Rentrée scolaire : le miroir aux alouettes de Gabriel Attal

Le “tout nouveau” ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a choisi un mode de communication tonitruant pour sa première rentrée scolaire, sans doute pour faire oublier l’effacement et l’inaction de son prédécesseur à la Rue de Grenelle. Mais une communication politique décomplexée n’est pas une politique. Encore moins une réponse à la hauteur des défis auxquels sont confrontés le service public d’éducation nationale, les enseignants, les élèves, les étudiants et les familles, dans un contexte général qui a rarement été autant dégradé.

Certes, le détricotage de la “réforme Blanquer” du Bac est une bonne nouvelle. L’exécutif revient enfin à la raison, après avoir dénigré pendant deux ans la quasi unanimité des professeurs et des parents d’élèves qui, eux, avaient anticipé les dégâts et alerté.

Mais cet aveu d’échec ne dit rien des modalités d’application, et ne change rien à la pérennisation du calamiteux logiciel Parcoursup, dont il a été démontré que les algorithmes, nationaux et locaux, aggravaient les inégalités d’accès aux études supérieures.

Nous devons engager la Nation dans une mobilisation générale pour l’égalité à l’école, assise sur la gratuité, la mixité scolaire et la la continuité du service public, partout et pour tous :

  • Comment peut-on encore parler de gratuité quand rien n’a été fait pour contenir l’explosion des prix des fournitures scolaires depuis deux ans, insuffisamment compensés par les collectivités locales, elles-mêmes dotées de moyens inégaux ?
  • Comment peut-on parler de mixité scolaire quand le gouvernement abandonne la question de la carte scolaire et s’accommode de la concurrence déloyale de l’enseignement privé (très majoritairement confessionnel et catholique) ?
  • Comment parler de continuité du service public d’éducation quand les “mesures-phare” de Gabriel Attal – remplacement des professeurs de secondaire absents par des enseignants d’autres disciplines et recrutements de contractuels sans aucune garantie de compétences – répondent plus à une logique de garderie d’adolescents qu’à l’exigence d’une instruction de qualité et de respect des programmes scolaires ? Quant aux écoles maternelles et élémentaires, rien n’a été fait, ni prévu ni annoncé, pour les remplacements d’absences, faute d’une action sérieuse et de long terme sur les effectifs.

Dans l’enseignement supérieur, la paupérisation des étudiants, toujours aussi nombreux dans les filles d’attente des banques alimentaires depuis la crise sanitaire, témoigne du même bilan accablant.

Deuxième prise de conscience positive après l’échec du bac formule Blanquer : l’annonce par le ministre de mesures rappelant l’interdiction des vêtements religieux en milieu scolaire. L’École doit rester laïque et ne saurait tolérer aucun prosélytisme en son sein. Cette décision soutiendra les responsables d’établissement confrontés à ces phénomènes.

Mais l’engagement laïque ne masque pas le désengagement financier. Les enseignants français sont parmi les plus mal payés de l’OCDE, les investissements demeurent dramatiquement insuffisants, et le refus d’accroître la mixité sociale dans le privé (qui avait même reçu le soutien de l’Élysée contre le prédécesseur de M. Attal) montre que ce pouvoir n’a que faire des principes qui ont fondé notre école.

La Gauche Républicaine et Socialiste assure de sa mobilisation et de sa solidarité l’ensemble des acteurs – les parents d’élèves, les enseignants et leurs syndicats notamment, mais aussi élèves et étudiants – pour obtenir du Gouvernement et de l’État les décisions concrètes, le soutien et les moyens indispensables qu’exige une ambition républicaine pour l’éducation nationale.

La Laïcité a-t-elle réponse à tout ? – “Ces idées qui gouvernent le monde” sur LCP-AN

La laïcité est de tous les combats politiques, idéologiques, socio-culturels et même religieux. C’est devenu un mot fourre-tout qui traduit d’abord le malaise de la société française. De son école, des services publics et autres producteurs de biens communs, partout où s’exerce des discriminations et des pressions, des comportements très singuliers qui remettent en cause le vivre ensemble. Mais est-ce que le trans-genrisme et la laïcité, font cause commune ? Si tout est laïc, qu’est-ce que la laïcité ? Au début de la laïcité, à sa source, il y a la fameuse loi de 1905 qui établit une liberté de conscience entre croyants et non croyants, la séparation de l’Église et de l’État et le livre exercice des cultes, tout cela dans le respect de l’ordre public. Mais d’interprétation en interprétation et à l’aune d’évènements symboliques et tragiques, on pense bien sûr à la décapitation de l’enseignant Samuel Paty le 16 octobre 2020 ou auparavant à l’affaire du foulard de Creil, la laïcité est devenu une sentinelle démocratique, un bouclier contre l’islamisme radical, le respect de la liberté d’expression, un viatique républicain de l’apprentissage de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Cette extension du domaine de la laïcité renforce t’elle sa prégnance socio-culturelle ou à contrario est-elle le constat de l’affaissement de la politique au profit des communautarismes et de la tenaille identitaire. Émile Malet recevait le 27 mars 2023 sur LCP pour en débattre : – Iannis Roder, professeur d’histoire – Smaïn Laacher, sociologue, professeur des Université – Laetitia Strauch-Bonart, rédactrice en chef et essayiste, l’Express – Emmanuel Maurel, député européen, fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste Notre animateur national a notamment rappelé quelques principes forts. La laïcité n’a pas besoin d’adjectif pour être définie, mais vise à créer les conditions d’une société qui se veut émancipée de tous les clergés. Elle s’est un peu étendue, mais ce qui compte c’est de séparer la politique de la religion. De plus en plus de religieux, pas seulement les fondamentalistes islamistes, mais aussi des Charismatiques, des protestants néo-évangéliques ou des intégristes catholiques, mettent à mal et contestent le principe de la laïcité. Oui il y a bien une offensive politico-religieuse ; le prosélytisme et les provocations existent de la part de courants religieux fondamentaliste et rigoristes, car ils considèrent que toute personne supposée appartenir à ce qu’ils définissent comme “leur” communauté (et on voit ici le caractère pernicieux qui met en cause à la fois la liberté de la personne et qui vise à assigner “à résidence identitaire” certains de nos concitoyens) doit se comporter selon leurs principes. Forcément l’école républicaine est une cible privilégiée de contestation car elle est le creuset d’un projet de société diamétralement opposé. Il nous faut réagir au plus vite car nous défendons la Liberté et l’Égalité, liberté de croire évidemment mais aussi liberté de ne pas croire ou liberté de croire de la façon qui nous convient et non pas comme certains intégristes veulent l’imposer à toute la société. Le problème existe au niveau européen (la laïcité à la française, cela ne va pas de soi dans les autres pays européens) notamment avec des offensives de mouvement conservateurs catholiques d’Europe de l’Est pour qui l’Europe ne peut être que chrétienne ; plus récemment, certaines institutions européennes sous prétexte de “valoriser la diversité” se sont mis à promouvoir le port du hidjab ce qui revient à réduire finalement à une seule possibilité l’image et le comportement “autorisé” de la femme qui se veut musulmane. Un phénomène récent nous inquiète enfin : la contestation sous couvert religieux de la connaissance et de la science. Or il faut rappeler à nos enfants et adolescents que la Foi ne saurait prévaloir sur le Savoir.

“Au niveau européen, la laïcité ne va pas de soi”

entretien accordé à Marianne par Emmanuel Maurel – Propos recueillis par Hadrien Brachet et Jean-Loup Adenor – publié le 10 décembre 2022

A l’origine d’un amendement pour interdire le financement par les institutions européennes de structures concourant au « prosélytisme religieux », le député européen Emmanuel Maurel a répondu aux questions de Marianne.

Dans l’immense arène qu’est le Parlement européen, il est l’un de ceux qui tentent de perpétuer la tradition laïque de la gauche. En octobre, l’eurodéputé GRS Emmanuel Maurel déposait un amendement pour que l’Union européenne ne finance plus d’organisations concourant au « prosélytisme religieux ».

Une réponse aux accusations faites aux institutions européennes d’avoir soutenu des visuels promouvant le hijab ou financé des associations proches des Frères musulmans. Le PPE (Parti populaire européen, la droite européenne) et le groupe Renew, dont fait partie la Macronie, avaient également présenté leurs propres amendements sur le sujet. Si son texte, contrairement aux deux autres, a finalement été rejeté, Emmanuel Maurel revient auprès de Marianne sur la place de la laïcité dans les institutions européennes.

Marianne : Vous avez proposé un amendement pour que les fonds européens ne financent pas des structures concourant au prosélytisme religieux. Qu’est-ce qui a motivé cette initiative de votre part ?

Emmanuel Maurel : C’était une réaction au financement par la Commission européenne d’actions sous influence de l’islamisme politique, ou qui faisaient la promotion des signes religieux en général. Certains découvrent le sujet seulement maintenant mais ce n’est pas nouveau ! Avec plusieurs collègues, je me bats depuis des années pour que le prosélytisme ne soit plus soutenu par les institutions de l’UE. Et c’est un combat de longue haleine.

La France n’est-elle pas isolée dans ce combat ?

Il y a incontestablement des différences d’approche entre les États-membres. Nous, Français, qui sommes imprégnés des principes de laïcité, nous sommes parfois heurtés par des pratiques beaucoup plus permissives à l’égard de la religion. Je me souviens qu’au début de mon premier mandat, mes interlocuteurs d’autres pays européens ne comprenaient même pas de quoi je parlais. Au niveau européen, on est dans un univers culturel et politique où la laïcité ne va pas de soi.

Plus largement, comment expliquez-vous que l’Union européenne soit perméable à des organisations politico-religieuses, notamment récemment des structures proches de l’islam politique ?

Ces organisations jouent de l’idée que la diversité étant une chance pour l’Europe. C’est d’ailleurs sa devise : « unis dans la diversité ». Il faut tout respecter, même ce qui n’est pas respectable, comme les revendications les plus agressives de certains porte-parole autoproclamés des musulmans.

Rappelons que dans ce monde, le voile est utilisé par des pouvoirs réactionnaires et totalitaires pour soumettre la femme ! Il y a une forme d’aveuglement chez ceux qui refusent de voir la contradiction entre le voile et le féminisme. En Europe et en France, ils en viennent à considérer toute position laïque comme islamophobe, et assimilent à du racisme la critique d’une religion et de ses dogmes.

Votre amendement différait de ceux du PPE et de Renew qui mentionnaient respectivement la promotion du « hijab » ou le financement des « Frères musulmans ». Pour votre part, vous ne citiez aucune organisation religieuse. Pourquoi ?

Mon amendement était rédigé pour mettre la politique européenne à distance de toutes les religions. Les entorses à la neutralité de l’État sont en effet légion sur notre continent. On pense par exemple à l’emprise démesurée de l’Église catholique en Pologne, sur son administration, sur ses dirigeants et sur la plupart de ses députés au Parlement européen. J’avais vraiment à cœur de dénoncer le prosélytisme religieux, et pas telle ou telle religion, encore moins tels ou tels croyants. Résultat : j’ai irrité la droite du Parlement, qui a voté contre mon amendement au motif qu’il remettait en cause les racines chrétiennes de l’Europe.

Vous pensez que François-Xavier Bellamy s’oppose à la promotion du voile non pas par attachement à la laïcité mais par défense du catholicisme ?

C’est un collègue pour qui j’ai estime et respect, un des rares intellectuels dans le monde politique. Pour lui, l’Europe fait avant tout face à un enjeu de civilisation. Pour moi, l’Europe doit avancer vers davantage de sécularisation, faute de quoi risquent de prospérer les discours de retour aux superstitions et de négation de la raison, voire de guerre civile. Mes oppositions avec François-Xavier Bellamy sur la place du spirituel sont philosophiques – et elles agitent le débat public en Europe au moins depuis la Révolution française.

Selon vous, comment devrait se positionner la gauche européenne sur cette question ?

On parle beaucoup de l’offensive de l’islam politique, mais la résurgence de la religiosité est un phénomène bien plus large, qui charrie notamment une défiance vis-à-vis de la science. De nombreux penseurs et universitaires s’en inquiètent à juste titre. Parmi eux, je pense à Stéphanie Roza, qui montre dans ses travaux passionnants que les Lumières sont dans le viseur et qu’elles sont menacées, y compris à gauche ! Mais de nos jours, rien que dire cela est devenu « problématique ».

Cela devrait pourtant nous rassembler, car les conséquences sont graves : en témoigne la pression – hélas couronnée de succès – des évangélistes américains, brésiliens, ou des intégristes catholiques polonais contre l’avortement. Toutes les petites compromissions avec les intégrismes, toute complaisance à l’égard de la bigoterie, ont un prix, que les sociétés finissent toujours par payer, au premier rang desquelles les femmes. C’est un combat qui mérite d’être mené et que je porte en essayant de bousculer la torpeur, l’indifférence et les réticences à s’aventurer sur ce terrain.

La situation en Iran ne contribue-t-elle pas à une prise de conscience ?

Bien sûr, mais j’aurais aimé que les Lumières projetées par les femmes iraniennes nous éclairent davantage. Ce qui se passe en Iran témoigne de l’inanité des thèses relativistes : oui, il y a bien des valeurs universelles. Je suis surpris qu’en dépit de cette éclatante démonstration de résistance contre l’obscurantisme, certains progressistes ne fassent pas le lien entre leur combat quotidien et la nécessité de lutter contre l’impérialisme clérical, ici comme ailleurs.

À gauche, ce sont les Verts pour qui la culture laïque à la française semble le moins aller de soi. Ce sont ceux, à gauche, qui ont le moins voté votre amendement…

L’écologie politique abrite effectivement en son sein des grilles de lecture qui ne voient aucun risque dans le différentialisme. On peut l’expliquer par la genèse et l’histoire des mouvements écolos des tout débuts, dans les années 1970 et 1980. À cette époque, le gauchisme sociétal et culturel dominait et les Verts en ont eux aussi subi l’influence, s’obligeant à épouser toutes les causes minoritaires quelles qu’elles soient.

Cela a créé chez EELV des décalages et des contradictions. J’en vois deux principales : la première entre leur féminisme intransigeant et leur relativisme par rapport aux questions religieuses. La seconde entre leur radicalité réformatrice et leur défiance vis-à-vis de l’État, dans lequel ils voient avant tout un système d’oppression, alors qu’il est avant tout, en France, le garant de l’intérêt général et un vecteur d’émancipation.

Que pensez-vous de l’action du gouvernement français qui a écrit à la Commission sur le financement d’organisations proches des Frères Musulmans ?

Le macronisme n’est pas exempt d’ambiguïtés sur la place du religieux, comme en témoigne le discours d’Emmanuel Macron en 2018 devant la Conférence des évêques de France, sur le lien entre l’État et l’Église qu’il faudrait « réparer ». Quant à la droite, elle est tout sauf irréprochable : rappelez-vous Nicolas Sarkozy qui lors du discours de Latran en 2007, avait déclaré que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ».

Il y a en France un déclin du militantisme laïque. Le relativisme consumériste, selon lequel tout se vaut, est consubstantiel à l’idéologie néolibérale et porte des coups violents à l’humanisme universaliste. La République respecte évidemment les différences, mais elle porte en son cœur l’idéal d’égalité, qui va au-delà de ces différences. Pour faire simple, la République ce n’est pas juste « vivre ensemble », c’est aussi « vouloir vivre ensemble ».

Raison et liberté de conscience sont nos seules boussoles

Communiqué de la Gauche Républicaine et Socialiste, jeudi 8 décembre 2022

À l’occasion de la Semaine de la Laïcité et de la Journée nationale de la laïcité ce vendredi 9 décembre 2022, la Gauche Républicaine et Socialiste réaffirme son attachement aux principes républicaine nés des Lumières et de la Révolution française, et à la loi de 1905 concrétisant la séparation des Églises et de l’État. C’est pour nous, militants républicains de gauche, un principe intangible et inscrit dans le marbre.

La laïcité est l’outil d’une triple libération : la libération du sujet accédant à l’indépendance intellectuelle et morale par l’exercice de la Raison ; la libération de l’État dégagé de la pression des religions et de leurs organisations ; la libération des religions échappant à la tutelle des autorités politiques qui voudraient en faire des instruments.

Reconquérir la République laïque est un combat social de tous les instants, en France et dans le monde. Nous voulons :

  • L’application de la loi de 1905 (rien que la loi mais toute la loi) ;
  • La suppression du Concordat en Alsace-Moselle et les dispositions contraires à la laïcité dans les départements et régions d’Outre-Mer ;
  • Le rétablissement et le renforcement des outils et moyens nécessaires pour combattre les dérives sectaires comme la MIVILUDES ;
  • L’interdiction des écoles privées hors contrat ;
  • La réorientation des financements publics vers l’école publique à l’issue d’un plan organisant le retour au principe « école publique : financement public ; école privée : financement privé » ;
  • La mise en œuvre d’un plan de relance de l’éducation populaire laïque dans l’ensemble de nos territoires ;
  • La formation de tous les agents de la fonction publique sur les questions de la Laïcité.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien aux événements qui ont lieu en France métropolitaine et outre mer. Elle appelle ses militants à s’y associer et à prendre toute leur part pour marquer cette journée nationale.

2020-2022 : souvenons-nous de Samuel Paty, défendons la liberté d’expression et de conscience, défendons l’école républicaine

Il y a 2 ans, le 16 octobre 2020, Samuel Paty tombait parce qu’il avait accompli rigoureusement son métier d’enseignant et sa mission de transmission des principes de la République.

Ces principes — ici en l’occurrence, la liberté de parole, d’expression et de conscience — rappellent que les religions, quelles qu’elles soient, ne peuvent entraver les libertés fondamentales des femmes et des hommes liés par le contrat social qui en découle.

L’assassinat de Samuel Paty faisait suite à de nombreux autres, dont ceux, tout aussi tragiques, qui nous ont amputés de l’équipe de Charlie Hebdo. De renoncements en lâchetés, de nombreux responsables ont fait le lit du retour des dogmes religieux, un voile remplaçant une soutane, et participent à la fracturation de la République.

Alors même qu’ailleurs dans le monde, des femmes et des hommes se lèvent contre l’obscurantisme fanatique, nous devons plus que jamais être vigilants.

Ce combat, débuté voici plusieurs siècles, a débouché en 1905 sur une loi de liberté qui instaurait enfin la séparation des Églises et de l’État. Ce combat salutaire l’a été essentiellement par des humanistes et universalistes de gauche, attachés à l’égalité dans les faits.

Contre les promoteurs de l’obscurantisme ou d’une laïcité usurpée par l’extrême droite, nous n’avons jamais dissocié combat laïque et combat social ; nous sommes fidèles aux mots de Jaurès qui écrivait « La République restera laïque si elle sait être sociale ». C’est pourquoi les militantes et les militants de la Gauche Républicaine et Socialiste participeront aux commémorations de ce dimanche 16 octobre 2022 et lèveront haut le flambeau de la laïcité, non pour mettre le feu à une société ébranlée par les crises multiformes qui la traversent, mais bel et bien pour défendre l’égalité et la liberté, et éclairer de sa flamme puissante tous les enfants de la République.

quelques sites de commémorations :

https://eduscol.education.fr/2395/hommage-au-professeur-samuel-paty

https://actu.fr/ile-de-france/conflans-sainte-honorine_78172/yvelines-assassinat-de-samuel-paty-nouvelle-commemoration-a-conflans-sainte-honorine_54403100.html

https://www.godf.org/index.php/actualite/details/liens/conference/nom/Conferences/slug/crmonie-en-hommage-samuel-paty

Rassemblement au Mans à la mémoire de Samuel Paty – Place Aristide Briand : https://fb.me/e/2Cjm0QhDl

et à l’appel du comité laïque national – comité laïcité république à Paris (Vème) le 16 octobre à 14h00, square Samuel-Paty (place Paul-Painlevé, face à la Sorbonne)

L’Etat doit garantir à l’école publique qu’elle sera protégée du prosélytisme

texte rédigé le 26 septembre 2022

Depuis le début de l’année, de très nombreux établissements scolaires publics du 1er et surtout du 2nd degré font face à un activisme politico-religieux sans précédent et puissant. Des enseignants et des parents d’élèves font l’objet d’intimidations, voire de menaces physiques sur les réseaux sociaux et dans l’espace public.
Si cette situation devait perdurer, les fondations de l’Ecole républicaine seraient rapidement remises en cause et sa mission première, de former des citoyennes et des citoyens libres et éclairés, mise à mal.

Des enseignants alertent depuis longtemps leur hiérarchie sur ces faits et agissements. Des parents d’élèves militants de l’école publique et laïque dans les fédérations (FCPE, PEEP, UNAAPE) et associations se mettent en alerte et informent les parents et les chefs d’établissement sur ce prosélytisme politico-religieux manifeste. Ils ne sont malheureusement pas toujours soutenus comme ils le devraient par leurs instances départementales ou nationales.

La Gauche Républicaine et Socialiste tient à réaffirmer son soutien plein et entier à ces enseignants, à ces parents d’élèves, qui interviennent pour les uns en professionnels et pour les autres en bénévoles de la République. Ils n’ont pas peur et osent se dresser contre l’obscurantisme religieux d’où qu’il vienne (sans nier que certains sont plus à l’offensive que d’autres), pour faire vivre l’esprit des Lumières, de la raison et du progrès.

Un service public d’éducation digne de ce nom mérite l’appui de ces serviteurs de la cause républicaine. Le ministère de l’Education Nationale doit réagir dans les plus brefs délais pour garantir aux enseignants qu’ils pourront exercer dans des conditions normales leurs missions, sans jamais avoir à renier une partie des principes à défendre dans leurs établissements ou une partie des enseignements qu’ils ont la charge de transmettre aux élèves. Il convient également d’engager un travail avec l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire pour faire face ensemble à ce climat délétère et apporter ensemble des réponses convergentes.

Les Jours Heureux : une République laïque, une République sans discriminations

La République française est fille des Lumières et de la Raison. Garantir l’émancipation individuelle et collective des citoyens est à la fois sa mission et la condition de son existence. Les évolutions technologiques, les transformations géopolitiques et économiques et la résurgence d’idéologies (religieuses et politiques) mortifères nous posent un défi majeur. Plus que jamais, nous devons proposer les conditions permettant d’assurer un débat public fécond, de restaurer les conditions de l’exercice démocratique et d’assurer la liberté de conscience.

Au premier rang de nos priorités, il y a l’École à laquelle nous consacrons un important chapitre. Garantir que les établissements scolaires restent « l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas », selon Jean Zay, et offrent à nos enfants l’instruction et la morale civique qui leur permettront de devenir des individus autonomes et responsables et des citoyens éclairés est indispensable. L’illettrisme reste un frein majeur à la fraternité civique.

Alors que refleurissent dangereusement les revendications identitaires qui divisent la société, la République doit rendre concrets les principes d’unicité et d’égalité de l’humanité. Les entrepreneurs de la haine, les communautaristes qui visent à diviser notre peuple ne pourront plus aussi facilement faire tourner leur « commerce » si la République est exemplaire, qu’elle combat les discriminations, toutes les discriminations, et qu’elle travaille à en supprimer les causes à la racine. Quand elle est devenue laïque la République a pu avancer dans son projet social ; elle restera laïque car nous rétablirons la République sociale. Le combat social et le combat laïque sont indissociables. La société française est forte d’une formidable richesse qu’elle tient de la diversité des femmes et des hommes qui la composent et qui, chacun, apportent au collectif leur culture, leur conviction, leurs engagements et leurs espoirs.

La Gauche Républicaine et Socialiste salue avec enthousiasme la tonalité républicaine que Fabien Roussel a donné à sa campagne présidentielle pour Les Jours Heureux… C’est pourquoi nous savons qu’à ses côtés nous pourrons défendre avec d’autant plus de force nos propositions :

PROMOUVOIR LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE

● Appliquer la loi de 1905 (rien que la loi mais toute la loi) ;

● Supprimer le Concordat en Alsace-Moselle et les dispositions contraires à la laïcité dans les départements et régions d’Outre-Mer ;

● Rétablir et renforcer des outils et moyens nécessaires pour combattre les dérives sectaires comme la MIVILUDES ;

● Interdire les écoles privées hors contrat ;

● Réserver exclusivement les financements publics à l’école publique à l’issue d’un plan organisant le retour au principe « école publique : financement public ; école privée : financement privé » ;

● Mettre en œuvre un plan de relance de l’éducation populaire laïque dans l’ensemble de nos territoires ;

● Former tous les agents de la fonction publique sur les questions de la Laïcité ;

● Autoriser le droit à mourir dans la dignité dont le suicide assisté et l’euthanasie.

LE RETOUR DE LA RÉPUBLIQUE ET DES SERVICES PUBLIC PARTOUT OÙ ILS AVAIENT DISPARU

● Fixer par la loi un maillage de services publics de proximité garantis par l’État : une maison de santé, un bureau de poste ainsi qu’un distributeur de billets, un poste de police ou une brigade de gendarmerie, une liaison de transport en commun à proximité ;

● Définir, sur le modèle du DALO, un cadre statistique national ou régional (Contrat de Plan) sur les engagements jugés essentiels du service public (Police, Justice, santé, éducation par ex.) et sur la base des effectifs et crédits alloués par l’État. Ce droit pourrait bénéficier aux Communes et Collectivités locales sur leur territoire, et également aux pétitions de citoyens ou d’associations dans un cadre à déterminer, proche des référendums locaux.

LUTTER CONTRE LE RACISME ET TOUTES LES DISCRIMINATIONS

● Permettre aux victimes de racisme, d’antisémitisme, de discriminations raciales ou de sexisme le dépôt de plainte en ligne ;

● Créer un musée de l’Histoire de la colonisation et un musée de l’Histoire de l’esclavage et des traites négrières ;

● Mettre en une commission indépendante chargée, sous 6 mois, de faire des préconisations publiques pour lutter contre le racisme, le sexisme et les discriminations de manière générale au sein des forces de l’ordre, revoir la philosophie d’engagement de la force publique et assainir les relations entre les forces de l’ordre et la population ;

● Créer ENFIN un récépissé de contrôle d’identité ;

● Rappeler par circulaire à tous les agents de la fonction publique leur responsabilité dans la prévention et la lutte contre les comportements racistes ;

● Former les agents à accueillir les victimes de violence en raison de leur couleur de peau, origine, religion, sexe, orientation sexuelle, sans ajouter de la violence institutionnelle à la violence subie ;

● Étendre la possibilité pour les juges d’interdire l’accès aux marchés publics pour les entreprises condamnées pour discriminations à l’embauche et au déroulement de carrière ;

● Obliger les professionnels de l’immobilier et des agents des organismes bailleurs à se former à la prévention des comportements racistes, à la lutte contre les discriminations raciales et à la déconstruction des préjugés ;

● Relever la dotation annuelle de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT à 40 M€ ; le budget alloué aux services du Défenseur des Droits sera porté au même niveau.

UN PLAN CONTRE L’ILLETTRISME

● Éradiquer l’illettrisme pour les jeunes sortis du système scolaire et les adultes à l’horizon 2027, en mobilisant les préfets, les missions locales, les PLIE et en utilisant un service national revu et corrigé ;

● Développer les structures d’alphabétisation et les cours de langue française pour les personnes non francophones.

RÉFORMER LE SYSTÈME MÉDIATIQUE

● Rétablir la portée de la loi sur la séparation de la presse et assurer l’effectivité de sa mise en œuvre en particulier au regard de la prise de contrôle des médias et des groupes de presse par des sociétés bénéficiant de la commande publique.

Nous n’avons jamais eu autant besoin de la Laïcité !

Voici 116 ans jour pour jour, la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat était votée. Elle faisait de la République française un pays en avance sur son temps, garant des libertés et la protection de tous ses citoyens, en donnant à la Laïcité force de loi !

Pour assurer l’expression de la diversité de notre pays, permettre la coopération de tous dans une société apaisée, et véritablement assurer la liberté de pensée, nos prédécesseurs nous ont transmis la laïcité comme l’outil d’une triple libération : la libération du sujet accédant à l’indépendance intellectuelle et morale par l’exercice de la Raison ; la libération de l’État dégagé de la pression des religions et de leurs organisations ; la libération des religions échappant à la tutelle des autorités politiques qui voudraient en faire des instruments.

La laïcité sépare strictement les espaces civiques régis par la loi commune des espaces privés qui ne dépendent que de la conscience personnelle. Elle permet à chacun de vivre librement selon ses convictions et d’en changer quand on le veut. Elle permet le libre échange des idées dans un débat collectif dont découlera la loi commune.

L’attachement du Peuple français à la laïcité est réel. De multiples enquêtes l’ont montré. Pour autant, des forces de nature et d’origine diverses n’ont pas renoncé à la combattre.

La Gauche Républicaine et Socialiste ne cédera jamais un pouce de terrain face aux adversaires de la République et de la Laïcité. Nous ferons tout pour une application scrupuleuse de la loi de 1905 afin que la liberté de conscience soit notre boussole et que les discriminations soient combattues avec sévérité.

Promouvoir la raison et la liberté de conscience

Nous publions une série d’articles visant à mettre en valeur les propositions de notre programme pour 2022, adopté à Marseille le 26 septembre 2021.

Les revendications identitaires fleurissent à nouveau dangereusement. Elles agissent comme une tenaille qui divise notre société. S’exprime également une remise en cause radicale de la rationalité et de l’esprit scientifique ; les suites de la crise sanitaire ont par ailleurs catalysé ce rejet parmi certains de nos concitoyens. Nous devons remettre la Raison et la République au cœur de la Cité. La République doit reprendre l’offensive, non pas assénant une morale mais en faisant en sorte de rendre concrets les principes d’unicité et d’égalité de l’humanité, partout où des années d’abandon public l’ont rendu évanescentes dans la vie quotidienne.

Pour retrouver une dynamique de rassemblement des Français autour d’un projet commun, pour leur redonner confiance et ramener à la rationalité qui fait trop souvent défaut dans le débat public, il faudra redonner force à nos services publics, ce patrimoine essentiel de ceux qui n’en ont pas. Les services publics sont la traduction concrète de la solidarité nationale et nous nous emploierons à leur égal accès partout. Au premier rang de nos priorités, il y a l’École à laquelle nous consacrons de nombreuses propositions sur lesquelles nous reviendrons. Garantir que les établissements scolaires restent « l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas », selon Jean Zay, et offrent à nos enfants l’instruction et la morale civique qui leur permettront de devenir des individus autonomes et responsables et des citoyens éclairés est indispensable. C’est l’École qui peut offrir aux Français les moyens d’exercer un esprit critique indispensable fondé sur la Raison.

La société française est forte d’une formidable richesse qu’elle tient de la diversité des femmes et des hommes qui la composent et qui, chacun, apportent au collectif leur culture, leur conviction, leurs engagements et leurs espoirs.

Pour assurer l’expression de cette diversité, permettre la coopération de tous dans une société apaisée, et véritablement assurer la liberté de pensée, nos prédécesseurs nous ont transmis la laïcité comme l’outil d’une triple libération : la libération du sujet accédant à l’indépendance intellectuelle et morale par l’exercice de la Raison ; la libération de l’État dégagé de la pression des religions et de leurs organisations ; la libération des religions échappant à la tutelle des autorités politiques qui voudraient en faire des instruments.

La laïcité sépare strictement les espaces civiques régis par la loi commune des espaces privés qui ne dépendent que de la conscience personnelle. Elle permet à chacun de vivre librement selon ses convictions et d’en changer quand on le veut. Elle permet le libre échange des idées dans un débat collectif dont découlera la loi commune.

Pour l’ensemble de ses raisons, la GRS a décidé de porter dans son projet pour 2022 des propositions fortes qui contribueront à renforcer l’unité du pays contre les ferments de la division :

  • Supprimer le Concordat en Alsace-Moselle et les dispositions contraires à la laïcité dans les départements et régions d’Outre-Mer ;
  • Rétablir et renforcer des outils et moyens nécessaires pour combattre les dérives sectaires comme la MIVILUDES ;
  • Interdire les écoles privées hors contrat ;
  • Réserver exclusivement les financements publics à l’école publique à l’issue d’un plan organisant le retour au principe « école publique : financement public ; école privée : financement privé » ;
  • Mettre en œuvre un plan de relance de l’éducation populaire laïque dans l’ensemble de nos territoires ;
  • Promouvoir le respect de la liberté de conscience (pas seulement de croyance) en Europe.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.