Nous célébrons
aujourd’hui le quatre-vingt-quatrième anniversaire des accords de
Matignon, victoire éclatante du Front Populaire et de la
mobilisation sociale des ouvriers en 1936.
Après la victoire
des socialistes, des communistes et des radicaux aux élections
législatives de mai, les ouvriers et les ouvrières avaient entamé
une grève générale pour réclamer de justes améliorations de
leurs conditions de vie. Le gouvernement, contrairement aux
précédents, avait alors refusé d’envoyer la police briser la
mobilisation. Le patronat fut alors obligé d’obtempérer et de
négocier la reprise du travail.
Les conquêtes
sociales furent obtenues en nombre en ce jour : augmentation des
salaires, création des conventions collectives donnant naissance au
dialogue social tripartite Etat-syndicats-patronat, pérennisation
des libertés syndicales, et absence de sanction en conséquence des
grèves massives qui venaient d’avoir lieu. Ces accords laissaient
entrevoir la fin de l’impunité patronale et l’instauration de
rapports sociaux favorables aux travailleuses et aux travailleurs,
par le concours de l’Etat, garant de l’intérêt général.
Alors qu’aujourd’hui
la part des revenus du travail ne fait que baisser, que le salariat
régresse au profit d’un auto-entreprenariat précarisant et
favorable au capital, que la liberté syndicale est menacée et leur
rôle sans cesse dénigré par les représentants de l’économie
libérale, que le gouvernement brise par la violence policière tout
mouvement de contestation social avec une doctrine de maintien de
l’ordre antirépublicaine autant qu’antisociale et que la
protection du travail et la négociation tripartite est mise à mal
gouvernements après gouvernements, les accords de Matignon doivent
redevenir la ligne d’horizon la gauche. L’augmentation des
salaires, l’amélioration des conditions de vie, la dignité au
travail, la démocratie sociale, la coopération avec les syndicats
et le respect des mobilisations et de la contestation sociale sont le
creuset dans lequel il nous faut nous inscrire.
En outre, la gauche
doit se rappeler ce qui a permis les accord Matignon et leur
concrétisation durable après la Libération, elle doit marcher sur
deux jambes, l’une politique et l’autre sociale. Les réformes et
transformations profondes impulsées par un gouvernement socialiste
et républicain doivent répondre à l’exigence de justice sociale et
avoir été préparées avec la société pour être soutenues par un
vaste mouvement populaire, garantie “gramscienne” de leur
ancrage dans la durée.
La Gauche
Républicaine et Socialiste rend hommage aux travailleuses et aux
travailleurs qui se sont battu en 1936 pour la fin de misère et la
liberté au travail, ainsi qu’au chef du gouvernement Léon Blum,
au ministre du Travail Jean-Baptiste Lebas, futur martyr de la
Résistance, et au secrétaire général de la CGT Léon Jouhaux,
pour avoir obtenu ces accords fondateurs de la négociation sociale.
Nous rappelons notre attachement à la constitution d’un Front
Populaire du XXIème siècle pour remettre les conquêtes sociales au
cœur de l’action politique.