aurons pas de sièges, les écologistes en sauvent deux à Leipzig, le SPD revient de très loin…

Rappelons qu’à Berlin gouverne, plutôt mal que bien, la coalition rêvée d’Emmanuel Macron : un social-démocrate libéral comme Chancelier, un ministre des finances libéral-centriste, des verts libéraux. C’est un désastre.

La CDU a annoncé dès ce soir vouloir établir un front républicain avec un cordon de protection contre l‘AfD. Il a donc proposé une coalition à l’alliance de Sahra Wagenknecht. Celle-ci l’a accepté, écartant catégoriquement toute collaboration avec l’AfD « néofasciste ». En Thuringe, les Linke soutiendrons, en Saxe, le SPD serait d’accord.
Mais cette alliance va devoir traiter au fond les échecs de la République fédérale allemande depuis 2003 et l’agenda 2010 de Schröder, suivi des années erratiques et sans investissement d’avenir d’Angela Merkel, dont le gouvernement actuel paye les factures cachées, guerre Russie-Ukraine incluse.

Regarder les réalités en face, c’est reconnaître l’absurdité de la règle d’or, la profonde injustice de la répartition de la prospérité des années 2009-2019 et les profonds traumatismes des années 2015-2023, avec deux vagues de réfugiés d’un million de personnes chacune, suscitant plus de solidarité que les 17% de pauvres, dont 10% de salariés pauvres, mais aussi la crise du Covid et l’impact de l’inflation sur les ménages populaires.

Pendant ce temps, les grandes entreprises augmentent leurs dividendes selon un modèle que nous avons observé en France : il conduit à la perte de l’industrie, des inégalités, et l’asphyxie des services publics.

Il est minuit moins le quart.

Fin septembre, la région du Brandebourg, qui encercle Berlin, est la prochaine à voter.

Mathias Weidenberg (GRS, Berlin)

Fake news et violence séditieuse : la « nouvelle » stratégie de l’extrême droite anglaise

Une vague d’émeutes racistes secoue actuellement l’Angleterre. Il est important de rappeler le fait divers originel sur lequel elles ont pris appui : un adolescent de 17 ans dérangé psychologiquement, né à Cardiff au Pays de Galles de parents rwandais, chrétien, attaque au couteau un cours de danse et tue trois fillettes de 9 et 10 ans, blessant d’autres et deux adultes. Arrêté, il est rapidement transféré en asile psychiatrique, la police ne relève aucune motivation terroriste. L’extrême droite anglaise a alors répandu la rumeur, depuis le compte X Europe Invasion et le portail Channel 3 Now, selon laquelle les autorités cacheraient la véritable identité du meurtrier ; selon les fake news qu’elle diffuse, l’auteur est un migrant musulman arrivé illégalement par bateau.

Ces fausses informations que la nébuleuse ultra-nationaliste anglaise sait inventées de toute pièce lui servent de prétexte au déclenchement de plusieurs attaques simultanées en différents point de l’Angleterre (Londres, Manchester, Hartlepool, Aldershot) contre tout ce qui ressemble à des migrants ou des musulmans. De nombreux commerces sont pillés par des attroupements répondant à des slogans « suprémacistes blancs » et de l’extrême droite anglaise : « Nous voulons récupérer notre pays ! Anglais jusqu’à la mort ! » La police a empêché le pire au prix de près de 70 blessés dans ses rangs et a procédé jusqu’ici à 378 arrestations. L’état d’urgence est déclaré dans les villes touchées. Il y a des endroits où les militants anti-racistes se défendent physiquement contre des milices racistes pour protéger des commerces pakistanais ou des hôtels d’hébergement pour réfugiés. Dans certains quartiers visés les populations se constituent en milices d’autodéfense déterminées à s’opposer aux attaques racistes.

Le mode opératoire est commun à toute l’extrême droite européenne cherchant par la manipulation de faits divers à déstabiliser les démocraties. Chemnitz en Allemagne en 2018 avait été le théâtre d’un spectacle lamentable tout aussi peu spontané que les violences actuelles. Peu importe qu’en 2018 la victime fut binationale et antifasciste, peu importe qu’en 2024 le fait divers dramatique servant de prétexte ait été perpétré par un non musulman né au Royaume Uni, les calomnies, les rumeurs et les mensonges, répandus y compris par le PDG de X/Twitter1, amplifient ce qui sans l’intervention ferme des forces de l’ordre auraient abouti à de véritables pogroms modernes.

Le choix de déclencher aujourd’hui des affrontements n’est pas anodin : le parti travailliste vient à nouveau d’accéder au pouvoir avec une majorité écrasante qui doit beaucoup à la déréliction des Tories. Il y a quelques semaines un jeune homme a tué toute sa famille à l’arbalète : l’extrême droite n’a pas tenté alors de déclencher des émeutes. L’assassin était blanc mais le procédé de la rumeur ne procède pas de cette manière. Dans la situation présente, la réalité n’a pas empêché l’extrême droite anglaise de dénoncer sans preuve pour déclencher les violences actuelles d’incriminer des réfugiés du Moyen Orient totalement étrangers à l’affaire. Il s’agit en réalité de mettre en cause la capacité du Labour à assurer la tranquillité publique presqu’un mois après son accession au pouvoir (donc maintenant qu’il a tous les leviers en main) : soit en l’accusant de protéger des « assassins étrangers », soit en démontant son incapacité à rétablir l’ordre ou à protéger les « vrais » Anglais.

Il faut inlassablement combattre ceux qui pillent, saccagent, brûlent, pour terroriser ceux qu’ils haïssent par racisme exacerbé. Nous apportons notre soutien aux victimes de ces émeutes et invitons le gouvernement britannique à la plus ferme sévérité contre leurs auteurs. Quand l’extrême-droite française se prétendra le parti de l’ordre, il faudra lui rappeler comment ses amis ont mis à sac des quartiers entiers à travers toute l’Angleterre.

Les limites du modèle communautaire anglo-saxon apparaissent d’autant plus saillantes. Ceux qui, en France, idolâtrent ce mode de fonctionnement, persuadés que d’hypothétiques minorités jouissent supposément de plus de droits, doivent se rendre compte que cela aboutit au conflit de tous contre tous.

C’est aussi 12 années de politique austéritaire des conservateurs qui ont provoqué le divorce d’une partie des classes populaires et des classes moyennes avec le modèle de société libéral démocratique, qui réduit les droits sociaux et syndicaux, maintiens les salaires bas et s’attaque aux services publics. Les migrants servent ici à nouveau de boucs émissaires, instrumentalisés déjà par les conservateurs pour faire voter le Brexit : la droite britannique porte une lourde culpabilité par son irresponsabilité au pouvoir pendant 12 ans.

Nous avertissons enfin les factieux français qui voudraient se livrer à de telles exactions : ils trouveront tous les Républicains sur leur chemin. Nous ne laisserons pas importer les émeutes communautaires et nous protégerons tous les citoyens de ceux qui veulent les exclure de la seule communauté que nous reconnaissons, celle de la République.

La République cependant ne pourra être défendue par les Français qu’à la condition que sa promesse sociale, ancrée dans notre constitution, soit mise en actes. Nous mettons en garde les amis idéologiques des conservateurs britanniques d’importer en France les recettes budgétaires et économiques qui ont créé les conditions sociales de cette crise.

La République sociale se défendra contre tous ses adversaires !

Mathias Weidenberg, Augustin Belloc et Frédéric Faravel

1Elon Musk a twitté « la guerre civile est inévitable » : https://x.com/elonmusk/status/1819933223536742771 ; il y a quelques semaines il avait fait rétablir le compte d’un des militant suprémacistes considéré comme l’instigateur des émeutes actuelles.

6 juin 1944 / 6 juin 2024 : loin des rituels, pour une véritable lutte contre l’extrême droite

Le 6 juin est le début de la fin pour le nazisme en Europe de l’ouest, mais cela ne dit rien des causes du fascisme et de la lutte contre cette idéologie et ses servants.

Pourquoi ce matin de juin 1944 ce sont des troupes allemandes qui tiennent les hauteurs des falaises normandes ?

Pourquoi la supériorité industrielle américaine allait briser les lignes défense ? Pourquoi les régimes collaborateurs, privés de soutien populaires, allaient s’effondrer ? Pourquoi ce fut trop tard pour sauver les plus de 7 millions de juifs, tsiganes, homosexuels, handicapés et résistants exécutés en masse ou déportés dans les camps de concentration et d’extermination ?

Les causes sont à rechercher bien sûr dans les erreurs du traité de Versailles, de Saint-Germain-en-Laye, du Trianon et Sèvres de 1919-1920 – qui créèrent aussi des situations inextricables au Proche-Orient dont nous ne voyons toujours pas le bout. Mais on ferait bien également de se pencher sur les années 1928-1935. Les causes des crises sociales et culturelles permettant partout en Europe, la montée des pouvoirs fascistes ou autoritaires nationalistes (l’Italie ayant ouvert le chemin), de la Roumanie à la Pologne, de la Yougoslavie au Portugal, de l’Allemagne à l’Espagne, sont connues. On y trouve un cocktail explosif d’ingrédients sociaux :

  • désinformation et manipulations des médias tenus par une poignée de magnats richissimes ;
  • crise économique et financière gérée par l’austérité ;
  • inégalités sociales et économiques abyssales ;
  • absence de redistribution des richesses poussant les classes populaires à divorcer de la démocratie ;
  • mythe de la supériorité des « pouvoirs forts » sur les régimes parlementaires ;
  • riches vivant dans un luxe arrogant ;
  • influenceurs de nouveaux médias, radio et cinéma, ouvrant des libertés sociétales alors que les revendications sociales étaient violemment réprimées ;
  • théorie raciste et antisémite du bouc-émissaire ;
  • dévaluation de la Société des Nations…

Ces ingrédients sont aujourd’hui à nouveau devant nous. En refusant de penser les causes du fascisme à l’aune de sa fin, parce que les autoritaires d’aujourd’hui jouent l’année 1932, et non l’année 1944, bien sûr qu’il n’est pas possible de voir Auschwitz ou les fosses sanglantes de l’été 1939 en Espagne. En 1934-35, le gouvernement de droite français négocie un accord avec Staline pour tenter d’empêcher Hitler de s’étendre en Europe. La Grande Bretagne (qui cherchera un pacte avec Hitler jusqu’en juillet 1939 !) fera fait capoter l’exécution de cet accord. Les libre-échangistes conservateurs préféraient le capitalisme nazi au socialisme et jugeaient archaïque la méfiance française vis-à-vis de l’Allemagne à l’époque d’une Europe pacifiée. l’Europe était la réponse britannique, dans le cadre de relations commerciales heureuses, pour assurer paix et prospérité.

Cela aussi, on a décidé de l’oublier, aveuglé par ce qui arrive beaucoup plus tard, la Grande Bretagne et la France n’ayant sauvé ni l’Espagne républicaine, ni l’Autriche, ni la Tchécoslovaquie, ni Memel1. Sans rien excuser de l’accord scélérat de Staline avec Hitler, il est certain que le dictateur soviétique voulut prévenir un retournement stratégique sous la forme d’un pacte entre les démocraties occidentales et le nazisme contre lui : il doubla les négociations de Halifax avec Göring pour conclure un pacte avec Ribbentrop.

Août 1939 efface dans les mémoires 1935, tout comme la bataille des Ardennes et la défense de Strasbourg en janvier 1945 oblitèrent les politiques budgétaires déflationnistes de 1932. Les meurtres de la « nuit des longs couteaux » ont fait « oublier » la coalition qui rassemblera droite, technocrates, banquiers pour porter au pouvoir le parti nazi en janvier 1933.

Les Résistants français – dont l’action a été indispensable au succès du débarquement du 6 juin 1944 et à la libération du territoire national – n’avaient rien oublié des causes profondes du fascisme et du nazisme lorsqu’ils formèrent le gouvernement provisoire de la République française autour du général de Gaulle, rassemblant communistes, centristes, socialistes et conservateurs, mais tous patriotes donc résistants.

Ils ont décidé, ensemble, que la République serait sociale pour que la déflation salariale ne fasse plus jamais divorcer les classes populaires et la démocratie. L’arche d’alliance de ce nouvel espoir, c’est la sécurité sociale et les retraites. Pour limiter la cupidité du capitalisme, des pans entiers de l’industrie, des banques, des transports, de l’énergie ont alors été nationalisés. La loi a libéré la presse et interdit sa concentration capitalistique tout en encadrant les délits de désinformation et de diffamation.

La plupart des verrous créés par le CNR, conditions des « trente glorieuses », ont sauté avec la vague de « libéralisation » et de privatisations des années 80-90. Depuis lors, l’industrie s’est effondrée dans le PIB, le déficit de la balance commerciale est abyssal, les comptes publics toujours dans le rouge, l’endettement à des niveaux records. La presse est contrôlée par un petit nombre, et se fait déborder par les réseaux sociaux. Les Fake news, les campagnes de diffamation impunies se multiplient. L’antisémitisme et le racisme retrouvent droit de citer pour créer à nouveau des boucs émissaires. La déflation salariale fait divorcer les classes populaires et moyennes de la démocratie.

Le centre droit, partout en Europe, célèbre l’absolutisme de l’exécutif. Le centre droit français célèbre le plébiscite présidentiel et ignore le parlement. L’extrême droite partout en Europe progresse, gouverne même dans plusieurs pays en alliance avec le centre-droit.

« Plus jamais ça » ? La lutte contre le fascisme ne peut pas s’arrêter aux célébration du 6 juin 1944. Elle aurait bien plus de sens si elle se fondait sur une réflexion politique visant à éviter de reproduire les mêmes erreurs que celles qui ont conduit le monde d’eux fois à la catastrophe.

Mathias Weidenberg

1Le 23 mars 1939, Hitler impose a la Lituanie un accord de réunification du Territoire de Memel (aujourd’hui la ville lituanienne de Klaipeda), anciennement rattaché à la Prusse orientale, a l’Allemagne. Ce territoire avait été occupé de 1920 à 1923 par l’armée française ; un référendum non-officiel dans la communauté germanophobe appuyait la revendication d’une « Ville Libre », indépendante de la Lituanie voisine. L’armée lituanienne envahit le territoire en janvier 1923 sans véritable réaction française, notre armée étant alors concentrée sur l’occupation de la Ruhr. L’annexion sera reconnue l’année suivante.

12 février 1934 – 12 février 2024 : à nous de faire reculer l’extrême-droite !

Voici 90 ans, le 12 février 1934, les cortèges socialiste et communiste, qui défilaient séparés contre la tentative de putsch des ligues d’extrême-droite du 6 février, se rejoignaient spontanément. Le FrontPopulaire était né avant même que les partis ne le conçoivent.

Face à la menace réactionnaire et fasciste qui revient, un nouveau Front Populaire s’impose, à partir d’un programme qui parle à la réalité vécue par les Français. Aujourd’hui comme hier, « Pain, Paix, Liberté » reste d’une brûlante actualité ! À nous de reprendre la main, en France et en Europe…

L’impasse écologique de l’extrême droite

Le mois de juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre ; le lundi 21 août a été le jour le plus chaud enregistré en France après le 15 août et les jours qui suivent battent de nouveaux records.

Et pour l’avenir, le dérèglement climatique étant à l’œuvre, rien de bon n’est attendu si nous ne changeons rien.

Salima Benhamou et Jean Flamand, économistes à France Stratégie, ont écrit ces jours-ci, parmi tant d’autres plumes, « Les vagues de chaleur seront encore plus intenses et plus longues, le niveau marin va augmenter, les conditions propices aux feux de forêt vont s’étendre et la sécheresse des sols concernera la quasi-totalité du territoire ».

C’est dans le creux de cette chaude torpeur estivale que l’extrême droite avance des propositions assassines en fidèle valet du capitalisme financier mondialisé qu’elle est. La négation des données scientifiques du GIEC, pourtant largement confirmées par toutes les analyses scientifiques, ou leur relativisation « ils ont tendance parfois à exagérer », histoire de faire accepter le climato-scepticisme du RN, révèle un confusionnisme volontaire et grave, car il fait le nid de l’irrationnel qui se développe, hélas, en période de crise. C’est au contraire la pensée rationnelle qui devraient être mise en avant pour élaborer et mettre en débat des choix politiques démocratiques et éclairés.

« L’écologie du bon sens » devient dans sa bouche la version vulgaire du précepte du Prince de Salina dans Le Guépard : « Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout ». Aussi, le RN prétend-il s’appuyer sur deux leviers pour lutter contre l’évidence.

1- Faire croire que seule la technologie suffira

Alors même que le récent rapport de l’Académie de Technologie souligne que cette voie ne suffira pas – que ce soit par le déploiement des éoliennes, des panneaux solaires, des nouveaux réacteurs nucléaires ou encore des systèmes de captage de CO2, voire de la production d’hydrogène vert, le RN se singularise par son refus de la plupart des solutions, comme le développement de la voiture électrique ou l’implantation d’éoliennes. Il faudra pour répondre au défi du changement climatique mener d’autres politiques, même si à l’évidence, une profonde décarbonation de notre mix énergétique est essentielle.

À la fin des mises à l’écart du RN, il ne reste que de la poudre de perlimpinpin avec de vagues espoirs formulés sans solutions pratiques réelles sur la réglementation de l’usage de l’eau et des énergies, la maîtrise des catastrophes naturelles ou un nucléaire sobre en eau (quelles que soient les recherches effectivement en cours dans ce domaine) qui de toute façon n’ont absolument rien d’opérationnel actuellement.

2- L’agrarisme

C’est une vision fantasmée de la ruralité française héritée du XIXème siècle, largement reprise lors de la « Révolution nationale » du régime de Vichy et sa « Terre qui ne ment pas ». Ce fantasme vise à caresser les colères et frustrations du monde rural et périurbain, qu’il ne faut évidemment pas négliger. Le RN insiste sur une fracture européenne espérant ainsi encore élargir sa base électorale tout comme la dernière forme de l’extrême droite agrarienne néerlandaise (BBB) ou le parti espagnol (Vox).

Rêvant de paysages ruraux immuables, le RN oublie le vide de la disparition progressive et silencieuse de la biodiversité ainsi que celle des bois et des haies changeant la gestion de l’eau agricole, l’impact des pesticides dont ils soutiennent la plupart du temps l’usage, l’extrême pauvreté de la majorité des agriculteurs, l’urbanisation mal maîtrisée réduisant les terres agricoles qu’ils disent paradoxalement défendre allant même jusqu’à voter, au Parlement européen, contre un texte dit du « retour à la nature ».


Dans sa logique libertarienne (refus de toute mesure contraignante et relativisme contre « l’alarmisme » du GIEC), le RN se refuse à toute redistribution des richesses et à la taxation de plus riches et des plus gros pollueurs pour dégager les moyens qui permettraient de financer la transition écologique et son accompagnement. Or cette adaptation de nos société pour être efficace et lutter contre l’aggravation du changement climatique nécessitera évidemment des investissements publics massifs. Et sans financement conséquent, il n’y aura pas non plus de compensation pour les plus modestes de nos concitoyens qui pourraient être affectés par des changements nécessaires. Se faisant, avec son discours prétendument protecteur, le RN tourne en réalité le dos à la protection des biens et des personnes.

En opposition frontale au discours résigné de l’extrême droite, nous, républicains de gauche, affirmons que c’est maintenant qu’il faut agir, développer des plans massifs d’investissements publics et reconstruire un mode de développement qui permettent tout à la fois l’épanouissement des sociétés humaines, la justice sociale et la préservation de l’environnement. Il est temps de construire un nouveau pacte républicain assurant une transition écologique progressiste.

Alain Fabre-Pujol, Marie-Noëlle Lienemann et Frédéric Faravel

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.